mercredi 7 avril 2010

Politique : Au concours général de la Sottise ! (par Ibrahima SIDIBE)


Pour être un politicien, de nos jours, point n'est besoin de s'armer de foi, encore moins de raison, et ne parlons pas, non plus, de savoir !

Pour paraphraser Idrissa Seck, d’une certaine manière, disons que la valeur du politicien, de nos jours, est inversement proportionnelle à sa connaissance et à l’idée qu’il se fait de son honneur ; elle est directement relative à sa venimosité, à la virulence des saletés qu’il est capable de sortir de sa bouche.

 Il suffit, donc, d’avoir une langue pendue, fourchue et effilée, pour entre autres, prétendre à la qualité de beau parleur, à celle de forgeron patenté d’amalgames incroyables et à celle de dictionnaire ambulant de mots orduriers.

Tant qu’un homme ne parle pas, vertus et tares sont secrètes ! En effet. C’est le triste enseignement que nous tirons des différents énoncés et emportements sur le champ politique.

Si bien qu’il nous arrive de regretter cette phase « bouffonne » de notre démocratie pendant laquelle le peuple rigolait des sobriquets fabriqués par les adversaires politiques et jetés à la figure les uns des autres.

Fantômas contre Monsieur Forage, Madame Moulin contre Dame Baleine…. Opposition et pouvoir rivalisent dans ce concours à la plus grande bêtise, pour user d’euphémisme obligé. En total porte-à-faux avec notre croyance mystico-religieuse qui sacre la personne humaine…

Des vies en ont été brisées, des honneurs éclaboussés irrémédiablement, des familles blessées à jamais …Fort heureusement, les champions issus de cette compétition épouvantable ne l’emportent que rarement au Paradis, ils purgent tous une peine de la justice immanente : ils sont toujours les plus à plaindre, à tous points de vue.

On comprend dès lors que la cause principale identifiée pour expliquer l’avènement de l’alternance ait été justement l’arrogance du PS ou plutôt de ces chefs. Et l’opposition, toutes choses égales par ailleurs, n’est pas en reste…

Les allusions moralement dégradantes de Moustapha Niasse sur la vie privée du Président Diouf sont encore fraîches dans notre mémoire. Ou encore celles de Maître Babou vilipendant les origines ethniques d’un ministre…. L’AFP serait - elle un antre de sauvages ?

Et l’option d’alors de ce Parti socialiste, fraîchement débarqué de miser sur une opposition dite républicaine prend tout son sens. Les socialistes ont été assez bien payés, en effet, pour se rendre compte que « celui qui est sujet à la colère et la violence est indigne d’exercer la souveraineté car les fonctions de berger ne sauraient être remplis par les loups. »

Ainsi donc, depuis l’avènement du multipartisme dans notre pays et sous le couvert de la liberté d’expression, des dérives sont constatées, des actes vandales sont enregistrés et des attentats perpétrés. Dans une totale impunité qui n’empêche cependant pas des retrouvailles - alliances !

Qu’en retenir sinon que la jeunesse l’a échappé belle, elle qui a failli être formatée à ce paradigme sordide !

Tout autant que la guerre signe le tarissement des arguments diplomatiques, ces « violences politiciennes » ne scellent-elles pas la misère du débat politique ? Ou alors la politique du débat de misère alimenté par la prépondérance de la médiocrité ?

Au-delà de la fragilisation des institutions que ces vicissitudes emportent, on voit sans regarder, en effet, qu’elles charrient dans leur sillage, si elles - mêmes n’en sont pas l’émanation, un débat nul d’intelligence et pauvre en perspectives sociales pour un peuple en galère.

C’est que la politique, l’art de gouverner, ce discours sur l’efficacité utilitariste, est réduit à sa plus simple expression. Il ne s’agit plus que d’une vulgaire activité de conquête ou de conservation du pouvoir, par tous les moyens, d’attaques et de contre-attaques, d’offensives et de contre-offensives. Et de stratégies. Bref, autant de concepts qui renvoient à la guerre, donc à la violence.

Retenons tout de même que l’homme le plus prompt à fomenter une révolution a toujours été celui qui éprouve le moins de honte à détaler en premier face à l’ennemi. Les « grands révolutionnaires » doivent leur héroïsme de leur éloignement des champs de bataille…

Parce que la politique ne concerne de plus en plus que des individus sans aucune prédisposition morale à l’exercice du pouvoir – le vrai maître du peuple est celui qui le sert –, la gouvernance est vidée de sa quintessence.

Parce que les institutions républicaines tombent inexorablement entre les mains de vulgaires chasseurs de primes et coureurs d’honneurs, si absorbés par leur besogne – la politique étant devenue la profession la plus lucrative qui soit - qu’ils en arrivent à perdre le sens de leur responsabilité qui est de faire preuve d’autorité c’est – à – dire faire face sans équivoque aux problèmes de leurs mandataires.

Il en est ainsi parce que des citoyens - par peur ou par dépit de la politique, mais qu’importe ? – ont démissionné… Il en est ainsi parce que le respect du prochain n’est plus une valeur cardinale cultivée au sein des cellules de base de la société. Bref, s’il en est ainsi c’est bien parce que quand les âmes sont gloutonnes, les corps s’épuisent à les satisfaire.

Sinon comment comprendre toujours qu’au 21ème siècle, à moins de 200 km de Dakar, une des métropoles phares d’Afrique, à 13 km de Banjul, la capitale d’un pays, à moins de 100 km de Ziguinchor, une autre grande ville, plus de 2OOO de nos concitoyens et hôtes ont pu agoniser si douloureusement et pendant si longtemps (10 heures !), à l’insu du monde entier dans une détresse absolue dont la seule pensée fait encore hérisser les poils parce qu’humainement insupportable ?

Sinon comment comprendre que nous en soyons à tirer des plans sur la comète pendant que manger et boire, déjà, relèvent de l’acrobatie permanente pour la plus grande partie de nos populations ?
Tels nous sommes, donc, tels nous serons dirigés ?

Pour autant, ce serait le suprême sacrilège de désespérer de notre mère – patrie : le singe n’est-il pas aux yeux de sa mère une gazelle ?

Quel que soit ta peine, défends avec acharnement ton bien le plus précieux : ta dignité humaine ! Cette dernière ne se respecte ni ne se considère que si et seulement si elle est calibrée par une culture et située géographiquement.

Quel que soit la taille du problème dont, par ailleurs, la complexité n’approvisionne que des échappatoires, il appelle des réponses personnelles donc relatives à l’intelligence et au bon sens que la Nature a prodigués à satiété à tout un chacun.

D’aucuns diraient que la solution réside dans l’introspection nécessaire qui apparaît comme une activité spirituelle personnelle permanente, sinon comme le tamis de l’autocritique indispensable qui mouline les actes et réajuste les ambitions.

En tous cas, c’est une chance que nous autorise notre foi de peuple de croyants en Gueno, Rog Sene, Emitai, Jesus ou Allah et qui ne se vend dans nul bazar, nul supermarché, nulle foire ni ne se fabrique dans aucune usine.

Mais comme qui aime bien châtie bien, il faut couver son bébé avec tendresse et attention soutenues certes mais dans la fermeté caractérielle et la rigueur morale.

Ne dit- on pas que la pire épreuve est de voir l’autre rire de son malheur ?

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