mercredi 25 février 2015

DE LA QUERELLE DES HYENES


La garde à vue de l’opposant Massaly et les paroles blessantes du Président Wade sont deux évènements malheureux ayant beaucoup de choses en commun.

Elles sont d’une violence révoltante que leur caractère réactif ne saurait amoindrir. Une borne à été franchie et les insultes spécialement acerbes de Me Wade à l’endroit de son successeur, Maky Sall, consacrent une escalade majeure dans la crise politique que nous vivons.

Elles ruinent le sacrosaint principe d’égalité des citoyens capitalisé pendant de si nombreuses années par la religion et la République dans notre pays. 

Nous sommes tous mal très mal à l’aise car notre tradition nous enseigne qu’il n y a pas de petite querelle. S’il est facile d’en deviner l’origine, on ne saurait en prédire l’issue finale, pour l’instant. Mais gageons que la fin de cette dispute d’éléphants risque d’être autrement plus tragique - ce ne sera pas seulement l’herbe qui devrait en pâtir ! - que celle des deux malheureux lézards du conte, à n’y prendre garde !

Les corps constitués sont tenus plus que jamais de prendre l’exacte mesure de la gravité de la situation. Si la République ne recèle pas en son sein des mécanismes de régulation des crises de ce genre encore moins de ressources pour les mettre en œuvre, éventuellement, il y a vraiment de quoi avoir peur. Car toute intervention extérieure à elle, émanant d’autres canaux, arpentant d’autre chemins ou convoquant d’autres paradigmes ne peut que lui être préjudiciable aussi bien à court terme qu’à moins terme !

Elles mettent en demeure le pouvoir judiciaire et l’armée qui se doivent d’être particulièrement vigilants dans ces moments troubles.  En effet, si Massaly a dénoncé un kidnapping et avoué avoir été torturé par une gendarmerie politique, il reste que c’est le procureur de la république qui a bien ordonné son audition.

Si les accusations de torture à l’égard des forces de l’ordre sont devenues récurrentes, par contre, c’est bien la première fois que l’on entend parler de gendarmerie politique. A fricoter aussi incestueusement avec la politicaillerie, c’est la section de recherches de la gendarmerie nationale, corps d’élite en apparence, qui risque de vendre son âme au diable comme naguère la division des investigations criminelles de notre police nationale bien mal en point aujourd’hui !

Le parquet de la République serait bien lui aussi inspiré de savoir raison garder. Son inféodation à l’Exécutif est devenue une situation intenable qui commande de sa part d’entreprendre avec intelligence les démarches idoines pour effacer très rapidement cette image de juges « prosternés » devant le Prince et sa cour. C’est sa voie de salut pour que le procureur puisse aspirer à une égale dignité et honorabilité apparentes par rapport à son homologue magistrat assis.

Enfin, la presse est toujours interpelée. La démocratie ne peut aucunement s’accommoder de la censure, certes, mais la morale, la science de ce qu’il faut faire et de ce qu’il ne faut pas faire, admet l’autocensure. Cela est un attribut de la raison dont chacun et chacune de nous est pourvu en quantité et qualité suffisantes en son esprit !

Mangone SALL

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