mercredi 7 avril 2010

Ni anges, ni demons mais senegalais ! ( par Lorou Adama GAYE )

Le président Wade est bien seul. Et toute bête de communication qu’il est , il a, de plus en plus, mal à retrouver sa baraka d’antan qui le faisait déplacer des montagnes par la grâce de son seul verbe... N’en déplaisent la volubilité creuse de son porte-parole, l'avocat chéri des bandits fonciers, le froufrou de son miraculé directeur de cabinet politique et le sifflement du veinard ex-porte-parole du gouvernement. En attendant que le précieux nouveau se choisisse une salle de conférence… Et que dire de l’excitation forcenée, Farba Senghor !


Même s’il est bien vrai que la parole d’un personnage aussi complexe que Me Wade est trop lourde à porter, il ne fait aucun doute également que porter une parole est avant tout une question de hauteur et de bon sens…, guère de passion, en aucun cas.

Mais on a bien vu le mal venir quand le président s’est mis à rejeter sur son proche entourage ses erreurs ayant conduit à des brouilles avec de valeureux collaborateurs.

Si ce n’est pas une peinture achevée d’un climat de fin de règne qui voit des charognards se disputer des restes, disons que c’en est bien un croquis. Suffisamment inquiétant tout de même pour le régime d’un président fraîchement (ré)élu !

Le Sénégal va mal, les Sénégalais avec. D’autant plus mal, que le mal qui nous ronge est à la mesure de la déception, que dis-je, la ruine de nos espoirs placés dans l’Alternance, d’abord, puis en Me Wade.

Mais à vrai dire, le mal sénégalais est pernicieux. Il ne se dévoile qu’opportunément, au gré de la conjoncture parce qu’il est constitué par autant de rendez-vous manqués avec l’Histoire. Il n’y a pas de grands hommes en soi, ce sont les évènements qui les fabriquent !

De ce fait, la réalité nous renvoie une fausse image de soubresauts qui nous font valser du coq à l’âne tels des hommes de l’espace ou des enfants dans le sein de leurs mères, libérés de toute pesanteur.

Ce constat imprime, sans doute, à notre quotidien cet arrière goût inconcevable d’inachevé teinté de désenchantement rageur.

Le déterminisme n’explique rien du tout en l’état, encore moins notre statut de ressortissants d’un des pays les plus pauvres de la planète Terre.

Bien au contraire, nous devons nous en prendre au manque de vigilance et de prospective de nos dirigeants ; leur position naturelle attentiste leur dénie toute capacité d’anticipation.

Leur tare est ainsi révélée par leur propension naturelle -fortement inhibitrice- à adopter la posture de la réaction face aux évènements. Voilà, par exemple, bien longtemps que nous savons en notre âme et conscience que la course sur les toits que figure notre consommation astronomique de riz importé sera nécessairement courte.

Et on a laissé faire, à défaut de fermer les yeux, on a mis des œillères…

La Saed, établissement public, pouvait continuer tranquillement à racketter dans l’insouciance la plus totale les braves paysans, chevilles ouvrières en forme de l’autosuffisance alimentaire, en leur faisant payer l’aménagement de minuscules parcelles pour la culture irriguée, justement de riz, à coup de millions de F Cfa.

L’Isra pouvait continuer sa descente aux abysses de l’Enfer.

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pouvait allègrement continuer à dérouler ses programmes de formation sans aucune prise avec la réalité.

Les journalistes pouvaient ne servir qu’à distraire le peuple avec des faits divers.

Et pourtant, on a pratiquement frôlé la bonne et vraie solution avec la laborieuse GOANA du président de la République, mais que voulez-vous, chassez le naturel, il reviendra au galop.

Les autorités ont vite fait de succomber à la facilité avec la disposition du gouvernement indien de fournir la totalité de nos besoins en riz.

Elles oublient ces autorités qui agissent en fait comme de vulgaires collecteurs de charité que l’Inde, la Grande Inde d’aujourd’hui, en était pratiquement à un stade pire encore où il lui fallait recourir à l’aide internationale, il y a presque 40 ans, pour nourrir en riz sa très nombreuse population.

Il ne lui a fallu que dix ans pour se retrouver exportatrice nette de riz de premier ordre.

Il va sans dire que les autorités indiennes savaient ce qu’elles devaient faire, mais aussi que leur opposition politique savait tout aussi bien qu’il fallait un sursaut national, à un moment où un autre et quel qu’en soit le prix, pour renverser des tendances lourdes ou bien structurelles si l’on veut.

Voilà, également, depuis plus d’un an que les prévisions les plus optimistes tablaient sur un baril à 150 dollars. Là encore, les autorités ont fait montre d’une attitude qui frise la passivité pour, finalement, se résoudre en pleine panique à communiquer une inflation de mesures désuètes.

Si les solutions en sont encore au stade hypothétique et nos difficultés classées en autant de problématiques, c’est bien parce que notre administration, véritable carrefour de professions, n’est pas une administration de developpement. Eh bien, parce que notre système éducatif n’inocule pas assez de molécules de développement dans les cerveaux soumis à son formatage.

Envers les populations, l’administration est trop tatillonne, trop paperassière, trop éloignée, trop indifférente, trop autoritariste et trop corrompue, disons-le.

Si bien que pour parvenir à quelque chose de bon, le plus urgent est de réformer cette administration. Qu’il y ait des gens pour s’occuper de la paperasse. C’est bien et même très bien, mais il est plus utile de disposer d’autres corps pour s’occuper des problèmes de développement.

Au fait, à quoi tient cette manie de tous les présidents africains de confier exclusivement et systématiquement à un Caucasien, le rôle de conseiller juridique dans leur cabinet ?

Enfin, en guise d’oraison funèbre du Nepad, n’est-ce pas le président de la République qui se plaignait que, finalement, en Afrique, on n’avait que des administratifs et point de managers ?

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