A
vrai dire, confessons-le, il est très difficile de parler de réussite ou
d’échec d’un sommet. Cela tient à la fois à si peu de choses… à de si nombreux
paramètres tellement subjectifs.
Mais
nous pouvons retenir que ce ne sont pas les mémoires controversées de Abdou
Diouf encore moins le meeting politique de Abdoulaye Wade qui ont finalement saboté
le sommet de la francophonie à Dakar.
Toujours
est il que ce sommet fera date dans l’histoire à cause aussi bien des
déceptions qu’il a engendrées que les bourdes de novice qui l’ont jalonnées.
En
premier lieu, la mésentente entre chefs d’Etats africains francophones étalée à
la face du monde aura, à l’occasion, coûté à l’Afrique le poste de direction de
la seule organisation internationale que leur majorité mécanique lui concédait
sans coup férir.
Le panafricanisme
ambiant s’en trouve rudement mis à l’épreuve et la francophonie trinque avec le
choix d’un bilingue qui a eu l’outrecuidance de s’exprimer en anglais dans le
temple !
S’il
est, en effet, aussi difficile de trouver un consensus autour de ses candidats
multiples, gageons qu’il sera beaucoup plus difficile aux africains de trouver
des compromis dynamiques autour des challenges contemporains qui les
narguent : énergie, agriculture, sécurité et éducation pour n’en citer que
les plus cruciaux.
Si
le nouveau secrétaire général de l’OIF, Madame Michaelle Jean, déroge aussi facilement au
parler-français de rigueur, alors pourquoi autant de peines et d’efforts ? Ne sommes nous pas en droit de nous inquiéter du spectre d'un cheval de Troie ?
En deuxième
lieu, la prise de parole refusée au Président Aziz de la Mauritanie qui cumule
la présidence en exercice de l’Union Africaine et celle d’un pays voisin a
également constitué une bourde de novice de la part du bonhomme président Maky
Sall.
Une
bourde d’autant plus inacceptable que son ministre d’Etat et conseiller
diplomatique, Ousmane Tanor Dieng, aimait ressasser que la géographie est une
contrainte majeure en diplomatie.
Il
s’y ajoute que notre culture traditionnelle, religieuse et civile accorde une
certaine prépotence au voisin et au voisinage!
En
troisième lieu, l’on pourrait reprocher à notre bonhomme président novice
d’avoir affiché ses états d’âme afférents à la politique intérieure
sénégalaise.
Comment
dauber ainsi son prédécesseur direct pour en encenser un autre ?
Comme
ca se fait il qu’à ses yeux, peut être myopes, que Abdou Diouf soit subitement
plus méritant que Abdoulaye Wade ?
Qui est plus méritant, en parlant de francophonie, que leur illustre prédécesseur, le President Leopold Sedar Senghor ?
N’aurait
il pas été plus correct de les confondre tous dans le même sac d’éloges ?
Voyez vous, bonhomme président, ménager
ses hôtes fait partie des règles de base du savoir vivre !
Eh oui, il le faut bien car le mot de Maupassant est plus que jamais d’actualité : les hommes d’aujourd'hui
ont si peu d’égards et de savoir vivre qu’il faut se montrer toujours sévère. C’est
vraiment le règne de la goujaterie !
Boniface SARR
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