mardi 13 mai 2025

TERRA HORRIBILIS....

Le monstre exultait devant le petit maure qui l’accueillait, hilare, à la coupée de son jet privé. On entendait Judas, le plus grand traître du Gourouland, arriver à grands pas. Il allait certainement débarquer avec Hibou Lugubre.

Le monstre avait raison de jubiler car tout ce qui faisait mal au Gourou lui faisait énormément plaisir ! La marmaille et la racaille, sœurs diaboliques, complices du monstre sanguinaire et actrices fidèles parmi les fidèles auprès de son infecte vermine ethnotellectuelle, avaient fait du bon travail.

La tension avait été bien palpable à mesure que l’étau se resserrait autour des infâmes larbins et on craignait à juste raison que des haillonneux ne soient pris pour les agneaux de sacrifice de cette déconvenue psychologique, comme il est de bon ton dans notre tradition négro-païenne. 

Rien n’a été pardonné au gourou et ce n’est pas aujourd’hui la veille. Les haillonneux n’étaient pas seulement sacrés aux yeux du Gourou, ils étaient son talon d’Achille. On n’avait pas besoin d’aller chercher bien loin pour savoir qu’il suffisait de toucher un haillonneux pour atteindre sa corde sensible.

Même si les haillonneux étaient légitimement animés du sentiment de vengeance, qui était tout aussi droit moral que le pardon dont firent preuve le Gourou et son ouroboros.

Même s’ils avaient bien raison au fond de croire que le droit était incapable de répondre à leur mal et que la loi était inopérante à s’appliquer dans leur situation où le code moral était cassé.

Même si la vengeance n’exprimait qu’un besoin émotionnel de restauration de l’ordre moral.

Même si ce n’était que l’essence même de la justice que de vouloir faire payer les coupables d’actes de barbarie et de meurtre.

Même si l’on pouvait concéder que les travaux de radoub budgétaire, avec la traque des pilleurs de la République, soient prioritaires.

Même s’ils pouvaient s’indigner du manque de volonté et du peu de courage de l’ouroboros de balayer vite et propre...

Ne devaient-ils pas prendre leur mal en patience et continuer de faire confiance à leur plus grand avocat, leur gourou, tout aussi sacré pour eux ? D'autant qu'il n'était jamais venu à l'idée de qui que ce soit de douter de lui.  N'avait-il pas tracé la voie ? N' avait-il pas toujours su la montrer, même dans les moments les plus sombres ?

Dans un autre sous-monde, les maîtres chiens battaient chaque jour leur propre record de cruauté. Leur nature humaine enterrée sous les gravats de l’abjection, ils voguaient, sans honneur ni grandeur, dans une terra horribilis, cinglant vers des horizons où même les ténèbres refusaient de les suivre. Chaque aube, ils dressaient de nouveaux autels à la barbarie, y sacrifiant tout ce qui respirait la dignité.

Et dans les sphères plus élevées, là où les tempêtes se trament à l’échelle des empires, Teddy et l'empereur rouge se jaugeaient par des haka avant de fumer le calumet de la paix. Un étrange cérémonial en prélude à la signature du nouveau pacte qui allait déterminer le sort du monde pour un bon temps. 

Reprenant, sans crier gare, sa nature archaïque ursine, Soso avait époustouflé par un geste de réconciliation que l'on ne saurait prendre pour faiblesse tant que le prix n'était pas fixé. Ce coup d'avance interrogeait sur sa prescience d’ours. Lui seul savait. Et il n’était pas un bonhomme du genre à supplier pour une place à la table. 

C'était dans tous les cas, une première carte montrée avant même que la partie ne commence. 

Trop tôt pour dire s’il s’agissait d’un retournement ou d’un sursaut.

Trop tôt pour juger l’écho que cela laisserait dans les siècles.

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