lundi 12 avril 2010

Le Mieux, Ennemi Du Bien ?

Le Mieux, Ennemi Du Bien Ou Les Ratages De l’Action Publique

Dans le cadre de sa gestion économique de la Cité , l’Etat se voit fixé de manière générale une quadruple mission d’assurer l’équilibre sur le marché du travail, le marché des biens et services, le marché monétaire et le commerce extérieur. Tant il est évident que c’est le déséquilibre qui structure naturellement n’importe quel marché du fait essentiellment de la liberté des agents economiques mais aussi de la synchronisation des actes. C’est là une quête inlassable des pouvoirs publics parce que l’équilibre, en tout et comme on le voit, relève d’une précarité qui frise l’illusoire, il est exceptionnel pour tout dire.

Cette situation est rendue ardue par le fait que les divers objectifs recherchés sont souventes fois antinomiques en eux-mêmes si ce ne sont pas les instruments de leur mise en oeuvre qui le sont entre eux. Comment, par exemple, concilier un fort taux d’emploi avec un faible taux inflation qui sont les deux objectifs les plus recherchés, partout ?

Mais elle devient ridicule quand cette quête n’obéit à aucune logique ou bien, en d’autres termes, si la politique mise en œuvre dans le domaine considéré n’est pas sous tendue par des fondamentaux intangibles. Elle devient un credo vide de sens quand on ne cherche pas à maintenir les acquis du passé. Détruire les vestiges du passé revient à démolir une structure donc à faire du sempiternel sur-place parce qu’il correspond toujours à un éternel recommencement Qui parlait de la continuité de l’Etat ? Le mieux, ennemi du bien ? Vouloir une chose et son contraire ? Manque de vigilance ?

Un questionnement fort complexe mais à tempérer tout de même. Car la réalité de nos jours éprouve un si malin plaisir à se jouer de la théorie que cette dernière en est toujours à être réinventée sans cesse.

Mais, en tout état de cause, gérer un pays est affaire peu aisée compte tenu des différents choix aussi urgents qu’essentiels à faire, sans doute. Mais Gérer un pays, ce n’est pas, non plus, tirer des plans sur la comète sans aucun doute.

Depuis cinq ans, nous constatons l’anéantissement d’un des acquis majeurs dans le domaine si crucial de l’emploi des jeunes sénégalais à la faveur de la libéralisation du secteur des télécommunications. Il s’agit de l’effondrement de la presque totalité des milliers de « télécentres » qui ont été mis sur pied un peu partout dans notre pays et qui jette dans l’inactivité un nombre non moins important de jeunes. Cet effondrement est consécutif à la mise sur le marché par les deux premiers opérateurs de téléphonie mobile les produits dénommés « Seddo » et « Izi ».

Le lancement du produit « yobaleema » du tout nouvel opérateur vient empirer la menace avec la mise en sursis de tous les cybercafés gérés essentiellement et tout aussi par des jeunes.

Certes on peut objecter la liberté du client mais la question de l’emploi des jeunes est si importante dans un pays, si cruciale dans une société comme la notre dont l’essentiel de la population est constituée de jeunes qu’il y a lieu et fort opportunément de tirer l’alarme.

Il en est de même du dilapidage des résultats des laborieux efforts fournis par l’Etat pour concevoir un design national. C’est une occasion manquée d’impliquer des entreprises de l’informel occupants des milliers de jeunes artisans dans le développement économique de la nation à travers la construction et l’équipement des administrations publiques et parapubliques, les infrastructures sanitaires et sociales et les collectivités locales.

C’est le cas aussi de cette logique absurde qui sous tend le retrait de l’Etat dans la filière arachidière et qui participe grandement à la déliquescence de nos sociétés rurales. Car la culture de l’arachide dans la société sénégalaise n’est plus à proprement parler un problème économique, bien au contraire, il s’agit d’un problème culturel, tare ou vertu peu importe ! Et qu’en tant que tel c'est-à-dire un pan de notre souveraineté, la culture arachidière doit être couvée et son plein épanouissement, demeurer un objectif permanent. Dès lors, jeter son débouché naturel, sa soupape de sécurité devrait-on dire, constituée par l’ex - Sonacos entre des mains étrangères est tout simplement action renversante. Est-il alors étonnant de voir nos paysans désemparés par une abondante récolte d’arachides ?

Il est difficile de comprendre pourquoi nos autorités n’ont-elles jamais songé à promouvoir la consommation d’huile d’arachide produite localement par rapport à l’huile végétale importée. Alors que l’option d’une limitation drastique de l’importation d’huiles végétales est la seule à même de rendre le sourire sur le visage de nos braves paysans et relancer l’économie rurale !

Encore qu’il faille se rendre à l’évidence, les nouveaux propriétaires d’origine étrangère des huileries nationales ne condescendront que par la contrainte à « intégrer » dans leur réalité l’intérêt du paysan sénégalais.

Ahmadou Moctar Lam

cilpdak@yahoo.fr

mercredi 7 avril 2010

existe t il encore une ecole publique senegalaise ? ( par Lorou adama GAYE )

L’école publique sénégalaise ne se porte pas bien. Elle a beaucoup perdu de son lustre d’antan... Nous assistons en direct, médusés, á sa déliquescence inéluctable. Et pourtant qu’elle nous aura valu de satisfactions, cette école publique ! C’est grâce á elle, principalement, que le Sénégal s’est toujours enorgueilli de ne posséder en fait de richesses que ses ressources humaines formées á bonne enseigne. Remarquons qu’il pouvait tout aussi se vanter d’avoir formé la quasi-totalité des élites africaines francophones d’aujourd’hui. Non seulement ses structures accueillaient des étudiants de tous horizons mais encore elle exportait gaillardement ses enseignants vers beaucoup de pays africains. Jusqu’en 1970, par exemple, l’Université de Dakar a recueilli des étudiants de nationalité française.

Qu’ils sont loin les jours de rentrée scolaire oú l’on pouvait observer une longue file de parents d’élèves cherchant á caser leur rejeton en provenance du prive ! Eh oui, on était fier d’y aller parce qu’on était convaincu de fréquenter la meilleure école possible. Elle était la plus belle émanation qui soit de notre oú se côtoyaient en parfaite osmose les petits fils de paysans, pasteurs et pêcheurs que nous étions tous, indépendamment du statut présent de nos parents.

Les plus grands commis de l’Etat, ceux qui ont marque de manière indélébile l’histoire politique du Sénégal, sont justement á chercher chez ceux-là qui ont bouclé tout leur cursus au sein de cette école. Nous pouvons citer notamment Djibo Ka, Maky Sall mais aussi le regrette Issa Mbaye Samb. Ce sont également les enseignants de cette école qui ont toujours raflé la mise aux concours d’agrégation en économie organise par le CAMES depuis sa création jusqu’en 1988, au moins.

Notre école publique va donc á vau-l’eau parce que les enseignants l’ont prise en otage et avec elle, toute la société sénégalaise, celle d’en bas en tout cas. Parce que notre école publique n’est plus que celle des enfants des badolos.

La faute á ces enseignants cupides qui brillent davantage sur le front social que sur le front scolaire. Si bien que c’est á se demander s’il existe encore une école publique sénégalaise au regard du racket honteux auquel les élèves sont soumis du préscolaire au supérieur. Depuis les cours de renforcement payants jusqu’aux polycopiés des cours du professeur á acheter obligatoirement en passant par les fais d’inscription exorbitants. Cette boulimie financière est en contradiction flagrante avec l’abnégation de nos enseignants de jadis.

La faute á ces enseignants qui ont fini d’usurper la place de leurs potaches sur le terrain des revendications puériles et immatures. Lesquels potaches se permettent dorénavant de donner des leçons de maturité á leurs enseignants en revendiquant bruyamment leur droit á l’éducation.

La faute encore á ces enseignants aux ambitions inavouées qui sacrifient l’avenir de leurs ouailles sur l’autel de la politicaillerie. Ces enseignants comme il ne faut pas qui ruinent ainsi une option stratégique fondamentale du projet de société sénégalais, la qualité de son école publique, définie par les pères de notre indépendance dont la rigueur est proverbiale.

La faute aux décideurs politiques qui se complaisent dans la facilite d’une politique de recrutement de personnel enseignant au rabais par le truchement de la contractualisation et du volontariat. Des décideurs qui ne peuvent point se départir de l’habit de complices des enseignants dans la trahison de l’école publique.

Il s’ensuit une baisse drastique du niveau des élèves. Une baisse de niveau si sensible qu’il installe un malaise très réel chez les parents d’élèves qui se tournent vers l’école privée oú leurs rejetons sont quand même assurés de disposer du quantum horaire requis.

Elle garde tout de même de beaux restes, notre école publique, comme en atteste encore son règne sans partage au concours général grâce aux vaillants élèves et enseignants du lycée Limamoulaye. Comme en témoigne la renommée toujours intacte de sa faculté de Médecine et de Pharmacie et d’Odontostomatologie, cheville ouvrière de la non moins réputée école de Médecine de Dakar, á l’origine de maintes découvertes médicales déterminantes telles que la mise en évidence du virus du sida de type vih2.
Tel un sphinx, notre école publique a donc les moyens de rebondir pour être le phare sempiternel de la nation sénégalaise. Elle doit rebondir car elle est un legs des pères de notre indépendance, de ce genre de legs que tout héritier a l’obligation morale de conserver á défaut de le faire fructifier.
En effet, **l’homme peut construire ce qu’il veut sur les principes fondamentaux de sa vie, mais il ne peut les changer ni les oublier et, si cette superstructure finit par s’effondrer, il découvre que ces éléments de base sont le seul roc auquel il doive se cramponner**

Maladie Citoyenne, Medicament d'Etat ! ( par Omar Diallo )

Le débat sur le réchauffement de la planète qui menace en fait la perpétuation de la vie sur Terre bat son plein dans l’ambiance notamment du sommet de Copenhague. Comme toujours, les africains adoptent la politique de l’autruche... En jouant la robinsonnade comme au courant du siècle passé quand ils ont plus accepté que contraints de subir un ordre mondial instituant un classement horripilant des peuples. Les africains ont choisi d’évoluer á la marge de l’humanité en faisant semblant encore une fois de ne pas être concernés ou si peu par cette nouvelle donne qui est pourtant l’enjeu mondial de ce nouveau siècle. Ils se posent en victimes et demandent une rançon - s’il ne s’agit pas tout simplement de chantage - pour se donner bonne conscience et prendre le train en marche. Comment serait elle concernée dès lors que l’Afrique n’est pas en soi un émetteur de technologies polluantes mais bien plutôt un récepteur avec en pire une position de recycleur de déchets, une sorte de poubelle ?
Un enjeu crucial s’il en est qui intéresse au plus haut point la sauvegarde de la vie ou le sauvetage de la Terre qui est définitivement la seule planète habitable et habitée de l’Univers. Eh oui, non seulement la radio privée de Carl Sagan en Californie couvrant huit millions de fréquences n’a point jusqu’ici réussi á bruire le silence cosmique mais encore la colonisation de Mars prend de plus en plus clairement la forme de l’illusion dramatique d’une utopie !.

Sans doute que l’ampleur des risques est telle que l’on se refuse de les considérer en face. La communauté scientifique elle même s‘emmêle les crayons pour exposer ses théories. Pour les uns, l’environnement secrète les gaz nécessaires á la perpétuation de la vie et pour les autres, c’est tout á fait le contraire… Si d’aucuns indexent la pollution, d’autres " poucent " les manipulations génétiques notamment sur les plantes. Aussi la panoplie des réponses proposées est elle variée allant de l’injonction á réviser le mode de vie contemporain hyper polluant á l’avertissement solennel de préserver les océans et les forets. Le mode vie de l’homme, sinon son comportement, semble être la cause la mieux partagée du réchauffement climatique. Nous sommes tous responsables, acteurs ou complices selon les auteurs parce que d’une part les plus grands attentats perpétrés contre l’environnement ne s’observent que dans les pays du Tiers-monde et d’autre part, parce que ce mode de vie en cause est l’ambition de tout un chacun. Une ambition qui frise l’autodestruction tout simplement. Les responsables africains ont le devoir d’élaborer la riposte africaine de façon suffisamment claire et réaliste pour impliquer tous. La muraille verte en est une mesure appropriée car autant qu’on remonte le temps, un exemple proportionné n’est offert que par la bande verte des filaos plantés le long du littoral nord de notre pays par les américains au seuil des indépendances. En ces temps-lá, il était déjà question de fixer les dunes.

Seulement et quoi qu’il en soit, les effets pervers de ce mode de vie se jouent gaillardement des frontières.
Déjà, au Sénégal, nous avons la pleine mesure du bouleversement climatique avec la disparition de la mythique Pointe de Sangomar, la mutilation de Djiffere, les menaces sérieuses sur l’intégrité physique de Rufisque mais aussi et surtout la récurrence du phénomène tragique des inondations, plus graves d’année en année. Si la banlieue dakaroise ravit la palme, ce n’est pas certainement pour occulter les drames vécus par d’autres compatriotes aux quatre coins du pays et de Dakar tels les quartiers Ouest Foire, Fass Delorme et Hann Maristes. Mais en est-on seulement conscient ?
Si non, comment considérer ces critiques malséantes provenant de certain illuminé qui pense que l’écologie au Sénégal est sa chasse gardée.
Si oui, quelle doit être bien, alors, la cause de ce tohu-bohu lamentable entre le gouvernement et les autorités locales sur la gestion des inondations. Heureusement que le Ciel s’en est mêlé pour arbitrer cette querelle saugrenue tout en leur prodiguant une leçon magistrale. Les effets des bouleversements climatiques ne se gèrent pas par la parole et appellent des solutions radicales. Et le silence valant consensus consécutif aux oracles scientifiques demandant le déménagement purement et simplement des habitants de la banlieue est prometteur. Et que dire du geste hautement symbolique du président du conseil régional de Dakar remettant le fruit de la collecte initiée en faveur des sinistres au ministre des collectivités locales ?

Il s’agit de prier donc fortement le Seigneur afin que l’exemple pathétique des habitants du quartier de Thiaroye sur mer contaminée au plomb ne fasse pas tâche d’huile. L’on se rappelle que ces braves populations arguant d’une hypothétique valeur de leur zone d’habitation avaient refusé le déguerpissement préconisé par les autorités pour mettre leur progéniture à l’abri des méfaits de l’intoxication au plomb dont le moindre effet à long terme est le crétinisme. On aura beau objecter que même si ces populations habitent la plus grande baie du monde, ils n’en habitent pas moins la baie la plus polluée du monde, également. Rien n’y fera, les femmes de Thiaroye sur mer pourront bien continuer à avorter et les enfants souffrir d’arriération mentale ! Si ce n’est pas une non assistance á personne en danger, un délit réprimé par la loi qui plus est, c’en a tout l’air ! Aussi, est il demande á la puissance publique de faire davantage preuve d’autorité pour mener á bien – avec discernement mais sans états d’âme - sa tâche régalienne de protéger les citoyens contre tout, y compris contre eux-mêmes.

l'Islam est il une religion de charite ? ( par Lamine Sylla )

Toutes les religions révélées ont ceci de commun qu’elles se proclament d’amour. La vie de la communauté y est censée être réglée autour des lieux de culte dont les gérants ont en charge d’appliquer ou de faire appliquer les percepts moraux codifiés par ladite religion... Dont l’un des plus célèbres est la notion de charité. Toutes les écritures saintes recommandent aux âmes d’être charitables en même temps qu’elles leur demandent de s’entraider. Mais il ne s’agit pas de confondre charité et solidarité.
La solidarité, on peut le dire, est un caractère inné chez tout être vivant en groupe. Il peut revêtir plusieurs formes et s’exprimer par divers canaux mais il reste en définitive une manifestation de l’instinct de conservation d’une espèce donnée ou de préservation d’un objet ou d’une fonction, donc un mouvement rationnel. Tandis que la charité est plutôt une vertu théologale au même titre que la foi et l’espérance. C’est en ce sens qu’il est superflu de lui chercher un qualificatif dès lors qu’il n’a pour objet que le Créateur Souverain. En effet, elle est singulière en tant qu’elle est obéissance de la part de l’homme au commandement de son Maître qui lui enjoint d’aimer son prochain et donc ne met en jeu que l’homme et son Dieu dans l’intimité de la foi. C’est, comme qui dirait, qu’elle est venue pour faire avec le bois tordu de l’humanité quelque chose de droit, n’est ce pas Kant ?
Plus prosaïquement, si les animaux peuvent manifester de la solidarité entre eux devant un prédateur quelconque, les hommes se solidarisent aussi pour une cause. De même, il est impropre de parler de charité concernant les animaux ou des hommes ne professant aucune religion.
La charité est donc, comme on le voit, consubstantielle á la religion. En islam la charité est symbolisée au plus haut point par la zakat. Elle y est un des piliers de la foi et son acquittement est obligatoire pour toute personne disposant d’un capital. Il est regrettable, cependant, que cette contrainte morale ne soit pas adoubée d’une institution qui aurait en charge sa collecte et sa distribution. Cette lacune explique sans doute la relative discrétion de la charité musulmane au Sénégal oű pourtant non seulement l’islam est la toute première religion mais encore l’essentiel du pouvoir économique y est détenu par les musulmans. En même temps, ce constat nous conduit á nous interroger non pas si la religion musulmane est charitable, la réponse est évidente parce que la charité est la marque déposée de toute religion au demeurant, mais bien plutôt si les musulmans sénégalais sont charitables. Si oui, quelles sont les destinations privilégiées de cette charité distribuée par les riches musulmans sénégalais ?
Très difficile, en tout état de cause, d’en cerner les contours tant il est pratiquement impossible de trouver une importante réalisation de la part d’un riche musulman sénégalais. Et pour cause l’essentiel est absorbé par la construction de lieux de culte ou maisons d’éducation coranique si ce n’est par des dépenses de prestige personnel nonobstant l’existence de réalisations concrètes de personnalités qui peuvent être considérés comme des icônes dans ce domaine notamment Feu Ndiouga Kebe, feu Djily Mbaye et Aliou Sow, le magnat des travaux publics.
Si non, ce ne sont pas les opportunités qui manquent eu égard aux conditions de vie précaires de l’écrasante majorité de la population sénégalaise. En effet, en parcourant l’intérieur du Sénégal, au centre notamment, il est triste de constater combien la corvée d’eau reste encore pénible du fait de l’éloignement des points d’eau. Des femmes et des enfants parcourent quotidiennement des dizaines de kilomètres pour passer le plus clair de leur temps autour de forages tombant en panne très souvent afin de pouvoir disposer du liquide précieux. Là-bas, des abris de fortune tiennent lieu de salles de classe.
Pour tout dire, la charité musulmane sénégalaise doit pouvoir s’inscrire aussi dans la réalisation d’infrastructures économiques qui puissent impacter de façon plus significative sur le niveau de vie de leurs compatriotes qui ne sont pas, du reste, moins vaillants qu’eux.
Mais donner la charité est un fait, être charitable en est un autre

SANS COUP FERIR ? ( par Ngagne SARR )

Parmi les faits marquants de cet hivernage long et pluvieux qui a fini en apothéose avec la belle victoire des lionnes du basket qui ont convaincu tous les africains de leur classe époustouflante de maîtrise technique et tactique et dominé leurs adversaires physiquement et moralement, il faudra bien retenir l’annonce à Washington par le président Wade de sa candidature à la présidentielle de 2012.

Encore une fois, le président Wade passe à coté de la plaque en se montrant insaisissable pour réserver la primeur d’une telle nouvelle à des médiats étrangers comme au 21 mars 2000.

Avait-il, seulement, le choix ? ...

On voit mal, en effet, comment il aurait du s’y prendre autrement pour essayer d’arrêter l’implosion annoncée de son grand parti qui se révèle, chaque jour un peu plus, comme un véritable molosse aux pieds d’argile.

Ce faisant le virtuose de la politique politicienne qu’il est fait d’une pierre deux coups.

Sa candidature annoncée non seulement lui permet de différer momentanément la bataille fratricide de sa succession qui sera sans conteste fatale à son parti que se livrent farouchement ses nombreux lieutenants mais encore réussit à semer l’émoi dans le camp de l’opposition en sapant terriblement les fondements de son unité factice à laquelle cette dernière doit beaucoup dans son succès électoral des locales passées.

Ainsi donc Me Wade reprend sa place d’incontestable maître du jeu politicien qui affriole tant les sénégalais. Il retrouve, ce faisant, ainsi toute latitude à continuer de jouer à pourfendre de l’honorable sénégalais, retoucher du gouvernement, faire le tour du monde, conférer nuitamment avec Idrissa Seck et affiner son nouveau passe-temps : corrompre du fonctionnaire international. Sans coup férir !

Dès lors, laissons le PDS à lui même car il semble être le seul à même de s’auto-detruire par le truchement de la rivalité des fortunes colossales constituées avec sa bénédiction. Cela fait entrevoir, tout de même, un destin peu amène pour le Sénégal quand les élections ne seront plus qu’une affaire de sous.

S’il en est ainsi, cependant, c’est bien la faute à cette opposition. Une auberge espagnole quoi, avec en pire un refus systématique de s’aligner les uns derrière les autres qui cache mal le problème essentiel de confiance entre les fortes têtes milliardaires – les sous, encore ! - du Parti socialiste et de l’Alliance des Forces du Progrès.

Ce manque de confiance est avivé, il est vrai, en partie par un fort ressentiment toujours vivace à l’égard du Parti socialiste que presque tous ses compagnons présents ( à l’exception de Cheikh Sarr de Naxx Jarinu) ont combattu et terrassé aux cotés de Me Wade et qui rechignent encore très fortement à contribuer à sa reconquête du pouvoir ; en partie, par un certain Amath Dansokho qui se comporte comme un vrai parasite social et le professeur Abdoulaye Bathily dont l’habituel baratinage venimeux a plus le don d’embarrasser son monde qu’autre chose. Le discours incommodant et violent de ces derniers ne pouvant réussir, au meilleur des cas, qu’à braquer le Président de la République qui comme tout humain se soucie de vivre une retraite tranquille, autant que faire se peut.

Le principal obstacle au dialogue maintes fois annoncé et rapporté tient justement au fait qu’il n’arrangerait que Niasse et Tanor qui n’ont pas besoin de leçons pour savoir que leur image de dirigeants responsables ne peut qu’en être confortée et cela n'est point pour arranger du tout Dansokho et Bathily entre autres dont l’agitation est inversement proportionnelle à leur représentativité qui ne les autorise qu’une caresse onirique, guère plus, du fauteuil présidentiel.

Il s’y ajoute que quantité faisant rarement bon ménage avec qualité, l’opposition est entrain de payer l’image melting pot qu’elle s’est elle-même forgée en appliquant l’adage à double tranchant : l’ennemi de mon ennemi est mon ami.

La gestion du pouvoir fraîchement conquis par Me Wade et son parti en est un exemple fort bon marché.

Comme pour dire qu’autant une stratégie de conquête du pouvoir est saine, autant sa gestion en sera facilitée et encore, moins les parties sont nombreuses, plus le partage est facilité.

Cela vaut aussi bien sur le plan idéologique que sur le plan de l’efficacité des politiques menées.

Aussi, cette ribambelle de leaders de parti politiques placés au même pied nous incite-t- elle à nous poser des questions et même à émettre de sérieuses réserves sur la possibilité d’un partage du pouvoir et partant une gestion sereine des affaires publiques entre le PS et l’AFP d’une part et entre tous les protagonistes de Benno d’autre part.

Enfin, on n’oubliera pas l’irruption d’un nouvel icône en la personne de Maky Sall qui a gagné le trophée de la révélation du dernier tournoi électoral et qui par ce statut dérange et indispose à la fois.

Recruté à chaud par Moustapha Niasse qui songeait à en faire un des porte-faix à l’instar de Dansokho, Madior Diouf et Bathily de sa candidature en 2012, le fort courant de sympathie qu’il a déclenché au plan national a finalement convaincu ses partisans – plus royalistes cependant que le roi – d’en faire le porte drapeau d’une alternance générationnelle au niveau de l’opposition.

Perspective assez prétentieuse mais qui a de quoi donner des sueurs froides aux caciques sexagénaires, septuagénaires et octogénaires quand on considère le nombre de jeunes et valeureux politiciens qui existent dans tous les partis.

De la tête bien faite comme le ministre Aliou Sow au courage politique personnifié par le député Diagne Fada en passant par l’endurance du genre Wilane, maire de Kaffrine et la sobre ambition du Dr Diop maire de Point E ou encore du maire de Saint Louis Cheikh Bamba Dieye…sans oublier la compétence incarnée par l’ancien ministre Ibrahima Sall.

Ces fleurs ayant désormais le pied à l’étrier ne devront s’en prendre qu’a elles-mêmes si, d’aventure, elles n’éclosaient pas à l'image du sort peu enviable de Talla Sylla.

Celui qui travaille à éclore la fleur le fait si simplement !

Dans tous les cas de figure, la candidature de Maky Sall à la présidentielle de 2012 s’avère peu évidente dans la mesure où il n’acceptera jamais de croiser le fer contre Me Wade envers qui il continue de nourrir un respect révérenciel.

La probabilité de sa candidature n’est agitée que pour maintenir la flamme et peut être pour parer à toute éventualité à savoir au cas où la bataille de l’anticonstitutionnalité de la candidature de Me Wade venait à aboutir heureusement ou s’il se désistait au profit du tandem Idrissa Seck/KarimWade.

Ce qui est loin d’être une vue de l’esprit !

La terre, les hommes et l'Etat ( par Moussa THIANDOUM )

Les théories du développement foisonnent. Il fut même un temps oú elles poussaient comme termitières après la pluie tant il était de bon ton pour ne pas dire intellectuellement correct d’en produire...

Et si la ca-dence au fil du temps s’est estompée, c’est plutôt parce que les institutions financières internationales avaient fini de confisquer la pensée dans ce domaine et de faire du développement des pays pauvres leur chasse gardée. Ce diktat s’expliquait aisément par plusieurs raisons dont une est que qui paie, commande. Une deuxième est que la plupart des pays colonisateurs d’antan se sont lassés de leurs ex-colonies par suite de l’inefficacite affligeante des politiques de développement supportées à coup de milliards de dollars.
Une troisième, c’est cette opinion largement répandue, qui vaut ce qu’elle vaut toutefois, formée par l’idée d’une incapacité notoire des dirigeants - politiciens, technocrates et intellectuels – du tiers monde à définir, planifier et exécuter le développement de leurs pays respectifs.
Cette opinion n’est elle pas corroborée, chez nous, par le soudain affaissement de la volonté de l’opposition de dialoguer avec le pouvoir ? Que dire de cette opposition qui se refuse d’être le bureau d’études du pou-voir ? Fuite en avant ou mascarade ?
La liste est loin d’être exhaustive…
Aujourd’hui, quand même, les institutions financières internationales ont mis beaucoup d’eau dans leur vin
Pourrait il seulement en être autrement au regard de la vive désapprobation des militants tiers mondistes qu‘elles suscitent ?
C’est que d’une part la stérilité thérapeutique de leur programme et d’autre part, la fréquence des turbulen-ces de l’économie mondiale ont fini par convaincre de la faiblesse de leur doctrine économique.
Mais au fond, nous devons bien convenir que si la théorie du développement pèche de façon aussi lamenta-ble, c’est bien parce qu’on s’y est toujours pris d’une mauvaise manière. Au juste, qu’est ce qu’on veut bien faire ? Combattre le sous développement ou promouvoir le développement ?
Aussi, cette indétermination se manifeste-t-elle par une posture non moins insolite : d’un coté, l’on fustige l’état de sous-développement comme résultant d’un impitoyable ordre économique international et de l’autre, on pose des actes renforçant plutôt cet ordre abhorré. C’est comme si finalement on a voulu tuer le taureau du sous développement en le prenant par la queue, selon la technique éprouvée, en milieu éleveur, du « mboss ».
Cependant qu’on aurait du le prendre par les cornes de la pauvreté. La pauvreté qui afflige l’écrasante majo-rité (plus des 2/3) de la population du tiers monde et réduit leur existence à une cruelle lutte pour la survie qui peut s’énoncer sous toutes les formes depuis les migrations – exode rural ou émigration – jusqu’a l’infanticide moralement reprouvé. Que la plupart des projets développeurs d’aujourd’hui soient sous tendus par le noble objectif de lutte contre la pauvreté ne doit pas nous éblouir, outre mesure, au point de confondre la proie et son ombre. En effet, les raisons de cette pauvreté sont fort nombreuses et elles font intervenir une fourchette variée de facteurs d’ordre géographique, économique, culturel, historique ou psychologique et j’en passe !
Mais quelle que soit la diversité des causes du sous développement, il en est une que l’on retrouve partout, c’est l’occupation du sol par la population. Rendu par un concept moderne, nous dirions aménagement du territoire.
Dès lors, lutter contre la pauvreté c’est promouvoir un bon aménagement du territoire qui découle d’un arbi-trage dynamique entre production et habitation, une allocation harmonieuse de la terre par rapport aux be-soins de la population. Tant il est tautologique de dire que tout ce qui pourvoie aux besoins essentiels des hommes provient de la terre !
Le Sénégal ne saurait y échapper. Déjà, les Niayes, s’étendant de Thiaroye au Diender en passant par Yeum-beul, Malika et Keur Massar, jadis greniers de l’agglomération dakaroise, ont été mis à sac par la spécula-tion foncière qui s’accommode de l’urbanisation sauvage galopante.
La faillite de l’économie de traite arachidière ainsi que notre récente cruelle expérience de la crise alimen-taire qui a eu raison de notre ambitieux programme d’infrastructures nous invitent, en guise d’enseignement et en toute logique, à accorder une plus grande importance à l’agriculture vivrière, intégrant fidèlement no-tre matrice de consommation.
Le Sénégal ne peut plus faire continûment l’impasse sur cette question d’aménagement optimal de notre ter-ritoire devenue incontournable. Pour ce, non seulement il dispose des compétences nécessaires qui ne de-mandent qu’à être utilisées à bon escient dans le cadre d’un processus d’investissement mûrement réfléchi et largement partagé. Mais encore, ce serait une nouvelle jeunesse pour les sociétés publiques immobilières qui reprendraient ainsi du poil de la bête pour endiguer les sources de litiges fonciers.

Drole de dialogue ? ( par Famara SAGNA )

L’appel au dialogue politique lancé par le pouvoir à l’opposition est en soi une chose très normale. Tout comme l’est la réponse favorable servie par l’opposition...

C’est le contraire qui aurait étonné et détonné dans notre société profondément structurée par le dialogue.

Ce qui n’est pas normal par contre, et nous ne le regrettons jamais assez, c’est qu’au moment de mettre en forme cette initiative dans l’attente de laquelle tout le monde s’était emprisonnée, le pouvoir et l’opposition n’ont pas su se montrer à la hauteur des postulats de la nouvelle gouvernance mais aussi des exigences de la nouvelle citoyenneté. Au fait, qui appelle qui ?

C’est le PDS, une partie du pouvoir, qui appelle Benno, une partie de l’opposition, au dialogue. Mais encore tout incline à penser que c’est l’ancien Front pour l’Alternance qui est ressuscité pour l’occasion avec un nouvel invité, le parti socialiste, moins un absent, AJ/PADS, nonobstant la présence du dissident Madieye Mbodj de Yoonu Askan wi.
Comme s’il ne fallait pas fustiger cette navrante conception des acteurs politiques sénégalais qui aiment tellement fonctionner au mode nostalgique en sous estimant et leurs vis-à-vis et leurs compagnons !

C’est ainsi que cet appel est partiel et partial. Le PDS n’a pas jugé utile de composer avec ses alliés et féaux fort nombreux du reste et ce comportement est d’autant plus inadmissible de sa part qu’on lui prête des ambitions de constituer un nouveau grand parti présidentiel.

Pire, il laisse en rade les partis politiques qui sont auréolés d’une représentation parlementaire qui partout ailleurs en démocratie est le critère fondamental de représentativité populaire. Sauf manifestement au Sénégal oú l’on se complait si énergiquement à ramer à contre-courant de la normalité.

Le comportement de Benno est lui aussi loin d’être honorable même s’il bénéficie de circonstances atténuantes en ce qu’il n’est point l’initiateur de l’appel et qu’il peut invoquer pertinemment avoir reçu une lettre sans présupposer ses éventuels autres destinataires.

On pourrait à la limite même le comprendre qu’il se glorifie d’être l’unique partenaire du PDS au vu des résultats des récentes locales qu’il soutient mordicus avoir gagné quand bien même les chiffres prouvent le contraire.

Parce que tout simplement, il n y a pas de citoyens de première ou de seconde zone, toutes les circonscriptions se valent dans tous les pays du monde. Sauf si bien entendu on est mu par d’autres considérations que la gestion des affaires des citoyens.

Qu’il ait jugé utile d’exiger un dialogue inclusif de toutes les forces vives cache mal son autre exigence de faire des conclusions de ˝ses˝ Assises nationales les termes de référence du dialogue en perspective.

Quant à la finalité de l’appel qui coïncide presque avec l’anniversaire de la visite historique de Serigne Touba, Serigne Bara, au palais de la République, elle est en fin de compte de corriger le ratage des Assises Nationales initiées par l’opposition en ce que l’occasion est offerte de regrouper tous les segments nationaux.

Mieux, l’appel n’aurait point sa raison d’être s’il ne devait pas déboucher sur la définition d’un programme consensuel suffisamment crédible non pas pour mettre le Sénégal sur les rails de l’émergence mais bien plus, pour satisfaire au mieux les besoins des populations.

En outre, le dialogue n’aurait aucun sens si les protagonistes ne se mettaient point d’accord pour aller ensemble vers la mise en œuvre des décisions arrêtées consensuelle ment et de contrôler ladite mise en œuvre, de la superviser et de l’évaluer périodiquement.

Il s’agira aussi de fixer une bonne fois pour toutes ou pendant très longtemps des limites aux politiciens dans la sphère publique en prédéfinissant la taille du gouvernement et l’architecture institutionnelle du Sénégal.

Car, enfin, il est venu le temps d’un Etat non mu par une logique mercantiliste et pas prédateur des ressources des citoyens pour un sou. Le temps d’un Etat qui accepte de se soumettre au contrôle citoyen, de se plier en quatre pour l’intérêt général.

le mariage a t il un avenir ? ( par Remi SARR )

S’il est une institution sociale fortement malmenée au Sénégal d’aujourd'hui c’est bien le mariage.
Sa sacralité est mise à rude preuve, en tout cas, au point que les divorces ne se comptent plus d’une part et d’autre part, notre société en est arrivée à expérimenter des formes d’union inédites ou tout simplement moralement inconcevables...

 La faute aux mode ou genre de vie ? Ou alors au libertinage induit par la furie libératrice du passé de notre monde contemporain. Mieux encore, est-ce là un phénomène culturel ou économique de ce nouveau village planétaire qui prend forme inexorablement sous nos yeux ?

Sans doute qu’il est difficile, très difficile même, de concilier deux caractères différents, deux per-sonnalités singulières ou deux mentalités distinctes. Car quand un homme et une femme décident de vivre en ménage, ils veulent faire un mais la grosse difficulté est de savoir… lequel ?
Mais hommes et femmes étant obligés de cohabiter pour les besoins de pérennisation de l’espèce ou de l’épanouissement moral des individus, quoi d’étonnant, alors, que le mariage s’assimile à un challenge.

Mieux, un défi que se lance un couple pour concevoir un espace d’évolution de leur amour parta-gé, maximisant les avantages de leurs points communs et minimisant les frictions découlant de leur divergence naturelle. Un espace d’évolution dénommée famille qui est la cellule de base de la société. Une cellule dont le rôle est si indispensable que pour le moment il ne vient l’idée à per-sonne qu’elle puisse être remplacée par quelque chose d’autre.

Il reste que le mariage respire par les scènes de ménage, a-t-on coutume de dire. Pour expliquer, très certainement, que la réconciliation qui s’ensuit est non seulement nécessaire mais aussi qu’elle offre toujours un recommencement de l’idylle d’une manière beaucoup plus intense que la pre-mière.

Une question se pose, dès lors, pour savoir pourquoi donc ces scènes se terminent-ils de plus en plus fréquemment par des séparations définitives. Aime – t – on mal ou pas assez ? Et si on ne sait pas aimer, plus du tout ? Les questions restent posées et toute la sagesse du monde ne suffira certainement pas pour y apporter réponse.

Il est vrai que l’emprise actuelle de la civilisation matérielle, l’importance acquise par l’argent de nos jours, est sans commune mesure avec ce qui a pu être de mise par le passé.

Si bien que notre quotidien canonique, un quotidien quand bien même basique, ne saurait plus se concevoir sans le voisinage de certains artefacts dont la nécessité reste à démontrer – si bien entendu sa nocivité n’est pas avérée - au vu des récurrents signaux d’alarme émis par les sommités scientifiques quant à leur impact négatif sur notre santé et sur l’environnement, donc sur la survie de l’espèce hu-maine.

Cette situation est symptomatique d’une loi psychologique qui, en tant que telle, est beaucoup plus difficile à étouffer qu’à faire éclore. Sa propagation est naturellement facilitée par le nivellement culturel véhiculé à travers les nouvelles techniques de l’information et de la communication et les séries télévisées.

Cette nouvelle psyché, devrait-on dire, vecteur d’une modernité factice, est responsable de la complexification du mariage sous les tropiques particulièrement et explique d’autant plus sa rareté et donc la prostitution déguisée tant décriée.

Les hommes en sont presque arrivés à mal aimer parce que pouvoir placer son épouse à l’abri des soucis matériels est devenu prioritaire par rapport à donner tout son amour à son épouse.

Cette complexification de la question du mariage s’ajoute à une conception biaisée de la vie de couple. Si on est prêt à partager le meilleur, est-on, pour autant, prêt à partager le pire ?

L’Eglise a le mérite de tenter de régler le problème avec le questionnement des époux par le prêtre devant l’assemblée des témoins.

Il en est autrement dans la religion musulmane ou le mariage est célébré hors de l’assistance des intéressés et à notre connaissance, aucune rencontre entre les deux tourtereaux sous une égide religieuse, parentale ou philosophique n’est prévue avant la cérémonie nuptiale.

Même si cette situation se comprend aisément par le fait que le mariage est placé sous la garde de ceux-là qui l’ont démarché, il reste que si la musique change, les pas de danse aussi doi-vent changer.
En effet, notre époque reste caractérisée avant tout par un affaissement quasi-général de l’autorité, à cause principalement de cette culture des révélations qui ont eu raison des symboles ou préten-dus tels.

Ensuite, les familles se sont atomisées et il s’y ajoute que notre monde, à la morale chan-celante, est si gros d’incertitudes qu’il est des choses que l’on gagnerait à sauvegarder ou à mettre hors de portée des vicissitudes somme toute vénielles.
Il faut aussi dire que l’intrusion du juge à ce niveau a causé beaucoup de dégâts comme ceux d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, toutes proportions gardées. Car si la morale est une source de droit, la justice reste une science des preuves.

En tout état de cause, ce qu’il nous faut c’est de savoir aimer pour aimer mieux et plus. Et non point fuir l’amour ! il y va de la sauvegarde du mariage qui est le dernier rempart entre l’humanité et l’animalité.

Khalil Gibran professait il y a plus de cinquante ans : si dans votre frayeur, vous ne cherchez que la paix et les plaisirs de l’amour, alors il vaudrait mieux pour vous couvrir votre nu-dité et quitter l’aire de battage de l’amour…pour un monde sans saisons ou vous rirez, mais pas de tous vos rires, et pleurerez, mais pas de toutes vos larmes.

DEMOCRATIES SANS DEMOCRATES ( par moussa dianifaba )

La démocratie pose problème en Afrique. Elle n’y a pas tout au moins tenu jusqu’ici la promesse des fleurs au regard des tensions dont elle est à l’origine...


Mieux encore, elle n’est jamais parvenue à instaurer la sérénité entre les acteurs politiques.

Est-ce à dire qu’elle n’a point le culte de la paix sociale ? Ou pire, qu’elle est prise en otage par la classe politique et donc vidée de sa quintessence pour des objectifs bassement électoraux ?

Rien d’étonnant dès lors que ses problèmes ne tournent qu’autour de questions de conquête, gestion et dévolution du pouvoir. Et qu’elle évolue dans une atmosphère viciée par la violence des propos, la haine mutuelle et la suspicion maladive réciproque par rapport à toute initiative.

C’est le cas de dire, la démocratie, en Afrique notamment, ressemble trop à la célèbre boite de Pandore. En effet, elle n’y a libéré jusqu’ici que des forces à la duplicité inouïe qui font fi de la sacro-sainte volonté populaire, ne promeuvent point l’intérêt général et dont l’entretien de l’espoir des populations quant à un avenir meilleur est le cadet des soucis.

Sans doute que c’est un système politique qu’il aurait fallu inventer, toutefois, s’il n’avait eu l’heur d’exister pour dire avec emphase que c’est moins sa nature qui est en jeu que la qualité des partenaires dont le rôle est justement de l’animer. Et donc, il est tout à fait normal d’imputer ses faiblesses ou tares aux acteurs politiques tant du coté du pouvoir que du coté de l’opposition.

Une démocratie est un code, elle est un condensé de règles régissant entre autres la compétition électorale mais aussi et surtout le mouvement social. Et quelque soit la nature achevée ou consensuelle des règles édictées, il reste que tout système n’est que contenant qui épouse la forme de son contenu. Le système démocratique dans lequel les acteurs politiques évoluent est donc ce qu’ils en font ou plutôt ce qu’ils sont.

La piètre situation de la démocratie dans la plupart des pays africains, mieux leur précarité économique malgré un potentiel avéré nous enseigne au moins, à défaut de nous en convaincre, que la vie présente et future des citoyens est si précieuse qu’il n’est plus judicieux de la confier exclusivement aux bons soins des politiciens.

Car l’épanouissement économique des africains imposent une longue marche à une vitesse soutenue pour s’extirper des pesanteurs de la pauvreté. Les mesures requises sont multiformes parce qu’elles touchent principalement à la redistribution des richesses nationales et seront sans nul doute fort à appliquer de la part de n’importe quel gouvernement qui gère avant tout des intérêts corporatistes et des contraintes électoralistes.

C’est pourquoi des initiatives hardies procédant d’un diagnostic sans complaisance doivent elles impulser la nécessaire considération et institutionnalisation des spécificités nationales pour un système politique consensuel et sécure prenant en charge tous les secteurs de la vie citoyenne. N’est ce pas cela, sans aucune clause de style, la vraie démocratie participative ?

COMPOSITION LIBERALE / RECOMPOSITION SOCIALISTE ( par lorou adama GAYE )

Libéraux comme Socio démocrates sont interpellés autour de la question de l’unification de leurs familles respectives. C’est une question devenue incontournable d’autant plus qu’elle s’est imposée par la force des choses, celles des réalités électorales...

La famille libérale pouvant a juste raison se prévaloir, tout en s’en félicitant – cerise sur le gâteau ? - de l’existence d’un dénominateur commun, une « constante » selon le jargon truculent des politiciens si friands de néologismes, en la personne de Me Wade qui comme chacun a pu le constater se donne toujours les moyens de parvenir a ses fins politiciennes, il peut sembler de prime bord que ses retrouvailles posent – le cas Idrissa Seck - ou poseront – le cas de Maky Sall – moins de problèmes qu’ailleurs, chez les socio-democrates pour ne pas les nommer. Mieux encore, la famille libérale a l’avantage de l’homogénéité originelle. En effet, ceux-la qui sont concernés par la réconciliation, à ce niveau, ont l’avantage de se connaître ou de ne connaître que le Maître – la première hypothèse valant bien la seconde et vice versa.

En outre, les brouilles libérales qui se sont soldées par des départs n’ont qu’une et même ramification, celle, de la part des protagonistes, d’avoir perdu, en un moment donné, la confiance de Me Wade. C’est pourquoi elles ont tout l’air de querelles familiales qui devraient prendre fin le plus normalement du monde dès lors que le chef de famille le souhaitera. D’autant plus que tous les fils putatifs y sont présentement positivement prédisposés sauf Maky Sall qui a, apparemment, besoin de temps pour cuver le vin de sa récente gloire électorale et pour se rendre compte par lui-même que son avenir ne saurait être tramé hors de sa famille naturelle.

On le voit donc le pole libéral a le redoutable atout d’avoir un chef incontesté en la personne du Président de la République même si, ne nous voilons point la face, les rivalités qui se tissent sur le métier de la succession de plus en plus probable de Me Wade vont rendre le gouvernail du bateau PDS beaucoup plus hardi à tenir…
Mais encore au moment oú nous rédigeons cet article, un premier ministre, de consensus au sein de la famille libérale, devrais-je dire, vient d’être nommé en la personne de Souleymane Ndene Ndiaye. Comme pour dire que le chef est bien résolu à regrouper sa famille !
Au contraire la famille sociale-démocrate a tout l’air d’une auberge espagnole, une chapelle aux multiples sectes, toutes d’origine fractionniste au demeurant, dans laquelle les préoccupations d’unité sont toujours passées au second plan, hier, par les querelles d’une hypothétique légitimité de gauche et aujourd'hui, de leadership.

Il est frappant de constater que toutes les sectes sociales-démocrates ne se sont vues reconnaître leur légitimité de gauche par les autoproclamés aristocrates de gauche, le naguère Pole de Gauche (Aj, Ld, Pit), qu’une fois dans l’opposition. De prétendus aristocrates de gauche dont le caractère frappant est leur faible envers le libéral Me Wade qu’ils ont investi plusieurs fois candidat au niveau de leurs partis respectifs comme à l’occasion de la présidentielle de 2000 contre le candidat social-démocrate Abdou Diouf.

L’analyse de ce pole de gauche, au demeurant, suffit à elle toute seule à camper la problématique de l’unité de la gauche sénégalaise même si par ailleurs force est de reconnaître que cette problématique ne renvoie aujourd'hui, substantiellement et essentiellement, qu’à la question de la reconstitution du Parti Socialiste.
Une reconstitution qui sera avant tout une affaire de retour dans le giron du parti socialiste de responsables politiques de premier plan tels que Djibo Ka, Moustapha Niasse, Souty Toure, Abdourahim Agne, Robert Sagna et Mamadou Diop. Les joutes électorales auxquelles ils ont participé pouvant être considérées comme des primaires.
Cette reconstitution du parti socialiste, en tout état de cause, est un processus que les aristocrates de gauche ainsi que les partis satellites seront bien obligés d’accepter, que ça soit sous la forme de compagnonnage ou d’arbitrage. Autrement, on voit mal comment la social-démocratie pourra – t – elle contrebalancer l’hégémonique parti libéral.
Mais d’ores et déjà, si l’idée s’acquiert facilement dans son principe, ses modalités pratiques restent encore floues : Sous quelle forme ? Dans quelles conditions ?
Car cette reconstitution, évidemment, n’arrange guère une personnalité politique de premier plan telle que Moustapha Niasse qui semble bien pris dans une frénétique course contre la montre au point que l’on ne peut pas, parfois, ne pas lui prêter l’idée de vouloir créer une troisième voie au regard de ses offensives de charmes vers tout ce qui se rebelle.
Si bien que l’affaire prend les allures d’un face-à-face Tanor Dieng / Moustapha Niasse. Une bataille salvatrice aux allures de confrontation finale parce que précipitant le moment de vérité pour la gauche, toute la gauche sénégalaise. En effet, ce combat sera arbitré par les barons socialistes sur le retour regroupés autour de Tanor Dieng et le pole de gauche plus les autres partis satellites dont Niasse emporte la préférence.
Mais le hic dans tout cela, c’est que le Parti Socialiste ne semble guère être animé de grandes ambitions dans ce domaine. La faute à qui ou à quoi ?

VRAIS GAGNANTS, VRAIS PERDANTS DU SCRUTIN LOCAL ... ( par Serigne Babacar CAMARA )

Les électeurs se sont exprimés sans équivoque à l’occasion du récent scrutin. En rejetant en masse les listes de la mouvance présidentielle, ils sanctionnent négativement la manière dont leurs affaires ont été gérées par le Président Wade et son régime... C’est le contraire qui aurait étonné au vu de la dégradation continue des conditions de vie des populations.

Cette déferlante du mécontentement populaire n’a surpris que les politiciens. C’est qu’ils ne sont pas toujours parvenus á cerner le profil de l’électeur sénégalais… un vrai cas pathologique pour des professionnels… á leur décharge, cependant, les enjeux locaux apparemment fort simples au départ ont été dénaturé quelque peu par l’intrusion tonitruante et exubérante de Me Wade dans le jeu.

La révélation du tournoi électoral aura été sans conteste l’homme Maky Sall qui y aura joué tous les rôles possibles. Ici, il a gagné seul, là, il a fait gagner la coalition de l’opposition et ailleurs, il a fait perdre la coalition au pouvoir. C’est bien, c’est même très bien ! Car il administre une belle leçon de courage politique à la classe politique, les chefs de partis notamment. Car parmi les protagonistes de la dernière présidentielle, trois seulement, MM Cheikh Bamba Dieye à St Louis et Idrissa Seck à Thiès mais aussi Robert Sagna à Ziguinchor, ont osé relever le défi au niveau d’une collectivité locale relativement importante. Le cas intéressant de M Souty Toure á Tambacounda mérite tout aussi d’être relevé. Les autres se sont piteusement abstenus ou alors se sont présentés au niveau de leur village.
Serait ce la marque du peu d’intérêt qu’ils portent au leadership local comme fondement- béton du leadership national ou alors serait ce parce que ces élections á quitte ou double sont toujours redoutées par ces chefs de parti qui préfèrent s’abriter dans le confort de la tête de liste des législatives.

En tout état de cause, une nouvelle donne est entrain de prendre forme. Leur courage est en effet la preuve que l’avenir appartient à la nouvelle génération constituée par ces jeunes aux dents longues dont la liste s’est enrichie de MM Khalifa Sall a Dakar et Abdoulaye Balde á Zinguinchor mais aussi, á la faveur de la percée des femmes, de Mmes Aissata Tall Sall á Podor, Aida Mbodj á Bambey, Mata Sy Diallo á Kaffrine et Aminata Mbengue Ndiaye á Louga. Cette irruption massive de la gente féminine est à saluer avec toute la solennité qui sied car par ces belles victoires peu évidentes au départ, les femmes rangent aux oubliettes leur rôle de bétail électoral.

Dès lors, dans la redistribution des cartes qu’annoncent inéluctablement les résultats du scrutin au sein des appareils partisans, les vrais dividendes doivent aller aux plus méritants qui, á l’occasion, ont été ceux-là qui ont osé défier le naguère ogre Sopi.

Même si nous devons regretter, toutefois, qu’aucun ténor politique ne se soit porté volontaire pour conduire une liste á l’échelle régionale. Manifestement, du chemin reste à parcourir dans le cadre de l’émergence de véritables représentativités régionales. On ne saurait en faire l’économie á court terme quand bien même l’entité régionale est une réalité politique toute récente. Faut il le rappeler nous en sommes encore á nos troisièmes élections locales, exceptées les premières qui se sont tenues en 1990 et ne concernaient que les collectivités municipales et rurales en plus d’être marquées par un boycott de la totalité de l’opposition d’alors ….

Cette représentativité régionale est un plus sur le difficile chemin qui conduit vers l’osmose nationale pour pallier toute velléité d’ethnicisme ou autre particularisme, situation décriée malheureusement ça et là á chaque consultation électorale de bonne ou mauvaise foi. Il y va du renforcement de la crédibilité politicienne et le Sénégal ne peut pas se permettre de fermer l’œil, ne serait ce qu’un seul instant, sur cette calamité qui gangrène la plupart des pays africains et contre laquelle nous ne saurions avoir la pretention d’être vaccinés… d’autant plus que par plusieurs fois nous l’avons échappé belle ! Pourvu que la Main Divine continue de nous retenir ! Et gageons que la nouvelle génération saura relever, encore une fois, le défi.

Le Pouvoir du Desordre ( par Birame THIAM )

Etudiants et eleves ont de tout temps été victimes de bavures policères et les drames qu'elles ont occasionnés - notamment les morts jamais elucidées de Blondin Diop, Idrissa Sagna et Balla Gaye - n'ont jamais prêté à conséquence majeure. il en est ainsi peute tre parce qu'eleves et etudiants se sont toujours exposés à la desapprobation sociale à travers les violences gratuites et les saccages indéendables de biens publics qui accompagnent leur reccurentes et lassantes sautes d'humeur...

A Kolda, un jeune homme a trouvé la mort dans les locaux de la police suite à une garde à vue por une accusation de vol qui s'est finalement avérée non fondée.

A Karang, un autre jeune soutien de famille en garde à vue a péri dans les locaux de la gendarmerie.

A Kaolack, une mission de la police pour l'application d'une decision de justice a entrainé par voie de conséquence la mort d'un jeune.

A Kedougou, un autre jeune homme a eu le crâne mortellment fracassé par une balle tirée à partir d'une arme des forces de l'ordre.

Kara et Kambel, des journalistes, ont été sauvagement agréssés par des policiers au stade Leopold Sedar Senghor.

Et l'on n'oublie point les brimades coutumières et quotidiennes dont sont victimes les citoyens depuis le racket honteux des automobilistes jusqu'à l'accueil fruste qui leur est réservé dans les postes de police et autres brigades de gendarmerie.

Nous sommes en presence d'un veritable complexe qui anime les forces de l'ordre. Comment expliquer autrement cette animosité contre les citoyens ?

Comme la noble mission de maintien de l'ordre peut il charrier autant de desordre ?

S'agit il d'une frustration si l'on considere le fait que les services d'ordre regorgent d'elements qui ayant raté leur vocation ont embrassé la carriere par défaut ou par dépit ?

Ce serait difficile de penser autrement au vu du peu de considération sociale dont jouissent les professions rattachées au maintien de l'ordre.

Le soudain vote par le Parlement de la loi portant revalorisation de la profession policière serait il dès lors le signe que les autorités ont pris l'exacte mesure du phenomène. Peut etre ! Si et seulement si les forces de l'ordre ne prenaient pas le malin plaisir de jouer aux marrionnettes entre les mains des politiciens !

Ou alors s'agirait il d'un surdimensionnement du moi favorisé par les attributs de puissance : l'uniforme et l'arme ?

Ou encore policiers, soldats et gendarmes ne sont ils pas que le miroir de la société et en tant que tel, refletent la tendance accrue à la violence qui s'est emparée de tous les segments de la nation ?

Une violence aveugle qui paradoxalement culmine à l'approche des elections. Par exemple la mort atroce de cet enfant dans le Sedhiou, égorgé froidement, ne porte-t-elle pas la marque à tout point de vue d'un rite sacrificiel dont seuls les affamés de pouvoir sont les virtuoses notoires ?

Une violence aveugle dont les difficultés de plus en plus grandes pour obtenir une vie convenable offrent un terreau fertile et dont pâtissent en grande partie femmes et enfants.

En tout etat de cause, la chose s'est amplifiée avec l'arrivée de Cheikh Tidiane Sy à la tete du ministere de l'Interieur. Et je crois qu'il est bon de rappeler la triste fin de Mobutu Sese Seko dont il fut l'un des conseillers les plus écoutés.

Mais bref, le pouvoir qui échoît entre des mains qui en sont indignes n'est il pas justement l'un des signes avant-coureurs de la Fin ?

Birame Thiam

Les Gardiens de la Cite ( par Mangone SALL )

Les grandes actions, tout comme les grandes pensées, ont un comportement dérisoire. Les grandes œuvres naissent souvent au détour d’une rue... D’une rue semblable à celle qu’ont arpentée les imams de la ville de Guediawaye pour faire entendre à un pouvoir dur d’oreilles les doléances légitime de tout un peuple. Drapés dans la dignité de leur rang de bergers d’âmes, proies miséreuses d’un présent affreux, ils nous ont davantage convaincu que l’histoire, c’est le récit d’ une lutte perpétuelle de l’homme contre la nature, de l’esprit contre la matière, de la liberté contre la fatalité.
Au nom de leur statut de notables, ils ont voulu provoquer une suite lucide du mouvement de conscience inaugurée par des populations définitivement éveillées parce que lasses d’un quotidien machinal aux horizons lugubres. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase tient à une facturation jugée injuste par les populations.
Le pouvoir est interpellé. Il se doit d’agir vigoureusement pour apaiser les esprits si vite échauffés par ces temps de crise dont l’acuité tient pour une grande part à la gestion désordonnée du gouvernement de Wade. Sans tarder au lieu de se cantonner à une réactivité permanente.
Cependant ce pouvoir en véritable groupe d’ambigus mené par un berger aventureux entouré de ses auxiliaires tout pareils à des loups n’a pas été capable de répondre à cette sublime interrogation. Tout au contraire, la stratégie wadienne de fuite en avant a été pour l’occasion reconduite. Quel plus beau signe de courage, en effet, que celui de l’évanouissement devant la menace ?
Abdoulaye Wade a préféré voyager, se retirer en France pour, peut être cogiter, sur une enieme retouche de l’attelage gouvernemental, son seul talent, en fait.
Ses hommes de paille d’habitude si loquaces se sont tenus cois. Le ministre de l’Energie, lui, a été bien inspiré, pour cette fois-ci du moins, de se taire. Car il a fini d’incommoder les gens avec ses roucoulades sans lendemain. La Direction Generale de la Senelec et le personnel par leur abstention insolite dans le débat réconforte l’opinion publique à savoir qu’ils ne sont pas de grande utilité.
Le pouvoir a envoyé des députés dévalués. Ce qui n’est pas en soi difficilement comparable à une bourde, très grosse d’ailleurs, dès lors qu’il nous semble y voir l’Exécutif donner des ordres au Législatif ; pas plus que de ne pas se résoudre à y voir du mépris car l’Assemblée Nationale n’est pas un lieu habilité, sous le magistère des Wade en tout cas, pour prendre des mesures effectives sur le bien-être des populations.
Puis le premier ministre a réuni un conseil interministériel pour s’autoriser à faire de l’éducation morale pour une consommation raisonnable d’une énergie aléatoire. Il passe de nouveau à cote en ignorant la vraie question.

En vérité, le pouvoir est incapable de gouverner parce qu’il a une fausse conception de celui-ci proprement dit et de la gouvernance qui lui donne corps.
Le pouvoir n’impose nullement que l’on soit le meilleur quand bien même il exige de vous le meilleur. Il n’est pas vin pour enivrer.
Il ne saurait se résumer à un système d’accaparement de privilèges qu’il faille conserver à tout prix et perpétuer en famille en dépit de tout. Encore moins un système Soleil-Lune-Etoiles, jadis théorisé avec superbe par l’ancien numéro deux de Wade, Idrissa Seck.
Le pouvoir est avant tout respect du contrat de confiance par lequel il vous a été confié par la majorité du peuple en vertu duquel et implicitement il vous est demandé de rendre le dépôt tel quel à défaut de n’avoir pas pu le fructifier. C’est en cela qu’on l’assimile à une épreuve divine. Or aucune épreuve ne saurait être agréable et etre vaincue dans la sinecure...
Mais, Me Wade en a t il seulement cure ? En tant que descendant ( ?) des Brack du Walo (ce dont nous doutons fortement ) , n’est il pas convaincu que le Sénégal lui appartient ?

AFRICAINS ET ARABES A LA MARGE DE L'HUMANITE ! ( par Alexis BIAGUI )

Le sommet du G20 qui s’est tenu á Washington au cours du mois dernier est le symbole achevé de la ségrégation bête et méchante qui étend ses tentacules de façon insidieuse dans les esprits du monde contemporain en ce qu’il aura laisse en rade les africains et les arabes. En effet, l’on peut dire que, aussi bien le continent africain que la péninsule arabique ont été les grands absents de cette messe mondiale qui conciliait l’agréable au revoir a un homme, Georges Bush dont les tablettes de l’histoire retiendront le nom sous la rubrique des monstres et l’utile devoir de rechercher des pistes de solution á la crise économique qui s’amplifie...


Car que l’on ne se trompe guère, les invitations adressées à l’Afrique du Sud et l’Arabie Saoudite ne sont que des faire-valoir, des trompe-l’œil pour amadouer les grands enfants africains et les adultes immatures arabes. L’Arabie Saoudite n’intéresse vraiment qu’en tant que c’est le premier exportateur de pétrole et son invitation n’est qu’une récompense pour son obligeance a l’égard des grandes puissances du Nord. Si l’Afrique du Sud a été convié c’est bien parce que c’est une société multiraciale dont le pouvoir économique est entre les mains de la minorité blanche.

Quand bien même il existe certain président africain qui se serait contente volontiers de ce statut peu honorable et qui aura attendu jusqu’au dernier moment et en vain une hypothétique invite au bout du fil. Sans doute que s’il avait fait montre autant de talent de bon gestionnaire que celui d’excellent voilier qu’il s’est forge au prix de coupes sombres budgétaires au détriment de l’intérêt général, de l’intérêt de son peuple dont l’écrasante majorité en est toujours réduite a une bataille quotidienne de la survie!

Qu’à cela ne tienne, noirs et arabes ne doivent s’en prendre qu’a eux-mêmes ! En ce qui concerne les africains, leurs ministres des finances réunis à Tunis pour se pencher sur la crise n’ont trouvé de parade autre que celle de succomber à une précipitation exubérante en proclamant que la crise financière n’aurait pas de grande incidence sur les économies africaines. Oubliant que le capital mondialisé se jouait gaillardement des frontières mais encore qu’une crise c’est comme un vent, si l’on peut déterminer son origine, on ne peut pas prédire avec certitude pour autant sa destination. Mieux, la crise économique qui leur sert a présent d’argument majeur pour expliquer leur incurie éhontée et leur désarroi pathétique en face du mal vivre généralisé de leurs administrés est venue comme pour leur administrer le plus cinglant des démentis les isolant davantage dans leur îlot de contradiction. Que dire également des placements faramineux opérés par les banques centrales africaines dans les pays du Nord ? A-t-on pense au sort de ces millions d’africains de la diaspora établis dans les pays du Nord sans l’apport desquels la situation aurait été pire ?
Si bien qu’on le veuille ou non l’Afrique est bel et bien partie intégrante du monde et tout ce qui touche le monde ne saurait lui être étranger et ne pas la concerner !

Sous l’égide de leurs dirigeants, africains et arabes doivent sans tarder procéder a une introspection pour décortiquer la cause de ce snob particulièrement étrange. Car cette crise économique qui s’amplifie a tout l’air d’une crise multiforme eu égard à la ribambelle de causes qui la sous-tend et qui explique sans doute l’argument inédit et insolite militant en faveur d’une refonte du système capitaliste. Son solutionnement, dès lors, ne saurait intervenir en faisant l’impasse sur les africains et les arabes. Leurs poids démographique et potentiel économique ne sont pas du tout quantité négligeable, loin s’en faut. Encore faut il qu’ils en soient conscients !
Malgré la mauvaise gouvernance des rentiers complexés qui président a ses destinées, l’Afrique est capable de s’en sortir seule ou avec le monde arabe, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Il s’agit d’en faire tout juste un espace non pas d’unité mais de solidarité oú le marché ne sera pas un vain mot.
Songeons par exemple, que la Guinée en Afrique de l’Ouest et le Zaïre en Afrique Centrale ont les ressources hydrauliques nécessaires pour une autosuffisance africaine en électricité. Et cet exemple est valable pour plein d'autres domaines.
Ce moment est d’autant plus arrivé qu’il est un signe qui ne trompe guère : l’homme le plus puissant de la planète pendant les quatre prochaines années sera un noir d’origine africaine en la personne de Hussein Barack Obama, President des Etats Unis.

Entre Manipulés et Manipulateurs ! ( par Bounama DIEYE )

Nous assistons tout accablés depuis un moment à une guerre de chiffonniers entre MM. Djibo Ka et Ousmane Tanor Dieng, respectivement secrétaire général de l’Union pour le Renouveau Démocratique et secrétaire général du Parti Socialiste...
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Cette situation n’honore guère les protagonistes qui sont des cousins à plaisanteries, qu’ils le veuillent ou non. La relation entre le Peul qu’est Djibo Ka et le Serere qu’est Ousmane Tanor Dieng mérite en tout cas mieux et le comportement d’hommes sérieux n’est pas conforme à ceci comme ils n’auraient jamais cautionné cela. Mais bon, c’est leur problème et il n’engage que leurs responsabilités individuelles culturelle et historique ! Devant leurs enfants, leurs épouses et leurs parents !

De toutes les façons, cette guerre porte bien son nom et elle nous aurait laissé au Pôle Nord, comme on dit souvent, si et seulement si les chiffonniers n’étaient pas de vaillants jeunes intellectuels et ambitionnant à juste titre de pouvoir servir leurs pays au plus haut niveau. Et qui se voient ainsi manipulés par une vieille garde politicienne au crépuscule de sa carrière pour un combat qui ne la concerne point ou si peu. MM Dieng et Ka se sont côtoyés pendant 20 ans – et donc partagé nécessairement beaucoup et énormément - qui retranchés de l’age de ces jeunesses en feraient tout juste des bambins en couches.

Aussi bien M. Abdoulaye Wilane que M. Badara Pouye et leurs camarades de la même génération portent, ainsi, un sacré coup à l’idée de l’alternance générationnelle qui avait commencée à pénétrer les masses. Il faudra sans doute attendre au regard du spectacle lamentable offert par ces deux entités pour que cette idée-là devienne une force irrésistible… Parce qu’à l’évidence, il nous semble bien que ceux qui ont la responsabilité de la concrétiser ne sont pas mûrs pour le portage de la République. Nous avons eu l’impression qu’en se prêtant à ce jeu malsain, ces jeunesses étaient entrain de ressusciter la plus sordide des pratiques politiciennes ayant cours dans notre pays et qui veut que la meilleure manière de manifester la loyauté à son chef soit d’être prêt à mourir pour lui !
N’est ce pas, là, être prêt à toutes les compromissions ? Où est la liberté ?

Ces jeunesses ne sauraient avoir raison même si nous leur concédons, sans ne pas le déplorer au passage, malheureusement, que la plupart des partis qui comptent sont ceux qui pratiquent le culte de la personnalité. Et de nous rappeler que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute !

En tout état de cause, ce phénomène accrédite bien la thèse selon laquelle qu’en fait rien n’a vraiment changé sous les cieux sénégalais depuis Senghor ! Nous tenons néanmoins à dire que ce culte de la personnalité est d’autant plus maléfique qu’il est responsable de la prompte et ahurissante métamorphose de nos autorités une fois parvenues au pouvoir ! L’exemple de Me Wade est trop frais dans nos mémoires.

Même si, au demeurant, nous sommes d’accord qu’il faudra repasser encore une autre fois pour voir des partis politiques responsables composés d’hommes et de femmes, jeunes et vieux tout aussi responsables, qui partagent un projet de société à la concrétisation duquel chacun est absolument sûr de pouvoir contribuer avec compétence.

A QUOI S'EN TENIR AVEC CET ETAT ? ( par Mamadou Ndiaye )

L'autorité se presente sous deux facettes : la (es) responsabilité(es) qu'elle confere et le(s) choix qu'elle induit. Meme si au demeurant Responsabilité et Choix sont gratuitement confondus tandis que le choix apparait comme la manifestation la plus eclatante de la responsabilité, il n'en reste pas moins, un peu partout, on prend ses responsabilités et on assume ses choix...

Ce rappel est necessaire à l'endroit des dirigeants politiques senegalais, notamment à la la lumiere de la peur panique dont il a fallu de peu qu'elle ne se transforme en débandade à la suite de l'emission de mandats d'arret internationaux contre des hauts fonctionnaires senegalais par le "petit juge" d'Evry qui donne ici une lecon de conscience professionnelle à ses homologues senegalais dont la riposte amphigourique et maladroite sur injonction de l'Executif a fini de ruiner le peu de credit, à l'extérieur comme à l'intérieur, dont elle disposait encore par rapport à son indépendance.

Alors qu'elle aurait du faire sien le combat du petit juge... si son honneur ou sa dignité ne le lui commandait pas.

Cependant, nous ne remercierons jamais assez, de toutes façons, ce petit juge-là pour avoir porter un coup de pied magistral à la fourmiliere de l'administration senegalaise au niveau de laquelle on ne considere volontiers que les ors rattachés à une fonction et l'on oublie gaiment les servitudes y rattachées. Autrement dit, au Senegal, on prend aussi facilement possession des instruments de sa responsabilité comme on se refuse à assumer les conséquences de ses choix.

Le naufrage dramatique du Joola et les inondations reccurentes en banlieue en offrent de parfaits exemples.

Les autorités poursuivies par le petit juge ont toutes d'une maniere ou d'une autre leur responsabilité engagée dans la survenance de la catastrophe maritime la plus dramatique de l'histoire contemporaine avec le naufrage du Joola.

Au fait, qui s'est chargé de negocier la rteparation du navire ? qui a empoché les commisions d'usage à cette occasion ? qui a proposé l'achat d'un seul moteur et la refection de l'aure ? qui a effectué ses travaux ? qui a receptionné ces derniers ? qui a autorisé la mise en eau du navire ?

Qui a pris la décision d'appareiller malgré le constat de la surcharge ? qui a vendu plus de billets qu'il n'en fallait ? qui est responsable du chargement mal équilibré dans la cale du bateau ?

C'est dire que la liste des autorités devant etre poursuivies pour la manifestation de la vérité sur cette tragédie aurait du être plus longue si la demarche du petit juge n'exhalait pas un brin de paternalisme gaulois !

Mais c'est dans la gestation puis la prise en charge du phenomene recurrent des inondations en banlieue de Dakar que la carence des autorités est la plus notoire. Imaginez que c'est à partir de 1989 que des maisons ont commencé à etre deserté par leurs occupants legitiomes du fait de la menace des eaux. Malgré tout, aucune mesure n'a été envisagé et bien au contraire, des lotissements et constructions ont continué d'etre autorisés par les services domaniaux et de l'urbanisme sous la bienveillance ionteressé des prefets sous prefets et maires des localités en situation.

Dans le cas precis des inondations de cette année, la nonchalance et l'incurie du prefet de Pikine et de ses sous prefets doit être fustigée et punie car ce sont davantage les zones inondées depuis 2005 et 2006 qui ont deversé leur trop plein dès le mois de juillet dans des quartiers qui jusqu'ici ont toujours été epargnés par les eaux.

Il est ainsi démontré que tant que l'argent est en jeu, les responsabilités se prennent gaiement mais qu'un probleme survient, alors la negligence, le laxisme, l'irresponsabilité du bas peuple sont automatiquement mis en exergue. Nul n'est responsable parce que Tout le Monde l'Est ?!

Dans ces conditions, à quoi bon un president, un premier ministre, cette ribambelle de ministres, ce parlement pléthorique, ces juges, ces avocats, ces gouverneurs, prefets et sous-prefets et ces maires ?

A quoi bon l'Etat ? A QUOI S'EN TENIR AVEC CET ETAT ?

Mamadou Ndiaye

LE COMBAT PAR DEFAUT ENTRE LA PRESSE ET LE POUVOIR ! ( par Mangoné SALL )

la presse et le pouvoir ont cheminé en bonne intelligence dans la lutte victorieuse contre le régime socialiste. A tel point que la presse fut chaleureusement félicité par le nouveau régime comme acteur de premier plan de l'alternance politique démocratique survenue dans notre pays en l'an 2000.

Il restait néanmoins que l'âpreté de cette lutte fut telle qu'elle avait fini de tremper le caractère belliqueux des complices d'hier. L'ogre socialiste disparu, c'est tout naturellement donc que les compagnons d'hier s'entre-dévorent dans un combat par défaut, aujourd'hui.

Car la Révolution - c'est du moins ainsi que l'alternance fut présentée, n'est ce pas Abdou Latif Coulibaly ?- a coutume dit-on de manger ses propres enfants.

C'est que le bellicisme est un sentiment incompressible, il dépasse l'instinct de conservation. il est une prédisposition morale à faire du mal pour combler une attirance vers le mal.  Il s'accommode de toutes les actions des plus ingénieuses aux plus sordides dont la portée a été calculé par l'esprit humain.

Tandis que l'instinct de conservation est une riposte non jaugée et non lucide par rapport à des circonstances ou des actes précis.

Si bien que les affrontements actuels entre presse et pouvoir ne sauraient être mis sur le compte d'une rebuffade des tenants du pouvoir à se laisser manger à la même sauce que les socialistes, hier.

Encore moins, ne saurait on les concevoir comme participant d'une volonté de la presse de s'affranchir de cette complicité étouffante avec le pouvoir.

en vérité, ces affrontements dépassent de loin le cadre de l'agression barbare et perverse dont ont été victimes Kambel et Kara de la part des forces de police. En l'occurrence, nous réclamons comme tous que Justice soit faite certes mais nous disons également que la presse a tort d'en faire une affaire personnelle. La sérénité de Dame Justice doit être sauvegardée par tous.

Bien au contraire, ces affrontement découlent de ce bellicisme qui a été porté aux nues pour s'ancrer durablement dans les coeurs et les esprits de ces compagnons d'un temps.

C'est ainsi que nous avons perdu beaucoup de temps depuis l'avènement de l'alternance par la faute de la presse et du pouvoir avec des règlements de compte, souvent étonnamment d'outre-tombe.

La presse contaminée ainsi d'elle même prêta énergie et espace au déferlement fou furieux d'une violence consubstantielle aux pouvoirs nègres tropicaux.

C'est pourquoi en notre for intérieur nous ne voyons à l'horizon aucune raison favorable à la cessation des hostilités. Dorénavant, il ne s'agit plus simplement d'une question de nature comme on l'a vu mais bien d'une histoire de rapport de force...donc de pouvoir.

A ce jeu, la presse à la croisée des chemins réalise qu'elle en dispose si peu et que le pouvoir en pleine métamorphose monarchique en a tellement !

Il s'ensuit que la seule interrogation qui vaille est qui du pouvoir ou de la presse aura l'avantage final de brandir le scalp de l'autre.

La seule chose que l'on en sait pour le moment est que le souverain peuple devrait en être l'arbitre. L'acceptera-t-il seulement ? La presse en vaut elle la peine ? Le pouvoir se laissera-t-il faire ?

Plus prosaïquement, presse et pouvoir sont des facteurs d'un système, ce système-là qui prévaut et veut que la presse soit un toujours jouet entre des mains politiciennes.

Le système a atteint son apogée et tel un fruit mûr, il doit nécessairement être transformé ou pourrir. Tout Simplement.

La balle est dans le camp de la presse !

Mangoné Sall

QUAND LA SAED PLOMBE LA GOANA ! ( par Moussa DRAME )

La saison des pluies bat son plein. Selon les prévisions météorologiques, une pluviométrie au dessus de la moyenne est escomptée... Cette présente saison est d'autant plus à l'ordre du jour qu'elle coïncide au lancement de la Grande Offensive pour la Nourriture et l'Abondance (GOANA) par les autorités étatiques en guise de réponse locale à la crise alimentaire aiguë à laquelle le monde contemporain fait face.

Dans le Matam et plus precisément dans la sous prefecture de Orkadiéré, les paysans de Gourel Dara, Semme et Hawré ne savent plus à quels saints se vouer. Ils avaient tous rêvé à l'issue de cette camapgne agricole de trés bonnes recoltes de riz qui leur permettraient grâce au prix remunérateur de cette denrée d'engranger de susbtantiels profits.

La Société d'Aménagement et d'Exploitation du Delta (SAED) leur a interdit l'accès à leurs Perimetres Irrigués Villageois d'une superfice totale d'environ de 200 ha. C'est à tout le moins une perte chiffrée à 800 tonnes de riz sur le marché national.

Les raisons selon les interessés tiennent à une dette impayée relevant de la campagne precedente jugée catastrophique par tout le monde.

Malgré les bons offices qui ont démarché un echelonnement du payement de la dette et la bonne volonté des paysans qui ont voulu mener cette presente campagne avec leurs propres moyens, la SAED a opposé un niet catégorique.

QUI NE PAYE NE CULTIVE PAS ! semble être le slogan de gestion de la direction de la SAED. Quel pietre concept de gestion de la part du staff d'une société nationale !

Quand une direction ne pense qu'à squatter les salons d'agriculture de par le monde en compagnie d'épouses et de sous-fifres pour recolter et depenser des per-diems faramineux, il n y a pas lieu de compter sur elle pour une application correcte des énoncés de la politique nationale agricole. ou de faire acte d'intelligence car etre intelligent c'est avoir la capacité de s'adapter à toute situation.

Cette situation inacceptable interpelle au premier chef le chef de l'Etat qui est le garant des libertés individuelles et collectives. Mais bon, puisqu'il eprouverait de plus en de gene à l'egard de son peuple au vu de la situation economique calamiteuse de la Nation à laquelle sa desastreuse imprevoyance et son insouciance legendaire ont conduit, le concretiste ministre de l'Agriculture pourrait bien faire valoir dans ce cas ci ces talents de facon concrète.

Mais au dela il convient de considerer cette catyastrophe agricole - peut il bien s'agir d'autre chose ? - comme le revelateur de la faillite de la politique agricole. En l'occurence, il s'agit ici de la defaillance de l'administration sur le dos de laquelle beaucoup avaient deja, par prémonition et par experience, rejetté la responsabilité de l'echec programmé de la GOANA. Un echec qui n'enchante cependant personne et qui n'est pas loin de signifier la berezina pour la majorité du peuple.

Mais c'est ainsi que l'alter-errance carbure !

Les Urgences sont Ailleurs, Mister President ! ( par Issiaka Dia )

Me Wade vient de retoucher pour une énième fois à son gouvernement. La victime, du moins en apparence, des frénétiques et virevoltantes sautes d’humeurs présidentielles est cette fois ci le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des finances, chargé du Budget... Pepe Birago nous a enseigné qu’il n’est point utile de disposer d’un grand appât pour capturer un gros gibier. Et qu’à cela ne tienne, un prétexte est toujours trouvé.

Et le prétexte tout trouvé à l’occasion tient à une histoire de dépassements budgétaires qui dateraient de 2005-2006. En quoi, Ibrahima Sarr est il dès lors concerné ? N’est ce pas plutôt la gestion du tandem Abdoulaye Diop et Hadjibou Soumaré qui devrait être remise en cause ?
Et quand bien même il y aurait faute, ne devrait il pas aussi y avoir aussi une responsabilité partagée avec son ministre de tutelle, Abdoulaye Diop ?

Pour qui connaît la méthode Wade doit savoir aussi pertinemment que le Président Wade depuis sa réélection aime à humilier son monde, sans en avoir l’air. Tel un toubib qui dépiste un cancer du sein chez une nonne !

Le limogeage cavalier du ministre Ibrahima Sarr en est un exemple. Dès lors, il nous faudra nous résoudre dans ce pays à appeler un chat, un chat. N’est pas victime en fait celui que l’on croit. Monsieur Ibrahima Sarr à l’occasion n’aura servi que comme agneau de sacrifice sur l’autel de la tendance présidentielle au zoroisme.

La cible visée est bel et bien la personne du premier ministre Hadjibou Sumaré. Abdoulaye Wade veut encore nommer un nouveau premier ministre. C’est dans sa nature qu’il ne peut pas s’accommoder d’une personne longtemps. N’ayant pas grand-chose à reprocher à son actuel premier ministre, il cherche à l’humilier en le contournant sans autre forme de procès. Quoi de plus humiliant, en effet, que de dégommer le ministre du budget, l’ami du premier ministre de surcroît, sans en informer le premier ministre mais encore sans le consulter à propos du nouveau ministre ?

Nous ne saurions dès lors manquer de fustiger, dans cette affaire, cette fumisterie indigne de bassesse du plus minable ministre de l’Economie de l’histoire du Sénégal, abdoulaye diop. Qui confirme ainsi toute la jalousie qu’il aurait éprouvée à l’occasion de la nomination de son ancien ami Hadjibou Soumare au poste de premier ministre.

Quand un président en arrive à cette extrémité qu’il n’ose plus user de ces prérogatives constitutionnelles sans éprouver le besoin de recourir à des artifices (ou maléfices ?) ou de se dissimuler derrière des trompe-l’oeil, il y a un gros problème. C’est tout simplement pa-thé-ti-que !

Quand un président démocratiquement élu d’un pays démocratique s’acharne obstinément à se faire succéder pas son fils, il y a danger. C’est tout simplement de la fo-lie !

Non, Monsieur le Président, vous n’avez aucunement le droit d’humilier qui que ce soit !
Etre président ne vous confère aucun droit de supériorité sur qui que ce soit, en particulier quand il s’agit d’un sénégalais qui se sacrifie, individuellement et collectivement, au quotidien - faut il vous le rappeler ?- pour vous assurer ce train de vie que vous n’avez jamais eu de votre vie et sans doute que vous n’auriez jamais eu si par son bon vouloir, vous n’aviez échu au perchoir du Palais de la République.
Au contraire, les urgences sont ailleurs !
C’est de nous léguer un Sénégal calme et serein, pauvre mais digne tel que vous l’aviez reçu des mains de votre illustre prédécesseur Abdou Diouf. Puisqu’il apparaît à présent que vous ne ferez guère mieux vu que les actes que vous posez donnent, chaque jour que Dieu fait, raison à vos contempteurs et font regretter son choix porté sur votre personne au brave peuple.

C’est d’arreter ou de faire arrêter cette offensive de groupuscules ethnicisto-fractionnistes contre l’Etat. N’est ce pas Excellence, Monsieur le Président du Sénat ?

C’est de condamner, en tant que démocrate, sans équivoque le coup d’Etat militaire que vient de connaître la Mauritanie ! Ne serait ce qu’au nom de notre argent dépensé pour la tenue des élections démocratiques transparentes qui avaient porté le président déchu au pouvoir.

C’est…c’est…de vous occuper, bon Dieu, des vrais problèmes des Sénégalais !

Au sujet de la “directive retour” : Letre du President de la Bolivie à l'UE ( par Evo Morales Ayma )

Jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale, l'Europe était un continent d'émigrants. Des dizaines de millions d'Européens partirent aux Amériques pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes européens et à la persécution des minorités ethniques...
Aujourd'hui, je suis avec préoccupation le processus de la dite “directive retour”. Ce texte, validé le 5 juin passé par les ministres de l'Intérieur des 27 pays de l'Union européenne, doit être approuvé le 18 juin par le Parlement européen. Je perçois qu'il durcit de manière drastique les conditions de détention et d'expulsion des migrants sans papier, quelque ait été leur temps de séjour dans les pays européens, leur situation de travail, leurs liens familiaux, leur volonté et le succès de leur intégration. Les Européens sont arrivés dans les pays d'Amérique latine et d'Amérique du Nord, en masse, sans visa ni conditions imposées par les autorités. Ils furent toujours bienvenus, et le demeurent, dans nos pays du continent américain, qui absorbèrent alors la misère économique européenne et ses crises politiques. Ils vinrent sur notre continent en exploiter les richesses et les transférer en Europe, avec un coût très élevé pour les peuples premiers de l'Amérique.

Comme par exemple dans le cas de notre Cerro Rico de Potosi et de ses fabuleuses mines qui donnèrent sa masse monétaire au continent européen entre le XVIème et le XIXème siècle. Les personnes, les biens, les droits des migrants européens furent toujours respectés.

Aujourd'hui, l'Union européenne est la principale destination des migrants du monde, conséquence de son image positive d'espace de prospérité et de libertés publiques.

L'immense majorité des migrants viennent dans l'Union européenne pour contribuer à cette prospérité, non pour en profiter. Ils occupent les emplois de travaux publics, dans la construction, les services aux personnes et dans les hôpitaux, que ne peuvent ou ne veulent occuper les Européens. Ils contribuent au dynamisme démographique du continent européen, à maintenir la relation entre actifs et inactifs qui rend possible ses généreux systèmes de solidarité sociale et dynamisent le marché interne et la cohésion sociale. Les migrants offrent une solution aux problèmes démographiques et financiers de l'UE.

Pour nous, nos émigrants représentent l'aide au développement que les Européens ne nous donnent pas – vu que peu de pays atteignent réellement l'objectif minimum de 0,7% du PIB d'aide au développement. L'Amérique latine a reçu, en 2006, 68 milliards de dollars de transferts financiers de ses émigrés, soit plus que le total des investissements étrangers dans nos pays. Au niveau mondial, ces transferts atteignent 300 milliards de dollars, qui dépassent les 104 milliards de dollars octroyés au nom de l'aide au
développement. Mon propre pays, la Bolivie, a reçu plus de 10% de son PIB en transferts de fond des migrants(1,1 milliards de dollars), soit un tiers de nos exportations annuelles de gaz naturel.

Il apparaît que les flux de migration sont bénéfiques pour les Européens et, de manière marginale, aussi pour nous du Tiers-Monde, vu que nous perdons des millions de personnes de main-d’œuvre qualifiée en laquelle, d'une manière ou d'une autre, nos États, bien que pauvres, ont investi des ressources humaines et financières.

Il est regrettable que le projet de “directive retour” complique terriblement cette réalité. Si nous concevons que chaque État ou groupe d'États puisse définir ses politiques migratoires en toute souveraineté, nous ne pouvons accepter que les droits fondamentaux des personnes soient déniés à nos compatriotes et à nos frères latino-américains. La directive retour prévoit la possibilité d'un enfermement des migrants sans papier jusqu'à 18 mois avant leur expulsion – ou “éloignement” selon le terme de la directive. 18 mois ! Sans procès ni justice !
Tel qu'il est le projet de directive viole clairement les articles 2, 3, 5, 6, 7, 8 et 9 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948. Et en particulier l'article 13 qui énonce :
“1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.

2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.”

Et, pire que tout, il existe la possibilité d'emprisonner des mères de familles et des mineurs, sans prendre en compte leur situation familiale ou scolaire, dans ces centres de
rétention où nous savons que surviennent des dépressions, des grèves de la faim, des
suicides.

Comment pouvons-nous accepter sans réagir que soient concentrés dans ces camps nos compatriotes et frères latino-américains sans papier, dont l'immense majorité travaille et s'intègre depuis des années ? De quel côté est aujourd'hui le devoir d'ingérence humanitaire ? Où est la “liberté de circuler”, la protection contre les emprisonnements arbitraires ?

Parallèlement, l'Union européenne tente de convaincre la Communauté Andine des
Nations (Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou) de signer un “Accord d'association” qui inclue en son troisième pilier un traité de libre-échange, de même nature et contenu que ceux qu'imposent les États-Unis. Nous subissons une intense pression de la Commission européenne pour accepter des conditions de profonde libéralisation pour le commerce, les services financiers, la propriété intellectuelle ou nos services publics. De plus, au nom de la “protection juridique”, on nous reproche notre processus de nationalisation de l'eau, du gaz et des télécommunications réalisés le Jour des travailleurs. Je demande, dans ce cas : où est la “sécurité juridique” pour nos femmes, adolescents, enfants et travailleurs qui recherchent un horizon meilleur en Europe ?

Promouvoir d'un côté la liberté de circulation des marchandises et des flux financiers, alors qu'en face nous voyons des emprisonnements sans jugement pour nos frères qui on essayé de circuler librement... Ceci est nier les fondements de la liberté et des droits démocratiques.

Dans ces conditions, si cette “directive retour” devait être approuvée, nous serions dans l'impossibilité éthique d'approfondir les négociations avec l'Union européenne et nous nous réservons le droit d'imposer aux citoyens européens les mêmes obligations de visas qui nous ont été imposées le 1er avril 2007, selon le principe diplomatique de réciprocité. Nous ne l'avions pas exercé jusqu'à maintenant, attendant justement des signaux positifs de l'UE.

Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles, connaissent d'importantes difficultés globales : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité alors qu'augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu'ils soient sans papier ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux, n'est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l'Europe ne sont pas la faute des migrants, sinon le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.

Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent et des régions du monde comme le Maghreb et les pays de l'Afrique, je fais appel à la conscience des dirigeants et députés européens, des peuples, citoyens et militants d'Europe, pour que ne soit pas approuvée le texte de la “directive retour”. Telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est une directive de la honte. J'appelle aussi l'Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l'Homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l'énorme dette historique, économique et écologique que les pays d'Europe ont envers une grande partie du Tiers-Monde, et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l'Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd'hui dans vos “politiques d'intégration” comme vous avez échoué avec votre supposée “mission civilisatrice” du temps des colonies. Recevez tous, autorités, eurodéputés, camarades, un fraternel salut depuis la Bolivie. Et en particulier notre solidarité envers tous les “clandestins”.


Evo Morales Ayma


Président de la République de Bolivie