Le Sénégal,
tout entier, s’apprête à rendre le plus bel hommage à son ancien président et non moins secrétaire général sortant de l'Organisation Internationale de la Francophonie,
Abdou Diouf, à l’occasion du Sommet de la francophonie prévu à la fin de ce
mois de Novembre.
Mais C’est aussi ce moment que ce dernier a choisi pour
publier ses mémoires.
Si l’on admet
que la mémoire appartient aux esprits lourds qu’elle rendrait plus pesants par
le fardeau qu’elle les surcharge, nous pouvons alors concéder volontiers à
Abdou Diouf le désir transcendant de s’en décharger pour passer la porte de sa
nouvelle vie…
Il ne déroge
pas cependant à cette règle qu’il a appliquée à outrance et dont il a également
abusé tout au long de son magistère qui veut que nos élites, indécrottables complexées,
réservent toujours la primeur de leurs déclarations, décisions ou activités à
l’étranger…
Mais, le
concernant, la sentence peut être plus lourde. S’il n’existe pas de biographe
apte à recueillir ses mémoires et encore moins d’éditeur capable de publier ses
mémoires, c’est la sanction d’un bilan catastrophique en matière de politique
culturelle, la ruine de l’héritage senghorien.
Notre pays où
la majeure partie des évènements et l’essentiel des faits se sont passés, notre
pays où résident des millions d’hommes et de femmes qu’il a longtemps
administrés, son pays à qui il doit tout, n’en aura droit qu’à quelques bribes…savamment
extraites et choisies à dessein pour, disons-le tout net, régler des comptes.
Car quand la
mémoire va chercher du bois mort, elle rapporte le fagot qui lui plait mais il
n’en demeure pas moins que l’exercice est en soi périlleux, très périlleux
même....
Ces bribes
choisies révèlent une âme qui ne le dit pas ou le refuse mais qui reste profondément tourmentée par la
défaire électorale de 2000.
Si tourmentée
que son esprit s’est voilé de haine et a trempé sa plume dans du fiel pour
retracer avec une rancune qu’on ne lui connaissait guère ce sombre souvenir. Il
s’ensuit des amalgames impardonnables, des incohérences manifestes qui vont
nourrir la polémique prévisible des prochains jours.
La polémique enflera,
c’est certain, à la suite de l’honorable parent Djibo Ka pour qui l’on
attendait de Abdou Diouf qu’il lui écrivît une belle épitaphe du genre ``Dors
bien, cette faute ne se renouvellera plus`` pour avoir accepté contre l’avis de
la famille, des parents et alliés, contre vents et marées dis-je, de le suivre
dans le gouffre.
Elle enflera, bref, à cause de la pique mesquine adressée au croyant très pieux, le méthodique Oumar Khassimou
Dia, trahie par une confusion de dates grotesque. La hauteur de l'orgueil se mesure à la profondeur du mépris !
Elle enflera
à cause de la relation de faits en contradiction manifeste avec celle d'autres auteurs plus objectifs. Abdou Latif Coulibaly ou General Lamine Cisse, par exemple.
Abdou Diouf
devra donc souffrir d’avoir cru devoir se départir ainsi de son eloignement protecteur, de son silence intimidant,
d’avoir mal choisi le quand, comment et où,
d’avoir mis en péril la tenue sobre du Sommet de la Francophonie qui se
proposait de le porter aux nues !
Tout homme à
sa naissance se voit offrir trois sacs pleins, un de piment, un de sucre et un
de sel. C’est la providence ; laquelle seule détermine en toute patience l’ordre
par lequel on les consomme complètement.
Samba MANGARA
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