dimanche 9 mars 2014

PRIMATURE A L'EAU !


Les faits parlent d’eux-mêmes, les cancans alarmants et les circonstances suffisamment troublantes pour que l’on ne se fasse plus d’illusions : les jours du premier ministre sont comptés.

 La cause peut être que Aminata Toure n’a pas pu tenir sa promesse, celle d’accélérer la cadence  de la réalisation des promesses électorales du bonhomme président, Maky Sall.

Aminata Toure ne doit cependant pas trop s’en faire. On ne s’accuse pas d’avoir voulu bien faire, trop bien faire même, si tant est qu’on pouvait accélérer un moteur en panne !

On lui reprochera toutefois d’avoir adopté une attitude contraire à sa nature. Elle, qui  nous avait habitué à des sorties tonitruantes foulant aux pieds allègrement la réserve que lui imposait son rang ministériel !

Qu’elle essuie aussi passivement et sans broncher les piques acerbes de lampistes nous font finalement penser que tout cela n’était qu’activisme pour être vizir à la place du vizir.

Mais toute cette histoire pose et repose la question de l’instabilité chronique de la fonction primatoriale. Les brouilles entre président et premier ministre sont si récurrentes dans notre vie politique qu’il y a de quoi y scruter une tare congénitale ou à tout le moins pister un problème de mode d’emploi.

Sa disparition de l’armature constitutionnelle de 1962 à 1970 puis de 1983 à 1992, la première fois pour régler le problème du bicéphalisme entre Senghor et Dia et la deuxième fois pour recentrer l’action gouvernementale sous Diouf, montrent que le malaise ne date pas d’aujourd’hui.

Alors premier ministre ou premier des ministres, ombrelle du président ou sa tête de turc, fusible tout simplement ?  

La question demeure car traduisant une faille de la loi. La légitimité, elle, n’a jamais posé de problème car on est premier ministre par la volonté et la confiance du président mais c’est au fonctionnement que la machine se grippe. 

La question renvoie finalement vers une mésentente chronique entre les collaborateurs du président et ceux du premier ministre qui peut être due soit à un souci de préséance à outrance des services du président élu au suffrage universel ou alors à une impossibilité de s’adapter les uns aux autres.

Seul les premiers ministres Aguibou Soumare  et Maky Sall sont les seuls à avoir quasiment échappé au lynchage des faucons du palais sous Abdoulaye Wade…

Dans une moindre mesure, on peut citer également le premier ministre Abdou Diouf du Président Senghor dont le principal antagoniste était dans son gouvernement.

Sinon, le premier ministre Habib Thiam a souffert de Ousmane Tanor Dieng directeur de cabinet du Président Diouf, le premier ministre Moustapha Niasse a été lessivé par Idrissa Seck, directeur de cabinet du Président Wade. Le premier ministre Idrissa Seck de tous les premiers ministres de l’histoire du Sénégal est celui qui a été le plus maltraité…

Et nous n’omettons pas le cas du premier ministre Abdoul Mbaye sous le magistère en cours du président Maky Sall ni celui, sous le President Wade, de la première femme à être premier ministre Mme Madior Mbaye ! 

Le débat reste posé et il a sans doute fort incidemment été ravivé par les récentes propositions de la CNRI qui en recherchant la stabilité de la station ont plutôt produit un effet contraire ; elles ont déclenché une véritable levée de boucliers des partisans de la toute puissance présidentielle du chef de l’Etat.

Alors pourquoi ne pas supprimer tout bonnement le poste comme l’ont proposé récemment des députés de la mouvance présidentielle ?

Au fait, y a t il quelqu’un dans la pirogue pour se souvenir qu’il existe un poste de vice-président qui depuis sa création n’a jamais été pourvu ?

Amadou Moustapha KEBE

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