Le palace était devenu un immense jeu Lego. Place nette avait été faite pour l’expression ludomaniaque du garnement qui jouait avec les allumettes. Seulement, la facilité déconcertante avec laquelle il bâtissait et déconstruisait ses échafaudages l’avait convaincu qu’il pouvait disposer des hommes et des femmes de la même manière. Y compris des faits passés au Gourouland !
Le capitaine immature aimait tripoter les manettes du moteur de la pirogue ? Qu’à cela ne tienne : les forces réactionnaires alkebulanaises, si farouchement antagonistes au gourou, lui avaient façonné un joujou parfaitement adapté pour hypertrophier son ego, écho lointain d’un paganisme ancestral.
Était-ce à dire que les forces des ténèbres avaient parachevé leur emprise sur l’Ouroboros ? Cette interrogation contrastait avec la récente circonspection affichée par Imeldasse et sa mère, la Tisseuse.
Il y avait pourtant un bémol, signe d’un éclair ou d’un reste de lucidité chez l’Ouroboros. Il distribuait publiquement, en veux-tu en voilà, des preuves de son attachement au parasol que représentait le gourou pour lui, tout en réservant en privé ses prières de malédiction, exutoire cruel d’une rage née d’avoir vainement cherché une doublure parmi ses infâmes doungourous capable de l’épaissir autant, sinon davantage.
Ailleurs, pour ressusciter, l’ancien monstre n’avait eu d’autre solution que de vendre son âme au Diable. Sans renâcler.
Peut-être qu’ainsi, dans l’antre de Satan, il pourrait affronter la squaw à armes relativement égales. Oh, il n’ambitionnait pas de contre-peser dans le cœur du Diable l’attraction magnétique de la squaw. Il espérait simplement se lier d’amitié avec quelques-uns de la satanée progéniture. Tant mieux, si cela pouvait être une fille.