Là où le sang a coulé, l’arbre de l’oubli ne peut grandir, dit un célèbre dicton.
Mais il semble bien que ce qui vaut partout ne l’est guère à
Gorée.
En
pèlerinage là-bas avec des hotes étrangers, je me suis vu retirer ma pièce
d’identité au sein du saint des saints, la Maison des esclaves, par d’incultes
ASP qui m’ont sommé de venir m’expliquer au poste de police.
Devant
mon étonnement bruyant pour masquer ma honte devant mes hôtes, ils m’ont dit
qu’il était obligatoire de prendre un guide pour visiter Gorée !
J’ai
fait mon tour tranquillement puis suis allé rencontrer le nonchalant chef du poste de police, un type imbu de sa personne, Monsieur Niang qui a, à peine, daigné lever
l’œil de son ordinateur avec lequel il jouait pour en fin de compte m’entendre
dire que les ASP ne pouvaient pas faire la distinction entre les guides et les visiteurs
et que pour éviter cette mésaventure, il me conseillait la prochaine fois de
venir lui demander la permission avant de visiter les lieux avec des amis.
J’ai
repris ma pièce et suis parti tout triste de me retrouver étranger dans mon
pays, tout triste de devoir payer pour arpenter les ruelles de Gorée, tout
triste que Gorée soit la chasse gardée de quelques uns… en plus d’être tout
triste de tout à Gorée !
Et
me suis résolu dans ma tête soit de m’indigner auprès de l’avocat-maire de
Gorée qui doit bien être, peu ou prou, à la tête de cette fumisterie
ségrégationniste, soit d’alerter les Ministères de la Justice et de l’Intérieur contre cette atteinte inqualifiable aux libertés individuelles et citoyennes ou
alors d’informer le bonhomme président Maky Sall, gardien de la Constitution.
Gorée a besoin de plus de respect, d'hommes respectables fidèles à sa mémoire, d'hommes respectueux des valeurs de civilisation au nom desquelles nous nourrissons l'espoir qu'il n y ait plus jamais, à l'avenir, d'autres Gorée !
Gorée n'a surtout pas besoin de sangsues, encore moins de ces vampires qui essorent son sable pour boire les gouttes du sang dont il est imbibé à satiété et surtout pas encore de ces charognards qui veulent se délecter du nectar de la souffrance du devoir de souvenir....
Mais quelquefois il faut le pardon... qui n’est ni silence... ni oubli…
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