Le scrutin local de dimanche a vécu avec un taux de participation particulièrement très
faible, comme on le redoutait.
Les soutiens gagnants de Me Wade et Idrissa
Seck à la cause de leur adversaire socialiste
Aissata Tall Sall, maire sortant de Podor, l’activisme
exubérant finalement stérile de Youssou Ndour auprès des candidats bénis par le palais de la République sont les faits majeurs de la
campagne.
Les résultats
proclamés absolument déroutants, à
la mesure des divers enjeux tantôt
nationaux tantôt locaux rendent
ainsi ardue toute analyse sur le chaud.
Faut il rappeler la « promesse » du Président
de la République de sévir contre les perdants et par ricochet, récompenser les victorieux ?
Une «promesse» qui révèle l’objectif
pernicieux qu’il nourrissait
de faire de ces élections
locales un congrès officieux
de son parti en vue de sa nécessaire
structuration et une occasion tous frais payés
d’imposer ses nouvelles recrues.
Et au delà
du renouvellement de la classe politique qu’ils
ont consacré par ci, avec en prime l’alternance générationnelle
par là, on sent bien que les impacts seront très lourds de conséquence.
La première
observation est qu’au vu des
investitures qui se sont révélées
suicidaires et la mésentente
chronique qui les a sous-tendues, la mouvance présidentielle sera obligée de se muer radicalement tant il est évident que la force intellectuelle et morale
nécessaire à
sa reconstitution est hors de portée
des protagonistes.
D’autant
plus qu’il s’y
ajoute la perspective fort probable d’un
retrait plus tôt que prévu de Ousmane Tanor Dieng défait de la plus grande partie de sa base
affective et de Moustapha Niasse dont il ne reste plus grand chose de sa
splendeur avec la capitulation sans fard
de son parti aux pieds du Président
Maky Sall.
Deuxième
observation, le président serait
bien inspiré de s’adapter
à la nouvelle carte politique que le peuple
souverain vient de dessiner et d’en
explorer tous les contours.
Abdoulaye Baldé
à Ziguinchor, Omar Sarr à Dagana,
Aissata Tall Sall à Podor,
Idrissa Seck à Thies, Aida
Mbodj à Bambey, Khalifa Sall à Dakar et l’électorat mouride qui lui fait défaut sont des signaux alarmants pour lui dans
sa quête d’un
deuxième mandat
C’est
faire preuve non pas simplement d’intelligence
encore moins de courage mais certainement d’honnêteté
de sa part car le désaveu cinglant
que ses plus proches collaborateurs dont le premier ministre ont subi à Dakar, la défaite de son fidèle lieutenant Moustapha Cisse Lo à
Touba et son égérie Aminata Tall, 3eme personnalité de l’Etat
à Diourbel ainsi que la victoire éclatante de ses souffre-douleurs favoris du
PDS dans la banlieue populeuse dakaroise est tel qu’il ne saurait se rebiffer à cet exercice.
La place centrale de Dakar dans l’échiquier politique sénégalais,
l’aéropage
de dignitaires du régime qui y
ont participé aux joutes électorales, leur faconde, les moyens dégagés
par le parti au pouvoir, le plébiscite de Khalifa Sall a Dakar, tout cela mis
ensemble fait que l’interprétation du vote des dakarois ne peut être la même
qu’ailleurs, je pense !
La troisième
observation tient à l’émergence d’un
leadership fort féminin
local personnifié par Mmes Aissata Tall Sall et Aida Mbodj qui
confirment le bail affectueux avec leurs
bases respectives.
Contre vents et marées, snobée
par les instances de son parti politique, Aissata Tall Sall, sa seule bravoure
en bandoulière, a vaincu Racine Sy, un milliardaire,
cheval de Troie quoi qu’il en pense, dont la candidature a été tissée
de fil en aiguille par le président
himself…
Mme Aida Mbodj aura a elle toute seule également avec des moyens dérisoires comparativement pris le dessus sur un
vice-président de l’Assemblée
Nationale et deux ministres de la République.
Les performances de ces deux dames dépassent, croit-on savoir, celle de Khalifa
Sall qui a semé le premier
ministre, l’administrateur du parti présidentiel, le secrétaire général de la Présidence, un ministre d’Etat et une foule de directeurs généraux
ou encore celle de Idrissa Seck qui n’en a pas moins douché les ambitions de plus
d’un député, de ministre de la République et de directeur général !
Le peuple a parlé, il vous écoute à présent en tant que serviteur de ses caprices...n'est ce pas, Monsieur le President ?
Mangoné SALL
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