vendredi 22 août 2014

NOUS SERONS UN PEUPLE....

Nous serons un peuple, si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges et que le mal n'est pas l'apanage des autres.


Nous serons un peuple lorsque nous ne dirons pas une prière d'actions de grâces à la patrie sacrée chaque fois que le pauvre aura trouvé de quoi dîner.


Nous serons un peuple lorsque nous insulterons le sultan et le chambellan du sultan sans être jugés.


Nous serons un peuple lorsque le poète pourra faire une description érotique du ventre de la danseuse.


Nous serons un peuple lorsque nous oublierons ce que nous dit la tribu, que l'individu s'attachera aux petits détails.


Nous serons un peuple lorsque l'écrivain regardera les étoiles sans dire : notre patrie est encore plus élevée et plus belle!


Nous serons un peuple lorsque la police des moeurs protègera la prostituée et la femme adultère contre les bastonnades dans les rues.


Nous serons un peuple lorsque le Palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades, dans les concours de beauté et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.


Nous serons un peuple lorsque le chanteur sera autorisé à psalmosier un verset de la Sourate du Rahmân dans un mariage mixte.


Nous serons un peuple lorsque nous respecterons la justesse et que nous respecterons l'erreur."



                                                         Mahmoud Darwich

vendredi 15 août 2014

TROP C'EST TROP !



 L’étudiant Bassirou FAYE a été tué par un policier. Lequel après avoir épuisé ses balles dissuasives et après avoir telephoné à quelqu’un – son supérieur, sans aucun doute - a dégainé son arme avec des balles réelles pour l’abattre à bout portant. Devant témoin !

La balle a traversé sa tête et le jeune homme a agonisé des heures durant avant de rendre l’âme.

Nous espérons que le procureur de Maky Sall, Serigne Bassirou GUEYE, tient là l’occasion de sa vie pour passer au grade supérieur de procureur de la République, faire son travail et mériter le respect de ses concitoyens et surtout de ses parents et sa famille !

Le président de l’Union des Magistrats du Sénégal,  Abdoul Aziz Seck, avait sans doute vu venir quand il le mettait en garde lors de son installation, le 03 mai 2013, « le procureur de la République est certes nommé par le ministre de la justice, mais il travaille pour la justice. Quand on est procureur, on ne doit pas être sous ordres ».

Car trop c’est trop ! C’est à se demander dans quel pays nous sommes ?

Des éléments des forces de sécurité, mal formés et mal éduqués, corrompus jusqu’à la moelle se paient quotidiennement, aussi bien dans leurs bureaux pouilleux que dans la rue, le luxe d’agresser, de tabasser et de tuer les citoyens.  

Sans qu’aucune autorité ne lève le moindre doigt !  Sinon que d’appeler le parent du défunt, former une délégation pour aller lui remettre une somme qui représente plus d’une centaine de bourses estudiantines. Cette somme décaissée ailleurs et à temps et pour qui de droit aurait sans doute permis d’éviter l’irréparable…

Et si les nombreuses alertes émanant de la société civile n’ont pas eu l’heur d’être entendues jusque là, c’est bien qu’il y a une complicité.

La complicité des magistrats, en effet, est parfaitement engagée dans cette situation.

Le procureur - d’un parquet trop affairiste - qui ne s’autosaisit jamais et les magistrats - hommes d’affaires - qui n’osent pas condamner les éléments véreux…

Des policiers et des gendarmes, paresse intellectuelle de temps en temps, intelligence limitée dans la plupart des cas, ne s’embarrassent guère d’aller au fond des choses.

Comme en atteste la très longue liste de meurtres jamais élucidés de citoyens toutes obédiences confondues.

Pour plaire au prince, distributeur de faveurs, la prérogative de la sanction est totalement laissée à l’initiative de l’autorité politique, le Président de la République en l’occurrence, qui ne s’en prive pas pour essayer de mettre tout le monde au pas, à son tempo ! 

Qu’importe, alors, qu’il essaie de masquer sa faiblesse par de la méchanceté ?

Téléguidé par le prince, un policier devenu magistrat, le procureur "special" Alioune Ndao, est d’ailleurs entrain de commettre en toute complicité avec des magistrats-marionnettes les pires forfaits qu’une âme humaine croyante ne peut perpétrer et soutenir !

On ne peut plus moralement continuer à confier la gestion de l’ordre public à des types pareils et humainement accepter de subir leurs brimades !   

Mais le bonhomme président est-il conscient qu’il est entrain de jouer avec le feu ?

Pour la première fois dans ce pays, un opposant politique, Monsieur Idrissa Seck, a fait part de  l’éventualité d'une  « organisation de la résistance » en réaction contre ces dérives fourbes et barbares qui commencent à semer le désordre ... Trop !  

               Fakoly BERETE

mardi 5 août 2014

SAUVER L'ECOLE...



Le directeur des examens et concours au ministère de l’éducation nationale, Monsieur Baba Yacine Gueye, à dix jours de la retraite, est tombé.

Son arrestation fait suite au scandale des fraudes décelées au concours de recrutement des élèves-maitres.

Le comble est qu’en face des limiers, son assistant a avoué qu’ils n’en étaient pas à leur premier coup de main. Une question légitime surgit : Depuis quand ?  

Raisonnablement, donc, nous somme fondés de nous inquiéter par rapport à l’existence d’un système insidieux et ancien qui est, au bout du compte, responsable de cette hécatombe inouïe du bac de cette année qui a enregistre un très faible taux de réussite de 30%, couronnant ainsi une éducation qui est bel et bien chavirée.

Krishnamurti a bien raison, le véritable problème de l’éducation est l’éducateur !

Ce taux d’échec faramineux serait il la sanction du faible niveau des enseignants ?

Et ce faible niveau des enseignants difficilement dissimulable serait il à l’origine de la défiance des élèves par rapport à eux ?

Monsieur Idrissa Seck, en politicien avisé, a bien fustigé cette situation qui fait de notre pays le dernier producteur de bacheliers de notre sous région voire du continent africain.

Mais il faut bien avoir le courage de poser le problème plus clairement.

Ce n’est pas, effectivement, la substitution mathématique des 690 élèves maitres recrutés cette année dans le cadre du système truqué par 690 autres sur la liste d’attente qui est la solution.

Et c’est peut être là également l’explication de la défiance des élèves par rapport à leurs professeurs….

La vérité est que la qualité du système éducatif a dégringolé au fur et à mesure que les assistants techniques le quittaient.  Justice immanente ou méfait du monopole ?

Sans doute les deux…car on ne comprendra jamais que l’on ait poussé à la sortie des personnes  aussi engagées et au dévouement souvent philanthropique de façon aussi cavalière tout autant que les enseignants aient osé aussi imprudemment  arpenté le chemin de la robinsonnade intellectuelle.

L’air du temps était, il vrai, au corporatisme chauvin et exclusif, qui s'est avéré très complaisant puis si appauvrissant !

Le constat dramatique reste qu’au niveau de l’éducation nationale, depuis belle lurette, il y a tout comme une inversion des comportements. Ce sont à présent les enseignants qui ont pris la place des élèves dans l’instigation de mouvements de grève sur fond de revendications plus matérielles que morales qui sapent le déroulement normal de l’année scolaire !

Malgré donc toutes les reformes pédagogiques entreprises et les moyens financiers conséquent mis en œuvre, la qualité de l’enseignement est en chute libre.

C’est dire qu’il faut un bond révolutionnaire dans le sens de Kautsky i.e un orage violent après lequel on respire à pleins poumons !

Sinon, n’est ce pas qu’il faut une longue vie pour surmonter les séquelles d’une éducation ?

L’intérêt de cette révolution est qu’il touche également tout le monde et tout à la fois en permettant de prendre le train de la modernité. Plus de demies mesures, en effet !

Des pistes de solutions peuvent être explorées telles que la compartimentation du système en académies autonomes ou encore le réaménagement des vacances scolaires en plusieurs périodes dans l’année…

 Alioune Sediane NDIAYE

REPONSE D'UN PAIEN !


Monsieur le Recteur, pourquoi nous insultez vous ?
Dans le quotidien Sud du 03 mars 2014, le professeur Ibrahima Thioub, professeur d’histoires de renom s’il en est, passe en revue les tares ataviques de nos pays. Ça nous vient pour l’essentiel, prêche-t-il, de notre culture "Tiédo". Vous savez bien, ces païens sans foi ni loi… 


Eh bien, pour ce docte penseur, la panacée est toute trouvée : "La lutte contre les pratiques ceddo, les cultures de prédation, passe par les luttes populaires informées par une critique intellectuelle capable de mobiliser les citoyens. Les révolutions politiques et culturelles survenues en Sénégambie comme les critiques intellectuelles majeures contre le système de prédation ont souvent été dévoyées. Les Ceddo vaincus ont été rapidement recyclés dans la chefferie indigène de l’administration coloniale en tant que chefs de canton. Ils ont ainsi continué comme par le passé à ravager les communautés paysannes. Ils se sont par la suite infiltrés dans les confréries religieuses en expansion, pour y poursuivre les mêmes pratiques, tout à l’opposé du jihad de l’âme promu par Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick Sy, Limamou Lahi, Cheikh Bouh Kunta, fondé sur le renoncement et le refus de la jouissance des biens matériels. Les écrits et pratiques de ces lettrés musulmans soufis constituent à mon sens la critique intellectuelle et religieuse la plus radicale de la culture de prédation au Sénégal".
La diatribe du brave homme contre les Tiédos me rappelle une fable très païenne. L’affaire que je vais vous conter survient en période de sècheresse. Les animaux, aux temps où ils parlaient comme vous et moi (croyance païenne, toujours) lassés de guetter les premières pluies qui n’arrivent pas, décident de consulter leurs diseurs de boniments, histoire de savoir à quels rituels sacrifier pour ramener l’eau sur terre.
Le verdict du mara-bonimenteur tombe alors, impitoyable : il faut immoler le plus laid de la faune. La sentence est à peine prononcée que Bouki (l’hyène) fond en larmes. Avant de glisser sournoisement : "Ne vous méprenez pas, c’est la mort prochaine de mon ami et frère le singe qui m’attriste".
J’aurais bien voulu en rire, de la saillie du professeur Thioub, autant que de cette fable d’une cruelle lucidité sur l’habituelle lâcheté des sociétés humaines. Sauf que le Tiédo que je suis se sent insulté jusque dans son identité la plus profonde. Et le simple homme que je suis se sent bafoué dans son intelligence.
Comment le professeur d’histoires qu’il est peut-il oublier que l’humanité n’a jamais été qu’un long chapelet de rapports de forces ? Même l’islam, que ce brave lettré présente comme "la critique intellectuelle et religieuse la plus radicale de la culture de prédation au Sénégal" nous arrive sur le continent par la guerre, les crimes et les razzias. Nous autres, les Tiédos, avons bon dos. En cette période de sècheresse, nous passons pour les plus laids, n’est-ce pas ?
Le raccourci est aisé, et la cible facile. Monsieur le docte professeur, assurément, ce n’est pas une armée de Tiédos qui viendra raser votre maison parce que vous avez insulté leurs aïeux. En revanche, et vous le savez mieux que moi sans doute, s’il vous arrivait de désigner les vrais responsables du pillage de nos maigres ressources et de la régression de la pensée, suivez mon regard, c’est la horde de leurs talibés qui viendrait vous faire la peau avant de réduire en ruines et cendres votre patrimoine.
Certains de ces musulmans irréprochables profiteraient sans doute du désordre pour vous piquer votre portable et votre télé, vos bijoux de famille et tripoter les fesses de vos femmes et enfants… Qui sait ? Le Tiédo que je suis, à en croire une vieille griotte, est le descendant de personnages colorés, sans doute, mais qui placent par-dessus tout, le courage (que l’on dit la mère des vertus), le sens de l’honneur et des responsabilités.
Si vos guides professaient les principes qui fondent les grandes nations, on le saurait…
Les Tiédos, dont je suis un rejeton dégénéré, c’est vrai, vivaient du galack, l’impôt que les pauvresbadolos se sentaient obligés de verser pour qu’on leur colle la paix. Dites-moi quelle société au monde ne fonctionne pas sur ce modèle ? Elle me disait, la griotte, que mes aïeux vivaient surtout de chasse, quand ils ne faisaient pas la guerre.
Leur goût prononcé du sang ? Toujours est-il que de retour de leurs tribulations, le gibier (ou le butin) était partagé de la sorte : la première part, avant tout, prenait la direction des cases des captifs, les esclaves. Un chef de tribu redoutait surtout de croiser un de ses esclaves sorti pour aller chercher sa pitance. Selon les croyances, ça portait malheur.
Eh bien oui, les captifs n’étaient pas tous mis aux enchères. Ils finissaient même par être de la famille. Toujours lors du partage du butin, après les esclaves, c’était ensuite la part des vieillards, des femmes et des enfants auxquels les meilleurs quartiers de gibier étaient réservés. Ensuite aux notables et aux indigents.
Et la griotte de conclure par cette leçon d’altruisme : un vrai chef de clan ne garde pour lui que des os à ronger. C’est pourquoi, généralement, il mange seul dans son coin. C’est le prix du respect… Nous ne sommes pas des soufis, et n’en avons pas l’inclination naturelle, ni même l’ambition. Mais rien ne doit autoriser qui que ce soit à nous insulter dans nos coutumes et nos traditions.
On ne choisit pas ses origines mais, chez nous autres, Tiédos, le lait que l’on tète à la naissance nous inculque le culte de l’honneur et la fidélité à nos principes de vie. Nous ne sommes plus très nombreux à l’assumer, certes. Et c’est bien pourquoi la rengaine la plus répandue reste la crise des valeurs. Si les nouveaux maîtres du pays les cultivaient auprès de leurs ouailles, ou enseignaient les principes qui fondent les grandes nations, ça se saurait. Libre à vous de vous prosterner aux pieds de qui vous voulez. Mais ça ne vous donne pas le droit à l’outrage public.
Les appellations avec le temps ont changé. Il n’y a certes plus de roi, ni d’esclaves. Mais pensez-vous vraiment que les disciples sur lesquels leurs guides ont droit d’obole, ainsi que de vie et de mort, sont mieux lotis ? Ou les politiciens qui commanditent des attentats et même des assassinats auprès de leurs militants quand ils ne les envoient pas au-devant de la canonnade, méritent plus le respect ? Vous semblez pourtant prêt à tout pour faire partie de leurs basses-cours. Grand bien vous fasse.
Le vrai drame, au fond, est que vous reflétez à la caricature la faillite de la pensée. A force de regarder votre nombril et de le trouver sublime, vous en oubliez pourquoi vous avez tant trimé à l’université. Il vous a suffi de vous accaparer d’un titre prestigieux pour le simple droit de déblatérer dans les médias en veillant à présenter votre côté le plus photogénique aux caméras. C’est aussi cela, la culture de l’accaparement. Une manière d’imposture dont je me balance tant que vos postillons ne me touchent pas. Là, vous avez craché sur le tombeau de mon aïeul…
IBOU FALL, journaliste, seneplus.com
POST SCRIPTUM : Justement, à propos de tombeau, c’est peut-être le lieu de présenter une revendication légitime : quand on est dakarois et Tiédos donc, ni musulman, ni catholique, où est-ce que l’on peut se faire enterrer décemment quand on ne s’appelle pas Blaise Diagne ?
Moi, le descendant des Tiédos, un rien alcolos, limites pédophiles mais surtout épicuriens impénitents, j’ai aussi une pensée pleine de compassion pour tous ces homosexuels dont les compatriotes traînent la dépouille de ville en village parce que ces braves croyants n’acceptent pas de les enterrer dans leurs cimetières au risque de compromettre leurs places au paradis, à la droite du bon Dieu.
Une raison supplémentaire pour qu’un cimetière municipal et laïc, républicain pour tout dire, vienne réparer cette ignominie : l’oubli de notre droit à une sépulture décente. Une nouvelle colle à l’intention du professeur d’histoires grassement payé pour réfléchir sérieusement aux questions pratiques.