dimanche 22 avril 2018

PARDONNEZ-MOI, Idrissa SECK !

Il y a comme une lueur de vérité qui est venue subitement déchirer le voile de mes doutes et ignorances vous concernant. Je me suis d’ailleurs demandé, comment moi, qui ne suis point un intermittent de l’esprit critique, ai-je pu être happé par le discours populaire au point de ne pas voir tel que vous vous étiez révélé et non tel que vous étiez présentés ? Je me suis rendu compte alors, que comme beaucoup de Sénégalais, j’étais emporté par le torrent de désinformation et de diabolisation produit par une pluie médiatico-judiciaire qui s’est abattue, sans relâche, sur vous, bien plus que sur tout autre politique.
Un discours qui habite la grandeur
Poussé par ce subit réveil, je me suis mis alors à vous réécouter, maintenant que mon oreille, ou devrais-je dire mon cœur, s’était libéré de ce voile qu’une longue exposition à la propagande haineuse avait fini d’installer. Dès lors, j’ai commencé à saisir le véritable sens de vos discours. Ce que je prenais pour la prétention est devenu de la grandeur, ce que je percevais comme arrogance s’est révélée être une ascèse discursive dans une sphère politique, où les esprits brillants ont souvent fait la place aux tonneaux bruyants.
Votre discours habite un espace conceptuel qui est défini par la grandeur. Elle se perçoit aussi bien dans les références que dans le choix des mots. Cette grandeur sans laquelle on ne peut habiter la fonction présidentielle ; sans laquelle, le lustre attaché à cette fonction perd sa brillance, et avec elle toute capacité de produire un leadership transformationnel.
Un révélateur de compétences
Cet univers conceptuel de la grandeur, je me suis pris à le constater dernièrement en étudiant le parcours et l’évolution de ceux qui vous entourent. Il n’y a pas un meilleur signal du leadership que le choix de l’entourage. Qu’ils soient arrivés cela soit par cooptation ou par attirance, ceux qui entourent le politique nous renseigne beaucoup sur sa vision du leadership, sur ce qui est important à ses yeux dans la conduite de l’activité politique. Sur ce plan, votre signal est on ne peut plus clair et il émet clairement sur les ondes de la compétence et de la rigueur.
Un sens de la justice
Je me suis alors interrogé sur votre parcours politique et vos positions dans notre système politique dont la plus grande caractéristique est sa capacité de production victimaire. Ceci fait d’ailleurs opérer une logique de « revolving door », une porte tournante qui transforme les acteurs politiques tantôt en bourreau, tantôt en victime. Je n’ai pas pu constater à part vous, un seul homme politique qui a été toujours du bon côté de la porte, en soutien aux victimes et jamais en auteur de l’injustice. Je ne me souviens pas avoir vu votre nom associé à aucune modification constitutionnelle, y compris sous Wade,
C’est sans doute ce sens de la justice qui vous place aussi du bon côté, quand on étudie les séquences temporelles des régimes auxquels vous avez participé. 2000 à 2004 fut sans aucun doute la période la plus pure et la plus orthodoxe de la gouvernance wadienne, tout comme 2012 à 2013 le fut pour celle de Macky. Cette corrélation est quand même révélatrice d’une certaine attitude par rapport à la politique.
Une force morale et une capacité de résilience
La souffrance et la difficulté sont les deux mamelles du leadership. Le chanteur arabe s’interroge même, si sans ces deux éléments, l’être humain peut compléter son humanité.  Une telle question est encore plus pertinente pour l’homme politique qui ne peut s’élever face à l’adversité que s’il l’a rencontrée sous sa prime forme. Qui peut douter sur ce plan que vous avez été bien servi ? Sans doute cela vous a-t-il aguerri comme le disait votre porte-parole il y a quelques temps ? Vous en avez sans doute tiré une résilience qui vous donne un parti qui fait pousser encore plus de têtes, chaque fois qu’un coup de sabre machiavélique en fait tomber quelques-unes.  Cela vous pousse sans doute à partager, même quand le risque d’une adversité subséquente n’est pas nul, comme vous l’avez fait avec la Mairie de Thiès.
Me reviennent alors ces mots de Rudyard Kipling, que je n’aurais jamais associé à votre personne, si ce voile de rancœur et d’incompréhension ne s’était pas levé à la faveur de mon attitude critique et d’une lecture attentive de notre récente histoire politique. J’aurais pu évoquer ce long poème et chaque vers viendra évoquer le piège dans lequel la clameur propagandiste m’avait entrainé, avec un certain nombre de mes compatriotes. Mais j’en extrairai juste quelques-uns pour vous demander de me pardonner et pour vous donner rendez-vous, quelque part dans un isoloir, en 2019, incha Allah.
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
 travesties par des gueux pour exciter des sots,
 Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles sans mentir toi-même d’un mot ; 
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
 et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
 Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
 Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Saliou Dione, Consultant international

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