vendredi 1 juin 2012

DE LA CONFUSION SALUTAIRE ?



 Au risque peut être d‘en rajouter au débat incapacitant en cours au Sénégal, je veux convoquer parmi ces sujets brûlants de l’heure, ceux-là se rapportant aux audits annoncés par le nouveau gouvernement et à la réactivation de la cour de répression de l’enrichissement illicite.

je ne voudrai pas, ici, en relever ou démentir la pertinence mais aviser de la confusion malencontreuse entretenue, à dessein ou par erreur, entre ces deux questions qui n’on rien à voir ensemble ou si peu !

Tant il est patent qu’il ne viendrait jamais à l’idée de qui que ce soit de contester la pertinence de ces concepts et leur vulgarisation nécessaire dans tous les systèmes de gouvernance singulièrement en Afrique, en général et au Sénégal, en particulier.

D’ailleurs ce n’est pas la première fois que le Sénégal expérimente cette notion d’audit car le premier gouvernement de l’alternance, en 2000, juste après son installation, en avait lancé dans tous les domaines et dans toutes les directions.

Mais il convient de saluer, du point de vue du principe, que pour cette fois ci il est plutôt fait appel aux instruments dont dispose l’Etat en lieu et place de cabinets d’audit étrangers…

Oui, l’Etat dispose de beaucoup de structures spécialisées dans le contrôle et la vérification de la manière dont les biens publics sont gérés…

Mais ne nous leurrons pas si le terme audit en lui-même continue toujours de faire l’objet d’un tel fétichisme de mauvais aloi, la faute en incombe essentiellement à l’Etat ou du moins à son organisation actuelle.

Quelle que soit par ailleurs en effet la pluralité et la qualité de ces organes de contrôle, ils sont tous rattachés au Pouvoir Exécutif donc au Président de la République qui se réserve en toute discrétion légale ou légalité discrétionnaire de la suite à donner aux résultats de leurs missions.

Et c’est cette prérogative du Président de la République qui dénote d’une part une profonde méconnaissance de la finalité des audits et d’autre part, favorise la confusion…

Si bien que les opinions de ceux qui voient dans les audits un nécessaire état des lieux et un outil d’amélioration continue (à l’écoute des divers éléments d’un tout) de la gestion et du déroulement du service public sont inconciliables avec celles de ceux qui n’y voient qu’un instrument de règlement de comptes et un tremplin pour une chasse aux sorcières.

En outre, si ces audits dont il est question ne concernent en dernier ressort que les gestionnaires des services de l’Etat, il en va tout autrement de l’enrichissement illicite qui peut concerner à priori tout citoyen.

Et que le gouvernement dresse une liste de personnes pour être poursuivies par la Cour sur l’enrichissement illicite est une bavure démocratique, une immixtion inacceptable aussi bien dans le fond que dans la forme de l’Exécutif dans la sphère judiciaire et un piétinement de la sacrosainte indépendance des juges.

Mais cette confusion ne fait que nous indiquer l’ampleur de la tâche sur le chemin de la bonne gouvernance. elle est bienvenue parce qu'elle mène au doute salutaire ! 

Une tâche qui se décline aussi bien en termes de reformes de l’organisation de l’Etat qu’en termes de rupture dans l’état d’esprit des animateurs des institutions républicaines.


N'est ce pas dire que Adoulatif Coulibaly le conseiller du Président Maky Sall sur les questions de  bonne gouvernance a du pain sur la planche ? 


               Habib Dieye



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire