lundi 12 avril 2010

Le Mieux, Ennemi Du Bien ?

Le Mieux, Ennemi Du Bien Ou Les Ratages De l’Action Publique

Dans le cadre de sa gestion économique de la Cité , l’Etat se voit fixé de manière générale une quadruple mission d’assurer l’équilibre sur le marché du travail, le marché des biens et services, le marché monétaire et le commerce extérieur. Tant il est évident que c’est le déséquilibre qui structure naturellement n’importe quel marché du fait essentiellment de la liberté des agents economiques mais aussi de la synchronisation des actes. C’est là une quête inlassable des pouvoirs publics parce que l’équilibre, en tout et comme on le voit, relève d’une précarité qui frise l’illusoire, il est exceptionnel pour tout dire.

Cette situation est rendue ardue par le fait que les divers objectifs recherchés sont souventes fois antinomiques en eux-mêmes si ce ne sont pas les instruments de leur mise en oeuvre qui le sont entre eux. Comment, par exemple, concilier un fort taux d’emploi avec un faible taux inflation qui sont les deux objectifs les plus recherchés, partout ?

Mais elle devient ridicule quand cette quête n’obéit à aucune logique ou bien, en d’autres termes, si la politique mise en œuvre dans le domaine considéré n’est pas sous tendue par des fondamentaux intangibles. Elle devient un credo vide de sens quand on ne cherche pas à maintenir les acquis du passé. Détruire les vestiges du passé revient à démolir une structure donc à faire du sempiternel sur-place parce qu’il correspond toujours à un éternel recommencement Qui parlait de la continuité de l’Etat ? Le mieux, ennemi du bien ? Vouloir une chose et son contraire ? Manque de vigilance ?

Un questionnement fort complexe mais à tempérer tout de même. Car la réalité de nos jours éprouve un si malin plaisir à se jouer de la théorie que cette dernière en est toujours à être réinventée sans cesse.

Mais, en tout état de cause, gérer un pays est affaire peu aisée compte tenu des différents choix aussi urgents qu’essentiels à faire, sans doute. Mais Gérer un pays, ce n’est pas, non plus, tirer des plans sur la comète sans aucun doute.

Depuis cinq ans, nous constatons l’anéantissement d’un des acquis majeurs dans le domaine si crucial de l’emploi des jeunes sénégalais à la faveur de la libéralisation du secteur des télécommunications. Il s’agit de l’effondrement de la presque totalité des milliers de « télécentres » qui ont été mis sur pied un peu partout dans notre pays et qui jette dans l’inactivité un nombre non moins important de jeunes. Cet effondrement est consécutif à la mise sur le marché par les deux premiers opérateurs de téléphonie mobile les produits dénommés « Seddo » et « Izi ».

Le lancement du produit « yobaleema » du tout nouvel opérateur vient empirer la menace avec la mise en sursis de tous les cybercafés gérés essentiellement et tout aussi par des jeunes.

Certes on peut objecter la liberté du client mais la question de l’emploi des jeunes est si importante dans un pays, si cruciale dans une société comme la notre dont l’essentiel de la population est constituée de jeunes qu’il y a lieu et fort opportunément de tirer l’alarme.

Il en est de même du dilapidage des résultats des laborieux efforts fournis par l’Etat pour concevoir un design national. C’est une occasion manquée d’impliquer des entreprises de l’informel occupants des milliers de jeunes artisans dans le développement économique de la nation à travers la construction et l’équipement des administrations publiques et parapubliques, les infrastructures sanitaires et sociales et les collectivités locales.

C’est le cas aussi de cette logique absurde qui sous tend le retrait de l’Etat dans la filière arachidière et qui participe grandement à la déliquescence de nos sociétés rurales. Car la culture de l’arachide dans la société sénégalaise n’est plus à proprement parler un problème économique, bien au contraire, il s’agit d’un problème culturel, tare ou vertu peu importe ! Et qu’en tant que tel c'est-à-dire un pan de notre souveraineté, la culture arachidière doit être couvée et son plein épanouissement, demeurer un objectif permanent. Dès lors, jeter son débouché naturel, sa soupape de sécurité devrait-on dire, constituée par l’ex - Sonacos entre des mains étrangères est tout simplement action renversante. Est-il alors étonnant de voir nos paysans désemparés par une abondante récolte d’arachides ?

Il est difficile de comprendre pourquoi nos autorités n’ont-elles jamais songé à promouvoir la consommation d’huile d’arachide produite localement par rapport à l’huile végétale importée. Alors que l’option d’une limitation drastique de l’importation d’huiles végétales est la seule à même de rendre le sourire sur le visage de nos braves paysans et relancer l’économie rurale !

Encore qu’il faille se rendre à l’évidence, les nouveaux propriétaires d’origine étrangère des huileries nationales ne condescendront que par la contrainte à « intégrer » dans leur réalité l’intérêt du paysan sénégalais.

Ahmadou Moctar Lam

cilpdak@yahoo.fr

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