Les
faits parlent d’eux-mêmes, les cancans alarmants et les circonstances
suffisamment troublantes pour que l’on ne se fasse plus d’illusions : les
jours du premier ministre sont comptés.
La cause peut être que Aminata Toure n’a pas
pu tenir sa promesse, celle d’accélérer la cadence de la réalisation des promesses électorales
du bonhomme président, Maky Sall.
Aminata
Toure ne doit cependant pas trop s’en faire. On ne s’accuse pas d’avoir voulu
bien faire, trop bien faire même, si tant est qu’on pouvait accélérer un moteur
en panne !
On
lui reprochera toutefois d’avoir adopté une attitude contraire à sa nature.
Elle, qui nous avait habitué à des
sorties tonitruantes foulant aux pieds allègrement la réserve que lui imposait
son rang ministériel !
Qu’elle
essuie aussi passivement et sans broncher les piques acerbes de lampistes
nous font finalement penser que tout cela n’était qu’activisme pour être
vizir à la place du vizir.
Mais
toute cette histoire pose et repose la question de l’instabilité chronique de
la fonction primatoriale. Les brouilles entre président et premier ministre
sont si récurrentes dans notre vie politique qu’il y a de quoi y scruter une
tare congénitale ou à tout le moins pister un problème de mode d’emploi.
Sa
disparition de l’armature constitutionnelle de 1962 à 1970 puis de 1983 à 1992,
la première fois pour régler le problème du bicéphalisme entre Senghor et Dia
et la deuxième fois pour recentrer l’action gouvernementale sous Diouf,
montrent que le malaise ne date pas d’aujourd’hui.
Alors
premier ministre ou premier des ministres, ombrelle du président ou sa tête de
turc, fusible tout simplement ?
La
question demeure car traduisant une faille de la loi. La légitimité, elle, n’a
jamais posé de problème car on est premier ministre par la volonté et la
confiance du président mais c’est au fonctionnement que la machine se grippe.
La
question renvoie finalement vers une mésentente chronique entre les
collaborateurs du président et ceux du premier ministre qui peut être due soit
à un souci de préséance à outrance des services du président élu au suffrage
universel ou alors à une impossibilité de s’adapter les uns aux autres.
Seul
les premiers ministres Aguibou Soumare
et Maky Sall sont les seuls à avoir quasiment échappé au lynchage des
faucons du palais sous Abdoulaye Wade…
Dans
une moindre mesure, on peut citer également le premier ministre Abdou Diouf du
Président Senghor dont le principal antagoniste était dans son gouvernement.
Sinon,
le premier ministre Habib Thiam a souffert de Ousmane Tanor Dieng directeur de
cabinet du Président Diouf, le premier ministre Moustapha Niasse a été lessivé
par Idrissa Seck, directeur de cabinet du Président Wade. Le
premier ministre Idrissa Seck de tous les premiers ministres de l’histoire du Sénégal
est celui qui a été le plus maltraité…
Et
nous n’omettons pas le cas du premier ministre Abdoul Mbaye sous le magistère
en cours du président Maky Sall ni celui, sous le President Wade, de la première femme à être premier ministre Mme Madior Mbaye !
Le
débat reste posé et il a sans doute fort incidemment été ravivé par les
récentes propositions de la CNRI qui en recherchant la stabilité de la station
ont plutôt produit un effet contraire ; elles ont déclenché une véritable
levée de boucliers des partisans de la toute puissance présidentielle du chef
de l’Etat.
Alors
pourquoi ne pas supprimer tout bonnement le poste comme l’ont proposé récemment
des députés de la mouvance présidentielle ?
Au
fait, y a t il quelqu’un dans la pirogue pour se souvenir qu’il existe un poste
de vice-président qui depuis sa création n’a jamais été pourvu ?
Amadou Moustapha KEBE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire