samedi 4 juin 2011

L'EMBROUILLAMINI ENTRE POLITIQUE ET RELIGION !

Politique et Religion partagent une longue histoire commune. Plusieurs explications peuvent être avancées par rapport à cet état des choses.

Et la principale selon moi tiendrait au fait que la plupart des prophètes de Dieu ont eu une dimension à la fois politique et religieuse. Une des exceptions les plus notables se rapporte au Christ, le prophète Jésus …

Encore qu’à ce propos la mission de Jésus est loin d’être terminée dans l’optique musulmane… Il devrait revenir pour régner sur la terre comme ses homologues.

Politique et Religion ont été si étroitement liées tout au long des siècles qu’il est difficile de comprendre l’antagonisme actuel qui semblent les opposer. Oui, la relation entre l’Etat et le clergé (quelque soit la religion) est fortement décriée par de larges franges de la population !

En effet, l’ambiguïté de leur rapport déteint irrémédiablement sur la conduite des affaires publiques mais encore l’intrusion du religieux dans le champ politique importune grandement car elle sape dangereusement les fondements des sociétés modernes où la liberté de culte est de plus en plus décomplexifiée.

On ne peut certes nier que cette collaboration singulière soit encore à l’ordre du jour dans beaucoup de pays mais la relation, convenons-en, a été obligée de muer pour se vêtir d’habits d’une coopération ponctuelle pour ne pas dire opportuniste.

C’est parce que d’un point de vue utilitariste, religion et politique sont de même obédience et concourent au même objectif d’organisation et de perpétuation du pouvoir, du pouvoir d’une minorité d’hommes sur une majorité d’hommes qu’elles sont obligées de se supporter l’une l’autre.

Mais encore parce que religion et politique - on parle en effet de pouvoir laïc et de pouvoir religieux - ne s’appréhendent concrètement qu’à travers le pouvoir qu’elles gouvernent ou plutôt qui les régit ( ?).

Si ailleurs des reformes ou plus sont survenues pour imposer une démarcation claire entre la religion et la politique, c’est surtout pour abolir, à la base, la concentration des pouvoirs temporel et spirituel entre les mêmes mains d’un groupe ou d’un individu.

Cette démarcation forcée ou voulue ne procéderait donc pas d’un contraste entre politique et religion et il est plus juste de parler, en l’occurrence, d’une rivalité entre politiciens et religieux, et encore !

Cette concurrence entre les politiciens et les religieux s’est exacerbée au fil du temps avec la fin de l’avènement des prophètes qui avaient une double légitimité politique et religieuse.

Les prophètes ont, donc, pour la plupart, eu, concomitamment (ou par le truchement ?) à leur mission religieuse, à assumer des fonctions de chef et de missionnaire dans leurs communautés respectives. 

Codifiant la nouvelle loi et se chargeant de veiller sur son application, ils ont tenu et confondu dans leurs mains les pouvoirs spirituel et temporel…

Mais, en tout état de cause, la prééminence du pouvoir spirituel n’a jamais fait l’ombre d’un doute car il procède de la Révélation et évolue en conséquence dans la sphère sacrée cependant que le pouvoir temporel est affaire d’autorité, de force ou d’ascendance/descendance biologique.

Il semble bien plus que le pouvoir spirituel dispose d’une assise plus solide que le pouvoir temporel comme nous pouvons le remarquer à travers la survivance des religions à leur prophète si bien que cela se manifeste au Sénégal par une disponibilité sans égale des politiciens de tous bords qui frise l’esclavage. 

Un esclavage qui fait le lit de la concussion notamment dans le domaine foncier où l’on voit l’Etat – à ses différents échelons - s’adonner au pire sous le couvert des marabouts ou avec leur complicité ?!

Si bien qu’avec l’alternance, il n’a pas été exagéré de la part de la presse de railler cette « République qui s’agenouille à Touba ».

C’est que le phénomène s’est amplifié depuis 2000 !

Touba est ainsi devenue par la force des choses la capitale politicienne du Sénégal ou l’opposition et le pouvoir se livrent à un chassé-croisé des plus minables à toute occasion. Sous le regard réprobateur mais intimidé des populations.

Des génuflexions qui ne sont que la face visible de l’iceberg de l’imbroglio politico-religieux du Sénégal. En direct rapport avec des services rendus/à rendre ou du fait de l’utilité de la religion dans la médiation sociale à l’occasion des sempiternelles querelles qui agitent le landerneau politique ?

Eh oui parce qu’on s’en doute bien, il ne s’agit pas que de Touba et de la confrérie mouride. L’Eglise sénégalaise y a sa part aussi des menaces voilées de chantage que les différents marabouts et chefs religieux adressent à l’Exécutif.

Et pour cause malgré que la source du pouvoir réside dans le suffrage universel, malgré la séparation des pouvoirs consacrée par la Constitution, la plupart des élus sénégalais, le Président de la République en particulier, pensent que leur pouvoir leur vient non pas de Dieu mais bien de leur marabout, si, si !

Un délit de détournement de suffrages qui dit bien son nom…

Mais, malgré les déclarations qui tentent de conforter l’opinion sur leur équidistance entre les partis politiques ou leur indifférence par rapport à la chose politique, les religieux cachent bien leur jeu car le pouvoir réel dont ils disposent n’est pas pour leur déplaire.

Ils en tirent des avantages et bénéfices colossaux que cela soit en termes de soutien alimentaire, passeports diplomatiques et de service, passe-droit et facilités de tous ordres tout simplement insoupçonnés de la part des modestes citoyens…

..Au point que nous pouvons en conclure que cette relation bizarre entre les politiciens et les religieux a de beaux jours devant elle pour rester encore bien longtemps un beau sujet de politologie.

Moustapha Silène GUISSE , cilpdak@yahoo.fr

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