jeudi 20 février 2014

QUETE DE GRACE ?

La baisse des loyers est effective au Sénégal. Il est permis de se réjouir de la célérité avec laquelle les conclusions de la Commission instituée à cet effet ont été exploitées puis appliquées. 

Nous souhaitons que cette démarche diligente prospère pour se propager à tous les niveaux de responsabilité de l'Etat car tout est urgence dans notre pays.

Rarement une mesure n'a aussi bien concilié son opportunité économique et sa portée politique. 

Le jackpot de tout politicien !

C'est la majorité des populations urbaines de notre pays qui se retrouvent, en effet, avec un pouvoir d'achat accru en même temps qu'elles sont sauvées des griffes des vulgaires spéculateurs qui, l'informel aidant, avaient fini de coloniser le secteur immobilier.
  
Cette heureuse conjoncture ainsi que la réjouissance populaire qu'elle a fait éclore ne doit pas cependant nous détourner d'une nécessaire analyse de la situation nouvellement créée par la loi. 

Une loi étant impersonnelle, elle a mis tous les propriétaires immobiliers dans le même sac, confondant ainsi les véreux avec les honnêtes propriétaires. nul n’étant censé ignorer la loi, les honnêtes propriétaires, tout compte fait, paient à leurs dépens le fait de n'avoir pas recouru à la surface corrigée pour asseoir légalement leur honnêteté.

Dés lors, il y a fort à parier que certains d'entre ces honnêtes propriétaires vont accuser durement les contrecoups financiers de la baisse des loyers. Eux qui, acquis à l’idée que seul le ciment ne trahit pas, y avait consacré leur épargne de toute une vie relevée d'un prêt bancaire au taux usuraire pour assurer vaille que vaille une fin de vie plus ou moins tranquille.
     
Disposant des mêmes droits que leurs concitoyens locataires, l'Etat devra bien se résoudre à se pencher sur leur cas...

Une faille de la loi est sa portée temporelle très limitée quand même. La baisse ne concerne que les baux en cours ! Aussi est grande notre inquiétude de voir les propriétaires véreux exploiter cette brèche avec la complicité des agents immobiliers payés au prorata de leurs encaissements.

Si bien que cette loi devra être considérée pour une meilleure prise en compte de cette préoccupation lancinante des populations sénégalaises comme une première étape nécessaire pour une formalisation du secteur immobilier dans l’intérêt compris de tous les acteurs et bénéficiaires et la prévention des catastrophes découlant des effondrements devenus récurrents. 

Car comme partout ailleurs, quand l'immobilier marche au Sénégal, tout doit marcher ! 

La forte adhésion des populations urbaines à cette mesure apporte, en tout état de cause, une bouffée d'oxygéne au bonhomme Président Maky Sall. Qui, du reste, en avait vraiment bien besoin....

                                                                             Malamine TANDJIGORA




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