lundi 15 décembre 2025

LE ZENITH LUDOPATHIQUE....

Le palace était devenu un immense jeu Lego. Place nette avait été faite pour l’expression ludomaniaque du garnement qui jouait avec les allumettes. Seulement, la facilité déconcertante avec laquelle il bâtissait et déconstruisait ses échafaudages l’avait convaincu qu’il pouvait disposer des hommes et des femmes de la même manière. Y compris des faits passés au Gourouland !

Le capitaine immature aimait tripoter les manettes du moteur de la pirogue ? Qu’à cela ne tienne : les forces réactionnaires alkebulanaises, si farouchement antagonistes au gourou, lui avaient façonné un joujou parfaitement adapté pour hypertrophier son ego, écho lointain d’un paganisme ancestral.

Ludomanie égalait-elle folie ?
À question alambiquée, réponse ambiguë.
Pourtant, il restait certain que la manière de tanner le cuir révélait le degré d’honneur des personnages en jeu.

Était-ce à dire que les forces des ténèbres avaient parachevé leur emprise sur l’Ouroboros ? Cette interrogation contrastait avec la récente circonspection affichée par Imeldasse et sa mère, la Tisseuse.

Il y avait pourtant un bémol, signe d’un éclair ou d’un reste de lucidité chez l’Ouroboros. Il distribuait publiquement, en veux-tu en voilà, des preuves de son attachement au parasol que représentait le gourou pour lui, tout en réservant en privé ses prières de malédiction, exutoire cruel d’une rage née d’avoir vainement cherché une doublure parmi ses infâmes doungourous capable de l’épaissir autant, sinon davantage.

Ailleurs, pour ressusciter, l’ancien monstre n’avait eu d’autre solution que de vendre son âme au Diable. Sans renâcler.

Peut-être qu’ainsi, dans l’antre de Satan, il pourrait affronter la squaw à armes relativement égales. Oh, il n’ambitionnait pas de contre-peser dans le cœur du Diable l’attraction magnétique de la squaw. Il espérait simplement se lier d’amitié avec quelques-uns de la satanée progéniture. Tant mieux, si cela pouvait être une fille.     

jeudi 11 décembre 2025

RUMEURS DE CENDRES

Même si les choses étaient claires, le cas de l'ouroboros n'était pas une mince affaire. Il lui suffisait déjà de ne pas se soucier des veuves, orphelins et estropiés, d'oublier les morts et de dauber ses anciens bailleurs pour que l'on ne songe pas qu'il en rajoute la protection assumée des bourreaux, des voleurs et des escrocs.

L'ouroboros en était tout aussi conscient. Il avait cassé ses freins moraux. Sa sinistre ingratitude l'avait entrainé dans les contrées de la liberticité. Là bas, il s'était abreuvé au ruisseau de la haine du gourou et  avait chopé la rage qui avait dévoré les entrailles de l’ancien monstre et consumait toujours les coeurs de sa vermine.  

Il fallait, dès lors, l'encadrer tout au moins car la situation était alarmante. La déchéance de l'ouroboros aura clairement des conséquences inimaginables. Oui, il y avait de quoi peindre l'image d'un garnement qui jouait avec des allumettes. L'incendie escompté risquait de ravager toute une nation déjà meurtrie. Oui, le Gourouland était déjà suffisamment miné par des contradictions majeures. Les partisans du statut quo face aux militants de la révolution. Ceux qui grignotaient les semences contre ceux qui voulaient déguster les moissons.    

En effet, la coupe était en passe d'être pleine chez ceux qui, pour le moment, ruminaient en silence ce pervertissement de la volonté populaire qui sapait profondément et vicieusement les bases de la démocratie. La volonté populaire pouvait-elle ne plus être sacrée ? Et les engagements pris devant le peuple ?

La squaw exultait. Voila que le gourou lui donnait l'occasion rêvée de se concentrer davantage sur sa mission. Elle pensait à juste tire que l'ouroboros volerait à son secours. Ce faisant, la protection de la perverse Tisseuse deviendrait sans objet ! 

D'autant plus que la messe noire célébrée par le Grand Animal n'avait pas répondu aux attentes de la squaw dont le contrôle de la racaille et de la marmaille avec leurs satellites comme la brigade des nécrobies faisait partie des points les plus importants de sa stratégie de diriger le gourouland sans être élu, de décider sans légitimité. D'aucuns avaient quitté rapidement les lieux en jurant qu'ils ne se feraient plus avoir une deuxième fois.

Disons que si le grand animal n'était pas un fils de Satan, il lui avait été très proche pour que l'on n'accuse pas celui qui cherche à l'approcher de vouloir pactiser avec le Diable... Et qui oserait jeter la pierre à la squaw ? A sa décharge, c'était plutôt Satan qui s'était entiché d'elle. Plus l'amour est intense, plus l'amoureux est aveugle. Cet amour satanique inconditionnel étant sa botte secrète dont elle comptait user à l'abus ! 

dimanche 7 décembre 2025

DUPERIE ENTRE BALAI ET RATEAU ?

Le cauchemar des funambules n’était pas leur chute, mais la peur panique d’être confondus avec le fil lui-même… L’ouroboros s’était longtemps vanté de posséder le balai, mais en vérité, il était devenu depuis bien longtemps le râteau entre les mains de la squaw. Le balai rejette la saleté ; le râteau la rassemble.

La squaw, dont chaque pore respirait la gémellité avec l’ancien monstre à l’agonie, avait fait le pari d’associer l’utile protection de la belle-mère Tisseuse à l’agréable devoir d’achever la mission de sa dernière période de vie : faire rendre gorge à son ancien jumeau, qu’elle accusait d’avoir brisé les escaliers qui l’auraient portée, aujourd’hui, à la place de l’ouroboros. Satan, son improvisé protecteur énamouré, le lui avait-il soufflé à l’oreille ? Toujours est-il que, pour elle, tous les moyens étaient bons. Gare à quiconque constituerait une entrave !

Les haillonneux avaient-ils seulement saisi la nuance mais aussi le danger que le karma faisait désormais courir à l’ouroboros ?

Comme si le prétentieux locataire suprême, à l’image du top management haillonneux qu’il rêvait de manœuvrer, ignorait qu’il existe une station supérieure à la légitimité institutionnelle : celle que le gourou occupe de long en large. Il refusait simplement de l’admettre.

Oui, ce n’était pas faute de savoir que le chemin vers la transformation des mentalités était jalonné de dépouilles, d’handicapés à vie et de blessés marqués pour toujours et que s’écarter de cette voie revenait à profaner l’héritage sacré de ces vénérés martyrs.

L’homme est trop riche pour être le produit du néant, en effet. Voilà pourquoi l’ouroboros, qui marchait sur les cadavres avec arrogance, ne passait plus désormais, dans l'opinion publique nationale et internationale, que comme un complice assumé de l’ancien monstre.

Mais chhhhuuuut… L’oiseau de Minerve ne s’envole qu’à la tombée de la nuit. Les jababus n’allaient pas encore surcharger de trop ces esprits fêlés, déjà prisonniers de leurs propres élucubrations. Pour comprendre, nul besoin d’écouter pour entendre, encore moins de regarder pour voir.