mardi 2 avril 2019

OUI, QUI DIT MIEUX ?

Extraits du discours du President du Conseil Constitutionnel, Monsieur Papa Ousmane Sakho :

           Par  cette cérémonie rituelle, il vous incombe de prendre un engagement à la fois juridique et moral , celui de tout mettre en œuvre pour la réalisation des rêves de bonheur, de prospérité, de justice et de sécurité de vos concitoyens.
        Vous êtes aussi appelé à prêter ce serment dans un contexte africain encore marqué par l’instabilité politico-militaire, l’extrémisme violent et les conflits ethnico-religieux, et dans un contexte national où des clivages de tous ordres se font jour.
    
         ....si l’élection présidentielle est....également, un moment d’introspection générale au plus profond de notre « moi » collectif et un critérium pertinent, permettant de mesurer la maturité de nos institutions républicaines, de notre conscience citoyenne, et aussi l’ancrage de nos élites politiques et intellectuelles dans ce qu’il convient d’appeler « une culture de l’État de droit ».
          Le pacte démocratique et l’État de droit supposent, en effet, un rapport positif à la loi et aux institutions, c’est-à-dire, pour reprendre le mot de François OST, une « inclination à la civilité » républicaine.
           Ils supposent, en outre  un respect mutuel et un esprit de dépassement entre les acteurs du jeu politique, en vue de surmonter la suspicion  entre adversaires politiques, afin de trouver un minimum de consensus sur les questions essentielles, notamment en matière électorale.
           Ils supposent, enfin, la participation active à la vie de la Cité, de personnalités indépendantes et suffisamment équidistantes des parties qui pourraient se trouver en situation de conflit, pour se donner la légitimité d’arbitres ou de médiateurs impartiaux, en vue de la pacification de l’espace social et politique.
            Il semble bien que des efforts soient encore  nécessaires en la matière.
           L’histoire politique du Sénégal n’a certes pas été un long fleuve tranquille. Parfois, elle a, en effet, mis en présence des adversaires irréductibles. Ces derniers ont cependant toujours su prendre suffisamment de hauteur, pour s’asseoir autour d’une table, afin de trouver des points d’équilibre improbables et des consensus inédits, en vue d’aller toujours plus  avant dans notre longue marche sur le chemin de la démocratie.
            Force est de constater aujourd’hui, une mutation des mœurs politiques à travers la substitution au dialogue fécond, des monologues parallèles, faits d’invectives et de calomnies dans les médias et les réseaux sociaux. 

.       ...Ces électeurs, composante anonyme et laborieuse de la société, n’ont fait ni vœu de contestation systématique, ni allégeance inconditionnelle à quelque chapelle politique que ce soit. Ils savent cependant que leur voix compte, et attendent patiemment le jour du scrutin pour exprimer leur choix. 

Il faut apprendre à les respecter et à compter avec eux.

            Le discours politique gagnerait à s’élever à la hauteur de la conscience citoyenne de ce peuple, afin que le Sénégal reflète enfin et pour toujours, l’image de la démocratie mature et apaisée qu’il est réellement.

Monsieur le Président de la République,
              Si cette élection du 24 février 2019 a été si particulière, c’est aussi et, peut-être surtout, parce que de nouvelles perspectives économiques semblent s’ouvrir pour notre pays. 

             Elles en ont décuplé les enjeux et exacerbé les passions. Les Sénégalais sont conscients qu’ils entrent dans une nouvelle ère. Ils l’appréhendent autant qu’ils l’espèrent, car ils savent qu’elle sera, en fonction de ce que nous en ferons, une bénédiction ou une malédiction. 

            En vous faisant dépositaire de leur confiance, vos compatriotes vous confient surtout leur espoir de paix, car la paix est aux États ce que la santé est aux hommes : sans elle, rien n’est possible. On ne le sait, souvent, qu’après l’avoir perdue.
           Ils vous confient aussi leur espoir de cohésion nationale, afin que dans ce monde plein d’épines, le Sénégal reste un  espace de paix d’où seraient bannis les affres de la division et la violence, sous toutes ses formes.
             Les Sénégalais vous confient enfin l’avenir de la jeunesse exposée au fléau de la migration clandestine, afin qu’elle ne se mue plus jamais en Argonautes des temps modernes, errant à travers déserts et océans, dans une odyssée où, elle ne rencontre que désillusion, intolérance et humiliation. 

            Il s’agit certes d’un phénomène complexe et difficile à éradiquer, mais, s’agissant d’une question qui engage notre dignité d’Africains, le difficile, c’est ce qui doit être fait tout de suite, l’impossible devant juste prendre un peu plus de temps.....

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