Il n'existe de paix qu'au prix d'une grande souffrance. Et il est sans doute arrivé le moment pour le peuple lafien de déguster la paix car on ne peut pas savourer ce que l'on ne connaît pas et c'était le cas de la paix, entre autres, à Laf.
La paix n'était pas un objectif mais plutôt une saveur. Elle n'était pas non plus un trophée à gagner et brandir mais une vertu et un état d'esprit.
Le coup de gueule du gourou avait produit l'effet d'un séisme dans l'antre du monstre. Tant et si bien que la racaille, désormais affranchie par la grâce de la bisbille des lascars, avait cru pouvoir racheter son honneur en montant au créneau pour laver l'affront.
Mal lui en avait pris, son excitation extrême l'avait fait commettre l'irrréparable qui ébréchait trés sérieusement les fondations de la dembacratie.
La marmaille n'en étouffait de colère que davantage, de voir son beau rôle compromis. Elle maudissait ce zèle d'étourneaux, infects, parasites, nuisibles.
Le monstre était devenu la risée du monde entier... La mise en scène parfaitement huilée de l'opération apocalypse dévoilée au grand jour calait désormais...
Les larbins ne pouvaient se résoudre au fait que le gourou puisait sa force dans la faiblesse du monstre. Ce dernier, effectivement, n'aura guère utilisé son pouvoir ou que presque peu pour soulager les souffrances injustes des laissés pour compte par le système qu'il servait.
Or donc chaque jour éloignait le gourou de la portée du monstre. Le gourou était le chef d'orchestre, il rythmait la vie à Laf... Ses plaies béantes exposées à la sympathie de la plèbe... Ridiculisant et poussant inexorablement le monstre à la faute fatale...
C'était quoi le pouvoir, au fait ? Ça ne devait pas être, très certainement, cette jouissance de rat-de-ville !
Dans l'action, une pensée peut perdre tout son sens.
Mais la dembacratie reposait encore sur de solides bases.
N'est ce pas qu'il était interdit de rire ?
N'est ce pas que la bastille carburait à plein régime pour les haillonneux ?
N'est ce pas que les terminators avaient été suffisamment affamés pour bouffer cru le gourou ?
