J’ai l’habitude de dire que si ce pays doit brûler ou disparaître, ce
ne sera pas à cause d’une bombe ou d’une quelconque épidémie, mais à
cause de la fumisterie. Ces images suffisent à montrer que nous courons
un grand risque à cause de notre invincible tendance (manie) à dire la «
vérité » en fonction de nos positions partisanes.
Voilà l’homme qui
aspire à diriger la capitale de mon pays, voilà l’homme que Macky Sall a
fait élire député en le mettant sur ses propres listes alors qu’il
était en prison pour ce meurtre. Macky est un homme extrêmement violent.
C’est cette violence inhibée par sa faiblesse naturelle qui fait que
quand vous êtes de son camp, il vous permet tout ; et quand vous êtes
contre lui, il est psychologiquement incapable de vous reconnaître un
quelconque droit.
Dans aucun pays au monde un homme qui a osé tirer sur des gens qui
étaient en train de battre en retraite ne serait porté au pinacle par
des politiciens. Ces politiciens ou pyromanes qui entretiennent
sciemment l’amalgame savent bien qu’ils sont dans le faux, mais ils
savent pourquoi ils le font. Non je ne voterai jamais pour Barthélémy
Diaz, car je ne supporte pas que des citoyens s’arrogent le droit de se
faire eux-mêmes justice dans une République.
Si ces gens qui sont venus
parader devant la mairie sont des nervis (je suis d’accord qu’ils le
sont !), que sont alors ceux qui ont déposé un cercueil devant le
Conseil constitutionnel ? Que sont ceux qui adressaient des lettres de
menace aux membres de l’ancien régime.
Notre pays est pris en otage par
des gens qui n’ont jamais réussi quelque part dans la vie, des gens qui
sont incapables de faire valoir la moindre compétence dans un domaine
quelconque en dehors de la politique.
Ce sont ces ordures que nous
entretenons depuis les indépendances qui aujourd’hui nos snobent, nous
pompent l’air et menacent notre paix sociale. Le pouvoir est la seule
chose qui les intéresse, car c’est leur moyen de vivre.
Quand
on cherche la guerre civile pour accéder au pouvoir et qu’on y accède
sans guerre civile, on s’imaginera que le spectre de la guerre civile
permettra toujours de conserver le pouvoir. Ceux qui le cherchent aussi
pourraient s’imaginer qu’il suffit d’instaurer l’angoisse de la guerre
civile pour accéder au pouvoir : voilà le résumé de ce qui se passe au
Sénégal.
Si chaque fois qu’une institution était visitée par des nervis,
le locataire s’arrogeait le droit de les tuer, nos cesserions d’être
dans une République.
Les abords de la mairie n’appartiennent pas à un
homme ; de même la rue n’appartient à personne. Quand Diaz a tiré sur
ces nervis, il ne pouvait pas s’imaginer que Macky, le violent, pourrait
un jour libérer sa horde de nervis pour l’empêcher (avec les siens) de
manifester dans les rues de Dakar.
Les images que nous avons vues au
mois de mars (des nervis s’attaquer à des citoyens manifestant leur
courroux) n’est que la réplique adoucie de l’acte commis par Barthélémy
Diaz.
Le courage n’est pas la violence gratuite ; le courage n’est pas
dans le mensonge et le travestissement de la réalité ; le courage n’est
pas dans l’usage d’arme à feu, entouré par une foule hystérique ; le
courage n’est pas dans la dénégation. Le vrai courage, ce n’est la
fidélité avec la vérité.
Le courage, c’est la maîtrise de soi dans des
situations extrêmes. Le vrai courage, c’est l’assumation de ses
responsabilités, c’est le fait de supporter dignement les conséquences
de ses actes. Un homme courageux devrait avoir honte de manipuler les
faits pour se tirer d’affaire.
Monsieur Macky Sall, ce qui s’est passé en mars dernier n’était que
la reproduction de cette ignominie qu’on voit dans ces images. La
culture de la guerre civile imminente a donné la moisson du pouvoir : lu
djiwwa jeexul jogufa !
Alassane Kitane