Même si les choses étaient claires, le cas de l'ouroboros n'était pas une mince affaire. Il lui suffisait déjà de ne pas se soucier des veuves, orphelins et estropiés, d'oublier les morts et de dauber ses anciens bailleurs pour que l'on ne songe pas qu'il en rajoute la protection assumée des bourreaux, des voleurs et des escrocs.
L'ouroboros en était tout aussi conscient. Il avait cassé ses freins moraux. Sa sinistre ingratitude l'avait entrainé dans les contrées de la liberticité. Là bas, il s'était abreuvé au ruisseau de la haine du gourou et avait chopé la rage qui avait dévoré les entrailles de l’ancien monstre et consumait toujours les coeurs de sa vermine.
Il fallait, dès lors, l'encadrer tout au moins car la situation était alarmante. La déchéance de l'ouroboros aura clairement des conséquences inimaginables. Oui, il y avait de quoi peindre l'image d'un garnement qui jouait avec des allumettes. L'incendie escompté risquait de ravager toute une nation déjà meurtrie. Oui, le Gourouland était déjà suffisamment miné par des contradictions majeures. Les partisans du statut quo face aux militants de la révolution. Ceux qui grignotaient les semences contre ceux qui voulaient déguster les moissons.
En effet, la coupe était en passe d'être pleine chez ceux qui, pour le moment, ruminaient en silence ce pervertissement de la volonté populaire qui sapait profondément et vicieusement les bases de la démocratie. La volonté populaire pouvait-elle ne plus être sacrée ? Et les engagements pris devant le peuple ?
La squaw exultait. Voila que le gourou lui donnait l'occasion rêvée de se concentrer davantage sur sa mission. Elle pensait à juste tire que l'ouroboros volerait à son secours. Ce faisant, la protection de la perverse Tisseuse deviendrait sans objet !
D'autant plus que la messe noire célébrée par le Grand Animal n'avait pas répondu aux attentes de la squaw dont le contrôle de la racaille et de la marmaille avec leurs satellites comme la brigade des nécrobies faisait partie des points les plus importants de sa stratégie de diriger le gourouland sans être élu, de décider sans légitimité. D'aucuns avaient quitté rapidement les lieux en jurant qu'ils ne se feraient plus avoir une deuxième fois.
Disons que si le grand animal n'était pas un fils de Satan, il lui avait été très proche pour que l'on n'accuse pas celui qui cherche à l'approcher de vouloir pactiser avec le Diable... Et qui oserait jeter la pierre à la squaw ? A sa décharge, c'était plutôt Satan qui s'était entiché d'elle. Plus l'amour est intense, plus l'amoureux est aveugle. Cet amour satanique inconditionnel étant sa botte secrète dont elle comptait user à l'abus !