mardi 30 octobre 2012

PREMIER ARRET !



La mort dans l’âme, le Président Maky Sall s’est enfin résolu à remanier son gouvernement. Pour plus d’efficacité et d’efficience, comme le dit le premier ministre, mais enfin...

Il disait ne pas vouloir être comparé à son prédécesseur, le Président Wade connu pour ces retouches intempestives mais en vérité, il refusait obstinément de confesser son échec.

Car ce remaniement est avant tout un double aveu d’échec.

Le premier échec s’appréhende naturellement au niveau de l’action gouvernementale. De l’inertie gouvernementale, plutôt, par rapport à la crise économique qui sévit durement mais aussi son cafouillage dans la gestion des inondations de l’hivernage passé.
 
Le deuxième échec que révèle ce remaniement est la singulière légèreté, après coup, qui avait guidé Maky Sall dans le choix de beaucoup de ses ministres. Une légèreté d’autant plus injustifiable qu’on ne peut guère le présenter comme novice en la matière. Même chez les politiciens, il faut savoir  différencier les plus méritants des plus aptes…  

Et l’on retient que ce remaniement a engendré un gouvernement de tous les dangers….pour trois raisons !

La première raison est le non respect des équilibres régionaux si vitaux à l’unité nationale. La nation ne se décline en effet que comme un vouloir de vie commune entre diverses communautés libres et égales en droit, il est particulièrement maladroit d’en écarter certaines de la direction des affaires publiques.

La deuxième, c’est l’éviction de ses plus fermes soutiens à savoir Alioune Badara Cissé et Mbaye Ndiaye.

Car, c’est un truisme de le dire, si Wade a construit Maky Sall en homme d’Etat, ce sont bien trois hommes (Alioune Badara Cisse, Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lo) qui l’ont peint en présidentiable.

Or il est une règle non inscrite dans l’équilibre d’un gouvernement qui veut que le prince aménage dans les couloirs sinueux du pouvoir une parcelle pour ses amis. Et ce, à la fois pour éviter la solitude et pour remonter sa conscience.

La troisième raison, enfin, a trait à la nomination d’un gendarme à la tête du ministère de l‘Intérieur, donc de la police. Le fait est si gros qu’il n’est pas passé inaperçu. Il s’agit là d’une prise de risque inutile et stupide eu égard à la rivalité atavique et quasiment institutionnalisée entre gendarmes et policiers. 

Nous ne manquerons pas cependant de saluer l’entrée du Professeur Teuw Niane, intellectuel émérite, dont la présence rassure et repose tout à la fois des politiciens professionnels sans objectifs ni buts précis.

Pour conclure, ce premier remaniement signe le début d’une longue série, à notre humble avis… jusqu’à ce qu’il comprenne que l’ère de la gestion solitaire du pouvoir, c’est terminé au Sénégal !

Amadou Lamine Touré

vendredi 26 octobre 2012

Le Dernier Sermon du Prophète

Ce Sermon fut fait le neuvième jour de Zoul Houja 10 A.H. dans la vallée Uranah du Mont Arafat.

Ô Peuple, écoutez-moi attentivement, car je ne sais pas si, après cette année-ci, je serai encore parmi vous. Donc écoutez, ce que je vous dis avec beaucoup d'attention et apportez ce message à ceux qui ne peuvent être présents ici aujourd'hui.

Ô Peuple, tout comme vous considérez ce Mois, ce Jour, cette Cité comme Sacrés, considérez aussi la vie et les biens de chaque Musulman comme Sacrés. Retournez à leurs légitimes propriétaires les biens qui vous ont été confiés. Ne blessez personne afin que personne ne puisse vous blesser. Souvenez-vous qu'en vérité vous rencontrerez votre Seigneur et qu'effectivement, il vous demandera compte de vos actes. Dieu vous a défendu de pratiquer l'usure (de prendre de l'Intérêt), donc obligation d'Intérêt sera dorénavant abolie. Méfiez-vous de Satan, pour le salut de votre religion. Il a perdu tout espoir de ne pouvoir jamaisvous induire à commettre les grands péchés, méfiez-vous donc à ne pas le suivre en ce qui concerne les petits péchés.

Ô Peuple, il est vrai que vous avez certains droits à l'égard de vos femmes, mais elles aussi ont des droits sur vous. Si elles se soumettent à vous, alors à elles appartiennent le droit d'être nourries et habillées convenablement. Traitez donc bien vos femmes et soyez gentils envers elles car elles sont vos partenaires. Et il est de votre droit de vous assurer qu'elles choisissent leurs amies avec votre approbation, aussi bien que de ne jamais commettre l'adultère.

Ô Peuple, écoutez-moi bien, adorez Dieu, faites vos cinq prières (Salah) quotidiennes. Jeûnez pendant le mois de Ramadân, et donnez votre richesse en Zakât. Accomplissez le Pèlerinnage (Hadj) si vous en avez les moyens. Vous savez que chaque musulman est le frère d'un autre musulman. Vous êtes tous égaux. Aucune personne n'est supérieure à une autre, excepté en piété et en bonne action. Souvenez-vous, un jour vous vous présenterez devant Dieu et vous répondrez de vos actes. Donc, prenez garde, ne vous écartez pas du droit chemin après ma mort.

Ô Peuple, aucun prophète ou apôtre ne viendra après moi et aucune nouvelle foi ne naîtra. Raisonnez bien, donc, Ô Peuple, et comprenez bien les mots que je vous transmets. Je laisse derrière moi deux choses, Le Coran et mon exemple, La Sounnah, et si vous les suivez vous ne vous égarerez jamais.
Que tous ceux qui m'écoutent transmettent ce message à d'autres et ceux-là à d'autres encore ; et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m'écoutent directement.

Sois témoin Ô Dieu, que j'ai transmis Ton message à Ton Peuple.

(source : //islamfrance.free.fr)

jeudi 25 octobre 2012

SITUATION BLOQUEE...


 Plus d’une heure durant, une horde de jeunes fous furieux, en plein centre ville, ont pris en otage tout un pays.

A moins de 100m du Commissariat Central de la Police, sur la place de l’Indépendance, ils ont saccagé, pillé et brulé des véhicules et des magasins.

Devant cette carence notoire de la force publique, les sénégalais sont tous interpellés à plus d’un titre…

Qu’est ce qui a empêché à la police d’intervenir ?   Sans doute qu’elle est bridée, à juste raison, par le lynchage haineux dont le commissaire Harona Sy est victime et l’oubli volontaire de la mort du jeune policier Fodé Ndiaye…

Mais ces explications ne sont guère suffisantes pour comprendre cette folie destructrice qui s’est emparée des thiantacounes.

S’ils en sont arrivés à cette funeste extrémité, c’est bien qu’ils ont le sentiment que leur guide religieux est victime d’une injustice à travers un traitement inéquitable de son dossier judiciaire. 

En cela il ne faut point se voiler la face…

C’est que le dossier du Cheikh Bethio Thioune, du moins son traitement, est à mettre en parallèle avec celui de Barthelemy Dias…

Les deux dossiers partagent, en effet, plusieurs points communs :

1.     ils concernent des meurtres
2.     ils bénéficient d’une médiatisation à outrance
3.     ils sont des imbroglios politico-judiciaires

Mais ils se différencient tout aussi au plan de leurs traitements contradictoires qui ne sont pas toutefois sans faire poindre un empiètement inqualifiable et inacceptable du pouvoir exécutif dans le territoire du pouvoir judiciaire.

En fait, Messieurs les juges sénégalais ne savent se mettre en valeur que quand il s’agit de revendiquer des privilèges... qu’ils ne méritent finalement point …et qui sont chèrement payés en retour…!

Parce que ce qui est incompréhensible et navrant dans tout cela, c’est de constater qu’au moment où le Cheikh Bethio Thioune est dans les liens de la prévention, fort justement d’ailleurs, en attendant que les responsabilités soient situées par rapport à la sombre histoire du double meurtre de Dar es Salam, Barthelemy Dias a bénéficié d’une liberté provisoire pour se voir investi par la majorité puis élu député et membre du Bureau de l’Assemblée nationale, bénéficiant du coup de l’immunité parlementaire….

 Du coup, notre fameux capitaine, Maky Sall, en est arrivé à faillir à son pompeux serment d’être le Président de tous les sénégalais. 

Si au bout de six mois seulement de magistère, il en est arrivé à perdre toute sa crédibilité, c’est bien qu’aux yeux des populations, la véritable cause de cette situation bloquée que nous vivons est que la patrie ne passe pas encore avant tout le reste, son parti notamment, comme il s’y était engagé…

Il n’est de pire situation que d’être méprisé, il est mieux  d’être haï, comme le dit un bon vieux dicton…

Des lors, au vu de la détermination jusqu’au-boutiste de plus en plus clairement affichée par de larges cercles de ce pays essentiellement peuplé de jeunes et de femmes, il serait bien inspiré de se déterminer en toute responsabilité …
Mamadou Diop

vendredi 12 octobre 2012

LA BANQUEROUTE ANNONCEE


Alors que les rumeurs d’une banqueroute financière de l’Etat sénégalais sont de plus en plus insistantes, c’est le directeur des douanes sénégalaises qui monte au créneau pour démentir ces mauvais augures tout en se glorifiant que ses services aient permis de rentrer plus de 300 milliards dans les caisses du Trésor public sur  une prévision annuelle de 500 milliards.

Cette sortie du directeur des douanes étonne et détonne.

Le directeur des douanes est il la personnalité la mieux placée pour porter la parole du gouvernement de banquiers qui a  pris les rênes de l’Etat ?

Le directeur des Douanes a beau être une haute personnalité de l’Etat, nous ne voyons pas comment sa position dans l’architecture de la République le prédispose à parler de l’état des finances du pays. Manifestement, il enfile un boubou trop large pour lui…

S’il peut rendre compte ou informer plutôt l’opinion du dynamisme de ses services, c’est tant mieux…mais il est incapable de rendre compte de l’exécution des dépenses du budget, laquelle, c’est un truisme au Sénégal, n’a jamais obéi jusqu’au moment ou l’on écrit ces lignes à la moindre logique !

Mais si le directeur des douanes en vient en prendre ainsi ses aises, c’est bien un effet dont la cause est cet enlisement de Maky Sall et ses sbires.  

L’Etat souffre désormais d’un sérieux manque de repères.

La loi des finances rectificative qui vient d’être ébruitée par la presse nous en apporte la preuve.

A des problèmes économiques, le Président opte pour des solutions politiques, en gonflant les budgets de la Présidence de la République et de la Présidence de l’Assemblée Nationale !

C’est comme si le Président Maky Sall n’avait confiance en personne et qu’il veut tout garder entre  ses mains, celles de la famille et des proches…

Ou encore qu’il s’était mis en tête de dérouler une stratégie machiavélique de conservation du pouvoir en lieu et place de la satisfaction des attentes populaires …

Qu’il vienne, maintenant, se glorifier à genoux devant le Calife des Mourides, Cheikh Sidy Moctar Mbacké, d’avoir mis fin à la dilapidation des deniers publics, c’est une tout  autre histoire…

Mamadou Diop

jeudi 4 octobre 2012

50e anniversaire de la Banque centrale de l’Union monétaire ouest africaine : Lettre ouverte au Gouverneur de la Bceao


                                                            M. le Gouverneur,
C’est avec stupéfaction que nous avons pris connaissance du programme du Symposium du cinquantième anniversaire de la Bceao que vous vous préparez à organiser en grande pompe les 5 et 6 novembre 2012 au siège de la Ban­que centrale des Etats de l’A­fri­que de l’Ouest (Bceao) à Dakar.
En effet, plus de cinquante ans après les indépendances des Etats de notre Union, cinquante ans durant lesquels nos Etats ont for­mé des centaines d’intellectuels : économistes, historiens, sociologues, politologues, etc. qui se sont spécialisés sur la problématique de la monnaie en Afrique de l’Ouest, quelle ne fut notre surprise de dé­couvrir les noms des principaux intervenants à cette grande messe programmée.
Mario Draghi, Gouverneur de la Banque centrale européenne, Ben Bernanke, Gouverneur de la Ban­que centrale américaine (la Fed), Chris­tine Lagarde, Directrice gé­né­rale du Fmi, Christian Noyer, Gou­verneur de la Banque de Fran­ce, Paul Krugman, Prix Nobel d’E­conomie, Joseph Stiglitz, Prix No­bel d’Economie, etc. excusez du peu !
Pas un seul universitaire de l’espace Uemoa comme intervenant principal et le seul à avoir été invité à prendre la parole devant cette auguste assemblée se contentera de commenter  un exposé d’une universitaire française dont les liens consanguins avec la zone Franc sont avérés.

M. le Gouverneur, vous ne pouvez pas être fier d’un tel programme de célébration du cinquantenaire de l’Union monétaire ouest africaine. A l’extraversion réelle et monétaire de nos économies, vous ne pouvez pas ajouter l’extraversion intellectuelle, plus de cinquante ans après l’indépendance de nos Etats. A la servitude monétaire issue du pacte colonial, vous ne pouvez pas ajouter la servitude volontaire de la délocalisation de la pensée sur le bilan et les perspectives de la gestion de notre monnaie commune.

M. le Gouverneur, ce serait faire insulte aux intellectuels de l’espace Umoa que de les priver d’un débat sain, franc et sincère sur l’état de notre zone, aux prises avec une multiplicité de crises : sociopolitiques, économiques, identitaires et la place que la gestion de la monnaie doit y prendre. Le panel de haut niveau de l’Umoa qui a travaillé en 2009 et 2010 de façon prospective sur l’espace Umoa à l’horizon 2020, a identifié trois principaux défis à relever par l’Union : l’éducation et la culture, la technologie et l’innovation et enfin la gouvernance. De quelles manières notre monnaie pourrait contribuer efficacement à relever ces défis ? De même, le Plan stratégique 2011-2020 de la Com­mis­sion de l’Umoa, qui s’intéresse à l’avenir de la Commission stricto sensu et non plus à celui de l’espace Umoa dans son ensemble, a défini cinq axes majeurs de travail, dont l’approfondissement du marché commun, l’amélioration de la performance des Etats membres et le développement des synergies et partenariats avec les autres organismes d’intégration régionale.
Ces axes paraissent stratégiques pour le succès de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Il serait à cet égard souhaitable que la prise en charge de ces préoccupations qui sont le fruit d’un processus largement participatif au sein de l’Union, puisse être compatible avec les orientations de notre dispositif de gestion monétaire, dans le cadre d’un Policy-Mix optimal. 
De même, il serait hautement souhaitable que vous preniez ex­plicitement en charge la question cruciale des liens entre la multiplicité et la récurrence des chocs affectant la zone Umoa et l’absence de réponse structurelle aux problèmes de développement de la zone. Part belle devrait donc être faite à la préoccupation démographique, à la disponibilité des infrastructures, à l’éducation des populations, à la maîtrise de l’espace communautaire et au rôle du politique aux prises avec les problèmes de légalité et de légitimité.
M. le Gouverneur, à l’heure où des milliers d’enfants souffrent de faim, de malnutrition, de conséquences fâcheuses de sécheresse ou d’inondations au sein de notre espace communautaire, à l’heure ou une grande partie du territoire de notre zone est aux mains de forces obscurantistes au Mali, vous ne pouvez pas vous permettre de brader ainsi la délégation de souveraineté que nos Etats ont concédée à la Banque Centrale, en dépensant des centaines de millions de franc Cfa pour entretenir le narcissisme anachronique de l’Institution que vous avez l’honneur de gouverner.
M. le Gouverneur, la place des doyens des facultés des sciences économiques et de gestion des universités de l’espace Umoa que vous avez bien voulu inviter au Sym­po­sium du cinquantième an­ni­versaire de la Bceao, ne devrait pas être celle que vous leur assignez à l’heure actuelle, à savoir celle de spectateurs disciplinés de discussions qui les concernent au premier chef. Elle devrait au con­traire être celle des conducteurs du véhicule de la pensée sur notre a­ve­nir commun.  La recherche africaniste est vieille de ses écoles de pensée et riche des faits stylisés is­sus de ses multiples terrains de re­cherche. Il n’y a aucune raison que les solutions aux problèmes que vivent les populations africaines soient corsetées par les recettes du prêt-à-penser idéologique, pro­venant de Washington, de Franc­­fort, de Paris, et nous en oublions.
M. le Gouverneur, permettez-nous, pour finir, de faire nôtre un conseil d’un éminent fils du Burkina Faso, «pays des hommes intègres», un historien au­jour­d’hui disparu dont l’avenue qui longe le siège de la Commis­sion de l’Umoa porte le nom, il s’agit du Pro­fesseur Joseph Ki Zerbo, qui avait l’habitude de dire : «Il ne faut pas dormir sur la natte des autres car c’est comme si on dormait par terre…»
Par Kako NUBUKPO
Agrégé des Facultés de sciences économiques,
Président de l’Association africaine d’économie politique