La mort dans l’âme, le Président Maky Sall s’est enfin résolu à remanier son gouvernement. Pour plus d’efficacité et d’efficience, comme le
dit le premier ministre, mais enfin...
Il
disait ne pas vouloir être comparé à son prédécesseur, le Président Wade connu
pour ces retouches intempestives mais en vérité, il refusait obstinément de
confesser son échec.
Car ce remaniement
est avant tout un double aveu d’échec.
Le
premier échec s’appréhende naturellement au niveau de l’action gouvernementale.
De l’inertie gouvernementale, plutôt, par rapport à la crise économique qui
sévit durement mais aussi son cafouillage dans la gestion des inondations de
l’hivernage passé.
Le
deuxième échec que révèle ce remaniement est la singulière légèreté, après
coup, qui avait guidé Maky Sall dans le choix de beaucoup de ses ministres. Une
légèreté d’autant plus injustifiable qu’on ne peut guère le présenter comme
novice en la matière. Même chez les
politiciens, il faut savoir différencier
les plus méritants des plus aptes…
Et l’on retient que
ce remaniement a engendré un gouvernement de tous les dangers….pour trois raisons !
La première raison est le non respect des équilibres
régionaux si vitaux à l’unité nationale. La nation ne se décline en effet que
comme un vouloir de vie commune entre diverses communautés libres et égales en
droit, il est particulièrement maladroit d’en écarter certaines de la direction
des affaires publiques.
La
deuxième, c’est l’éviction de ses plus fermes soutiens à savoir Alioune Badara
Cissé et Mbaye Ndiaye.
Car,
c’est un truisme de le dire, si Wade a construit Maky Sall en homme d’Etat, ce
sont bien trois hommes (Alioune Badara Cisse, Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé
Lo) qui l’ont peint en présidentiable.
Or
il est une règle non inscrite dans l’équilibre d’un gouvernement qui veut que
le prince aménage dans les couloirs sinueux du pouvoir une parcelle pour ses
amis. Et ce, à la fois pour éviter la solitude et pour remonter sa conscience.
La
troisième raison, enfin, a trait à la nomination d’un gendarme à la tête du
ministère de l‘Intérieur, donc de la police. Le fait est si gros qu’il n’est
pas passé inaperçu. Il s’agit là d’une prise de risque inutile et stupide eu
égard à la rivalité atavique et quasiment institutionnalisée entre gendarmes et
policiers.
Nous
ne manquerons pas cependant de saluer l’entrée du Professeur Teuw Niane,
intellectuel émérite, dont la présence rassure et repose tout à la fois des
politiciens professionnels sans objectifs ni buts précis.
Pour
conclure, ce premier remaniement signe le début d’une longue série, à notre
humble avis… jusqu’à ce qu’il comprenne que l’ère de la gestion solitaire du
pouvoir, c’est terminé au Sénégal !
Amadou Lamine
Touré
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