mardi 25 août 2015

DE L'EQUITE ET LEGALITE DE LA JUSTICE


Avec une population estimée aux environs de 36 000 individus, soit une hausse de 52 % en 10 ans, c’est dire que la capacité d’accueil du système carcéral sénégalais qui n’a pas évolué depuis la colonisation est largement dépassée depuis belle lurette.

Les conditions de détention dénoncées par toutes les organisations droits-de-l’hommistes sont jugées tout simplement attentoires à la dignité humaine.

Il s’y ajoute un élément fort troublant. Beaucoup de détenus sont victimes des longues détentions provisoires, fortement décriées mais toujours de rigueur.  

Peut être qualifiée de longue détention provisoire, à notre sens, tout dépassement du délai légal de détention aux fins d’instruction ou de jugement !

Ainsi à Dakar qui concentre 48 % de la population carcérale,  47% des détenus sont ainsi abusivement privés de liberté. Une situation d’autant plus aberrante que l’Etat ne prévoit aucune compensation financière ou autre réparation en cas d’acquittement ou de non-lieu.  

C’est de l’abus de pouvoir caractérisé de la part de l’Etat qui quand bien même il dispose du monopole de la puissance publique se doit d’être juste pour administrer la justice à bon escient ! 

Autrement, comment qualifier une justice incapable d’être avec elle même, incapable de faire siennes les règles qu’elle est sensée appliquer ?

Il ne serait pas de trop de la qualifier de justice faible parce que méchante, une justice contrôlée parce que poreuse, une justice infiltrée qui se prête donc facilement à la manipulation !

Si un principe jeté dans un bon esprit produit, qu’advient-il le cas contraire ?


Parce qu’en vérité, les causes de certaines longues détentions provisoires débordent souvent largement la sainte invocation de l’insuffisance des moyens. 

Et pour cause, ce sont des « dossiers oubliés » de personnes victimes de complots qui mettent à nu tout autant la barbarie des enquêteurs, la naïveté du procureur et la négligence du juge…

Il est tout juste étonnant que l’arrivée à la tête du ministère de la Justice d’un homme du sérail, Me Sidiki Kaba, avocat international émérite, auteur prolifique sur le thème des droits de l’homme, ancien président de la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme, ancien président de l’Organisation  Nationale des Droits de l’Homme et actuel Président de l’Assemblée Générale des Etats-parties de la Cour Pénale Internationale, n’ait pas été l’occasion de poser ce débat de société que constitue l’administration d’une bonne justice dans l’équité et la légalité et ce de façon beaucoup plus efficace que la construction de nouvelles prisons.

Il serait ainsi à l’honneur de l’Afrique de prendre la train de l’histoire au lieu de se complaire dans sa malheureuse coutume de copier-coller les reformes d’outre-Atlantique ! 

           Alphonse SAMY

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