mercredi 7 avril 2010

PRESIDENTIELLES 2007 : Une échénace grava ! (par Mangone SALL )

Les élections présidentielles de 2007 qui se profilent à l’horizon constituent un moment particulièrement attendu tant sur le plan international qu’au plan interne. Vis-à-vis de la communauté internationale, elles devront celles de la confirmation de la classe exceptionnelle du passage de témoin entre les Présidents Diouf et Wade pour apporter la preuve définitive que 2000 n’a pas été un accident de l’histoire. Au plan interne, la frénésie qui s’est déjà emparée des politiciens préfigure des Présidentielles de 2007 passionnées. Ce sera un rendez-vous grave, indéniablement, au vu des ambitions affichées par les uns ou les autres, explicitement ou implicitement. La raison est toute simple, jamais, au Sénégal, la possibilité d’une alternance démocratique n’a été aussi claire et nette.

A cela s’ajoute la présence de ténors de la politique sénégalaise à ces joutes cruciales pour certains d’entre eux dont c’est la der et pour d’autres, ce sera la première fois. Une radiographie des candidatures peut être utile, dès lors, à les situer dans leur contexte tout en essayant de cerner les personnalités qui se cachent derrière.

Pour l’information des masses et pour la prévention de l’opinion publique !
Car la campagne électorale est le lieu par excellence d’expression des rivalités politiques consacrant un contexte particulièrement propice aux dérives verbales et confrontations physiques.

La candidature qui s’offre la première à l’analyse est naturellement celle du Président de la République. En tant que président en exercice qui a la possibilité constitutionnelle de briguer un second mandat mais aussi tant que candidat « arc en ciel » qui fédérera comme par le passé plusieurs partis.

Mais tout porte à croire qu’elle ne sera pas cette fois-ci sereine car d’une part le PDS, son parti, miné par des querelles intestines traverse une zone de turbulences ; d’autre part son entourage essentiellement composé de jeunes qui aspirent légitimement à durer aux affaires pour se réaliser matériellement et se forger des carrures d’hommes d’Etat ne sont pas disposés à laisser l’os qu’ils n’ont rongé qu’à moitié. Quoique la nature pacifique de Wade ne fait l’ombre d’aucun doute, il pourra user de la présence, à ses cotés, de ténors comme Landing Savané, Iba Der Thiam ou Djibo Ka pour rasséréner son entourage. Il a un atout de taille avec sa gouvernance de proximité qui voit le Président au chevet aussi bien de ses militants que de ses adversaires avec un égal humanisme.

Moustapha Niasse, aussi, sera candidat. 2007 risque d’être sa der, à lui aussi. Star incontestée du scrutin de 2000, il est à présent convaincu que son heure est venue. C’est pourquoi le camp présidentiel, qui voit en lui le principal challenger du Président en exercice, le crible de dards particulièrement cruels venant surtout de jeunes qui ont l’age tout au plus de son fils. Si bien que c’est un homme blessé dans son amour propre dont la révolte risque d’être brutale qui va dérouler sa campagne électorale. En sa double qualité de disciple de Senghor et d’homme rompu aux arcanes de la politique internationale, il est un candidat de taille à relever les défis. Qu’il se fasse une raison, cependant : le peuple n’élit pas une personne qu’il envie ! Et que nous autres, nous nous rendons à l’évidence : Moustapha Niasse est trop seul dans son parti. Son entourage de faucons n’aura réussi la prouesse que de faire place nette autour de lui. Tous ceux qui comptent ont été obligés de s’en aller et en conséquence, l’AFP qui se rétrécit comme peau de chagrin déroule à la manière d’un parti élitiste. Ce qui ne fait pas brasser des liasses, bien entendu.

Une autre candidature, c’est celle de Ousmane Tanor Dieng qui aura réussi avec brio sa mue d’opposant. Mais la candidature de cet opposant favori de Wade sera t elle consensuelle et entérinée par la direction collégiale que le PS expérimente avec bonheur depuis quelque temps ? La vieille garde socialiste lui pardonnera t il d’avoir précipité leur débâcle de par sa faconde sectaire et dictatoriale du temps de sa grandeur ? Si oui, le candidat du PS est parti pour ne faire de la figuration parce qu’il parviendra à fédérer toutes les énergies de son parti qui soit dit en passant est le seul vrai parti politique du moment. Il traînera un handicap certain : durant toute sa carrière dans la haute administration, il n’aura occupé que le poste de Directeur de Cabinet ! Enfin, ne dit on pas que l’habitude est un poil qui repousse après rasage ?

Par défaut, le PS pourra toujours compter sur une candidature toute faite en la personne du dernier premier ministre de Diouf, Mamadou Lamine LOUM qui aura fait entrevoir au cours de son court magistère de sérieuses prédispositions. Cette candidature ne manquera pas d’allant surtout pour tous ceux là qui sont nés après les indépendances et qui sont là de ne voir que les mêmes têtes, toujours et partout. Comme si le Sénégal n’avait été défriché qua par leurs seuls pères.

Des candidatures indépendantes viendront certainement occuper cet espace et pourront nous entretenir de questions autrement très sérieuses et qui dépassent les compétences des politiciens. Vive la République !

Nous pressentons la candidature de Abdourahim Agne. Fidèle « doungourou » de Tanor qui le préposait aux taches peu honorables et avec qui il partageait les premières loges de l’arrogance et de la suffisance, il n’a pas osé assumer ses risques dans la débâcle du PS… Ce sera une candidature de diversion…Son erreur principale, fatale dirai-je, tient tout de même dans l’organigramme de son parti. Faute d’inattention, j’espère et qui pourra facilement être corrigée.

Celle de Abdoulaye Bathily est fortement espérée. Cet intellectuel, il est agrégé d’histoire…mais aussi d’histoires… a une image qui passe difficilement. Soit, il ne dispose pas de base affective au sein de son parti, soit alors cela est du à son tempérament empreint d’autoritarisme stalinien. On ne lui pardonne pas au sein de son parti la façon cavalière par laquelle il a évincé naguère feu Babacar Sané (que Dieu l’ait en sa sainte garde !) mais également dans certaines contrées d’avoir endossé la responsabilité de faire arrêter les travaux du projet d’aménagement des vallées fossiles. Habitué à user d’un ton particulièrement libre à l’égard de Wade, il lui faudra se regarder dans un miroir : la donne a changé. Il est devenu un opposant. La réplique changera aussi.

On pourra tout lui reprocher sauf sa « realpolitik » en d’autres mots, son efficacité. En effet, du point de vue ration input/output, la LD/MPT est imbattable, comme me le confiait un ami. Songez donc qu’au meilleur des cas, elle n’atteindrait jamais les 3% de l’électorat mais à la suite de ces alliances heureuses, elle trône au parlement avec cinq députés et occupe le quatrième rang derrière le PDS, l’AFP et le PS mais devant l’URD et Aj/PADS qui pèsent autrement beaucoup plus lourd que lui.

Alors, méfiance….

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