mardi 9 août 2011

INCOMPETENCES !

Après un siècle de bons et loyaux services, le pont Faidherbe vient de subir une cure de jouvence…

Un siècle après sa construction par la puissance colonisatrice d’alors, la France, cinquante années après l’indépendance du Sénégal, notre pays n’était donc pas en mesure de réaliser cette opération.

C’est que la reprise totale de ce chef-d’œuvre a été totalement et entièrement réalisée par l’entreprise française Eiffage avec des moyens gracieusement mis à disposition par l’Etat français.

Nous n’entendons nullement jeter la pierre sur la sollicitude de la coopération française, mais il n’empêche que c’est, là, une situation moralement inadmissible.

Car symptomatique d’un échec à trois dimensions : le Sénégal ne dispose ni des ressources humaines, ni des ressources financières et, encore moins, des entreprises capables de faire face aux tâches essentielles que requiert son développement.

Si la cause de l’incapacité financière est toute trouvée avec la gabegie et la rapacité d’une classe politico-administrative, véritable société d’accaparement, il en va tout autrement de l’inexistence d’ingénieurs et de l’incapacité des entreprises des travaux publics sénégalaises.

Car, dès lors que l’Etat sénégalais s’est complètement désengagé du secteur des BTP depuis presque 30 ans, l’inexistence d’ingénieurs aptes à prendre en charge la reconstruction relève tout aussi bien, sinon principalement, de la responsabilité des entreprises sénégalaises du même secteur.

Elles ont, en effet, bénéficié de la préférence nationale pendant 20 ans, au moins. C’est ainsi, en guise d’exemple, que l’ancien Premier Ministre Habib Thiam avait équitablement distribué l’enveloppe financière (12 milliards de F CFA à l’époque) des travaux prétextés par l’organisation de la coupe d’Afrique de Football de 1992 par le Sénégal aux trois entreprises d’alors : la CSE, la CDE et Jean Lefebvre !

Parmi ce trio historique, il s’est même trouvé une entreprise pour mettre presque la clef sous le paillasson.

Mais cette situation privilégiée n’a eu que l’heur d’enrichir leurs patrons qui n’affichent malheureusement leur sante financière de milliardaires que dans la distribution d’aumônes ou encore dans les frasques de leurs rejetons.

Cependant que la qualité des travaux laissait à désirer. Dire que la route Nationale N°1 a commencé à être coupée par les eaux pluviales suite aux travaux de son élargissement par la CSE.

Et traduit, du coup, un détournement d’objectifs en sus de révéler d’évidents mauvais choix de management.

Cette situation explique la relative disparition de la CDE dès l’arrivée de Fougerolles (actuelle Eiffage) à l’aube des années 2000 sur le marché des BTP !

Et, plus tard, l’obligation honteuse pour toutes de nouer des partenariats stratégiques, à la faveur des grands travaux du Président Wade, avec les nouveaux ténors, à la technicité certaine, qui profitaient de la mondialisation pour étendre leurs tentacules.

La CSE se rangeait donc derrière les Français de Eiffage, Jean Lefebvre, derrière les chinois de Henan-Chine et la CDE profitait des Koweitiens Al Kharafi pour tenter de se refaire une nouvelle santé dans le domaine des travaux publics. La petite SOECO, tentant vainement de se raccrocher aux basques de la portugaise MSF, se retrouvait prise en flagrant délit d’incompétence.

Mais, pour autant, le secteur des BTP est loin de constituer l’exclusive, elle n’est que la partie émergeante de l’iceberg de notre Sénégal, très mal tenu à tous les niveaux !

Il est frappant de constater que toutes les entreprises ont périclité dès que la protection publique leur a été retirée. La faute à une mauvaise utilisation des bénéfices générés par l’activité…

En attendant, le Senegal peut bien continuer de trimbaler cette image insolite : partout ou le secteur des BTP marche, l'économie marche !

Sauf au Senegal !

Clément MPAMY, cilpdak@yahoo.fr

1 commentaire:

  1. ce qui est désolant au Sénégal c'est que partout ailleurs sauf au Senegal, quand le secteur des BTP marche, tout marche !
    ici rien de tout cela.... une entreprise privée a une responsabilité sociale c'est à dire de se mettre dans la dynamique de solutionner les problèmes de la société dans laquelle elle évolue et au Sénégal le gros problème c'est le chômage des jeunes. si ces entreprises du BTP qui ne vivent essentiellement que des ressources publiques s'y mettaient alors le problème des jeunes seraient en partie réglée.
    merci Clement pour ce bel article..

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