vendredi 4 juillet 2014

LE PEUPLE A PARLE...


Le scrutin local de dimanche a vécu avec un taux de participation particulièrement très faible, comme on le redoutait.

Les soutiens gagnants de Me Wade et Idrissa Seck à la cause de leur adversaire socialiste Aissata Tall Sall, maire sortant de Podor, l’activisme exubérant finalement stérile de Youssou Ndour auprès des candidats bénis par le palais de la République sont les faits majeurs de la campagne.

Les résultats proclamés absolument déroutants, à la mesure des divers enjeux tantôt nationaux tantôt locaux rendent ainsi ardue toute analyse sur le chaud.

Faut il rappeler la « promesse » du Président de la République de sévir contre les perdants et par ricochet, récompenser les victorieux ?

Une «promesse» qui révèle l’objectif pernicieux qu’il nourrissait de faire de ces élections locales un congrès officieux de son parti en vue de sa nécessaire structuration et une occasion tous frais payés d’imposer ses nouvelles recrues.

Et au delà du renouvellement de la classe politique qu’ils ont consacré par ci, avec en prime l’alternance générationnelle par là, on sent bien que les impacts seront très lourds de conséquence.

La première observation est qu’au vu des investitures qui se sont révélées suicidaires et la mésentente chronique qui les a sous-tendues, la mouvance présidentielle sera obligée de se muer radicalement tant il est évident que la force intellectuelle et morale nécessaire à sa reconstitution est hors de portée des protagonistes.

D’autant plus qu’il s’y ajoute la perspective fort probable d’un retrait plus tôt que prévu de Ousmane Tanor Dieng défait de la plus grande partie de sa base affective et de Moustapha Niasse dont il ne reste plus grand chose de sa splendeur avec la  capitulation sans fard de son parti aux pieds du Président Maky Sall.   

Deuxième observation, le président serait bien inspiré de s’adapter à la nouvelle carte politique que le peuple souverain vient de dessiner et d’en explorer tous les contours. 

Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, Omar Sarr à Dagana,  Aissata Tall Sall à Podor, Idrissa Seck à Thies, Aida Mbodj à Bambey, Khalifa Sall à Dakar et l’électorat mouride qui lui fait défaut sont des signaux alarmants pour lui dans sa quête d’un deuxième mandat

C’est faire preuve non pas simplement d’intelligence encore moins de courage mais certainement d’honnêteté de sa part car le désaveu cinglant que ses plus proches collaborateurs dont le premier ministre ont subi à Dakar, la défaite de son fidèle lieutenant Moustapha Cisse Lo  à Touba et son égérie Aminata Tall, 3eme personnalité de l’Etat à Diourbel ainsi que la victoire éclatante de ses souffre-douleurs favoris du PDS dans la banlieue populeuse dakaroise est tel qu’il ne saurait se rebiffer à cet exercice.

La place centrale de Dakar dans l’échiquier politique sénégalais, l’aéropage de dignitaires du régime qui y ont participé aux joutes électorales, leur faconde, les moyens dégagés par le parti au pouvoir, le plébiscite de Khalifa Sall a Dakar, tout cela mis ensemble fait que l’interprétation du vote des dakarois ne peut être la même qu’ailleurs, je pense !

La troisième observation tient à l’émergence d’un leadership fort féminin local  personnifié par Mmes Aissata Tall Sall et Aida Mbodj qui confirment le bail affectueux avec leurs  bases respectives.

Contre vents et marées, snobée par les instances de son parti politique, Aissata Tall Sall, sa seule bravoure en bandoulière, a vaincu Racine Sy, un milliardaire, cheval de Troie quoi qu’il en pense, dont la candidature a été tissée de fil en aiguille par le président himself…

Mme Aida Mbodj aura a elle toute seule également avec des moyens dérisoires comparativement pris le dessus sur un vice-président de l’Assemblée Nationale et deux ministres de la République.

Les performances de ces deux dames dépassent, croit-on savoir, celle de Khalifa Sall qui a semé le premier ministre, l’administrateur du parti présidentiel, le secrétaire général de la Présidence, un ministre d’Etat et une foule de directeurs généraux ou encore celle de Idrissa Seck qui n’en a pas moins douché les ambitions de plus d’un député, de ministre de la République et de directeur général !    

Le peuple a parlé, il vous écoute à présent en tant que serviteur de ses caprices...n'est ce pas, Monsieur le President ?  

  Mangoné SALL

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