mercredi 7 avril 2010

SANS COUP FERIR ? ( par Ngagne SARR )

Parmi les faits marquants de cet hivernage long et pluvieux qui a fini en apothéose avec la belle victoire des lionnes du basket qui ont convaincu tous les africains de leur classe époustouflante de maîtrise technique et tactique et dominé leurs adversaires physiquement et moralement, il faudra bien retenir l’annonce à Washington par le président Wade de sa candidature à la présidentielle de 2012.

Encore une fois, le président Wade passe à coté de la plaque en se montrant insaisissable pour réserver la primeur d’une telle nouvelle à des médiats étrangers comme au 21 mars 2000.

Avait-il, seulement, le choix ? ...

On voit mal, en effet, comment il aurait du s’y prendre autrement pour essayer d’arrêter l’implosion annoncée de son grand parti qui se révèle, chaque jour un peu plus, comme un véritable molosse aux pieds d’argile.

Ce faisant le virtuose de la politique politicienne qu’il est fait d’une pierre deux coups.

Sa candidature annoncée non seulement lui permet de différer momentanément la bataille fratricide de sa succession qui sera sans conteste fatale à son parti que se livrent farouchement ses nombreux lieutenants mais encore réussit à semer l’émoi dans le camp de l’opposition en sapant terriblement les fondements de son unité factice à laquelle cette dernière doit beaucoup dans son succès électoral des locales passées.

Ainsi donc Me Wade reprend sa place d’incontestable maître du jeu politicien qui affriole tant les sénégalais. Il retrouve, ce faisant, ainsi toute latitude à continuer de jouer à pourfendre de l’honorable sénégalais, retoucher du gouvernement, faire le tour du monde, conférer nuitamment avec Idrissa Seck et affiner son nouveau passe-temps : corrompre du fonctionnaire international. Sans coup férir !

Dès lors, laissons le PDS à lui même car il semble être le seul à même de s’auto-detruire par le truchement de la rivalité des fortunes colossales constituées avec sa bénédiction. Cela fait entrevoir, tout de même, un destin peu amène pour le Sénégal quand les élections ne seront plus qu’une affaire de sous.

S’il en est ainsi, cependant, c’est bien la faute à cette opposition. Une auberge espagnole quoi, avec en pire un refus systématique de s’aligner les uns derrière les autres qui cache mal le problème essentiel de confiance entre les fortes têtes milliardaires – les sous, encore ! - du Parti socialiste et de l’Alliance des Forces du Progrès.

Ce manque de confiance est avivé, il est vrai, en partie par un fort ressentiment toujours vivace à l’égard du Parti socialiste que presque tous ses compagnons présents ( à l’exception de Cheikh Sarr de Naxx Jarinu) ont combattu et terrassé aux cotés de Me Wade et qui rechignent encore très fortement à contribuer à sa reconquête du pouvoir ; en partie, par un certain Amath Dansokho qui se comporte comme un vrai parasite social et le professeur Abdoulaye Bathily dont l’habituel baratinage venimeux a plus le don d’embarrasser son monde qu’autre chose. Le discours incommodant et violent de ces derniers ne pouvant réussir, au meilleur des cas, qu’à braquer le Président de la République qui comme tout humain se soucie de vivre une retraite tranquille, autant que faire se peut.

Le principal obstacle au dialogue maintes fois annoncé et rapporté tient justement au fait qu’il n’arrangerait que Niasse et Tanor qui n’ont pas besoin de leçons pour savoir que leur image de dirigeants responsables ne peut qu’en être confortée et cela n'est point pour arranger du tout Dansokho et Bathily entre autres dont l’agitation est inversement proportionnelle à leur représentativité qui ne les autorise qu’une caresse onirique, guère plus, du fauteuil présidentiel.

Il s’y ajoute que quantité faisant rarement bon ménage avec qualité, l’opposition est entrain de payer l’image melting pot qu’elle s’est elle-même forgée en appliquant l’adage à double tranchant : l’ennemi de mon ennemi est mon ami.

La gestion du pouvoir fraîchement conquis par Me Wade et son parti en est un exemple fort bon marché.

Comme pour dire qu’autant une stratégie de conquête du pouvoir est saine, autant sa gestion en sera facilitée et encore, moins les parties sont nombreuses, plus le partage est facilité.

Cela vaut aussi bien sur le plan idéologique que sur le plan de l’efficacité des politiques menées.

Aussi, cette ribambelle de leaders de parti politiques placés au même pied nous incite-t- elle à nous poser des questions et même à émettre de sérieuses réserves sur la possibilité d’un partage du pouvoir et partant une gestion sereine des affaires publiques entre le PS et l’AFP d’une part et entre tous les protagonistes de Benno d’autre part.

Enfin, on n’oubliera pas l’irruption d’un nouvel icône en la personne de Maky Sall qui a gagné le trophée de la révélation du dernier tournoi électoral et qui par ce statut dérange et indispose à la fois.

Recruté à chaud par Moustapha Niasse qui songeait à en faire un des porte-faix à l’instar de Dansokho, Madior Diouf et Bathily de sa candidature en 2012, le fort courant de sympathie qu’il a déclenché au plan national a finalement convaincu ses partisans – plus royalistes cependant que le roi – d’en faire le porte drapeau d’une alternance générationnelle au niveau de l’opposition.

Perspective assez prétentieuse mais qui a de quoi donner des sueurs froides aux caciques sexagénaires, septuagénaires et octogénaires quand on considère le nombre de jeunes et valeureux politiciens qui existent dans tous les partis.

De la tête bien faite comme le ministre Aliou Sow au courage politique personnifié par le député Diagne Fada en passant par l’endurance du genre Wilane, maire de Kaffrine et la sobre ambition du Dr Diop maire de Point E ou encore du maire de Saint Louis Cheikh Bamba Dieye…sans oublier la compétence incarnée par l’ancien ministre Ibrahima Sall.

Ces fleurs ayant désormais le pied à l’étrier ne devront s’en prendre qu’a elles-mêmes si, d’aventure, elles n’éclosaient pas à l'image du sort peu enviable de Talla Sylla.

Celui qui travaille à éclore la fleur le fait si simplement !

Dans tous les cas de figure, la candidature de Maky Sall à la présidentielle de 2012 s’avère peu évidente dans la mesure où il n’acceptera jamais de croiser le fer contre Me Wade envers qui il continue de nourrir un respect révérenciel.

La probabilité de sa candidature n’est agitée que pour maintenir la flamme et peut être pour parer à toute éventualité à savoir au cas où la bataille de l’anticonstitutionnalité de la candidature de Me Wade venait à aboutir heureusement ou s’il se désistait au profit du tandem Idrissa Seck/KarimWade.

Ce qui est loin d’être une vue de l’esprit !

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