mercredi 17 novembre 2010

VERITES ELECTORALES D'AILLEURS...

Les élections en Guinée voisine nous ont préoccupés à juste titre. Elles nous ont concernés, en tout cas, plus que celles de la Côte d’Ivoire. Malgré le fait que le Sénégal partage beaucoup plus d’affinités économiques avec la Côte d’ivoire – notamment dans le cadre de l’UEMOA - et que donc ses résultats électoraux son plus susceptibles d’impacter relativement notre vécu quotidien, c’est qu’en vérité, le Sénégal et la Guinée ne font qu’un, au vu de la presque similitude de leur peuplement induite par une même histoire et la géographie. Des liens pluriséculaires que, à l’évidence, la frontière arbitraire du colon encore moins les divergences politiques ponctuelles des dirigeants respectifs des deux pays n’ont pas réussi à altérer.


Nous croyions que ces élections guinéennes de par leur durée anormale, et l’irruption extravagante de la donne ethnique dans le scrutin, avait fini de capter toute l’attention des Africains soucieux de l’avenir de la démocratie sur le continent noir. Et par conséquent, c’est avec une grande et double joie que la victoire d'Alpha Condé est accueillie et saluée par l’ensemble des démocrates africains et de leurs sympathisants, si bien évidemment la Cour Suprême de Guinée entérinait - ce qui ne sera qu’une simple formalité - les résultats provisoires proclamés par la Commission Electorale Nationale Indépendante dont la direction confiée à un général malien dénote à quel point la société guinéenne en est arrivée à manquer de confiance en elle-même.


La première joie, objective celle-là, est de constater que cette société guinéenne a pu se défaire, au mépris des calculs politiciens, de l’ethnicisme en ce sens que le candidat défait, Mamadou Dalein Diallo, aura bâti toute sa stratégie électorale sur son appartenance identitaire, souvent à son corps défendant. Et que sa défaite, si l’on peut parler ainsi, c’est tout simplement la défaite de son équipe de campagne fort peu inspirée et de ses congénères excessifs. Considérer autrement sa défaite, en la présentant notamment comme une défaite de son groupe contre les autres groupes ethniques guinéens, est tout simplement machiavélique, tant il est clair que les groupes ethniques ne sont plus, de nos jours, aussi homogènes qu’on le croit. L’issue du scrutin guinéen en administre la preuve définitive pour qui en douterait encore.

C’est une belle illustration de ce qu’il ne faut point faire, de ce qu’il ne faut plus faire désormais, plutôt, partout ailleurs en Afrique. Le Président Gbagbo et son challenger Alassane Ouattara, protagonistes du second tour de scrutin en Côte d’Ivoire, sont les bénéficiaires immédiats de cet enseignement majeur qui n’en constitue pas moins un avertissement solennel gracieux à l’endroit d’un certain candidat déclaré à la prochaine présidentielle sénégalaise de 2012.

La deuxième joie, subjective celle-là, est pour le candidat Alpha Condé déclaré gagnant du scrutin. Le choix porté sur sa personne traduit une rencontre heureuse, c’est fort rare pour être souligné, entre légitimité historique et légalité constitutionnelle que seule la conviction peut sceller. Un aboutissement de rêve et une non moins très belle fin de carrière pour cet opposant pur et dur qui a toujours refusé compromission, pactisation et transaction avec tout pouvoir en place. Qui consolide la foi en la pertinence de l’option de la conquête du pouvoir par la voie des urnes.

Au nom de son combat, nous lui souhaitons de mettre à profit son mandat, un seul et unique mandat tout de même si la raison ne le déserte pas dans les couloirs du pouvoir, pour ancrer définitivement la démocratie en terre guinéenne. A son âge, nous lui présumons assez de recul pour ne pas tomber dans le piège d’une gestion solitaire de cette période de transition délicate, pour son pays et pour ses compatriotes, à laquelle s’identifie intimement son mandat. C’est le moindre bien que la Guinée et les Guinéens méritent et que leurs frères et sœurs sénégalais, africains et démocrates du monde entier sont en droit d’attendre de leur nouveau président Alpa Conde !

Gabriel SOUKOUNA cilpdak.blogspot.com cilpdak@yahoo.fr

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