mardi 29 avril 2025

DU BAOBAB QUI TOMBE

L'ordre se dégrade inévitablement. Et n'importe lequel ! 

Satan avait traversé suffisamment de millénaires, siècles, années, mois et jours pour le savoir mais cela ne l'empêchait pas d'être   perturbé que cela ait pu aller si vite et le concerner d'autant... 

N'avait il pas assisté à la noyade de son premier fils Hades dans les volutes de la chaleur orientale ? 

N'avait il pas vu également son deuxième fils Judas le grand traitre être déplumé violemment ? 

Et maintenant Tête d'Oeuf, une vraie brute comme il aimait, qu'il avait été sur le point d'adopter, se liquéfier  ? Le tout en un si court laps de temps... 

Qu'est ce qui n'avait pas marché dans son son processus de choix ? Son logiciel était-il devenu obsolète ? Quelle était cette étrange force qui contrariait ses desiderata les plus intimes ? L'un dans l'autre, il lui apparaissait plus qu'urgent d'opérer une jonction des forces avec Dadial dont les maitres-chiens accéléraient la préparation mystique. 

Cette perturbation démoniaque était largement partagée par le monstre qui se morfondait devant l'effondrement inexorable et choquant de sa maison de glace méthodiquement construite. En fait l'ordre dembacrate, telle une embarcation prenait eau de toute part. Ce système dont les plans ont été conçus par les sauvageons du vieux gâteux dont lui-même était une des figures de proue et qu'il avait méthodiquement coupé et taillé pour l'ajuster à la mesure de la sédition ethnocrate ! 

Il n y avait pas à redire. Son coût de sortie du pouvoir allait être faramineux, comme expecté. Et à la limite, il serait au moins égal aux coûts d'opportunité de ces réalisations ! 

Bref, la sempiternelle et lancinante équation apparemment insoluble pour maints dirigeants alkebulanais. Et ce n'était pas faute de savoir ce qu'il fallait faire ou pour être plus précis, ce qu'il ne fallait  absolument pas faire... quand on dirigeait des gueux !  

Les officiers avaient abandonné le navire pour se défausser derrière de pervers jacasseurs opportunistes dont ils croyaient que la bave de leurs langues sanglantes pouvait éteindre les flammes du feu du barbecue auquel les gouroulandais et gouroulandaises, dans leur écrasante majorité, les destinaient dans toute leur sincérité profane. 

Le reste de l'équipage interpellait le monstre avec leurs hurlements silencieux. Qu'allait-il faire, que devait-il faire en voyant son rejeton doré hériter des haillons de l'autre gamin ? 

Et pourtant, quand le baobab tombe, les oiseaux cherchent un autre abri.  

Son entêtement rendait son combat contre l'ouroboros inévitable. N'avait-il pas terrassé un certain gourou au meilleur de sa forme ? Il était temps que l'on comprenne, enfin et une bonne fois pour toutes, qu'il a été le véritable maitre du jeu qui a volontaire et consciemment voulu passer la main !

Les paris étaient ouverts. Le monstre avait sa sorcière et ses fétiches. L'ouroboros avait son chapelet et pouvait compter sur son gourou. 

L'ouroboros avait des galons à conquérir aussi bien pour l'éclat de sa fonction que pour la gloire de sa magistrature. Son rayonnement international devenait un objectif immediat. 

Mais il y avait toujours des gens pour se tromper combat... Toute immiscion directe du gourou en position constante de combat risquait fortement de provoquer la mêlée, tant incertaine dans ses péripéties que dans son issue... 

Selon l'avis humble des jababus, le funeste sort qui contenait de s'abattre sur l'Alkebulan méritait aussi sinon plus le regard du gourou pour contrôler et orienter les vagues suscitées par son engagement auprès de la jeunesse alkebulanaise. Car nul ne réveille l'homme de son sommeil sans que le premier regard de ce dernier ne se tourne  vers lui, quand l'oeil s'ouvre à la lumière du jour. 

vendredi 25 avril 2025

LA CATHARSIS ATTENDUE....

Au Gourouland, la plus grande attente populaire concernait la justice où, indubitablement, après la tragédie vécue avec le monstre et sa vermine, il fallait restaurer l'ordre, affirmer le droit et restaurer les blessures subies. Mais on posait la question pour savoir s'il n'était pas grand temps de  calibrer ou étalonner la Balance détraquée, une bonne fois pour toutes. 

Car, au fond, cette justice n'est qu'incontournable. Elle n'a jamais, au plus grand jamais, rencontré la confiance des populations. Comme si les doctes juges carriéristes s'en souciaient comme de leurs toges... Comme si les magistrats intouchables étaient conscients que la justice se rendait au nom de ces populations... 

Mais si l'homme a suffisamment étalé sa folie quand il a pensé être plus juste que son Seigneur, Maitre et Créateur, que dire d'un homme qui croit ne pas avoir à rendre compte de l'usurpation délibérée d'un attribut divin pour le vendre aux enchères ?  

Le monde n'était pas à changer mais l'ouroboros avait la lourde responsabilité de bâtir une administration de la justice. Une unique devise : que la peine soit l'ombre parfaite du crime. 

La justice n'était pas neutre et elle ne consistait pas tout simplement à punir ou d'absoudre. Lui, le chef des magistrats allaient aussi devoir de veiller à l'érection de normes, superviser l'organisation de procédures et se porter garant de la proportionnalité des sanctions pour tenir ensemble la reddition des auteurs et l'apaisement des victimes.    

Le contexte était particulièrement urgent. Les limites du droit pénal classique ont été allègrement franchies par le monstre et donc le Gourouland attendait sa catharsis. La justice était le seul espace de transformation concrète et sociale dont les résultats en tant que consensus définitifs s'imposeront d'eux-mêmes dans tous les secteurs mieux et plus que ne le feraient les résolutions molles et émotives issues des assises partiales et des dialogues partiels. 

Mais les nombreux signes de fébrilité de l'ouroboros ne dénotaient-ils pas, plutôt, sa trop grande préoccupation de son image de marque, son égo, qui constituait autant d'entraves ?

mardi 22 avril 2025

DU BAZAR MENTAL...

Un peuple, on ne le flatte pas, on lui dit la vérité ! Cette maxime etait devenue la seconde nature de l'ouroboros drapé dans son costume de révolutionnaire bien taillé par son gourou. 

Le monstre qui ressuscitait en electrocphorus avait du sang d'encre à se faire. Sacré bazar mental d'un poursuivi qui joue le rôle d'un poursuiveur !

L'ouroboros n'avait aucunement peur des conflits. Lesquels n'étaient en eux-mêmes que des tests d'amour. Les jababus en extase après le retour de leur brebis égarée ne diront pas le contraire !

D'aucuns succombaient, d'autres survivaient à ce terrible test qui aidait à mieux identifier ceux qu'on aime, à préciser ce qui mérite notre protection. Une sempiternelle balance entre le bien et le mal... dont l'oscillation déterminait l'intensité et même la durée !

L'ouroboros, trop discret pour le show, trop lourd pour ne pas peser, avait fait bouger les lignes de la racaille et de la marmaille. Certes, il subsistait encore ça et là des ilôts séditieux, et non des moindres, instruits par des orfèvres de désordre intelligent et gérés par des agents de subversion en finesse ! 

Mais il n'en restait pas moins que la vermine était traversée par une lame de fond de terreur qui n'était pas sans leur rappeler le sadisme de leur dembacratie. L'épuisement mental guettait, en cause l'impuissance de leurs lanceurs de boue à atteindre l'objectif assigné de casser le tandem entre le gourou et son ouroboros. 

Convaincus que cela ne faisait qu'exposer leurs kapos, certains larbins allaient jusqu'à accuser les dérapages verbaux prétendument virils de ces trolls payés... qui irritaient  d'avantage et plutôt l'ourouboros et les haillonneux... de précipiter le cours des choses.  

Les gouroulandais étaient plus que satisfaits, dans leur écrasante majorité, des événements en cours. Le but ultime était l'éradication jusqu'à sa velléité du cynisme politicien qui avait atteint son apogée symbolisée par le monstre et ses larbins. Et il y aura encore et encore du chemin à faire tant que l'Etat ne sera pas devenu cette machine aux rouages imbriqués, uniquement mue pour l'intérêt general...       

jeudi 10 avril 2025

L'ANNEE DES PATATES...

Teddy n'était pas loin de réussir son engagement pris devant Soso. Sortir l'empereur rouge des rings ! Pour autant, ce dernier était-il tombé réellement naïvement dans son piège ? N'allons surtout pas trop vite en besogne, il se pouvait bien que rira bien qui rira le dernier car ce n'était pas moins que le monde entier qui geignait sur les coups de butoir du monstre gringo. M'enfin, au délà du désordre des passions, règne l'ordre du destin !

A l'évidence, de partout, les bergers n'auraient pas à attendre longtemps pour se rendre compte qu'ils devraient désormais davantage s'occuper du pâturage de leur bétail sans ne plus avoir à lorgner celui de leurs voisins.    

Dans l'autre versant de la grande rivière, d'aucuns avaient cru faire le malin en reprenant les jababus. Pour ces doctes, il était plus propre de parler d'avoir une cible commune ou à tout le moins l'être ! N'était ce pas du pareil au même de parler de projet commun ou de malheur commun ? 

Ceci dit, on ne comprenait que trop bien cette nervosité ambiante. La vérité était le lien unique qui permet de rester authentique et sincère. La marmaille regimbait à appliquer la rigueur de la loi à leurs acolytes dans la ferme du monstre. Pouvait-elle résister là où la racaille s'était résignée à se faire hara-kiri ?  

L'ouroboros marquait son empreinte. Cette année des patates ferait date, à n'en pas douter. Il avait en effet, lui aussi, réussi à dompter ce noble tubercule des Andes, le faire déchirer les terres et se déverser dans les masures gouroulandaises. Mais de même qu'il y avait du chemin de la coupe aux lèvres, de même il y avait aussi du chemin pour la patate jusqu'aux palais. Peu s'en faut que le gourou ne soit appelé en maitre queux pour le guider afin de régaler les coeurs des petits et des grands, des riches et des pauvres,  que cela soit en frites, en purée, en gratin ou en soupe ! 

Effectivement, cette profusion de patates ne faisait pas que des heureux et sans se tromper, on pouvait risquer d'affirmer que le nombre des malheureux en était plus important. Et précisément, en face des consommateurs qui ne savaient plus du tout qu'en faire et des croquants déçus de n'y avoir gagné que des clopinettes, il y avait surtout les gros bonnets qui avaient fondé leur fortune sur son négoce international, en tant que vendeurs rapaces ou en tant que vils courtiers.   

AVIS D'UN MAITRE...

Moody’s et Standard & Poors sont des Agences de Notation Financière (Anf) devenues familières aux Sénégalais depuis leur note (pas bonne) attribuée au nouveau régime. Est-ce la sanction d’une gestion catastrophique de ‘’ces incompétents’’ au pouvoir depuis près d’un an ? Des éclairages sont nécessaires...

Présentation des Anf

Les Anf (Credit Rating Agencies) sont créées aux Etats-Unis au début du 20èmesiècle avec la clientèle de grandes entreprises. Après la grande crise de 1929 leurs services sont orientés en direction des Etats. Les trois plus grandes Anf sont américaines : la pionnière Moody’s (de John Moody), Standard & Poors (de Henry Poors) qui interviennent en Afrique, et Fichte (de John Fichte).  Elles contrôlent 95 pour cent du marché financier. Des Anf de moindre envergure sont présentes en Chine, en Inde, en Afrique du Sud, dont les clients sont des entreprises. Bloomfield opère à Abidjan avec représentation à Douala au Cameroun.

L’Anf intervient sur l’endettement sur les marchés financiers internationaux, surtout sur le marché des obligations. Elle se place entre l’emprunteur (une firme ou un Etat) et un prêteur potentiel appelé investisseur. Lorsqu’un Etat désireux de financer des projets émet une obligation sur les marchés financiers, l’Anf se base sur une évaluation de son degré de solvabilité : situation économique, financière, remboursement   de dettes antérieures, stabilité politique. Elle donne une note censée indiquer son aptitude à rembourser le prêt sollicité, et à décider les investisseurs directs.

L’Anf est payée par l’émetteur d’obligation lorsque c’est une entreprise, parfois par l’investisseur qui cherche à placer ses liquidités dans un lieu sûr. Elle vend ses notes à la presse financière et à des institutions comme Bloomberg (agence d’informations financières et économiques) qui les publient.

Les notes des Anf sont données en lettres selon le système de notation en vigueur dans le système américain d’enseignement. Elles se présentent dans l’ordre décroissant, de ‘’excellent’’ à ‘’médiocre’’(en équivalent numérique à peu près de 20 à 1).

Moody’s :

Aaa ;Aa1 ;Aa2 ;Aa3 ;A1 ;A2 :A3 ;Baa1 ;Baa2 ;Baa3 ;

Ba1 ;Ba2 ;Ba3 ;B1 ;B2 ;B3 ;Caa1 ;Caa2 ;Caa3 ;Ca ;C.

Standard &Poors :

 AAA; AA+; AA; AA-; A+; A; A-;BBB+; BBB;BBB-; BB+; BB; BB- B+; B; B- ; CCC+; CCC;CCC-;CC;RD; Sd; D.

Les Anf dans leurs déboires

Bien des déboires ont jalonné le parcours de ces Anf dans leurs notations de grandes entreprises et de gouvernements.

En 2001, la firme américaine d’énergie Enron, après avoir reçu une bonne note tombe en faillite 4 jours après. En 2003, la banqueroute de World Com est précédée d’une bonne note. En 2003, Parmalat (société laitière italienne du groupe français Lactalis) est déclarée en faillite après une bonne note 18 jours avant. En septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers est en faillite après la bonne note A- de Standard&Poors. La même note est attribuée à la compagnie d’Assurance AIG qui n’est sauvée de la faillite que par un renflouement financier.

Certains financiers prêteurs sont actionnaires dans le capital des Anf, ce qui donne lieu à des conflits d’intérêts. Lorsqu’une firme paie les services d’une Anf, ce n’est pas pour recevoir une mauvaise note. Ce qui pose des doutes sur l’objectivité de ces notations.

Les Anf ont été accusées de grande responsabilité dans la crise financière des années 1990 ayant affecté des pays asiatiques (Corée Sud, Indonésie, Thailande). Les Anf sont aussi culpabilisées dans la crise financière de 2008-2009, en donnant de bonnes notes à des établissements financiers fautifs de la crise des ‘’subprimes’’ (crédits hypothécaires consentis à des personnes sans garantie).

Les Anf n’ont pas bonne presse en Europe, accusées d’avoir arbitrairement dégradé certains pays. La Commission économique de l’Union européenne envisage de créer sa propre Agence de notation financière.

Pourquoi alors le maintien de ces Anf ? Pour certains Européens, c’est parce qu’elles sont américaines. Elles font preuve d’un part pris flagrant en faveur des gouvernements américains. Leurs erreurs ne sont pas sanctionnées, car elles prétendent n’exprimer que des opinions, passibles de la liberté d’expression, comme le leur garantit le premier amendement de la Constitution.

S’y ajoute que bon nombre d’institutions financières (compagnies d’assurance, fonds de pensions, banques commerciales …) pour intervenir sur le marché des dettes sont tenues d’exiger de leurs clients d’être notés par les Anf.

En juin 2010, Obama, décide d’introduire un peu de discipline dans le comportement spéculatif des institutions financières, dont les Anf. Son projet de loi introduit au Sénat par le député Barney Frank et le sénateur Chris Dodd, est adopté comme ‘’Frank- Dodd Act’ qui s’attaque aux conflits d’intérêt. Mais cette pratique ne concerne que les entreprises et non les gouvernements. Le Frank-Dodd Act reconnaît que les notations des Anf sont de nature commerciale sans rapport avec la liberté d’expression et que le chaos financier créé devrait relever de la responsabilité civile. Mais aucune mesure n’est prise à cet effet. 

Une méthode de notation inadéquate

La méthode de notation utilisée par les Anf consiste à ne tenir compte que des seules caractéristiques économiques les plus stables, les plus permanentes du pays emprunteur. Ce qui néglige les changements les plus récents survenus dans le paysage économique et politique. C’est la méthode dite ‘’Notation étalée sur le cycle’’ (through the cycle rating)

La méthode différente est dite ‘’Evaluation ponctuelle’’ (Point-in time-rating) qui intègre les caractéristiques permanentes et les changements. Elle permet une notation basée sur une évaluation stable et exacte. C’est la méthode utilisée par les banques pour apprécier le degré de solvabilité de leurs emprunteurs. On comprend ainsi que le dernier eurobond du Sénégal en 2025 ait été souscrit entièrement par la banque américaine J P Morgan.

 Il est reproché aux Anf de continuer à utiliser la première méthode, avec retard à l’allumage, ne tenant compte que des informations qui leur viennent des pays via le Fmi, la Bm et d’autres sources.

L’Afrique et les Anf

C’est à partir de 2000 que les gouvernements africains sont poussés vers les Anf. L’argument est que l’aide au développement et les prêts concessionnels (avec faible taux d’intérêt) ont fortement baissé, et dans la nouvelle situation de mondialisation, l’alternative pour le financement des projets est le recours aux marchés financiers des titres obligataires. Les prêteurs ne peuvent plus être seulement les banques, mais aussi d’autres intervenants, avec intermédiation des Anf.

  1. les pays africains commencent à s’endetter en termes de euro-obligation, ou euro-bond mais en fait en dollars. L’euro-obligation est une dette remboursable avec une certaine maturité à un certain taux d’intérêt. Ce type de dette est plus flexible, moins contraignant que la dette des bailleurs traditionnels comme le Fmi et la Bm avec leur lenteur et leurs conditionnalités. Surtout qu’avec les réductions et annulations de dettes qui ont suivi la crise de la dette des années 1980, le niveau d’endettement ayant baissé, pour financer des infrastructures, les pays africains ont opté pour les euro-bonds jusqu’à 20 pour cent de leur endettement total.

L’Etat du Sénégal se lance sur le marché des euro-bonds en 2009 avec 7 opérations à ce jour : 2 sous Wade, avec un taux d’intérêt de 9,25 pour cent ; 4 sous Macky dont 1 avec un taux d’intérêt record de 5, 375 pour cent ; 1 sous Diomaye, au taux de 7,75 pour cent.

Les notes des deux Anf qui interviennent sur le Sénégal se présentent ainsi : 

Avec Moody’s :

Sous Wade, une seule note B1 en 2011.

Sous Macky, les notes sont : B1 en 2014 ; Ba3 en 2017, 2020 et 2022.

Sous Diomaye, la note est B1 en octobre 2024, et B3 en février 2025.

Avec Standard & Poors :

Sous Wade (2000,2006,2009,2010) la note est B+

Sous Macky (2013,2018,2019) la note est B+

Sous Diomaye, la note est B+ en octobre 2024, et B en février 2025.

Le niveau d’endettement le plus élevé en eurobond est réalisé sous Macky, avec aussi le taux d’intérêt le plus bas en 2021. C‘est avec lui que les notes des Anf sont ‘’meilleures’’ (en fait moins mauvaises). Cela tient à la confiance due à deux raisons : le Sénégal est perçu comme un prochain exportateur de pétrole et de gaz ; les clignotants économiques conjoncturels présentés sont au vert, rassurants.

Le rapport de la Cour des Comptes en février 2025 révèle que les statistiques présentées sous Macky étaient faussées. Ce qui explique la dégradation de la note du Sénégal par les Anf sous le régime Diomaye qui a hérité de cette situation financière désastreuse.

Les pays africains sont mal notés par les Anf, abonnés à la tranche des B. Les notes du Sénégal se situent en moyenne entre 8 et 9 sur 20.

L’exception est constituée par le Botswana qui flirte avec la note A2, grâce à ses exportations d’or et de diamant.

Le Nigeria et le Kenya ont rejeté les notes qui leur ont été attribuées par Moody’s, estimant que ces agences  n’ont pas une claire compréhension de leur situation économique qui n’est pas aussi alarmante.

La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (Addis Abeba) reproche aux Anf de décourager les investissements étrangers en Afrique et recommande de mettre en place une Anf africaine.

La Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (Cnuced, Genève) est aussi très critique à l’égard des Anf suspectées de discrimination à l’encontre des pays en développement.

Les institutions de Bretton-Woods ne figurent pas parmi  les critiques des Anf. La Banque mondiale crée en 2002 le mécanisme ‘’Doing Business’’ avec l’objectif de comprendre et améliorer l’environnement réglementaire des affaires. Il s’agit d’attribuer des notes aux Etats et d’établir un classement annuel sur lequel se baseront des investisseurs. Comme le font les Anf. En 2021 la Banque mondiale met fin au projet ‘’Doing Business’’ qui faisait doublon et concurrence avec les Anf. La Banque mondiale est cliente de Moody’s pour ses levées de fonds. Le FMI suggère seulement aux Anf d’améliorer leurs procédures.

Moody’s comporte plusieurs divisions dont une collabore avec le Bureau d’Etudes Mc Kinsey qui a confectionné d’inutiles et coûteux Plans Emergents à 37 pays africains. Le Plan Sénégal Emergent avait permis à Mc Kinsey d’encaisser du Sénégal 2,5 milliards F cfa. Pour quels résultats ?

Et maintenant

Les Anf avec leurs notes ne doivent ni faire peur, ni alimenter la politique politicienne. Elles ne sont pas aussi importantes et décisives. Les investisseurs directs étrangers et les bailleurs de fonds ont d’autres références que ces notes. On peut présumer que le Sénégal de l’après 24 mars 2024 est devenu plus attractif.

La dette est inséparable de la vie des gouvernements et des entreprises. Les dettes souveraines des pays les plus développés sont de l’ampleur de leur produit intérieur brut, mais ils sont considérés solvables. Les plus grandes entreprises du monde affichent au Passif du Bilan des postes ‘’Dettes à long, moyen et court terme’’ qui financent des investissements dont la rentabilité figure au Compte d’Exploitation.

Les pays africains aussi sont solvables. Walter Wriston, un influent directeur de Citibank l’avait laissé entendre : Countries don’t go out of business (‘’Les pays ne tombent pas en faillite’’). Parce que les infrastructures, la productivité de la population, les ressources naturelles ne quittent pas le pays. Ainsi l’Actif excède le Passif. Les bailleurs de fonds ne perdent pas de vue les ressources naturelles des pays pour s’y engager.

La dette ne devrait financer que des opérations rentables, en rapport direct avec le développement. Ce qui doit aller de pair avec la rationalisation des dépenses publiques, la chasse aux ‘’faux frais’’ et la mobilisation autant que possible des ressources internes.

Dans leurs rapports avec l’extérieur, la sagesse africaine doit être en sentinelle de vigilance :

Lorsqu’on est tiré à la traîne pour marcher on ne choisit pas son chemin et sa destination

Ou encore :

Lorsque quelqu’un te prête des yeux, tu ne peux regarder que dans la direction qu’il t’indique.


Makhtar DIOUF