vendredi 20 novembre 2015

LES GENDARMES RIENT !



Babacar Ndong est un sénégalais de 38 ans qui vient allonger la liste des morts suspectes survenues dans les locaux des forces de l’ordre sénégalaises.

La brigade de gendarmerie de Hann en est l’affligeante vedette, pour cette fois-ci…

Ayant maille à partir avec son employeur, le jeune Babacar a été interpellé et placé en garde à vue ; il attendait sereinement d’être déféré au parquet lundi matin devant le procureur de la République pour être édifié sur son sort. Les tortionnaires, de toute évidence, avaient concocté un autre plan pour lui…

Sa famille atteste d’ailleurs l’avoir quitté le dimanche dans d’excellentes conditions. Lundi matin, un coup de fil matinal des pandores leur annonça la mort de leur frère Babacar.

Selon ces tristes bouchers, Babacar se serait pendu. Dans le violon ! Sa famille, avec force arguments, s’oppose avec véhémence à cette thèse un peu tirée par les cheveux.

Aucun crime n’étant parfait, la rapidité dans l’établissement du certificat de genre de mort ainsi que la célérité de l’autopsie a définitivement conforté les doutes de la famille.

Le déni de la dignité humaine a de beaux jours devant lui, au Sénégal. Cette sauvagerie gendarme, si l’on veut, n’en est que la face visible. La faiblesse de l’Etat en est la cause première.

Laquelle faiblesse qui a désaxé moralement la société se mesure à travers l’inefficacité de l’action publique : ses choix scandaleux, sa prédation avérée et sa gouvernance stérile.

Pour 2016, la manne financière réservée aux fêtes et cérémonies va s’élever à deux milliards de F cfa dans un pays classé parmi les plus pauvres au monde !

Dans ces conditions ce ne sont pas les vociférations du bonhomme président qui vont ployer les dirigeants du G20.

A ces derniers, je suggèrerai de confier le fonds d’urgence à leur multinationales opérant en Afrique pour exécuter des programmes pertinents dans le cadre de la Responsabilité Sociale d’Entreprise. La qualité des ouvrages, au moins, est garantie !

Les gendarmes rient, quant à eux ; ils peuvent garder encore longtemps le sourire, assurés qu’ils sont de la plus étanche impunité.

Et pour cause, ce sont eux qui veillent sur le sommeil de nos doctes élites et assurent la garde des institutions, donc, en chauves-souris ou hiboux, ils sont témoins privilégiés de leurs diaboliques frasques et ballets nocturnes.

Sans doute que pour les gendarmes, la question est simplement morale. Quand on est petit, on ne peut voir que petit et tout ramener à ses propres dimensions matérielles et spirituelles. Les djihadistes ont de qui tenir !

Malgré lui, le bonhomme président Maky Sall, en faisant la sourde oreille, se rend complice de cet ignoble forfait relevant de la plus éminente barbarie. Au même titre que son premier ministre, son ministre de la Justice, son ministre de la Défense et son gouvernement…

Quelle doit être l’étendue de l’horizon mentale des gendarmes pour ne pas saisir encore le sens de la présomption d’innocence qui auréole la dignité humaine des prévenus ?

Comment les gendarmes en sont-ils arrivés à se prendre pour des juges ? Etre petit et s’attaquer à quelqu’un de très grand doit être aussi jouissif que cela ?

Une bonne part de cette faute incombe sans doute au Colonel Ndao qui se vante d’être le parrain de la mesure qui consacre au poste de commandant de brigade des individus dont le mérite ne dépasserait guère, en d’autres lieux et autres temps, celui de videurs de bars… 

El Hadj NIANG

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