samedi 31 décembre 2011

BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2012 !

   Une Nouvelle Année !   


Nouvelle vie ? 


Nouvelle prespective ?


Une nouvelle année, c'est sans doute tout cela...


Mais c'est aussi une opportunité de nous reformer, de faire un bilan de notre exercice, notre existence, notre vie.... 

pour repartir à l'assaut avec un entrain renouvelé sur de nouvelles bonnes resolutions...citius, altius, fortius...


Mieux faire, Mieux être et Mieux sentir est la devise, le challenge qui vaille...

Amadou Hampathé Bâ nous dit : "quand l'enfant nait, son premier reflexe est de pleurer....il a raison...car il est plus difficile de vivre que de mourir..."


Alors Bonne et Heureuse Année à tous !

PENSEE DU JOUR

« Pour vivre, je ne dis pas heureux (ce but est une illusion funeste), mais tranquille, il faut se créer en dehors de l'existence visible, commune et générale à tous, une autre exigence interne et inaccessible à ce qui rentre dans le domaine du contingent, comme disent les philosophes.

Heureux les gens qui ont passé leurs jours à piquer des insectes sur des feuilles de liège ou à contempler avec une loupe les médailles rouillées des empereurs romains ! Quand il se mêle à cela un peu de poésie ou d'entrain, on doit remercier le ciel de vous avoir fait ainsi naître. »


vendredi 23 décembre 2011

A LA QUETE DU BONHEUR.....

L’homme a beau poursuivre plusieurs objectifs dans sa vie mais, en réalité, il ne recherche qu’une seule et même chose, le bonheur.

Et donc ces objectifs poursuivis ne sont que des instruments pour atteindre le bonheur qui est ainsi le but ultime de toute vie.

La majorité des hommes, cela va de soi, pense que la richesse matérielle est l’instrument de loin le plus important.

Cependant, au vu de la réprobation morale que le matériel suscite, il nous semble bien que l’on est en présence plutôt d’un raccourci commode à la fois permissif et libertin.

Il faut ajouter que le matériel n’est pas le seul instrument décrié, il partage ce triste sort avec d’autres tel que la drogue, par exemple.

Mais un instrument semble cependant faire l’unanimité, c’est la sagesse.

Epicure professait déjà, trois siècles avant notre ère, qu’il était impossible d’être heureux sans être sage.

Or la sagesse est presque partout perçue comme un renoncement aux futilités qui nous ont sorti des sentiers du bonheur ou alors un délestage de notre fardeau pour nous rendre plus alertes à retrouver et regagner nos pénates heureux.

C’est que le bonheur est forcement une position perdue. Autrement nous serions en flagrant délire utopiste.

Il est notre condition originelle, notre ambiance naturelle de l’état fœtal à la tendre enfance. Ne sommes nous pas nés naturellement bons ?

C’est peut être là le sens du symbolisme africain qui rend la sagesse par les trois statuts du sourd, de l’aveugle et du muet.

Ailleurs, nous pouvons également remarquer dans la tradition sino-nipponne notamment un symbolisme très voisin. On l’y évoque, en effet, par les trois singes Misaru(l’aveugle), Mikasaru (le sourd) et Masaru (le muet).

Ici et là, la sagesse se rapporterait ainsi à trois organes primordiaux qui conditionnent grandement la sociabilité de l’homme : la vue, la parole et l’ouïe.

Les multiples implications dialectiques auxquelles se prête ce rapport restent toujours naturellement à la mesure de la complexité de la recherche du bonheur…

En tout état de cause, la réflexion sur la sagesse et partant sur le bonheur est plus que jamais une « open-question ».

Pour notre part, aussi bien la sagesse que le bonheur ne doivent être sujets à un quelconque prêt-à-porter spirituel qui tend à élaborer des étapes pour la sagesse et le bonheur.

Acquérir la sagesse pour tendre vers le bonheur est une aventure humaine qui veut déchiffrer le mystere qui entoure le sens de l’existence et de la vie.

Cette aventure ne peut donc qu’être personnelle puisqu’elle obéit à plusieurs facteurs déterminants d’ordre spatio-temporel et culturel.

Et l’âge du capitaine dans tout cela ?

Et si sagesse et bonheur n’étaient que les faces d’une seule médaille ?

Et s’ils ne valaient que pour leur recherche ?

Le spirituel, à lui tout seul, ne nourrit pas son homme, en effet.

Ibrahima Gueye

PENSEE DE LA SEMAINE


"Dans tout ce que nous entreprenons, et quel que soit le domaine, matériel ou spirituel, ce qui compte ce sont nos efforts. Le Ciel ne considère jamais le succès, mais seulement les efforts.

Le succès, c’est Lui qui en décide, car tout ce que nous faisons s’inscrit dans un ensemble et doit donc servir les plans de Dieu, être en accord avec eux ; et peut-être n’est-il pas du tout prévu que les projets auxquels nous sommes en train de travailler se réalisent comme nous le souhaitons. Seuls les efforts nous appartiennent, pas la réussite.

Laissez donc les êtres d’en haut décider du moment où vos efforts seront couronnés de succès. Quoi qu’il arrive, vous devez vous dire : « Pour l’instant, c’est vrai, mon travail ne donne pas tellement de résultats visibles, tangibles, mais en réalité je sais qu’aujourd’hui déjà il porte des fruits. »

Même si on ne les voit pas, il y a toujours des résultats dans votre cœur et dans votre âme. Rien ne reste inerte ou stagnant."

mardi 20 décembre 2011

AVEC TOUS MES VOEUX !

Il est parfois des textes qui sonnent juste, car ils font vibrer notre âme et notre cœur, et réveiller l'homme de bien qui sommeille en nous. Ce poème est célèbre, il a influencé tant de lecteurs! Certains n'en mémorisent qu'une phrase, d'autres l'utilisent comme guide de vie. Vous en avez peut-être déjà entendu parler, mais l'avez-vous vraiment lu ? Lisez-le et ressentez-le. Je suis sûr que vous en retiendrez quelque chose et ...


Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

Kipling

vendredi 2 décembre 2011

ADIEUX A DJIBO, NIASSE,TANOR ET AU PS

Le brave Ousmane Tanor Dieng doit bien songer maintenant à porter en terre le cadavre du monstre agonisant qui vient de rendre son dernier souffle, hier, 1er décembre 2011 et qu’il a porté, vaille que vaille, sur ses frêles épaules pendant plus d’une décennie.
L’impossibilité de Benno Siggil Sénégal à parvenir à choisir un candidat unique à la prochaine présidentielle est l’acte officiel de décès du parti socialiste.
Me Wade a sans doute raison de rappeler que l’on ne doit pas tirer sur une ambulance mais il devrait bien se garder de rire car il doit tout, absolument tout au PS… Oui, non seulement il a été bénéficiaire de la longue agonie du parti socialiste mais encore ce sera indubitablement son parti ou sa postérité pro-libérale qui profitera de la mort de ce parti.
Mais Ousmane Tanor Dieng n’est pas le seul à qui on devrait présenter les condoléances car le parti socialiste est bien mort des suites des coups et blessures volontaires portés dans l’intention de donner la mort par Djibo Ka et Moustapha Niasse.
Car on ne comprend pas que Niasse, hier et Djibo, aujourd’hui aient pu être à ce point inconscients de la stratégie d’isolement et de caporalisation ourdie à leur égard par les forces ennemies…
Seulement, on pourrait considérer ces coups et blessures comme les causes lointaines de la mort à côté des causes immédiates, les circonstances aggravantes si l’on veut, qui consistent dans les choix hasardeux, qui peuvent se résumer par immaturité politique, de Ousmane Tanor Dieng.
Les partisans de Moustapha Niasse n’ont pas ainsi raison de voir dans la cooptation de leur mentor par la majorité des partis de Benno comme le verdict final du combat de leur mentor contre Ousmane Tanor Dieng pour hériter du Parti socialiste.
Et ce n’est pas également Djibo Ka qui devrait pavoiser lui qui pas plus d’une semaine auparavant se gardait bien de choisir entre Tanor et Niasse…
Pas plus que nous ne comprenons pas que Ousmane Tanor Dieng ait pu tomber dans le piège au regard de son flegme légendaire pour livrer avec une naïveté aussi criarde le parti socialiste ou ce qu’il en reste, poings et pieds liés, à l’ennemi !
Le parti socialiste est mort dans le salon de Dansokho, qui plus est ! Ce sont Djibo, Niasse et Tanor qui perdent la face… Tant pis pour les vaincus, ils méritent leur sort !
Dansokho et Bathily, à l’instar de beaucoup de politicaillons, peuvent bien rire sous cape … si seulement rire d’un mort n’allait pas dans le sens contraire de la morale et de l’intelligence !
D’ailleurs dans la religion musulmane, l’une des pires damnations est réservée justement à ceux qui rient pendant les obsèques ou dans les cimetières.
Mais convenons-en les athées, les communistes et autres adeptes du socialisme dialectique ou scientifique, n’en ont cure…
Au même titre que les grands bandits repentis, les voleurs blanchis avec complaisance ou encore les hyènes qui veulent passer pour des lions…
Après l’enterrement du parti socialiste de Senghor et de Diouf, la vie continue.
L’idéal social démocrate doit bien ressusciter dans notre pays.
Avec de nouveaux hommes... C’est la sanction de l’histoire…
Hamidou DABO

vendredi 18 novembre 2011

OUI, INDIGNONS NOUS !

Les raisons de s’indigner, cher Monsieur Stéphane Hessel, de notre monde qui vient d’enregistrer la naissance symbolique du septième milliard bébé-homme sont en effet très nombreuses.

A force d'être excessif, l'homme a fini par être insignifiant ... au point de se compter de façon si éperdue....

Nous sommes désormais plus de 7 milliards d'hommes et de femmes éparpillés sur les 510 millions de km2 de la planète Terre. Cela donne une densité de 45 personnes au kilomètre-carré sur la terre ferme. C’est dire que notre monde n’est en aucune manière surpeuplé et que les tensions sur les réserves sont logiquement bien supportables.

Oui logiquement. Car il y a bien longtemps que notre monde ne suit plus la pente de la logique. Pour être plus simple, nos enfants nous collent avec une question dont la réponse nous a toujours paru évidente : la logique, c’est quoi ?

Bref, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, notre monde nous offre la peinture achevée d’un vrai capharnaüm d’objets, d’hommes plutôt, disparates, sans aucun liant et surtout sans aucun lien.

L’homme n’est-il pas de trop dans l’Univers ?
Certainement pas…puisque la Terre est la seule planète habitable de notre galaxie.
L’homme mérite-t-il l’Univers ?
Sans doute que oui puisque le Maitre de la Création en a fait son vicaire sur Terre…

Alors d’ou vient-il que l’on s’indigne ?

Eh bien, nous nous indignons parce que hommes, femmes et enfants sont :
- de plus en plus nombreux à se coucher le soir avec le ventre vide…
- de plus en plus nombreux à ne pas avoir accès à l’eau potable…
- de plus en plus nombreux à ne pas avoir accès à des soins médicaux convenables...
- de plus en plus nombreux à ne pas avoir accès à l’école.

Ainsi, de plus en plus nombreux à être mal nourris, mal logés, mal habillés, mal soignés et mal éduqués... la majorité des hommes de notre planète n’a tout simplement pas le choix de ne pas ETRE MAL.

Elle est juste obligée de subir son MAL VIVRE et de vivre son MAL ETRE.

Cruel monde qui ne reflète aucun idéal de vie où une minorité opulente se préoccupe peu en fin de compte des conditions de vie de la majorité…
Cruel monde dont la structure fait l’apothéose de la loi de la jungle, la loi du plus fort…

Cruel monde dont les propositions de sortie de la crise sont jugées utopistes…
Mais il semble bien que la racine-mère de notre indignation provient de l’absence de vision sur la vie ou alors de l’ignorance par l’homme du sens de sa présence sur Terre.

Oui, la vraie raison de s’indigner tient à ce qu’en près de six mille ans de présence sur terre, aucun homme n’est encore en mesure de révéler le sens de la vie sur terre.

Qu’est-ce à dire...  sinon…

Ce n’est pas demain la veille d’un monde reposé, encore moins pour l’homme, la femme et l’enfant….

Souleymane SIKILIBA

dimanche 13 novembre 2011

CHRIS REA / BLUE CAFE

My world is miles of endless roads
That leaves a trail of broken dreams
Where have you been
I hear you say?
I will meet you at the Blue Cafe
Because, this is where the one who knows
Meets the one who does not care
The cards of fate
The older shows
To the younger one, who dares to take
The chance of no return
Where have you been?
Where are you going to?
I want to know what is new
I want to go with you
What have you seen?
What do you know that is new?
Where are you going to?
Because I want to go with you

So meet me down at the Blue Cafe

The cost is great, the price is high
Take all you know, and say goodbye
Your innocence, inexperience
Mean nothing now

Because, this is where the one who knows
Meets the one that does not care
Where have you been?
I hear you say
I'll meet you at the Blue Cafe

So meet me at the Blue Cafe...

lundi 7 novembre 2011

LE DERNIER SERMON DE MOHAMED, SCEAU DES PROPHETES



Ô Peuple, écoutez-moi attentivement, car je ne sais pas si, après cette année-ci, je serai encore parmi vous.


Donc écoutez, ce que je vous dis avec beaucoup d'attention et RAPPORTEZ CE MESSAGE A CEUX QUI NE PEUVENT ETRE PRESENTS ICI AUJOURD'HUI.


Ô Peuple, tout comme vous considérez ce Mois, ce Jour, cette Cité comme Sacrés, considérez aussi la vie et les biens de chaque Musulman comme Sacrés.


Retournez à leurs légitimes propriétaires les biens qui vous ont été confiés. Ne blessez personne afin que personne ne puisse vous blesser.


Souvenez-vous qu'en vérité vous rencontrerez votre SEIGNEUR et qu'effectivement il vous demandera compte de vos actes.


ALLAH vous a défendu de pratiquer l'usure (de prendre de l'Intérêt), donc l'obligation d'intérêt sera dorénavant abolie.


Méfiez-vous de Satan, pour le salut de votre religion. Il a perdu tout espoir de ne pouvoir jamais vous induire à commettre les grands péchés, méfiez-vous donc à ne pas le suivre en ce qui concerne les petits pêchés.


Ô Peuple, il est vrai que vous avez certains droits à l'égard de vos femmes, mais elles aussi ont des droits sur vous. Si elles se soumettent à vous, alors à elles appartiennent le droit d'être nourries et habillées convenablement. Traitez donc bien vos femmes et soyez gentils envers elles car elles sont vos partenaires. Et il est de votre droit de vous assurer qu'elles choisissent leurs amies avec votre approbation, aussi bien que de ne jamais commettre l'adultère.


Ô Peuple, écoutez-moi bien, adorez ALLAH, faites vos cinq prières (Salah) quotidiennes.


Jeûnez pendant le mois de Ramadhan, et donnez votre richesse en Zakât.


Accomplissez, le Hadj si vous en avez les moyens.


Vous savez que chaque musulman est le frère d'un autre musulman.


Vous êtes tous égaux. Aucune personne n'est supérieure à une autre, excepté en piété et en bonne action.


Souvenez-vous, un jour vous vous présenterez devant ALLAH et vous répondrez de vos actes.


Donc, prenez garde, ne vous écartez pas du droit chemin après ma mort.


Ô Peuple, AUCUN PROPHETE OU APÔTRE NE VIENDRA APRES MOI ET AUCUNE NOUVELLE FOI NAITRA.


Raisonnez bien, donc, Ô Peuple, et comprenez bien les mots que je vous transmets. Je laisse derrière moi deux choses, LE CORAN et mon exemple LA SOUNNAH, et si vous les suivez, vous ne vous égarerez jamais.


Que tous ceux qui m'écoutent transmettent ce message à d'autres et ceux-là à d'autres encore ; et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m'écoutent directement.


Sois témoin Ô ALLAH, que j'ai transmis Ton message à Ton Peuple."


Sermon du Prophète Muhammad (Salallahu 'alayi wa salam) fait le neuvième jour de Dhoul Hidja, en l'an 10 de l'Hégire (632 de l'ère chrétienne ) dans la vallée Uranah du Mont ‘Arafat.

jeudi 3 novembre 2011

Si l'Enfer existe, il est peut-être en Afrique


Le continent africain est l’un des continents les plus religieux, sinon le plus religieux de notre planète. Et pourtant, il est également celui qui ressemble le plus à notre représentation psychique de l’Enfer. Tout est éternellement chaotique et différent de ce qui ce fait ailleurs dans le monde. Epidémie du Sida due à nos irresponsabilités, corruption et guerre civile banalisées, espérance de vie critique. 

La seule chose que nous respectons encore et que nous nous appliquons à bien faire reste la religion. Jomo Kenyatta disait à peu près ceci : «Les Blancs sont venus en Afrique. Ils avaient la religion, et nous, on avait la terre. Nous nous sommes mis à prier leur Dieu, les yeux fermés. Lorsque nous les avons ouverts, ils s’étaient emparés de nos terres, et nous avons continué à prier leur Dieu».

Lorsqu’on arrive en Afrique, ce qui frappe le plus, c’est le sentiment de chaos, de désordre et de désorganisation, ou «d’organisation à l’africaine». C’est-à-dire, l’impression d’une absence de règles et d’ordre généralisée. L’Etat est tellement discrédité qu’il semble totalement inexistant. Partout dans le monde, les piétons se sentent en sécurité sur les trottoirs. 

En Afrique et en particulier en Côte d’Ivoire, c’est le contraire. Les véhicules circulent à tout moment sur les trottoirs et de surcroît, devant les forces de l’ordre qui ne pensent qu’à leur soutirer de l’argent, qu’ils soient en infraction ou pas. La plupart des voitures en circulation, notamment les taxis, sont dans un état de délabrement très grave. Certains n’ont pas de feux de signalisation ni de frein. 

Plus hallucinant encore, d’autres circulent avec le réservoir d’essence fermé à l’aide d’un morceau de tissu qui finit par être imbibé d’essence et dégouline sur la carrosserie. Quelquefois, c’est la ceinture de sécurité qui est défectueuse depuis plusieurs années, ou les pneus qui sont complètement usés, ou encore des fuites d’eau permanentes du radiateur qui engendrent une surchauffe du moteur. 

Pire encore, en pleine circulation, ces épaves roulantes vous lâchent. Mais le comble dans cet enfer, c’est que ce sont les clients qui sont obligés de les pousser pour tenter de les faire redémarrer. Tant pis pour ces derniers qui n’ont pas d’autres choix que de subir cet enfer. Nos routes sont truffées de «cratères» géants qui sont à l’origine de nombreux accidents mortels. Pour accentuer ce chaos, ces taxis klaxonnent à longueur de journée à la recherche de clients, sans se soucier des nuisances sonores. 

Et pour donner l’exemple, certains ministres en retard circulent à contre-sens de la circulation avec leurs escortes qui ouvrent le chemin. Le désordre dans nos pays est tel que les piétons utilisent à leur tour les routes et même les autoroutes avec les véhicules.

En y réfléchissant, cela semble « normal » dans cette logique africaine. Puisque les véhicules circulent sur les trottoirs de manière normale, cela devient alors normal de voir des piétons marcher sur les autoroutes et les routes, sans se soucier pour leur vie. On trouve parfois des commerçants avec des brouettes ou des pousse-pousse chargés de marchandises sur les voies à grande circulation. 

En Afrique, il paraît que « tout ce que Dieu fait est forcément bon ». Alors, si l’on se fait tuer par une voiture alors que l’on marchait sur l’autoroute, ou qu’un taxi renverse un piéton sur le trottoir en voulant éviter un feu rouge ou un embouteillage, c’est donc la volonté de Dieu. Et puisque «tout ce que Dieu fait est forcément bon », alors tout est normal. Ces dix dernières années, les pouvoirs publics ivoiriens pensaient également la même chose de la «volonté» de Dieu. «Tout ce qu’il faisait était bon», et l’Etat n’y pouvait rien, bien sûr.

Lorsque vous êtes malade ou que vous accompagnez un parent malade, il vaut mieux éviter les hôpitaux publics, si vous n’avez pas prévu l’argent destiné à corrompre le personnel soignant pour que l’on s’occupe de vous. Si ce n’est pas le cas et que vous êtes croyant, alors «tout ce que Dieu fera sera forcément bon» et l’Etat n’y sera pour rien, puisque «c’est la volonté divine». Voilà comment on peut voir une femme de 48 ans mourir dans les bras de ses enfants au sein d’un hôpital public, en présence du corps médical qui ne se sent pas concerné par ce décès, dans l’ignorance la plus totale. Mieux encore, personne ne sera responsable, ni ne rendra des comptes à personne. Mais pourquoi rendre des comptes? A qui? Où? Comment? Et dans quel but?

Macaire Dagry (Chroniqueur Politique à Fraternité Matin)

lundi 12 septembre 2011

THE FOUNDATIONS / BUILD ME UP !

POSTERITE ASSUREE !


        
On n’en a plus que pour la candidature de Abdoulaye Wade aux prochaines élections présidentielles, en Février 2012.  
Chaque sénégalais est devenu, à son corps défendant parfois,  un grand juriste au point qu’il est permis de se demander si le Conseil Constitutionnel est vraiment utile… 
Mieux, au train où vont les choses, nous pouvons bien vendre la peau de la Faculté de Droit sans procès…. Et de tous les juristes, avec !
Car c’est l’étalage de l’incurie totale de cette corporation toute entière dans le cadre de ce débat qui est à la base de tout ce désordre.
Perspective peu réjouissante s’il en est que celle de voir les cours et tribunaux dissous, les avocats, les magistrats, les policiers, les gendarmes, les huissiers et les notaires au chômage !
En vérité, si l’inconstitutionnalité de la candidature de Wade est devenue le thème de campagne favori de l’opposition, c’est certainement par défaut…
Car il est incontestable que la virtuosité politicienne de Abdoulaye Wade a fini d’en déconcerter plus d’un.  Comment Abdoulaye Wade est il parvenu à se défaire de la prise mortelle du 23 juin dernier ?
Songeons que la Pointe Sarrene, l’avion de commandement, au plus fort de l’agitation a été sorti de son hangar…Prêt pour l’envol ?
Aux questions légitimes de savoir si Abdoulaye Wade a été béni par les dieux de la politique ou s’il en était un, nous préférons répondre toutefois  que quoi qu’il en soit, il a beaucoup de chance.
Il a la chance, sans aucun doute, d’avoir en face de lui une opposition inorganisée, sans leadership et sans capacité d’anticipation au point qu’elle est obligée de s’arrimer à tout groupuscule, prête à vendre son âme au diable.
Il a la chance d’avoir assuré à jamais sa postérité politique car quoi qu’il advienne, sa progéniture politique est assurée de prendre la relève... Ce sera vraisemblablement un de ses poulains qui assurera la continuité de l’Etat…. Même si c’est au prix d’un coup de pouce amical de la France et des États Unis !
Il a, enfin, eu la chance, d'avoir pu pistonner sa progéniture biologique d'une façon déterminante ! Ce dont rêve quand même tout père de famille qui se respecte.
Donc, qu'il pleuve ou qu'il vente après, ca peut bien lui être égal.... 


Mangoné Sall

vendredi 9 septembre 2011

DEGOUT MUTUEL !

Le Sénégal ne déroge point à la règle.
A l’approche de toute élection, son microcosme politique entre en transes.
Aussi, l’échéance de 2012, à l’instar des précédents scrutins du même genre, est elle présentée comme celle de tous les dangers.
Mais l’Afrique a ceci de particulier que ces joutes démocratiques s’accompagnent d’une violence inouïe et l’on constate sans le regretter jamais assez, la surenchère verbale et les accusations sans aucun fondement…
…Et la prolifération de candidatures fantaisistes ou de déclarations d’intention les unes plus farfelues que les autres qui s’accommodent joyeusement d’une presse puérile dans sa démarche.
Il est vrai que l’objectivité n’existe plus dans le traitement de l’information, l’honnêteté en est devenue l’ultime rempart…
Si bien qu’en ce qui concerne le Sénégal, les partisans de la hausse de la caution des candidats à un niveau démocratiquement indécent y trouvent des arguments béton.
Même si les prophéties les plus pessimistes ont toujours été déjouées au Sénégal, il n’en reste pas moins que l’échéance de 2012 a de quoi faire peur.
Oui, en effet, c’est la première fois, à ma connaissance, que la fin du mois de Ramadan, jour de fête et de pardon mutuel, n’ait pas été saisi et par le Président de la République et ses adversaires pour sacrifier à la coutume de « demander pardon et pardonner » à leurs concitoyens.
Le peuple, en tout cas, le leur rend bien ce dégoût…
Car la césure entre les politiciens et les citoyens est bien là, réelle et se manifeste par la prolifération des candidatures indépendantes.
Mais il en est toujours des malins du genre de Idrissa Seck pour tirer leur épingle du jeu pour protéger la lie de leur crédibilité…
Ngagne SARR

dimanche 4 septembre 2011

OTIS REDDING / DREAMS TO REMEMBER

I've got dreams, dreams to remember
I've got dreams, dreams to remember

Honey, I saw you there last night
Another man's arms holding you tight
Nobody knows what I feel inside
All I know, I walked away and cried
I've got dreams, dreams to remember
Listen to me (I've got dreams) rough dreams (dreams to remember)

I know you said he was just a friend
But I saw him kiss you, again and again
These eyes of mine, they don't fool me
Why did he hold you, so tenderly

I've got dreams, dreams to remember
Listen honey (I've got dreams) rough dreams (dreams to remember)

I still want you to stay
I still love you anyway
I don't want you to ever leave
Girl, you just satisfy me, ooh-wee, ooh yeah

I know you said he was just a friend
But I saw you kiss him again and again
These eyes of mine, they don't fool me
Why did he hold you so tenderly

I've got dreams, dreams to remember
Listen to me mama (I've got dreams) bad dreams, rough dreams (dreams to remember)
Don't make me suffer (I've got dreams) rough dreams, bad dreams (dreams to remember)

dimanche 14 août 2011

DE LA QUESTION DU CHOMAGE DES JEUNES !

Le chômage des jeunes est un sujet récurrent dans les slogans politiciens. Opportunistes en diable, les politiciens, dans l’opposition notamment, ont toujours adopté le beau jeu d’en faire leur cheval de bataille.

Aux élections de 1993, la promesse de l’ancien Président Diouf aux élections présidentielles de 1993 de créer 20 000 emplois par an a été déterminante pour sa réélection au premier tour.

Comme il ne fait aucun doute que c’est la question du chômage massif des jeunes qui a été à l’origine de sa chute en 2000 et donc de l’élection, par défaut, de son rival l’actuel Président Abdoulaye Wade qui, à son tour, est aujourd'hui sérieusement ébranlé par la même question à la veille d'élections en 2012.

Est ce à dire que la question est devenue un signe indien ?

En tout cas, c’est un thème qui ne cesse d’ailleurs de se poser avec acuité depuis le début des années 80 qui marqua la fin des recrutements publics avec l’avènement des politiques d’ajustement structurel controversées…

C’est qu’en effet, au vu de l’extrême jeunesse de la population sénégalaise, il ne peut y avoir de thème plus sensible. Il est devenu un objectif de court terme, c’est le cas de le dire.

Mais, en tout état de cause, il est le domaine par excellence de mesure de l’efficacité des politiques. Que la prise en charge de cette question aussi lancinante ne cesse d’être ainsi reportée et parant sa solution permanemment différée ne traduit, à notre humble avis, qu’absence de vision et ignorance (au regard des mesures contradictoires destructrices d’emplois). Absence de vision voulant aussi dire cécité et ignorance pouvant se rendre aussi par incompétence.

Car avec l’envolée des prix des denrées de première nécessité notamment, on en peut plus se justifier par une quelconque politique du stop and go qui veut que le prix et le taux chômage soient des fonctions contraires.

Or l’observation attentive de l’économie sénégalaise permet de voir que les secteurs traditionnels comme la pêche ne génèrent pas de chômage de jeunes. Les jeunes des villages de pêche peuvent bien ambitionner de faire tout autre chose que leurs parents mais à défaut ils ont toujours quelque chose à faire.

Cela est tout aussi valable pour le jeune éleveur et le jeune paysan quoique ces deux secteurs restent très tributaires des éléments. La sècheresse cyclique des décennies 70 et 80 est bien le facteur explicatif de l’exode rural et de l’émigration.

Comme quoi, la tradition viendra toujours à notre secours !

Il convient donc pour une bonne politique d’emploi des jeunes de revenir à la règle du bon sens. Il s’agit pour nos décideurs de se pencher enfin de façon plus sérieuse (le mot est lâché) sur les secteurs traditionnels de notre économie, d’en déterminer les forces et faiblesses d’une part et d’autre part, bâtir un modèle économique compatible capable d’en booster la lame de fond dans le cadre du secteur moderne pour une prospective d’émergence économique à court terme.

Lorou Adama GAYE

cilpdak@yahoo.fr

DIEU SE DECRIT.... CORAN (Verset de la Lumiere)

mardi 9 août 2011

INCOMPETENCES !

Après un siècle de bons et loyaux services, le pont Faidherbe vient de subir une cure de jouvence…

Un siècle après sa construction par la puissance colonisatrice d’alors, la France, cinquante années après l’indépendance du Sénégal, notre pays n’était donc pas en mesure de réaliser cette opération.

C’est que la reprise totale de ce chef-d’œuvre a été totalement et entièrement réalisée par l’entreprise française Eiffage avec des moyens gracieusement mis à disposition par l’Etat français.

Nous n’entendons nullement jeter la pierre sur la sollicitude de la coopération française, mais il n’empêche que c’est, là, une situation moralement inadmissible.

Car symptomatique d’un échec à trois dimensions : le Sénégal ne dispose ni des ressources humaines, ni des ressources financières et, encore moins, des entreprises capables de faire face aux tâches essentielles que requiert son développement.

Si la cause de l’incapacité financière est toute trouvée avec la gabegie et la rapacité d’une classe politico-administrative, véritable société d’accaparement, il en va tout autrement de l’inexistence d’ingénieurs et de l’incapacité des entreprises des travaux publics sénégalaises.

Car, dès lors que l’Etat sénégalais s’est complètement désengagé du secteur des BTP depuis presque 30 ans, l’inexistence d’ingénieurs aptes à prendre en charge la reconstruction relève tout aussi bien, sinon principalement, de la responsabilité des entreprises sénégalaises du même secteur.

Elles ont, en effet, bénéficié de la préférence nationale pendant 20 ans, au moins. C’est ainsi, en guise d’exemple, que l’ancien Premier Ministre Habib Thiam avait équitablement distribué l’enveloppe financière (12 milliards de F CFA à l’époque) des travaux prétextés par l’organisation de la coupe d’Afrique de Football de 1992 par le Sénégal aux trois entreprises d’alors : la CSE, la CDE et Jean Lefebvre !

Parmi ce trio historique, il s’est même trouvé une entreprise pour mettre presque la clef sous le paillasson.

Mais cette situation privilégiée n’a eu que l’heur d’enrichir leurs patrons qui n’affichent malheureusement leur sante financière de milliardaires que dans la distribution d’aumônes ou encore dans les frasques de leurs rejetons.

Cependant que la qualité des travaux laissait à désirer. Dire que la route Nationale N°1 a commencé à être coupée par les eaux pluviales suite aux travaux de son élargissement par la CSE.

Et traduit, du coup, un détournement d’objectifs en sus de révéler d’évidents mauvais choix de management.

Cette situation explique la relative disparition de la CDE dès l’arrivée de Fougerolles (actuelle Eiffage) à l’aube des années 2000 sur le marché des BTP !

Et, plus tard, l’obligation honteuse pour toutes de nouer des partenariats stratégiques, à la faveur des grands travaux du Président Wade, avec les nouveaux ténors, à la technicité certaine, qui profitaient de la mondialisation pour étendre leurs tentacules.

La CSE se rangeait donc derrière les Français de Eiffage, Jean Lefebvre, derrière les chinois de Henan-Chine et la CDE profitait des Koweitiens Al Kharafi pour tenter de se refaire une nouvelle santé dans le domaine des travaux publics. La petite SOECO, tentant vainement de se raccrocher aux basques de la portugaise MSF, se retrouvait prise en flagrant délit d’incompétence.

Mais, pour autant, le secteur des BTP est loin de constituer l’exclusive, elle n’est que la partie émergeante de l’iceberg de notre Sénégal, très mal tenu à tous les niveaux !

Il est frappant de constater que toutes les entreprises ont périclité dès que la protection publique leur a été retirée. La faute à une mauvaise utilisation des bénéfices générés par l’activité…

En attendant, le Senegal peut bien continuer de trimbaler cette image insolite : partout ou le secteur des BTP marche, l'économie marche !

Sauf au Senegal !

Clément MPAMY, cilpdak@yahoo.fr

dimanche 24 juillet 2011

STAND BY ME / BEN KING

When the night has come
And the land is dark
And the moon is the only light we'll see
No I won't be afraid, no I won't be afraid
Just as long as you stand, stand by me
And darlin', darlin', stand by me, oh now now stand by me
Stand by me, stand by me

If the sky that we look upon
Should tumble and fall
And the mountains should crumble to the sea
I won't cry, I won't cry, no I won't shed a tear
Just as long as you stand, stand by me

And darlin', darlin', stand by me, oh stand by me
Stand by me, stand by me, stand by me-e, yeah

Whenever you're in trouble won't you stand by me, oh now now stand by me
Oh stand by me, stand by me, stand by me

Darlin', darlin', stand by me-e, stand by me
Oh stand by me, stand by me, stand by me

vendredi 22 juillet 2011

FECONDATION

Il n'est peut-être pas inutile, en ces temps d'incertitude, en ces temps d'inquiétude et d'une certaine radicalisation, ou ces temps d'évidentes maladresses, de relire cette lettre d'Amadou Hampaté Bâ à la jeunesse...
Mes chers cadets,
Celui qui vous parle est l’un des premiers nés du vingtième siècle. Il a donc vécu bien longtemps et, comme vous l'imaginez, vu et entendu beaucoup de choses de par le vaste monde. Il ne prétend pas pour autant être un maître en quoi que ce soit. Avant tout, il s’est voulu un éternel chercheur, un éternel élève, et aujourd`hui encore sa soif d'apprendre est aussi vive qu’aux premiers jours.
Il a commencé par chercher en lui-même, se donnant beaucoup de peine pour se découvrir et se bien connaître en son prochain et l’aimer en conséquence. Il souhaiterait que chacun de vous en fasse autant. Après cette quête difficile, il entreprit de nombreux voyages à travers le monde : Afrique, Proche-Orient, Europe, Amérique. En élève sans complexe ni préjugés, il sollicita l’enseignement de tous les maîtres et tous les sages qu'il lui fut donné de rencontrer. Il se mit docilement à leur écoute. Il enregistra fidèlement leurs dires et analysa objectivement leur leçon, afin de bien comprendre les différents aspects de leur comportement.
Bref, il s’efforça toujours de comprendre les hommes, car le grand problème de la vie, c'est la MUTUELLE COMPREHENSION. Certes, qu’il s’agisse des individus, des nations, des races ou des cultures, nous sommes tous différents les uns les autres. Mais nous avons tous quelque chose de semblable aussi, et c'est cela qu'il faut chercher pour pouvoir se reconnaître en l’autre et dialoguer avec lui.
Alors, nos différences, au lieu de nous séparer, deviendront complémentaires et sources d'enrichissement mutuel. De même que la beauté d'un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde. Combien ennuyeux et monotone serait un monde uniforme où tous les hommes, calqués sur un même modèle, penseraient et vivraient de la même façon ! N’ayant plus rien à découvrir chez les autres, comment s'enrichirait-on soi-même ? A notre époque si grosse de menaces de toutes sortes, les hommes doivent mettre l'accent non plus sur ce qui les sépare, mais sur ce qu'ils ont de commun, dans le respect de l'identité de chacun. La rencontre et l'écoute de l'autre sont toujours plus enrichissantes, même pour l'épanouissement de sa propre identité, que les conflits ou les discussions stériles pour imposer son propre point de vue.
Un vieux maître d'Afrique disait : il y a « ma » vérité et « ta » vérité, qui ne se rencontreront jamais. « LA » Vérité se trouve au milieu. Pour s’en approcher, chacun doit se dégager un peu de » sa » vérité pour faire un pas vers l’autre…
Jeunes gens, derniers-nés du vingtième siècle, vous vivez à une époque à la fois effrayante par les menaces qu'elle fait peser sur l’humanité et passionnante par les possibilités qu'elle ouvre dans le domaine des connaissances et de la communication entre les hommes. La génération du vingt et unième siècle connaître une fantastique rencontre de races et d’idées. Selon la façon dont elle assimilera ce phénomène, elle assurera sa survie ou provoquera sa destruction par des conflits meurtriers.
Dans ce monde moderne, personne ne peut plus se réfugier dans sa tour d'ivoire. Tous les Etats, qu’ils soient forts ou faibles, riches ou pauvres, sont désormais interdépendants, ne serait-ce que sur le plan économique ou face aux dangers d'une guerre internationale. Qu’ils le veuillent ou non, les hommes sont embarqués sur un même radeau : qu'un ouragan se lève, et tout le monde sera menacé à la fois. Ne vaut-il pas mieux oeuvrer avant qu'il ne soit trop tard ? L’interdépendance même des Etats impose une complémentarité indispensable des hommes et des cultures. De nos jours, l’humanité est comme une grande usine où l'on travaille à la chaîne : chaque pièce, petite ou grande, a un rôle défini à jouer qui peut conditionner la bonne marche de toute l'usine. Actuellement, en règle générale, les blocs d’intérêts s’affrontent et se déchirent.
Il vous appartiendra peut-être, ô jeunes gens, de faire émerger peu à peu un nouvel état d'esprit, davantage orienté vers la complémentarité et la solidarité, tant individuelle qu'internationale. Ce sera la condition de la paix, sans laquelle, il ne saurait y avoir de développement.
Je me tourne maintenant vers vous, jeunes Africains noirs! Peut-être certains d’entre vous se demandent-ils si nos pères avaient une culture, puisqu'ils n'ont pas laissé de livres ? Ceux qui furent pendant si longtemps nos maîtres à vivre et à penser n'ont-ils pas presque réussi à nous faire croire qu’un peuple sans écriture est un peuple sans culture ? Mais, il est vrai que le premier soin de tout colonisateur quel qu`il soit (à toutes les époques et d'où qu'il vienne) a toujours été de défricher vigoureusement le terrain et d'en arracher les cultures locales afin de pouvoir y semer à l’aise ses propres valeurs.
Heureusement, grâce à l'action de chercheurs tant africains qu'européens, les opinions ont évolué en ce domaine et l’on peut reconnaître aujourd'hui que les cultures orales sont des sources authentiques de connaissance et de civilisation. La parole n'est-elle pas, de toute façon, mère de l'écrit, et ce dernier n'est-il pas autre chose qu’une sorte de photographie du savoir et de la pensée humaine ? Les peuples de race noire n’étant pas des peuples d’écriture ont développé l’art de la parole d'une manière toute spéciale. Pour n’être pas écrite, leur littérature n’en est pas moins belle. Combien de poèmes, d'épopées, de récits historiques et chevaleresques, de contes didactiques, de mythes et de légendes au verbe admirable se sont ainsi transmis à travers les siècles, fidèlement portés par la mémoire prodigieuse des hommes de l’oralité, passionnément épris de beau langage et presque tous poètes ! De toute cette richesse de littérature en perpétuelle création, seule une petite partie a commencé d'être traduite et exploitée. Un vaste travail de récolte reste encore à faire auprès de ceux qui sont les derniers dépositaires de cet héritage ancestral hélas en passe de disparaître!
Quelle tâche exaltante pour ceux d`entre vous qui voudront s’y consacrer ! Mais la culture, ce n’est pas seulement la littérature orale ou écrite, c'est aussi et surtout un art de vivre, une façon particulière de se comporter vis-à-vis de soi-même, de ses semblables et de tout le milieu naturel ambiant. C’est une façon particulière de comprendre la place et le rôle de l'homme au sein de la création.
La civilisation traditionnelle (je parle surtout de l’Afrique de la savane au Sud du Sahara, que je connais plus particulièrement) était avant tout une civilisation de responsabilité et de solidarité à tous les niveaux


En aucun cas, un homme, quel qu’il soit, n'était isolé. Jamais on n'aurait laissé une femme, un enfant, un malade ou un vieillard vivre en marge de la société, comme une pièce détachée. 


On lui trouvait toujours une place au sein de la grande famille africaine, où même l'étranger de passage trouvait gîte et nourriture. 


L'esprit communautaire et le sens du partage présidaient à tous les rapports humains. 


Le plat de riz, si modeste fût-il, était ouvert à tous. L’homme s’identifiait à sa parole, qui était sacrée. 


Le plus souvent, les conflits se réglaient pacifiquement grâce à la « palabre ». 


 « Se réunir pour discuter », dit l’adage, « c’est mettre tout le monde à l’aise et éviter la discorde ». 


Les vieux, arbitres respectés, veillaient au maintien de la paix dans le village.
« Paix » , « La paix seulement ! », sont les formules-clés de toutes les salutations des religions traditionnelles. 


C'était l’acquisition, par chaque individu, d'une totale maîtrise de soi et d’une paix extérieure. 


C’est dans la paix et dans la paix seulement que l’homme peut construire et développer la société, alors que la guerre ruine en quelques jours ce que l'on a mis des siècles à bâtir.
L’homme était également considérél’comme responsable de l'équilibre du monde naturel environnant


Il lui était interdit de couper un arbre sans raison, de tuer un animal sans motif valable. 


La terre n`était pas sa propriété, mais un dépôt sacré confié par le créateur et dont il n'était que le gérant. 


Voilà une notion qui prend aujourd`hui toute sa signification si l'on songe à la légèreté avec laquelle les hommes de notre temps épuisent les richesses de la planète et détruisent ses équilibres naturels.
Certes, comme toute société humaine, la société africaine avait aussi ses tares, ses excès et ses faiblesses. 


C'est à vous, jeunes gens et jeunes filles, adultes de demain, qu'il appartiendra de laisser disparaître d`'lles-mêmes les coutumes abusives, tout en sachant préserver les valeurs traditionnelles positives.
La vie humaine est comme un grand arbre et chaque génération est comme un jardinier. 


Le bon jardinier n'est pas celui qui déracine, mais celui qui, le moment venu, sait élaguer les branches mortes et, au besoin, procéder judicieusement à des greffes utiles.


Couper le tronc serait se suicider, renoncer à sa personnalité propre pour endosser artificiellement celle des autres, sans y parvenir jamais tout à fait. 


Là encore, souvenons-nous de l'adage : "Il flottera peut-être, mais jamais il ne deviendra caïman ! " .
Soyez, jeunes gens, ce bon jardinier qui sait que, pour croître en hauteur et étendre ses branches dans les directions de l’espace, un arbre a besoin de profondes et puissantes racines. 


Ainsi enracinés en vous-mêmes, vous pouvez sans crainte et sans dommage vous ouvrir vers l'extérieur, à la fois pour donner et pour recevoir.
Pour ce vaste travail, deux outils vous sont indispensables : tout d'abord, l'approfondissement et la préservation de vos langues maternelles, véhicules irremplaçables de nos cultures spécifiques. 


Ensuite, la parfaite connaissance de la langue héritée de la colonisation (pour nous la langue française), tout aussi irremplaçable, non seulement pour permettre aux différentes ethnies africaines de communiquer entre elles et de se mieux connaître, mais aussi pour nous ouvrir sur l'extérieur et pour nous permettre de dialoguer avec les cultures du monde entier.
Jeunes gens d'Afrique et du monde, le destin a voulu qu'en cette fin de vingtième siècle, à l'aube d`une ère nouvelle, vous soyez comme un pont jeté entre deux mondes : celui du passé, où de vieilles civilisations n'aspirent qu`à vous léguer leurs trésors avant de disparaître, et celui de l'avenir, plein d'incertitudes et de difficultés, certes, mais riche aussi d'aventures nouvelles et d'expériences passionnantes. 


Il vous appartient de relever le défi et de faire en sorte qu'il y ait, non rupture mutilante, mais continuation sereine et fécondation d'une époque par l'autre.
Dans les tourbillons qui vous emporteront, souvenez-vous de nos vieilles valeurs de communauté, de solidarité et de partage. 


Et si vous avez la chance d'avoir un plat de riz, ne le mangez pas tout seul ! 


Si les conflits vous menacent, souvenez-vous des vertus du dialogue et de la palabre ! 


Et lorsque vous voulez vous employer, au lieu de consacrer toutes vos énergies à des travaux stériles et improductifs, pensez à revenir vers notre Mère la terre, notre seule vraie richesse, et donnez-lui tous vos soins afin que l'on puisse en tirer de quoi nourrir tous les hommes.
Bref, soyez au service de la vie, sous tous ses aspects ! 


Certains d'entre vous diront peut-être: "C'est trop nous demander ! 


Une telle tâche nous dépasse !


" Permettez au vieil homme que je suis de vous confier un secret. De même qu'il n'y a pas de "petit incendie" (tout dépend de la nature du combustible rencontré), il n`y a pas de "petit effort". 


Tout effort compte, et l'on ne sait jamais, au départ de quelle action apparemment modeste, sortira l'événement qui changera la face des choses.
N'oubliez pas que le roi des arbres de la savane, le puissant et majestueux baobab, sort d'une graine qui, au départ, n'est pas plus grosse qu'un tout petit grain de café…
Amadou Hampaté BA, 1985

Sira Bâ