dimanche 16 janvier 2011

L'EXEMPLE TUNISIEN !

Le président Ben Ali qui a présidé pendant près d'un quart de siècle aux destinées de la Tunisie a pris la fuite suite aux émeutes qui ont fait écho à l'immolation du jeune Bouazizi.

Si du point de vue musulman, la scène est tout simplement inouïe. N'est ce pas désespérer de la miséricorde divine qui est la suprême aberration, l'apanage des cafres ?

D'un autre, la jeunesse du suicidé révolte car il nous révèle le désarroi de cette frange la plus importante des populations du tiers Monde, les jeunes africains en particulier !

Il ne s'agit pas seulement de la rebuffade extrême d'un pauvre marchand ambulant tunisien contre la saisie de ses marchandises acquises - on ne sait trop comment mais on le devine péniblement -comme ses homologues sénégalais il y a quelques années auparavant.

Comment oublier le concert de frêles pirogues à bord desquelles des milliers de jeunes africains, comme s'ils s'étaient donnés le mot, sont partis à l'assaut du mirage de l'eldorado européen, y laissant qui leurs vies, qui leur intégrité physique et/ou morale ?

En vérité, la situation africaine est étrange ! Pendant que la majorité de sa population est constituée de creve-la-faim, l'Afrique a réussi la prouesse d'organiser en l'espace de 06 mois deux évènements mondiaux : la Coupe du Monde de Football et le Festival Mondial des Arts Nègres.

Cependant que dans chaque pays africain pris isolement la majorité de la population se vautre dans la pauvreté, les restaurants chics prolifèrent et sont pleins à craquer, jamais il n'a circulé sur les routes des voitures aussi luxueuses, ni construit autant de belles maisons et routes aussi belles... la question qu'on doit se poser est bien comment la luxure d'une minorité peut elle s'accommoder avec tant de désinvolture avec la pauvreté crasse du plus grand nombre ? Sans doute qu'il va falloir plus que des psychologues, sociologues et économistes pour diagnostiquer cette pathologie.

L'immolation du jeune Bouazizi s'agit donc, bien plus, de l'expression d'un ras le bol, celle d'un mal être de la majorité de moins en moins accepté !

Et ce d'autant plus que l'on ne fait plus cas de la responsabilité divine en la matière ; en effet, il n'est plus question, de plus en plus, de rejeter sur Dieu la responsabilité de nos malheurs. Le malheur de la majorité des africains vient d'une minorité d'africains à travers lesquels, malheureusement, l'Afrique est jugée et donc mal comprise !

Des lors la fuite du Président Ben Ali qui est pourtant crédité d'un excellent bilan économique, je dirais économiste, nous enseigne plein de choses et non pas inciter à la réflexion, occurrence qui à force d'être ressassée à tout bout de champ, a fini de lasser.

Il faut réciter les leçons si tant est qu'elles ont été sues.

L'une d'elles, c'est qu'il faut une redistribution plus équitable des richesses nationales à tous les échelons de la société.
Cela suppose des reformes hardies- inéluctables de toutes façons - en vue d'assurer à la majorité, au moins, des conditions d'une vie digne.

Une autre, c'est l'établissement d'un État de droit, la consécration définitive de la primauté de la loi qui se décline aussi bien par l'égalité des citoyens dans les faits que par son application objective et impartiale.

Une autre encore procède du constat de la ruine d'une certaine conception du progrès économique. Car c'est l'une des économies africaines les plus performantes, la Tunisie, qui est concernée.

Car malgré les sempiternels avertissements des spécialistes sur les limites réelles des agrégats, les dirigeants politiques n'en ont jamais cure : le revenu national, le produit national brut et tutti quanti ne suffisent point à mesurer la dignité humaine que préserve un niveau de vie correct et qui détermine essentiellement le culte du travail bien fait.

Donc les gouvernements seraient bien inspirés de revoir leurs copies. L'effondrement de la Tunisie est une alerte, malheureusement, à grand frais. Mais quand les peuples sont sous pression, un bouc émissaire est vite trouvé et ce sont les équilibres, fragiles par nature, qui sont rompus.

Les dirigeants sénégalais sont particulièrement interpellés. Eux qui depuis bientôt 20 ans ne font que ressasser des chiffres devant une population dont la majorité est complètement désabusée parce que tout bêtement, la santé, l'éducation, le logement décent, la bonne nourriture, l'électricité sont de plus en plus hors de leur portée ! Ne parlons même pas de l'emploi car c'est le socle basique du progrès et de la sécurité de toute société !

Thierno Demba SY

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