mardi 15 juillet 2025

LA FAUSSE HUMILITE..

Qu'était-il arrivé à l'ouroboros ? Cette question qui labouraient les cerveaux des haillonneux, avait coûté le sommeil au gourou. Oui, comment se faisait-il que son poulain en soit arrivé à assumer avec autant de désinvolture cette nouvelle nature de renégat ? 

Comment l'ouroboros en était-il arrivé à trahir sans sourciller, à braver le peuple, les yeux dans les yeux, reniant ses engagements les plus importants, sans ciller ? 

On l’avait vu, droit dans ses bottes, défier les engagements pris, gommer les promesses, et regarder le peuple dans les yeux avec l’aplomb de ceux qui n'en revenaient pas de leur bonne fortune. Alors que la honte de sa mésaventure devant Teddy aurait du lui faire garder le lit des semaines ! 

Non, ce ne pouvait pas être l'effet uniquement de Imeldasse, la muse de salon, et les micmacs de ses courtisans. Il y avait sûrement une autre anguille sous roche. Le doute tue la certitude puis l'espoir ! Au diable, la fraternité, l'amitié, un couteau sous le pagne s'en était chargé. Ce serait bientôt au tour de la paix !   

En Alkebulan, la vague de sympathie envers le gourou se mêlait à une interrogation muette qui habillait l'ouroboros du manteau de traître et le chaussait de bottes d'une personne à la parole volage. Le gourou devait se résigner, il n'y pouvait rien car la conviction populaire ne pouvait être arrêtée par des discours.      

Les jababus voyaient que l'ouroboros avait pris le large, le chemin de la perdition, attiré par les prairies chimériques de Satan. Il avait changé de camp. Il était devenu le fossoyeur de la cause commune. Le gourou n'en était qu'à ses premières désillusions. Mais l'ouroboros avait bien calculé son coup pour saper mathématiquement les fondements du mouvement haillonneux... Main étrangère ou pacte, peu importait à présent mais il avait bénéficié d'une aide puissante !

Ce n'était pas sans raison d'ailleurs que les résidus du monstre l'applaudissaient. Ils reconnaissaient en lui leur sang, leur cynisme, leur style. Certains mêmes se disaient qu'il avait dépassé leur maitre. Qu'il mentait avec plus de grâce. Tranchait avec plus de calme. Et voyaient clairement donc en lui le plus digne d'hériter du Prince des Ténèbres.    

Depuis bien longtemps, le visage de Satan n'avait été aussi radieux. Avait-il du se résoudre à porter assistance à ses fils Judas, le nouveau vagabond et Hades qui rôtissait sous la chaleur orientale avec ses fayots ou répondre plutôt aux cris de détresse du Mamba Noir ou du Rossignol Charognard ?

Là où rodait Satan, toutefois, les maitres chiens n'étaient jamais loin. Ils ne manquaient pas d'atouts au Gourouland : le grand Animal, la pintade de Tangun, le petit maure, le flibustier pervers et  le païen nasard.  

Les maitres chiens n'étaient donc jamais partis. Ils s'étaient tus en attendant de flairer le bon vent. Tout comme Satan n'avait jamais perdu espoir. 

Le gourou condescendra -t-il, seulement, à leur faire la moindre place dans son land, le gourouland ?

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