dimanche 3 août 2025

QUI LIT LA NATURE ?

Poseidon était dans la place. On ne saura sans doute jamais s'il venait porter secours à son frère Hades, rôtissant sous les chaleurs orientales ou s'il était en service commandé pour son père. La seconde possibilité ouvrait une interrogation car Satan et Poseidon ne s'asseyaient plus autour du feu sacré. Pas parce que la notion de famille n'existait pas chez les démons mais plutôt parce que la relation entre le père pervers et le fils rebelle au penchant incestueux était des plus exécrables. 

La défiance de la marmaille avec l'aide de la racaille, dans tous les cas de figure, s'en était trouvée raffermie. Et ce d'autant plus que la première phase qui consistait dans la prise des otages avait connu un franc succès. Et cerise sur le gâteau, il avait  réussi à harceler le gourou au point de le pousser hors des rings. L'aide de Poseidon n'en serait plus que déterminante quant à la réussite de la seconde : l'échange d'otages.    

La victoire était collective et la gloire personnelle. Au Gourouland, la victoire était celle du gourou et la gloire pour l'ouroboros. Il avait réussi à faire la même chose que le monstre. En s'aplatissant devant la marmaille et la racaille -  pour quelle contrepartie, au juste ? - l'ouroboros avait donné son onction pour pourrir le gourou, aiguiser l'épée de Damoclès planant sur sa tête et surtout pour jeter les bases d'une industrie d'embouche de la vermine du monstre recyclée, taillée pour faire taire le reste de la horde des haillonneux, quand la plupart auront compris que le gourou n'avait, en réalité, aucun contrôle ou encore une quelconque influence sur le cours des choses administratives. 

On pouvait, à juste titre, se demander si le processus de monstrification avait-il abouti.  Quand on savait que le pouvoir émanait de Dieu mais que c'était Satan qui l'encadrait ! Oui le malin se débrouillait chaque fois pour être la voix intérieure et le conseiller oreiller des potentats amochés par la vanité et avilis par l'orgueil. 

Et que disent les jababus, ces têtes de lard qui pensent ce qu'ils disent et le disent à qui veut bien ou pas les entendre ? 

- l'ouroboros était une crapule hypocrite diplomée. Imeldasse semblait avoir eu la main heureuse au detour de ses shoppings ténébreux. L'effet du philtre de courage qu'elle lui avait rapporté ne sera pas permanent. Leur part de colibri sera accomplie si le gourou pouvait estimer être averti sans frais payés à un obscur politologue ou devin surchargé de cauris ou encore à un magicien enturbanné.  

- la frugalité, ce n'était pas le misérabilisme. Le gourou se trompait de bonne foi, on pouvait le lui concéder au regard de ses idées généreuses sur le partage équitable du butin national et des mesures téméraires de redressement qu'il avait proposées. Mais enfin, le gourou avait savoir que partout où l'on a chanté le développement, cela n'a eu pour effet que de fortifier un centre et dépérir une  périphérie. La frugalité, c'est justement le chemin inverse qui veut que c'est une base riche qui doit nourrir le sommet. Comme dans la Nature. Pas l'inverse. 

Mais qui lit la nature, au sommet ? La pire des formes d'asservissement est celle qui vous pousse à user des mêmes  termes que votre bourreau pour vous refaire. Vous n'êtes pas dans la résistance mais dans le mimétisme. Vous ne reconstruisez rien mais posez de l'email. Vous jouez le rôle du libéré qui récite le script de votre captivité dans un décor de dignité !