mardi 30 décembre 2025

NI SATISFACTION, NI CONSOLATION....

On traînait chacun sa sale histoire. Une sale histoire que, pour rien au monde, on n’aurait révélée. Cette cachotterie devenue obsessionnelle creusait un clivage du moi. Plus la honte était profonde, plus l’investissement psychique s’intensifiait, jusqu’à tutoyer la paranoïa.

Le top-model d’Imeldasse, alias l’Ouroboros, fricotait trop ostensiblement avec les gobelins. Cette proximité n’était pas dangereuse en soi, mais elle dépassait le cadre banal. Elle rappelait un air de déjà-vu, celui de l’ancien monstre, aujourd’hui perdu dans les gouffres de l’histoire. Les monstres, de tout temps, avaient ce sacré talent : pervertir ce qu’ils couvaient. Mais au bout du compte, qui se jouerait de qui ?

La réticence quasi générale de la marmaille et de la racaille l’avait sans doute poussé à tenter ce saut périlleux. À croire qu’il cherchait des alliés pour un sale coup contre le gourou. Même si les minables stratèges en arrivaient à oublier la prudence et le sommeil, la sécurité était l'ainé de leurs soucis. A Tarpeia ad Capitolium... La Gen Z rôdait ! 

En vérité, le garnement jouant avec les allumettes n’était pas pyromane. Il s’était laissé prendre au jeu de la squaw et des forces ancestrales des ténèbres, bien décidées à le hisser sur le trône de Sauron. Il offrait  le spectacle pathétique de Gollum, se servant de ruse pour réaliser une pitoyable ambition.

L’Ouroboros avait décrété un nouveau mot d’ordre : contraindre le gourou au silence, l’humilier publiquement en contredisant ses décisions administratives, pactiser avec ses adversaires, mettre la pression sur ses affidés. Mine de rien. Ni vu, ni connu. 

Dans l’antichambre de Satan, la squaw et le monstre se toisaient. En ces lieux lugubres et sinistres, la parole était d’or, la discrétion de mise, la suspicion la règle et le silence une loi jalousement gardée par le maître des céans, himself. La présence de la squaw rassurait pourtant : jamais elle n’avait nourri l’intention de quitter le giron satanique.

La proximité avec le diable avait ses qualités jouissives, au-delà de toute limite connue. En effet, rien n'était plus terrible que de faire les choses sous contrainte. On n'y gagne ni satisfaction, ni consolation. 

vendredi 26 décembre 2025

JEU DU FEU ET DES OMBRES

L’ouroboros croyait semer les graines de réconciliation, mais ne voyait pousser que des plants de division. Que récolterait-il de tant d’efforts ?

Et la squaw ? Les supputations sur le sens de son périple prochoriental allaient bon train. Était-elle partie chercher absolution, force nouvelle ou exfiltration du grin de Satan ?

En ce moment de quête de transformation intérieure, les états d’âme de l’ouroboros passaient au second plan. La squaw avait rayé la fidélité de son agenda ; la dernière fois qu’elle en avait donnée, c’était au monstre, et elle s’en mordait encore les doigts… Basta, les hommes : misérables traîtres, pauvres diables, invétérés luxurieux !

Satan et le monstre etaient bien là, à coté de l’ouroboros. Rien ne soude mieux que la haine partagée !

Le monstre, sûr de son expérience, avait averti : un armistice serait le comble du malheur.

Satan, lui, ne dévoilait jamais le fond de sa pensée. Il se contentait de sa présence, les flammes gerboyant autour de sa tête, les follicules de cendres virevoltant au-dessus de ses hordes, le panache de fumée s’échappant des yeux de ses suppôts, et les tridents étincelants surplombant la progéniture.

Mais où était donc l’esprit de ruche capable de faire nation, face à l’offensive inédite des hordes démoniaques qui tarissaient les sources d’argent ? Le gourou serait-il condamné, encore et encore, à incarner seul le Gourouland ? 

Le gourou observait le pauvre hère qu’il avait pris jadis sous sa tutelle devenir un garçon pouvorien, ludopathe et prétentieux, à la tête d’une troupe de croquants et de croquantes assommés par les gâteries et les délices du pouvoir, avançant de pied ferme dans la trahison.

L’ouroboros avait choisi de faire les premiers pas vers la trahison ; l’Histoire ne faisait que l'y précipiter à grands pas.

Le ciel etait devenu subitement tout gris, l'astre solaire se cachait-il pour pleurer ? Le Gourouland retenait son souffle dans ce qui semblait etre un reflux. Le destin avait appele au grand rassemblement pour la mise sur pied d'une force de conjuration contre ceux qui attentaient à l'ordre cosmique, ceux qui jouaient avec le pouvoir. 

Le vrai jeu allait-il commencer ?

jeudi 18 décembre 2025

LES ONDES DU POUVOIR

Ce ne fut pas qu’au Gourouland que l’oscillation simiesque de l’ouroboros fit trembler cœurs et esprits. Elle avait parcouru l’Alkebulan tout entier, et bien au-delà, s’insinuant dans les consciences et maudissant cette acrobatie digne de Satan qui dénaturait l'homme.

Car l’acte politique est une onde longue. La décision passe, la signature sèche, mais la fréquence persiste, gouvernant longtemps après que les acteurs eux-mêmes l’aient oubliée. On croit décider dans l’instant ; on agit, en vérité, dans la durée, et chaque choix laisse derrière lui un sillage invisible, irrésistible, irréversible.

L’acte émotionnel, au contraire, n’est qu’une onde de choc. Instable, débordante, incontrôlable, il bouleverse les cadres établis et transforme les hommes en pions de leur propre passion. Or, ici, le lien émotionnel entre le gourou et les haillonneux surpassait toutes les hiérarchies officielles : plus fort que ce qui pouvait unir l’ouroboros à ses satrapes, plus puissant que tout décret ou commandement.

Le gourou le savait et ne s’en inquiétait nullement. Pourquoi affronter l’ouroboros, quand il suffisait de l’effleurer, de le provoquer légèrement, et de laisser l’émotion agir comme catalyseur ? Ainsi se révélait la tare longtemps cachée : l’impulsivité de l’ouroboros, cette immaturité qui se croyait courage.

Les conséquences furent dévastatrices. La squaw et les forces des ténèbres qui l’auréolaient furent englouties dans la tourmente, victimes collatérales de cette onde émotionnelle incontrôlée. L'horizon des satrapes s’étiolait : sans retenue, sans honneur, ils ne prieraient plus l’ouroboros, mais son bic, réduits à la bureaucratie et à la gestion servile.

Cependant, il y avait là une leçon que nul décret ne pourrait effacer : quand le lien vrai, l’émotion sincère, dépasse l’autorité apparente, tout pouvoir se trouve relativisé. La loyauté n’est plus un mot, elle est un acte fédérateur et un symbole de ralliement.  Malheur à ceux qui croyaient tenir le jeu par la peur ou par l’ombre d’un titre, ils découvriraient, trop tard, que leur influence n’était qu’un souffle, face à la tempête des émotions collectives.

C’est là, dans cette vérité ignorée par tant de régimes, que réside la clé du manifeste politique : gouverner n’est pas imposer, mais comprendre et canaliser les ondes, visibles et invisibles. Et surtout, reconnaître que l’émotion, lorsqu’elle est partagée et intense, est plus solide que toutes les alliances superficielles. Le gourou l’avait compris. Au tour de l’ouroboros de l'apprendre !

Ainsi, les satrapes se souviendront : la politique qui ne mesure pas la puissance des liens émotionnels est vouée à l’échec. Ceux qui croient dominer par la structure tomberont sous le poids de ce qu’ils ont ignoré. 

Et les maîtres du monde, les socles des pouvoirs, ne sont pas toujours ceux qui tiennent ou distribuent les titres, mais ceux qui savent orchestrer l’onde silencieuse qui traverse les cœurs.