mercredi 7 avril 2010

le mariage a t il un avenir ? ( par Remi SARR )

S’il est une institution sociale fortement malmenée au Sénégal d’aujourd'hui c’est bien le mariage.
Sa sacralité est mise à rude preuve, en tout cas, au point que les divorces ne se comptent plus d’une part et d’autre part, notre société en est arrivée à expérimenter des formes d’union inédites ou tout simplement moralement inconcevables...

 La faute aux mode ou genre de vie ? Ou alors au libertinage induit par la furie libératrice du passé de notre monde contemporain. Mieux encore, est-ce là un phénomène culturel ou économique de ce nouveau village planétaire qui prend forme inexorablement sous nos yeux ?

Sans doute qu’il est difficile, très difficile même, de concilier deux caractères différents, deux per-sonnalités singulières ou deux mentalités distinctes. Car quand un homme et une femme décident de vivre en ménage, ils veulent faire un mais la grosse difficulté est de savoir… lequel ?
Mais hommes et femmes étant obligés de cohabiter pour les besoins de pérennisation de l’espèce ou de l’épanouissement moral des individus, quoi d’étonnant, alors, que le mariage s’assimile à un challenge.

Mieux, un défi que se lance un couple pour concevoir un espace d’évolution de leur amour parta-gé, maximisant les avantages de leurs points communs et minimisant les frictions découlant de leur divergence naturelle. Un espace d’évolution dénommée famille qui est la cellule de base de la société. Une cellule dont le rôle est si indispensable que pour le moment il ne vient l’idée à per-sonne qu’elle puisse être remplacée par quelque chose d’autre.

Il reste que le mariage respire par les scènes de ménage, a-t-on coutume de dire. Pour expliquer, très certainement, que la réconciliation qui s’ensuit est non seulement nécessaire mais aussi qu’elle offre toujours un recommencement de l’idylle d’une manière beaucoup plus intense que la pre-mière.

Une question se pose, dès lors, pour savoir pourquoi donc ces scènes se terminent-ils de plus en plus fréquemment par des séparations définitives. Aime – t – on mal ou pas assez ? Et si on ne sait pas aimer, plus du tout ? Les questions restent posées et toute la sagesse du monde ne suffira certainement pas pour y apporter réponse.

Il est vrai que l’emprise actuelle de la civilisation matérielle, l’importance acquise par l’argent de nos jours, est sans commune mesure avec ce qui a pu être de mise par le passé.

Si bien que notre quotidien canonique, un quotidien quand bien même basique, ne saurait plus se concevoir sans le voisinage de certains artefacts dont la nécessité reste à démontrer – si bien entendu sa nocivité n’est pas avérée - au vu des récurrents signaux d’alarme émis par les sommités scientifiques quant à leur impact négatif sur notre santé et sur l’environnement, donc sur la survie de l’espèce hu-maine.

Cette situation est symptomatique d’une loi psychologique qui, en tant que telle, est beaucoup plus difficile à étouffer qu’à faire éclore. Sa propagation est naturellement facilitée par le nivellement culturel véhiculé à travers les nouvelles techniques de l’information et de la communication et les séries télévisées.

Cette nouvelle psyché, devrait-on dire, vecteur d’une modernité factice, est responsable de la complexification du mariage sous les tropiques particulièrement et explique d’autant plus sa rareté et donc la prostitution déguisée tant décriée.

Les hommes en sont presque arrivés à mal aimer parce que pouvoir placer son épouse à l’abri des soucis matériels est devenu prioritaire par rapport à donner tout son amour à son épouse.

Cette complexification de la question du mariage s’ajoute à une conception biaisée de la vie de couple. Si on est prêt à partager le meilleur, est-on, pour autant, prêt à partager le pire ?

L’Eglise a le mérite de tenter de régler le problème avec le questionnement des époux par le prêtre devant l’assemblée des témoins.

Il en est autrement dans la religion musulmane ou le mariage est célébré hors de l’assistance des intéressés et à notre connaissance, aucune rencontre entre les deux tourtereaux sous une égide religieuse, parentale ou philosophique n’est prévue avant la cérémonie nuptiale.

Même si cette situation se comprend aisément par le fait que le mariage est placé sous la garde de ceux-là qui l’ont démarché, il reste que si la musique change, les pas de danse aussi doi-vent changer.
En effet, notre époque reste caractérisée avant tout par un affaissement quasi-général de l’autorité, à cause principalement de cette culture des révélations qui ont eu raison des symboles ou préten-dus tels.

Ensuite, les familles se sont atomisées et il s’y ajoute que notre monde, à la morale chan-celante, est si gros d’incertitudes qu’il est des choses que l’on gagnerait à sauvegarder ou à mettre hors de portée des vicissitudes somme toute vénielles.
Il faut aussi dire que l’intrusion du juge à ce niveau a causé beaucoup de dégâts comme ceux d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, toutes proportions gardées. Car si la morale est une source de droit, la justice reste une science des preuves.

En tout état de cause, ce qu’il nous faut c’est de savoir aimer pour aimer mieux et plus. Et non point fuir l’amour ! il y va de la sauvegarde du mariage qui est le dernier rempart entre l’humanité et l’animalité.

Khalil Gibran professait il y a plus de cinquante ans : si dans votre frayeur, vous ne cherchez que la paix et les plaisirs de l’amour, alors il vaudrait mieux pour vous couvrir votre nu-dité et quitter l’aire de battage de l’amour…pour un monde sans saisons ou vous rirez, mais pas de tous vos rires, et pleurerez, mais pas de toutes vos larmes.

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