samedi 31 mars 2012

LA TYRANNIE DU RIZ



Le Parti Sénégalais de la Demande Sociale (PDS) vient de faire sa deuxième victime en la personne de Abdoulaye Wade, le 25 mars dernier. Crime parfait, là encore, comme ce fut le cas contre Abdou Diouf, en mars 2000.

Les partis politiques peuvent bien essayer de récupérer la gloire de la victoire mais les politiciens, eux, sont doublement avertis !

Ces dernières années, en effet, le coût de la de vie n’a cessé de monter au grand désarroi des ménages sénégalais qui ne s’expliquent pas, nonobstant la crise alimentaire mondiale, que les prix des denrées dans les pays voisins soient, comparativement, nettement inférieurs.

Or, au Sénégal, quand on parle du coût de la vie, on pense tout d’abord à celui du riz.

Le riz « parfumé » dont le Sénégal importe 800 000 tonnes par an de la Thaïlande, la Malaisie, l’Inde et le Pakistan.

Avant 2000, le Sénégal importait 400 000 tonnes... de riz qui représente près de 20%  des dépenses alimentaires avoisinant les 50% des revenus des ménages sénégalais !

Comme pour en rajouter à ce quotidien déjà suffisamment glauque, les coupures intempestives de l’électricité, les inondations récurrentes dans la banlieue… et la mauvaise pluviométrie enregistrée durant l’hivernage passé qui voit le spectre de la famine planer sur le monde rural..

Si bien que le principal problème, l’urgence absolue pour le nouveau président, auquel l’Etat du Sénégal reste confronté consiste dans l’alimentation de sa population.

Et, ce ne sont pas les augmentations des salaires, du reste très substantielles, des 85 000 agents du secteur public qui peuvent fondamentalement améliorer le sort des 12 millions de sénégalais !

Encore moins les subventions ou les suspensions de droits et taxes !

Aussi, l’autosuffisance alimentaire constitue-t-elle un objectif à court terme qui commande la reforme urgente de la politique agricole si tant est qu’il y en eût au Sénégal !

Comment un tel doublement de la consommation du riz  a – t- il pu survenir sans aucune mesure d’anticipation au niveau justement de la politique agricole ?

Dans la vallée du fleuve du Sénégal, sur un potentiel de terres irrigables de 240 000 hectares, le Sénégal n’en a effectivement aménagé que 94 000 dont plus de la moitié est à ce jour inexploitée à cause des conditions financières draconiennes imposées aux paysans.

Dans la vallée de l’Anambé, même constat : le potentiel irrigable est de 12 000 hectares dont seulement 4180 sont effectivement exploités !

La reforme de la politique agricole passe nécessairement par l'optimisation de la culture irriguée, par une intensification de la cadence d’aménagement et un allègement des charges d’exploitation, notamment.

Atteindre l’autosuffisance en riz n’est point un objectif hors de portée. Avec le rendement actuel moyen de 6 tonnes / hectare, il suffit juste d’emblaver 150 000 hectares !

La faillite de la politique agricole est donc moins une question technique que politique.

Ca fait justement le compte : le Président Maky Sall est assuré de trouver l’homme providentiel en la personne de l’un des financiers de sa campagne électorale victorieuse, Harouna Dia, ingénieur agronome de formation.


Ce dernier ne peut- il pas déjà se prévaloir d'avoir contribué à l'autosuffisance alimentaire de son village natal ?

Abdoul Wade

1 commentaire:

  1. NDLR : le périmètre rizicole de Bosseabé, village natal de Harouna Dia, a été aménagé au debut des années 80 par la SAED et donc ne saurait être mis à son actif.... il y a, cependant, installé un périmètre maraicher dont la récolte est quotidiennement mise à la disposition des villageois à titre gracieux.

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