vendredi 27 janvier 2012

MON BEAU CANDIDAT !

Au fur et à mesure que la date du scrutin présidentiel approche, nous assistons à une inflation de manœuvres dont la sournoiserie se le dispute à l’insolite, le burlesque au tragique ! Sont-ce les masques qui tombent ou tout simplement les déguisements qui sont comiques ?

Pareille situation n’est en fait que révélatrice du chaos moral à maints égards dans lequel la nation sénégalaise se vautre à la faveur du délitement des valeurs observé depuis bien longtemps, mais qui s’est relativement accéléré depuis une décennie …

Une faillite sociale qu’illustre parfaitement la personnalité des principaux prétendants au fauteuil présidentiel, qui, on s’en doute aisément, sont pratiquement tous des politiciens reconnaissables à l’arrogance de leur allure et les frasques perverses de leur progéniture…
Faut-il le dire, au Sénégal, la politique est devenue au fil des ans le seul moteur de l’ascension sociale.
Elle a battu à plate couture toutes les vertus sur lesquelles n’importe quelle société contemporaine prétend bâtir sa prospérité économique et sociale, normalement.

Car désormais, au Sénégal, il n’est de dieu que l’Argent et qu’y importent alors la compétence, la connaissance, l’initiative, l’intérêt général. Le niveau de vie insolemment élevé des politiciens justifie donc la ruée vers la politique dont les dégâts collatéraux se constatent déjà dans le secteur de l’Education nationale.

Dresser le portrait des candidats suffit à la fois pour faire un diagnostic de la société sénégalaise... Il reste que « la tête est incapable de communier. La seule chose qu’elle puisse faire est disséquer, analyser, fragmenter la réalité. Le coeur synthétise, relie, réunit, fusionne ce qu'il perçoit ». Tout en laissant le soin au militant de peindre son mentor sous les plus beaux traits, nous choisirons pour notre part de contraster le tableau. Cela aura le mérite tout de même de rééquilibrer les choses d’une certaine manière!


Un peu cocasse comme démarche quand même, mais il est une vérité que tous les candidats en pole position de l’heure ont été ministres, ministres d’Etat ou premiers ministres du Président Diouf ou du Président Wade ou des deux!

De Moustapha Niasse, premier ministre de Abdou Diouf et de Abdoulaye Wade, nous retiendrons qu’il s’est toujours manifesté par une virulence verbeuse inouïe qui dépare son apparence de sainteté qu’il fonde sur sa proximité avec les pays du Golfe. Malgré tout, Moustapha Niasse est réputé intransigeant, autoritaire et rancunier… Qui ne se rappelle pas, en effet, ses terribles diatribes contre Abdou Diouf et Ousmane Tanor Dieng pendant la campagne électorale de 2000 ? Son directoire de campagne composé des pires persifleurs de l’arène politique nous prédispose donc à une campagne de révélations plutôt que de propositions…

Mais qui disait que les politiciens n’avaient pas de projets de société ? Ses passages au gouvernement ne sont pas parvenus jusqu’ici à convaincre les masses de son aptitude administrative tant vantée ici et là. En 2000, il quitte la salle de Conseil des ministres pour s’envoler au Canada pour inscrire ses enfants à l’école! Peut-être que le poste de Président qu’il poursuit de manière obsessionnelle depuis 2000 est l’occasion rêvée de mettre tout le monde à l’aise…

Sa présente candidature semble de trop puisqu’il avait solennellement déclaré d'une part, que la présidentielle de 2007 était sa dernière campagne  et que, d’autre part, il ne la devrait qu’à son immense fortune avec laquelle il aurait soudoyé la majeure partie des chefs des partis qui composent le Front Benno Siggil Sénégal. Cette thèse est d’autant plus crédible que son parti est loin d’être le plus représentatif et lui n’est guère le chef de parti le plus expérimenté. Enfin, on ne lui connaît aucun scandale financier même s’il est établi que c’est à la faveur des contacts noués dans les cercles du pouvoir qu’il s’est enrichi…

Idrissa Seck, premier ministre de Abdoulaye Wade est la personnalité politique du siècle la plus controversée si bien que, sans passion, il est difficile aussi bien d’être avec lui que d’être contre lui…
Sa probité est définitivement entachée par une histoire d’enrichissement sans cause (illicite donc !) de laquelle il n’a échappé que grâce à la signature du Protocole de Reubeuss qui a servi de cadre au blanchiment de complaisance que la justice lui a octroyé… Mais suprême péché, c’est en tentant de jouer avec les mots que lui autorisent ses talents de rhéteur qu’il s’est enfoncé une fois pour toutes dans les méandres de la conscience populaire comme un fieffé voleur : à l’antenne, il a publiquement avoué s’être servi dans la caisse noire présidentielle dont l’unique usager est le Président de la République selon la Constitution…qu’il invoque aujourd'hui et partout pour pourfendre la candidature de Abdoulaye Wade…

Il n’a jamais caché ses intentions de devenir Président de la République. Si bien qu’il a toujours été surveillé comme du lait sur le feu par ses propres frères de parti qui l’ont suspecté très tôt d’avoir l’ambition d’Iznogod, le vizir qui voulait être calife à la place du calife…
Cette assurance métaphysique l’invite à adopter une démarche illuminée avec l’évocation, souvent hors de propos, des saintes écritures…et à emprunter une démarche suffisante et irrespectueuse de ses compatriotes qu’il semble dauber … En pleine crise politique, il déclare à la presse qu’il allait en vacances pour apprendre à ses enfants à monter le chameau !

Le fait est que son nouveau goût prononcé pour le flamboyant, l’impressionnant et les budgets faramineux de ses campagnes électorales semblent donner raison à ces détracteurs qui s’expliquent mal cette subite et colossale fortune pour quelqu’un qui, justement, ne peut justifier d’aucun diplôme et d’aucune expérience professionnelle probante sur une durée de temps respectable.
Son passage comme premier ministre est relativement peu reluisant à moins de nous souvenir du meurtre (ou suicide) de l’homme d’affaire mouride Khadim Bousso qui lui a servi de sauf-conduit pour entrer dans les bonnes grâces de Washington et Paris !?
Peu ambitieux dirions-nous… quand bien même il se définissait comme le jardinier des rêves du Président, il n’a jamais cru aux grands chantiers auxquels ce dernier tentait vaille que vaille de donner un corps…

Un corps qu’ils ne trouveront qu’avec le pragmatique quatrième premier ministre de l’alternance Maky SallMaky Sall est le bilan ambulant du Président Abdoulaye Wade. C’est que, d’une part, toutes les réalisations de Abdoulaye Wade portent son empreinte et que, d’autre part, il aura été mis en selle et aura occupé tous les postes possibles avec celui-là : ministre, ministre d’Etat, premier ministre et président de l’Assemblée Nationale. Et peut-être président de la république, n’eut été la propension à l’infanticide de son mentor… Une estocade qui lui est restée au travers de la gorge à l’issue de laquelle ses inconditionnels ont conçu un programme de vengeance personnelle pour faire de lui le porte étendard… pour rendre gorge à qui vous savez !

Maky Sall n’est, en effet, guère porté sur l’initiative, il est plutôt réactif. Un bon fonctionnaire, un simple exécutant sans plus. Comme en atteste son discours de programme à l’Assemblée Nationale où il disait ne pas aimer promettre, mais juste réaliser les plans que lui avait remis Abdoulaye Wade!
Comme nous en a convaincus sa récente adresse au Congrès américain pour se plaindre contre la candidature de Wade! Mais surtout, comme le révèle son malaise quand on lui demande les comptes d’opérations sensées avoir été menées sous son autorité d’alors… Il ne s’est résolu à poser sa candidature que sous la menace de l’aile dure de son parti symbolisé par El pistolero de Mbacké. Un acte de traitrise contre la coalition Benno Siggil Sénégal sans laquelle on donnait peuchère de sa peau.
On ne s’explique pas, chez lui également, sa grande richesse qui l’incite à tenir la dragée haute à tous les opposants au titre des contributions financières pour l’organisation des manifestations publiques de l’opposition. Sa proximité excessive avec les marabouts n’est guère rassurante.

Ousmane Tanor Dieng - ou les beaux restes du super OTD de l’ère socialiste - a fini d’étaler ses lacunes immensurables d’opposant. Peu sûr de lui et dans son parti, il s’est mis à la course effrénée au nombre, en s’arrimant à toutes les coalitions et en s’entourant peu judicieusement de jeunes inexpérimentés, à quelles fins ? Toujours est-il qu’il finit par oublier qu’il a été et reste l’homme politique au pouvoir qui a le plus concentré de haine sur sa personne. Or la haine est fille de la crainte…
La sincérité avec laquelle il s’est accompagné de ses plus virulents pourfendeurs marxistes léninistes et de Moustapha Niasse a contribué à le banaliser et à banaliser son parti en le faisant adopter un mouvement d’ensemble qui ne sied nullement au standing de son grand parti fondé par Senghor et héritier de la philosophie du consensus de Abdou Diouf. Ce compagnonnage qui n’augurait rien de bon a eu pour résultat de le divertir trop longtemps au point de plomber sa candidature pour laquelle il ne s’est pas suffisamment préparé… Alors qu’il était le candidat naturel de l’opposition politique pour n’avoir pas, en aucun moment, pactisé avec le régime actuel… Lui également ne peut en aucun cas justifier la fortune colossale qu’on lui prête. Sa proximité avec la caisse noire du President Diouf, dont il a été le directeur de cabinet pendant 17 longues années ?

Le président sortant, Abdoulaye Wade, a réussi la prouesse de formater pour longtemps encore l’action du président de la République au Sénégal.


Mais son bilan fort élogieux en matière d’infrastructures est terni par les nombreux scandales financiers, fonciers et, plus, par la relative magnanimité dont ont bénéficié les prévaricateurs des deniers publics. Si sa candidature est controversée à ce point, en effet, c’est bien par la faute de l’agilité de sa langue. Un argument de taille auquel l’opposition s’attache aujourd'hui comme le pendu à sa corde. Alors que l’on est en droit d’attendre de lui une démarche de sagesse influencée par son grand âge, non, le président sortant n’a de cesse d’éperonner son opposition par des piques viriles. C’est que Abdoulaye Wade conçoit la politique comme une hardiesse… Et puisqu’il est absolument sûr d’être l’être le plus intelligent sur terre, indispensable qui plus est, il fait preuve d'une grande maladresse, laquelle lui a fait créer ses propres fossoyeurs par le truchement de ses fils qu’il a honnis et bannis … il se retrouve sans successeur légitime…. terrible!

Le charme de cette présidentielle qui s’annonce est sans conteste l’intrusion de Youssou Ndour, star internationale du showbiz. On voyait bien venir le bonhomme avec la diversification de ses investissements ! Or, puisque rien n’arrive sans cause, il nous faut bien nous rendre à l’évidence, You est bien ce qu’on peut appeler un mal intentionné. Avec la politique de recrutement fort saugrenue de son florissant groupe de presse, il est plutôt engagé dans une bataille à mort contre un autre magnat de la presse, Sidi Lamine Niasse. Nous ne voyons pas donc en quoi son engagement politique ne confirmerait pas cette propension malsaine à savoir qu’il se présente contre quelqu’un plutôt que pour le Sénégal…

Diouma Dieng Diakhaté enrichit le niveau genre de cette élection. Avec cette diva, styliste réputée, c’est la garantie que la faconde de la femme sénégalaise sera autrement représentée pendant la campagne et sans doute ses vrais problèmes exposés.

Ibrahima Fall aurait pu, en d’autres circonstances, représenter une alternative crédible à cette gente politicienne. Intellectuel de haute facture, haut fonctionnaire international et juriste émérite, il a cette malchance de venir un peu tard… ou plutôt d’avoir délaissé le Sénégal le temps de sa carrière internationale au point d’être oublié par les générations nouvelles.

Cheikh Tidiane Gadio se présente juste pour montrer qu’il est assez riche pour s’acquitter de la caution de soixante cinq millions de F CFA et d’avoir ainsi l’opportunité de casser du sucre sur le président sortant et sa famille. Il ne leur pardonne tout simplement pas son éviction à la tête du service des Affaires Etrangères du Sénégal après dix ans de loyaux services ! Dans le meilleur des cas, Cheikh Tidiane Gadio prend date avec les Sénégalais, à l’instar d’autres candidats ou pour faire un clin d’œil aux postulants du deuxième tour. 


Dont Keba Keinde, Mor Dieng, Amsatou Sow Sidibe et Djibril Ngom.
Le premier est un banquier international qui a fait carrière à Dubaï, un paradis fiscal. On ne retient de lui à travers les dossiers de presse que son immense fortune. A mette en rapport cependant avec l’évocation de son nom dans moultes affaires ténébreuses. Mais de Jet Setteur à Papa Noël, la distance est grande, trop grande même!
Mor Dieng est un transfuge du parti de Moustapha Niasse dont il coordonnait la cellule des cadres.
Amsatou Sow Sidibé peut être considérée comme une pionnière. C’est la première femme candidate à la présidentielle au Sénégal !
Djibril Ngom est un technocrate qui espère bien monnayer un éventuel soutien au deuxième tour.

Cheikh Bamba Ndiaye représentera pour toujours le produit d’une succession dynastique au niveau d’un parti. Ses prises de position parfois maladroites pour accréditer son appartenance religieuse le desservent beaucoup.

En définitive, la candidature à la présidentielle apparaît plutôt comme une opération de marketing personnel par laquelle l’on veut asseoir l’idée de sa fortune. Et, à un second niveau, c’est le baroud d’honneur pour les politiciens pour continuer d’exister…conquérir ou partager le pouvoir…dont ils profitent tous pour s’enrichir d’abord et enrichir ensuite leurs partisans dont la proportion dans le nombre des votants est à la limite insignifiante…
Faut-il le rappeler? le projet de société qui vaille en Afrique est conçu dans les bureaux de la Banque Mondiale et validé par le FMI. Et il n’est qu’encadrement budgétaire…
A bon entendeur, salut! Le peuple se retrouvera toujours Gros Jean comme devant!

Augustin Baraye

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire