Sa mue monstrueuse actée, l'ouroboros s'était lancé le challenge de réduire le gourou à néant. Satan avait levé l'oeil !
Il allait le dépouiller, avait-il confié de son ton enfantin solennel habituel, qui rappelait un gamin qui annonçait construire un royaume avec trois cailloux, à son état-major composé de sa dulcinée Imeldasse qui lui lustrait l'asticot, son âme damnée la squaw qui lui brossait les dents et de son épouvantable élément beta qui portait ses sceaux.
Que n'aurait-il pas donné pour réveiller le monstre plongé dans un coma artificiel pour l'avoir à ses cotés en ces moments qu'il fait vécus avant lui !
Quand bien même il était ragaillardi par une migration spectaculaire de tous les opportunistes du gourouland qui tournoyaient autour de lui sentant son odeur de charogne. Il était acclamé par la vermine du monstre. La racaille et la marmaille restaient perplexes. Last but not least, il s'était réfugié derrière les carpes, tenant l'étendard de sa légalité pointe dirigée contre la légitimité du gourou.
Le gourou observait cette sarabande tragi-comique de son héritier improvisé avec la sagesse lasse des vétérans. Il fait combattu le monstre, affronté la marmaille domestiquée, tenu tête a la racaille enragée. Que voulait faire de tout cela, à présent, l'ourobouros, bénéficiaire éponyme de cette lutte au demeurant ?
Il y voyait non pas une trahison encore moins une stratégie mais plutôt le signe d'une immaturité politique si éclatante qu'elle faisait penser à la récréation non surveillée d'un garnement. Il ne pouvait pas penser une seconde que l'ouroboros avait une peur bleue de lui. Pas à ce point, tout de même.
Oui, se pouvait-il que la crainte irraisonnée du gourou ait poussé l'ouroboros à trahir tout ce qu'il avait été et aimé pour tenter d'éteindre l'éclat de son mentor qui l'aveuglait ?
L'activisme de la congrégation des renégats autour de lui remettait en cause l'engagement haillonneux auprès des masses populaires. Ce pourquoi, lui, le gourou et les autres haillonneux s'étaient battus, avaient été estropiés, castrés, emprisonnés ou tués. L'ouroboros en faisait fi, prêt à endosser l'héritage du monstre. C'était la seule manière de se protéger, lui et les siens.
Comble d'ironie, cette foule de transfuges qui toquait à sa porte ne lui apportait pas grand chose et certainement pas la force dont il rêvait et bien au contraire, elle lui était un fardeau. Il les avait rassuré que la justice attendra, la vérité attendra, le deuil attendra, la réparation attendra !
Devant la clameur de ses haillonneux, le gourou jurait toujours que le sang versé ne serait jamais recouvert par l'oubli ni par l'arrogance des puissants. Il mettait en jeu sa crédibilité fondant sa légitimité qui ne pouvait être niée, ni confisquée, ni travestie par quelque sombres idiots ingrats prétentieux.
Dans les grandes tragédies politiques, ce ne sont pas les monstres qui tombent en premier mais leurs imitateurs. Et comme tout imitateur, l'ouroboros allait immanquablement finir par s'affaler dans l'ombre qu'il pensait dominer.
On ne choisit pas Satan, c'est lui qui choisit. Et n'avait il pas été suffisamment désabusé par ses fidèles d'entre les gouroulandais pour que l'ouroboros méritât son attention ?
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