Babacar Ndong est un sénégalais de 38 ans qui
vient allonger la liste des morts suspectes survenues dans les locaux des
forces de l’ordre sénégalaises.
La brigade de gendarmerie de Hann en est l’affligeante
vedette, pour cette fois-ci…
Ayant maille à partir avec son employeur, le
jeune Babacar a été interpellé et placé en garde à vue ; il attendait
sereinement d’être déféré au parquet lundi matin devant le procureur de la
République pour être édifié sur son sort. Les tortionnaires, de toute évidence,
avaient concocté un autre plan pour lui…
Sa famille atteste d’ailleurs l’avoir quitté le
dimanche dans d’excellentes conditions. Lundi matin, un coup de fil matinal des
pandores leur annonça la mort de leur frère Babacar.
Selon ces tristes bouchers, Babacar se serait
pendu. Dans le violon ! Sa famille, avec force arguments, s’oppose avec véhémence
à cette thèse un peu tirée par les cheveux.
Aucun crime n’étant parfait, la rapidité dans
l’établissement du certificat de genre de mort ainsi que la célérité de
l’autopsie a définitivement conforté les doutes de la famille.
Le déni de la dignité humaine a de beaux jours
devant lui, au Sénégal. Cette sauvagerie gendarme, si l’on veut, n’en est que
la face visible. La faiblesse de l’Etat en est la cause première.
Laquelle faiblesse qui a désaxé moralement la
société se mesure à travers l’inefficacité de l’action publique : ses
choix scandaleux, sa prédation avérée et sa gouvernance stérile.
Pour 2016, la manne financière réservée aux
fêtes et cérémonies va s’élever à deux milliards de F cfa dans un pays classé
parmi les plus pauvres au monde !
Dans ces conditions ce ne sont pas les
vociférations du bonhomme président qui vont ployer les dirigeants du G20.
A ces derniers, je suggèrerai de confier le
fonds d’urgence à leur multinationales opérant en Afrique pour exécuter des
programmes pertinents dans le cadre de la Responsabilité Sociale d’Entreprise. La qualité des ouvrages, au moins, est garantie !
Les gendarmes rient, quant à eux ; ils
peuvent garder encore longtemps le sourire, assurés qu’ils sont de la plus
étanche impunité.
Et pour cause, ce sont eux qui veillent sur le
sommeil de nos doctes élites et assurent la garde des institutions, donc, en
chauves-souris ou hiboux, ils sont témoins privilégiés de leurs diaboliques frasques et ballets nocturnes.
Sans doute que pour les gendarmes, la question
est simplement morale. Quand on est petit, on ne peut voir que petit et tout
ramener à ses propres dimensions matérielles et spirituelles. Les djihadistes
ont de qui tenir !
Malgré lui, le bonhomme président Maky Sall, en
faisant la sourde oreille, se rend complice de cet ignoble forfait relevant de
la plus éminente barbarie. Au même titre que son premier ministre, son ministre
de la Justice, son ministre de la Défense et son gouvernement…
Quelle doit être l’étendue de l’horizon mentale
des gendarmes pour ne pas saisir encore le sens de la présomption d’innocence
qui auréole la dignité humaine des prévenus ?
Comment les gendarmes en sont-ils arrivés à se
prendre pour des juges ? Etre petit et s’attaquer à quelqu’un de très
grand doit être aussi jouissif que cela ?
Une bonne part de cette faute incombe sans
doute au Colonel Ndao qui se vante d’être le parrain de la mesure qui consacre
au poste de commandant de brigade des individus dont le mérite ne dépasserait guère,
en d’autres lieux et autres temps, celui de videurs de bars…
El Hadj NIANG