La
garde à vue de l’opposant Massaly et les paroles blessantes du Président Wade sont
deux évènements malheureux ayant beaucoup de choses en commun.
Elles
sont d’une violence révoltante que leur caractère réactif ne saurait amoindrir.
Une borne à été franchie et les insultes spécialement acerbes de Me Wade à
l’endroit de son successeur, Maky Sall, consacrent une escalade majeure dans la
crise politique que nous vivons.
Elles
ruinent le sacrosaint principe d’égalité des citoyens capitalisé pendant de si
nombreuses années par la religion et la République dans notre pays.
Nous
sommes tous mal très mal à l’aise car notre tradition nous enseigne qu’il n y a
pas de petite querelle. S’il est facile d’en deviner l’origine, on ne saurait
en prédire l’issue finale, pour l’instant. Mais gageons que la fin de cette
dispute d’éléphants risque d’être autrement plus tragique - ce ne sera pas seulement l’herbe qui devrait en pâtir ! - que celle des deux malheureux lézards du conte, à n’y prendre
garde !
Les
corps constitués sont tenus plus que jamais de prendre l’exacte mesure de la
gravité de la situation. Si la République ne recèle pas en son sein des
mécanismes de régulation des crises de ce genre encore moins de ressources pour
les mettre en œuvre, éventuellement, il y a vraiment de quoi avoir peur. Car
toute intervention extérieure à elle, émanant d’autres canaux, arpentant
d’autre chemins ou convoquant d’autres paradigmes ne peut que lui être préjudiciable
aussi bien à court terme qu’à moins terme !
Elles
mettent en demeure le pouvoir judiciaire et l’armée qui se doivent d’être
particulièrement vigilants dans ces moments troubles. En effet, si Massaly a dénoncé un kidnapping
et avoué avoir été torturé par une gendarmerie politique, il reste que c’est le
procureur de la république qui a bien ordonné son audition.
Si
les accusations de torture à l’égard des forces de l’ordre sont devenues
récurrentes, par contre, c’est bien la première fois que l’on entend parler de gendarmerie
politique. A fricoter aussi incestueusement avec la politicaillerie, c’est la section
de recherches de la gendarmerie nationale, corps d’élite en apparence, qui
risque de vendre son âme au diable comme naguère la division des investigations
criminelles de notre police nationale bien mal en point aujourd’hui !
Le
parquet de la République serait bien lui aussi inspiré de savoir raison garder.
Son inféodation à l’Exécutif est devenue une situation intenable qui commande
de sa part d’entreprendre avec intelligence les démarches idoines pour effacer très rapidement cette image de
juges « prosternés » devant le Prince et sa cour. C’est sa voie de
salut pour que le procureur puisse aspirer à une égale dignité et honorabilité
apparentes par rapport à son homologue magistrat assis.
Enfin, la presse est toujours interpelée. La démocratie ne peut aucunement s’accommoder de la
censure, certes, mais la morale, la
science de ce qu’il faut faire et de ce qu’il ne faut pas faire, admet
l’autocensure. Cela est un attribut de la
raison dont chacun et chacune de nous est pourvu en quantité et qualité suffisantes en son
esprit !
Mangone
SALL
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