La coupe de l’habit, taillée pour un lâche en grande tenue, allait à merveille à l’ouroboros. On y devinait l’étoffe des faibles, doublée d’arrogance et brodée de frousse. Satan lui-même, pourtant habitué aux médiocres, se félicitait de ce modèle achevé. Ses demonneaux avaient accompli leur mission avec zèle : insérer une perle viciée dans le chapelet du bonhomme, provoquant un bug mystique.
Les oraisons, désormais corrompues, tournaient en boucle comme son raisonnement, sans jamais atteindre le ciel. Peut-être s’ouvrirait alors, au détour d’un murmure mal dirigé, la trappe du Diable.
L’ouroboros courbait l’échine mais refusait d'assumer la chienlit que son leadership fade produisait. Il ne rompait pas, pas par force, mais par peur. Peur d’avoir à trancher, peur de mécontenter, peur surtout d’être vu pour ce qu’il était : un trouillard au trône. Les haillonneux, excédés, le lui avaient craché en pleine face : son quotient personnel n’avait pesé en rien dans sa sélection. Il n'était ni élu ni choisi pour ses tripes, mais pour incarner une vision. Et voilà qu’il s’accrochait à la chaise comme un naufragé à une planche pourrie, voulant faire du provisoire une permanence.
Mais que cherchait-il au juste ? La paralysie ? Le clash constitutionnel ? Peut-être. Ce serait plus confortable que d’agir. Laisser pourrir, bloquer, puis pointer du doigt le gourou : telle semblait être sa stratégie, sinueuse et hypocrite. Une manœuvre d’autant plus misérable qu’elle s’appuyait sur l’entretien soigneux de l’incompétence autour de lui. La trahison n’avait pas encore toqué à la porte mais les pas du reniement se rapprochaient.
Et la marmaille et la racaille, des âmes corrompues, ne s’y trompaient pas. Leur défiance, qu’elle fût spontanée ou calculée, ne se cachait plus, faute de pouvoir être contenue. On ne respecte pas un président qui rase les murs de sa propre charge.
Au Gourouland, la vraie force n’était pas celle qui signe, nomme ou radote mais celle qui assume. Et ce pouvoir-là, c’est le gourou qui l’exerçait. Tous l’avaient compris, sauf l’ouroboros. Lui continuait de braquer à l’Ouest, convaincu de conduire, alors que la pirogue, décidée, obstinée, maintenait le cap à l’Est. Celui du courage, celui de l’action.
Et pendant que l’ouroboros calcule, tergiverse et balbutie, le peuple, lui, a cessé de demander s’il est à la hauteur. La vraie question est devenue : jusqu’à quand faudra-t-il le supporter ?
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