jeudi 11 décembre 2025

RUMEURS DE CENDRES

Même si les choses étaient claires, le cas de l'ouroboros n'était pas une mince affaire. Il lui suffisait déjà de ne pas se soucier des veuves, orphelins et estropiés, d'oublier les morts et de dauber ses anciens bailleurs pour que l'on ne songe pas qu'il en rajoute la protection assumée des bourreaux, des voleurs et des escrocs.

L'ouroboros en était tout aussi conscient. Il avait cassé ses freins moraux. Sa sinistre ingratitude l'avait entrainé dans les contrées de la liberticité. Là bas, il s'était abreuvé au ruisseau de la haine du gourou et  avait chopé la rage qui avait dévoré les entrailles de l’ancien monstre et consumait toujours les coeurs de sa vermine.  

Il fallait, dès lors, l'encadrer tout au moins car la situation était alarmante. La déchéance de l'ouroboros aura clairement des conséquences inimaginables. Oui, il y avait de quoi peindre l'image d'un garnement qui jouait avec des allumettes. L'incendie escompté risquait de ravager toute une nation déjà meurtrie. Oui, le Gourouland était déjà suffisamment miné par des contradictions majeures. Les partisans du statut quo face aux militants de la révolution. Ceux qui grignotaient les semences contre ceux qui voulaient déguster les moissons.    

En effet, la coupe était en passe d'être pleine chez ceux qui, pour le moment, ruminaient en silence ce pervertissement de la volonté populaire qui sapait profondément et vicieusement les bases de la démocratie. La volonté populaire pouvait-elle ne plus être sacrée ? Et les engagements pris devant le peuple ?

La squaw exultait. Voila que le gourou lui donnait l'occasion rêvée de se concentrer davantage sur sa mission. Elle pensait à juste tire que l'ouroboros volerait à son secours. Ce faisant, la protection de la perverse Tisseuse deviendrait sans objet ! 

D'autant plus que la messe noire célébrée par le Grand Animal n'avait pas répondu aux attentes de la squaw dont le contrôle de la racaille et de la marmaille avec leurs satellites comme la brigade des nécrobies faisait partie des points les plus importants de sa stratégie de diriger le gourouland sans être élu, de décider sans légitimité. D'aucuns avaient quitté rapidement les lieux en jurant qu'ils ne se feraient plus avoir une deuxième fois.

Disons que si le grand animal n'était pas un fils de Satan, il lui avait été très proche pour que l'on n'accuse pas celui qui cherche à l'approcher de vouloir pactiser avec le Diable... Et qui oserait jeter la pierre à la squaw ? A sa décharge, c'était plutôt Satan qui s'était entiché d'elle. Plus l'amour est intense, plus l'amoureux est aveugle. Cet amour satanique inconditionnel étant sa botte secrète dont elle comptait user à l'abus ! 

dimanche 7 décembre 2025

DUPERIE ENTRE BALAI ET RATEAU ?

Le cauchemar des funambules n’était pas leur chute, mais la peur panique d’être confondus avec le fil lui-même… L’ouroboros s’était longtemps vanté de posséder le balai, mais en vérité, il était devenu depuis bien longtemps le râteau entre les mains de la squaw. Le balai rejette la saleté ; le râteau la rassemble.

La squaw, dont chaque pore respirait la gémellité avec l’ancien monstre à l’agonie, avait fait le pari d’associer l’utile protection de la belle-mère Tisseuse à l’agréable devoir d’achever la mission de sa dernière période de vie : faire rendre gorge à son ancien jumeau, qu’elle accusait d’avoir brisé les escaliers qui l’auraient portée, aujourd’hui, à la place de l’ouroboros. Satan, son improvisé protecteur énamouré, le lui avait-il soufflé à l’oreille ? Toujours est-il que, pour elle, tous les moyens étaient bons. Gare à quiconque constituerait une entrave !

Les haillonneux avaient-ils seulement saisi la nuance mais aussi le danger que le karma faisait désormais courir à l’ouroboros ?

Comme si le prétentieux locataire suprême, à l’image du top management haillonneux qu’il rêvait de manœuvrer, ignorait qu’il existe une station supérieure à la légitimité institutionnelle : celle que le gourou occupe de long en large. Il refusait simplement de l’admettre.

Oui, ce n’était pas faute de savoir que le chemin vers la transformation des mentalités était jalonné de dépouilles, d’handicapés à vie et de blessés marqués pour toujours et que s’écarter de cette voie revenait à profaner l’héritage sacré de ces vénérés martyrs.

L’homme est trop riche pour être le produit du néant, en effet. Voilà pourquoi l’ouroboros, qui marchait sur les cadavres avec arrogance, ne passait plus désormais, dans l'opinion publique nationale et internationale, que comme un complice assumé de l’ancien monstre.

Mais chhhhuuuut… L’oiseau de Minerve ne s’envole qu’à la tombée de la nuit. Les jababus n’allaient pas encore surcharger de trop ces esprits fêlés, déjà prisonniers de leurs propres élucubrations. Pour comprendre, nul besoin d’écouter pour entendre, encore moins de regarder pour voir.

vendredi 5 décembre 2025

SAUPOUDRER POUR REGRETTER...

Et si, à l'instar de l'amour, le pouvoir qui s'abat violemment sur un homme ne lui apportait que rarement vertu et bon renom ?

L'absurdité de son comportement tenait au désir d'imiter celui à qui l'on ne pourra jamais ressembler. Voila le déclenchement émotionnel qui, sans aucun doute, avait perdu l'ignoble sombre idiot et ingrat, l'ouroboros. Mais à qui avait-il voulu ou voulait -il ressembler ?

Notamment quand on en vient à apprendre que le Grand Animal avait convoqué une messe noire de la racaille et de la marmaille dont pratiquement tous les éléments affichaient leur même aplomb insolent d'antan ! 

Il n'avait manqué que le chef assassin qui s'était débiné dès potron-minet. Le lascar ne saura peut etre jamais ce qu'il perdait en cet instant car il est un bénéfice ineffable dans la témérité définitivement hors de portée d'un pleutre !     

Mais quels en ont été et l'ordre du jour et les résolutions prises ?  mais encore et surtout, qui était l'instigateur de cette étrange assemblée générale ? 

Satan semblait avoir modéré ses ardeurs. L'ouroboros faisait-il bien le job à sa place ? 

Seulement, les hordes de démons ne l'entendaient pas ainsi. Il leur était inacceptable que les forces des ténèbres prennent leur place et agissent comme eux. Réussir à pénétrer la cervelle de l'ouroboros, le convaincre d'être la réincarnation de l'ancêtre païen, ce sinistre roitelet éventreur de ses sujets à ses heures perdues, relevaient à leur yeux d'un véritable métier de démons sous la conduite éclairée de leur satané Maitre ! 

Toutefois, les dérives de ses épouvantable éléments et les divagations de la squaw avaient échoué à faire passer l'ouroboros pour un ange. D'ailleurs, le pire est que celui qui veut se faire passer comme tel se révèle généralement un immonde fripon...  

La toile de la Tisseuse n'exhibait jusqu'ici que du menu fretin empêtré dans les fils. Le souffle du gourou faisait rage !

Là-bas, l'ancien monstre à l'agonie avait soudainement redonné des signes de vie. Il avait rouvert un oeil. Un simple reflexe ou un effet de la perfusion de son fils le bidasse galonné austral qui avait tenté de le ressusciter en mettant en scène la pièce qu'il avait lui-même écrite ?

Ici, La révolution gouroulandaise tournait au vinaigre. Elle n'en était pas encore à bouffer ses enfants mais son chef l'avait trahie. Devant l'impuissance de son guide. 

Dans un geste de défiance bien calculé, l'ouroboros avait fait peu de cas de la question essentielle de l'exemplarité du chef, le talon d'Achille de toute révolution. 

Son travail de sape s'enrichissait, à présent, d'opérations de saupoudrage. Il devenait joueur. Miser, espérer, regretter ? 

Il n'en avait cure. Seule l'importait la mise sous l'éteignoir du gourou. Alors seulement pourrait-il gagner, devant l'assemblee des monstres, ses galons de grand monstre, plus grand que son prédécesseur.