Au
risque peut être d‘en rajouter au débat incapacitant en cours au Sénégal, je
veux convoquer parmi ces sujets brûlants de l’heure, ceux-là se rapportant aux
audits annoncés par le nouveau gouvernement et à la réactivation de la cour de
répression de l’enrichissement illicite.
je ne voudrai pas, ici, en relever ou démentir
la pertinence mais aviser de la confusion malencontreuse entretenue, à dessein
ou par erreur, entre ces deux questions qui n’on rien à voir ensemble ou si
peu !
Tant il est patent qu’il ne viendrait jamais
à l’idée de qui que ce soit de contester la pertinence de ces concepts et leur
vulgarisation nécessaire dans tous les systèmes de gouvernance singulièrement
en Afrique, en général et au Sénégal, en particulier.
D’ailleurs ce n’est pas la première fois que
le Sénégal expérimente cette notion d’audit car le premier gouvernement de
l’alternance, en 2000, juste après son installation, en avait lancé dans tous
les domaines et dans toutes les directions.
Mais il convient de saluer, du point de vue du
principe, que pour cette fois ci il est plutôt fait appel aux instruments dont
dispose l’Etat en lieu et place de cabinets d’audit étrangers…
Oui,
l’Etat dispose de beaucoup de structures spécialisées dans le contrôle et la
vérification de la manière dont les biens publics sont gérés…
Mais ne nous leurrons pas si le terme audit
en lui-même continue toujours de faire l’objet d’un tel fétichisme de mauvais
aloi, la faute en incombe essentiellement à l’Etat ou du moins à son
organisation actuelle.
Quelle que soit par ailleurs en effet la
pluralité et la qualité de ces organes de contrôle, ils sont tous rattachés au
Pouvoir Exécutif donc au Président de la République qui se réserve en toute discrétion
légale ou légalité discrétionnaire de la suite à donner aux résultats de leurs
missions.
Et
c’est cette prérogative du Président de la République qui dénote d’une part une
profonde méconnaissance de la finalité des audits et d’autre part, favorise la
confusion…
Si bien que les opinions de ceux qui voient
dans les audits un nécessaire état des lieux et un outil d’amélioration
continue (à l’écoute des divers éléments d’un tout) de la gestion et du
déroulement du service public sont inconciliables avec celles de ceux qui n’y voient
qu’un instrument de règlement de comptes et un tremplin pour une chasse aux
sorcières.
En
outre, si ces audits dont il est question ne concernent en dernier ressort que les gestionnaires des
services de l’Etat, il en va tout autrement de l’enrichissement illicite qui peut concerner à priori tout citoyen.
Et que le gouvernement dresse une liste de
personnes pour être poursuivies par la Cour sur l’enrichissement illicite est
une bavure démocratique, une immixtion inacceptable aussi bien dans le fond que
dans la forme de l’Exécutif dans la sphère judiciaire et un piétinement de la
sacrosainte indépendance des juges.
Mais
cette confusion ne fait que nous indiquer l’ampleur de la tâche sur
le chemin de la bonne gouvernance. elle est bienvenue parce qu'elle mène au doute salutaire !
Une tâche qui se décline aussi bien en
termes de reformes de l’organisation de l’Etat qu’en termes de rupture dans
l’état d’esprit des animateurs des institutions républicaines.
N'est ce pas dire que Adoulatif Coulibaly le conseiller du Président Maky Sall sur les questions de bonne gouvernance a du pain sur la planche ?
N'est ce pas dire que Adoulatif Coulibaly le conseiller du Président Maky Sall sur les questions de bonne gouvernance a du pain sur la planche ?
Habib
Dieye
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