A l’origine, la styliste
Diouma Dieng Diakhate construisit sur les fondements de la maison familiale à
Rufisque une maternité dont la gestion fut confiée au ministère de la sante qui
y affecta du personnel.
Ce geste de la célèbre couturière, titulaire d’un passeport
diplomatique sénégalais depuis 1979 et actuellement ambassadrice itinérante
auprès du chef de l’etat, scellait par cette belle action un partenariat
public-prive dont on gageait qu’il ferait tache d’huile…
Qu’il était, en effet, beau de
voir une personne qui a tout reçu de son pays songer ainsi à le lui rendre de façon
aussi altruiste et générale !
C’est que d’habitude dans notre pays la reconnaissance des parvenus ne
va guère que vers leurs parents ou communauté… Et que les actes d’une aussi grande amplitude
sociale ne provenaient exclusivement que de nos compatriotes d’origine
libano-syrienne.
Grand est notre étonnement, dès lors, d’apprendre que le 11 septembre dernier, ladite maternité a
été fermée sur demande de la mécène.
La curieuse non objection du ministère de la sante alimente ainsi la
forte suspicion des populations quant à une combine et qui ont raison de
bloquer l’enlèvement de l’équipement et matériel.
Comment qualifier une telle légèreté dans un pays où l’on compte 1 sage
femme pour 4000 habitants, très loin de la norme internationale d’1 sage femme
pour 300 habitants ?
Il est plus que désolant de constater que cette forfaiture est co-signée
par deux dames, la dame ministre de la sante Eva Marie Coll Seck et la dame mécène
Diouma Dieng Diakhaté…
…Sans considération aucune de la mortalité maternelle estimée à 434
pour 100 000naissances vivantes,
…Encore moins d’égard pour le taux de mortalité infantile de l’ordre de
61 pour 1000
…Sans s’émouvoir, outre mesure, que ca se passe à Dakar où malgré
l’importance du secteur privé médical, un poste de sante polarise déjà plus de
20 000 habitants !
De l’inconscience, sans aucun doute, des autorités par rapport à la gestion
des secteurs vitaux de la vie de la nation en général, celui de la sante
publique en particulier !
Il faut décrier cette organisation pyramidale du système sanitaire qui
perpétue une ségrégation entre citoyens difficilement acceptable au seuil du
21eme millénaire.
Le saugrenu concept de case de santé, imposé par l’OMS, qu’il véhicule
est taillé sur mesure pour les ruraux et appliqué par des agents communautaires
de santé formés à la vite et responsables de maintes tombes bossues sous la
houlette de comites de santé plus affairistes qu’autre chose.
En matière de santé plus qu’ailleurs, l’inertie de nos gouvernants est
plus que jamais une réalité. En
attestent deux constats poignants :
La faculté de Pharmacie cinquantenaire n’a jamais voulu ni pu exploiter
les richesses de notre pharmacopée. Le Formulaire National ne compte pas encore
20 plantes médicinales.
Les médecins nationaux formés par la faculté de Médecine, centenaire, dont
l’aura a franchi les frontières, chôment pour la plupart.
Aussi ne peut on guère pendre au sérieux la dame ministre de la sante
quand elle réclame 15% du budget national pour son département !
Il lui faudrait plutôt commencer
par envoyer sur le terrain toutes ces blouses blanches en stand-by au siège du
ministère à l’affut de missions et perdiems.
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