lundi 24 janvier 2011

AH OUI ? MAIS NON !

Les débats ont toujours jalonné l’aventure humaine. Certains ont traversé les siècles et les contrées sans trouver des réponses consensuelles. C’est donc dire que jusqu’au moment où ces lignes sont écrites, la lumière n’a pas encore jailli des discussions dont ils ont fait l’objet et l’homme a choisi de façon accommodante de les ranger sous la rubrique des querelles théologiques.

Nous pouvons en indiquer quelques unes parmi les plus célèbres, le débat sur l’antériorité de la poule et de l’œuf, le débat sur le sexe des anges sans oublier celui portant sur la véritable identité du fils d’Abraham destiné à être immolé au nom du Dieu…etc.

Mais il en est une qui me tient particulièrement à cœur ; il s’agit du débat sur le fond et la forme qui se transpose tout aussi bien dans les termes apparence et vérité ou bien existence et essence…

La forme n’a pas besoin d’être définie tant elle est évidente, c’est l’impression ou l’aspect qui s’offre à l’esprit ou à la vue, entre autres sens, de prime abord ou en première lecture.

Qu’a-t-on besoin d’aller au fond des choses pour distinguer l’homme d’un hippopotame ?

La première impression est souventes fois qualifiée de bonne parce que l’on croit, volontiers, qu’il n’est pas besoin de nier l’évidence qui a le suprême don de faire l’unanimité. Plus, n’a-t-elle pas la qualité d’imposer sa conduite à son contenu, à tout contenu ? Il ne peut y avoir de vérité hors de la permanence, de l’éternité !

On éprouve, par contre, beaucoup plus de difficultés à saisir le fond des choses. Elle ne s’offre pas d’elle-même et il faut aller la chercher au-delà, c’est le cas de le dire, du bon sens qui est la chose la mieux partagée. C’est, en d’autres termes, recourir à l’avis de plus avisé que soi pour la manifestation du vrai sens des choses ou tout simplement de la vérité. Le vrai sens ou la vraie nature des choses qui peut se montrer rebelle, également, à cause d’un jugement biaisé.

Et si la fin du débat ne résidait-elle pas, en fait et en toute humilité, dans le secret du Petit Prince : "on ne voit qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ?"

L’oiseau de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit. Et quoi qu’il en soit de ce débat, les disputes qui s’invitent sur l’opportunité de la tenue du Fesman ou encore de l’érection du monument de la Renaissance africaine campent bien les aspects d’une vraie querelle théologique, ….

Si l’on devait invoquer les problèmes économiques des pays africains à tout bout de champ, pourquoi accepter, alors, qu’ils continuent d’organiser des compétitions de football ?
Oui, depuis 80 ans que la coupe du monde de football existe, qu’est-ce que l’Afrique a gagné en football sur le plan mondial ? Nous concéderions volontiers que les frais exorbitants engagés dans l’organisation de la coupe d’Afrique des nations et le versement des primes aux joueurs et dans la préparation des sélections nationales qualifiées aux phases finales de la Coupe du Monde auraient davantage servi à améliorer le quotidien douloureux des peuples. Et cela est valable dans d’autres domaines.

Avouons qu’en suivant cette logique jusqu’au bout, les Africains risqueraient d’être tout bonnement exclus du monde et de donner ainsi raison à des gens comme Pierre Gaxotte, membre de l’Académie Française, qui proclamait que l’Afrique n’est pas une partie historique du monde ou à un certain Nicolas Sarkozy pour lequel le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire.

L’objet n’est pas tant pour nous de trancher le débat, ce qui serait une prétention inqualifiable, car outre que le constat d’une diversité d’opinions sur un sujet donné procure énormément de joie, il n’en reste pas moins que tout débat sur un événement cultuel est forcement réducteur…. du facteur culturel.

La culture qui est non pas retourner à l’état sauvage, mais exactement le fait de creuser pour bâtir sur son propre fonds, selon les mots de Claude McKey.

Donc, des manifestations du genre du Fesman comme des monuments du style de celui de la Renaissance, le monde en aura sans doute encore besoin. Et ce pour la bonne et simple raison que si le monde par le passé en a eu besoin, on ne voit pas de raison qu’il n’en ait pas besoin au présent tout comme il est permis de se demander au nom de quoi il n’en aurait pas besoin dans le futur.

Mieux, il me semble, en toute franchise, qu’il faut tirer son chapeau au Sénégal pour avoir entrepris de relever un tel challenge d’ériger un monument de la Renaissance africaine et de rallumer le flambeau du Fesman qui sont des œuvres qui ne cesseront d’interpeler les jeunes Africains, j’en reste persuadé.

Cheikh Mbacke Dieye

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