dimanche 24 octobre 2010

DE LA PASSION DE L'HISTOIRE

L’histoire, sans conteste, continuera pendant encore longtemps de passionner les hommes. Sommes-nous, à ce point, friands de ses ‘’enseignements’’ ou redoutons-nous ses répétitions sous forme de tragédie ou de farce ?

Les faits, les personnes, les choses et les animaux qu'elle contribue à ressusciter ne cessent de faire l’objet de nombreuses controverses et de fonder des opinions diverses, mais aussi l’immensité de son objet a favorisé l’essaimage de moult disciplines qui lui confèrent aujourd’hui le titre de science à part entière.

Aussi bien en tant que système de traçabilité de l’homme à travers le récit des faits passés que matière à prospective de l’évolution humaine, toujours est-il qu’on ne peut compter le nombre de penseurs, sans parler des autres aventuriers motivés sans doute autrement, qui se sont mis à la recherche de son véritable moteur, du principe ou des principes qui seraient à la base de l’histoire.

A la recherche de la corrélation entre nature, espace, temps et mouvement ?
Pour théoriser la continuité humaine ou sociale ou bien encore de la vie tout simplement ?

Devant cette foule de questions, l’esprit profane comme le mien est à priori désarçonné… par conséquent, il ne peut se livrer qu’à des élucubrations, des élucubrations d’un troubadour, qui sont quand même des invites ou mieux des interpellations à l’endroit des historiens. Parce qu’en la matière, une question demeure, à savoir qui est habilité à mener ces recherches ?

Elle déborde ainsi largement de son cadre traditionnel de reconstitution des faits passés pour entreprendre un chantier hardi qui consiste à modéliser le futur à partir du passé, à faire de la prospective.

C’est qu’elle est encouragée dans cette perspective par des avis d’esprits autorisés qui tel Keynes, en historiciste avant la lettre, présente l’histoire à la fois comme une branche transversale et outil d’analyse scientifique plus qu’utile dans la maitrise de toute activité humaine, de toutes les autres sciences. La Bruyère est sans doute allé beaucoup plus loin, lui qui proclame avec emphase que tout est déjà dit, qu'on est venu trop tard. Si bien qu’à suivre ce docte esprit, il s’agit de fouiller dans le passé des hommes pour trouver les solutions à nos problèmes modernes.

Il en est qui se sont joyeusement plantés dans leur tentative d’esquisser le futur de l’homme tel Berthelot qui imaginait, en l’an 2000, un monde où le problème de l’existence par la culture du sol aura été supprimé par la chimie. Dans ce monde sans pâtres, ni laboureurs, chacun emportera pour se nourrir sa petite tablette azotée, sa petite motte de matière grasse, son petit morceau de sucre ou de fécule, un petit flacon d’épices aromatiques, accommodés à son goût personnel…. Et pour cause ? En l’an 2000, plus de deux milliards d’individus ne mangent pas à leur faim.

En tout état de cause, l’histoire nous offre des perles, telle cette similitude troublante entre les mythes romains/grecs et les récits rapportés dans les livres des religions révélées, la Bible et le Coran. Dans la représentation de l’enfer (Purgatoire) et du paradis (Elysée) comme dans celle du Dieu suprême (Zeus/Jupiter), les mythes gréco-romains et les récits judéo-islamo-chrétien ne divergent point grandement. Bien plus, certains mythes s’avèrent des métaphores de certains récits religieux… des présentations déformées, tout au plus. On a bien raison de se demander si les dieux grecs ne sont pas basés sur la Bible ?

Nous ne pouvons qu’acquiescer à l’exhaustivité du colonel J. Garnier dans son livre "Le culte des morts" : “Non seulement les Égyptiens, les Chaldéens, les Phéniciens, les Grecs et les Romains, mais encore les hindous, les bouddhistes de la Chine et du Tibet, les Goths, les Anglo-Saxons, les druides, les Mexicains et les Péruviens, les aborigènes d’Australie et même les sauvages des îles du Pacifique, ont emprunté leurs conceptions religieuses à la même source, au même centre. On relève partout une similitude troublante dans les rites, les cérémonies, les coutumes et les traditions, ainsi que dans les noms et les relations entre leurs dieux et leurs déesses.”

Il en est de même des leçons de morale découlant des fables de l’antiquité gréco-romaine rapportées par La Fontaine qui se retrouvent dans des versions comparables à tous points de vue dans les proverbes africains…

Par ailleurs, les historiens ont mis en exergue de nombreux principes historiques pour appréhender la roue de l’histoire, son moteur. Nous croyons qu’ils peuvent tous être ramenés aux concepts globaux de l’or et de l’amour. Nous n’oublions pas la guerre ou si l’on veut encore la thèse de la lutte des classes théorisée avec maestria par l’esprit fertile de Karl Marx. Mais il nous semble bien qu’elles se retrouvent toutes deux dans les principes ci-dessus. En effet, à admettre que la guerre ou la lutte des classes est, à l’endroit, une quête de domination sur autrui et à l’envers, un recouvrement de liberté, leur motivation n’en fait pas moins ressortir un rapport de force imputable à un quelconque antagonisme entre oppresseur et opprimé, entre possédant et spolié ou exploiteur et exploité qui ne déroge point, fondamentalement, aux concepts susvisés.

L’or, bien entendu, tient le haut du pavé. Il désigne la fortune en général, la recherche d’un avenir plus radieux, l’appât du gain ou recherche du profit. Symbole de la prospérité, il est à la base de la constitution et l’expansion des royaumes de jadis, il est une motivation prééminente dans la plupart des activités humaines ; à travers le ‘’phénomène des ruées vers l’or ‘‘et consorts, il est la cause des grands mouvements de populations ayant abouti au peuplement de nouvelles contrées mais bien plus de l’émigration de notre époque.

L’amour ne se conçoit tout simplement pas sans la femme. Source de motivation, mais aussi de perdition…Il n’est que de le demander à Samson… Des anecdotes à la pelle dont une très belle à ce sujet, celle qui dit que le nez de Cléopâtre aurait été moins long (ou plus court, c’est selon) que la face du monde en aurait été changé à jamais…. Quid de celle-là qui rapporte que derrière chaque grand homme se cache une grande femme ?

L’or et l’amour suffisent grandement à embrasser la réalité de la presque totalité des faits historiques. Nous pouvons nous suffire à ce propos de l’histoire du prophète-roi David (paix et salut sur lui). Lequel eut à organiser, au crépuscule de sa vie, un concours entre ses nombreux héritiers postulants au don de la prophétie en leur posant une série de questions dont les deux suivantes :
Qu’est-ce que l’homme (femme) désire le plus dans ce monde ?
Qu’est-ce qui est meilleur pour l’homme (femme) ici bas ?
Les réponses se passent de commentaires: il s’agit de l’or et de la bonne épouse (bon époux).

Néanmoins, quand bien même ils apparaissent comme des instruments pertinents d’analyse des faits historiques, on peut douter de leur universalité. Leur limite apparait très rapidement quand il s’agit de faire la lumière sur les faits religieux, de saisir leur influence, qui fut toujours décisive, dans l’évolution du monde. Mais c’est là une toute autre histoire qui démontre que la quête est loin de prendre fin dans la difficile entreprise de formaliser l’histoire.

Cheikh Omar Ndiaye
cilpdak@yahoo.fr
cilpdak.blogspot.com

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