mardi 11 juin 2024

DES MALICES POLITIQUES...

Le gourou avait bien secoué les lafiens pour les réveiller. Les haillonneux étaient aux anges. Ils émergeaient de la torpeur que leur avait imposé le sevrage brutal du contact de proximité avec leur gourou dont ils buvaient les paroles et tressautaient au rythme de ses intonations. Ils adoraient l'écouter donner des coups de pied dans la fourmilière et entendre les couinements de la vermine. C'était une donnée politique, désormais. 

Il était à la fois l'homme le plus aimé et le plus détesté. Il était le seul à déchaîner la dialectique passionnée véritable lame de fond des changements aussi bien sociaux que sociétaux. A ce titre, il lui faudra bien plus que de la qualité ou de la volonté pour se dédoubler efficacement, assumer son leadership d'une part et d'autre part exercer pleinement ses fonctions. Son référent est le prophète, Allah le bénisse !  

Aussi, sa sortie vigoureuse était-elle pour les autres comme qui dirait un coup de sifflet de la fin de la récréation. Pas question pour lui de laisser la vermine, toute sa mauvaiseté intacte, entretenir une atmosphère propice à la prolifération, si ce n'est leur maturation,     des actes de sabotage amorcés par l'ancien monstre peu après qu'il se soit résigné à prendre la porte jusqu'à sa fuite précipitée. 

Il était sans doute utile de rappeler de temps en temps au sanglier l'arbre contre lequel il devait se frotter. Les ténors de la vermine étaient balayés par l'estampille ou fondu par le regard du jeune barbu, avec une facilité déconcertante. 

Cela était sans doute conforme au projet de transformation systémique, au projet autoproclamé de mise à mort de ce système honni qualifié de volontiers de vieillot, rétrograde, aliénant ou encore vicieux. Oui possible !

Exactement comme il était tout aussi sans équivoque dans les méninges fatiguées des jababus que la mise en place de la nouvelle utopie raisonnée impliquera nécessairement des revirements matériels, peut être même des reniements moraux, douloureux individuels et collectifs. Irréversibles, à cour terme tout au moins ! 

La mise en oeuvre de cette espérance passera forcément par la résolution d'une contradiction principale. Le jeune barbu et le gourou étaient les produits achevés de ce système que l'on vilipendait. Ils devaient énormément à ce système "aberrant" ! 

Lequel système à chaque étape de leur vie les a couvert par ses grâces et les a comblés de ses bienfaits. Abattre ce système ne s'apparenterait-il pas dès lors comme la destruction de l'échelle après en avoir usé ou abusé ? 

La révolution haillonneuse était un succès, elle avait gagné la bataille politique. L'ancien ordre politique ou si l'on veut la manière ancienne de faire de la politique est révolue. Bienheureux qui en est convaincu pour l'intégrer...

Des batailles âpres s'annonçaient sur le front de l'économique et le social, contre des forteresses réputées inexpugnables. Elle ne seront pas remportées par des malices politiques. Combien de temps durera le siège ? 

Tonton était épaté par la posture digne du jeune barbu. N'était ce pas la secrète réalisation de son rêve d'avoir enfin en face de lui un interlocuteur nigritique qui savait ce qu'il voulait ? Pour l'un et l'autre, pour leurs peuples respectifs, la prochaine rencontre était capitale. Les yeux du monde seront rivés sur eux. Ah, ça, oui !

L'ancien grand animal pensait à son ennemi intime le chef assassin. Sa jactance l'avait perdu en lui faisant endosser aussi les crimes de  cet assassin froid et ferme. Une rencontre pourrait elle les libérer émotionnellement ?  

Hades le fils de Satan ne savait plus où se mettre. Il n'aurait pas le privilège de dérouler son expertise au profit de ses acolytes. Il faisait clairement partie des bandits. L'ancien monstre avait coupé tout contact avec lui et n'avait que mépris pour le cerveau désagrégé et sa clique qui l'avaient instrumentalisé aussi sournoisement. Bah, il oubliait que sa cupidité avait été le terrain fertile sur lequel avaient germé plein de possessions à sa gloire et au bonheur de sa famille !  

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