samedi 21 mai 2011

APRES LA RELAXE DE BARA TALL......

Le tribunal correctionnel de Dakar vient de relaxer les entrepreneurs Bara Tall et ses co-accusés (dont un frère du procureur de la République) des délits de corruption (détournements de deniers publics, faux et usage de faux) pour lesquels ils étaient poursuivis par l’Etat dans le cadre des chantiers de Thiès.

Nous sommes tous contents pour Bara Tall et compagnie car nous ne comprenions vraiment pas que l’Etat puisse continuer de les poursuivre dans cette affaire à propos de laquelle le maitre-instigateur, l’ancien premier ministre Idrissa Seck, a bénéficié d’un non-lieu depuis belle lurette.

Toutefois, ce verdict nous trouble. C’est un verdict de la honte, un de plus, devrait-on dire !

Nous avons le sentiment que dans cette affaire le droit n’a pas été dit et que la justice n’a pas donc été rendue.

L’écrasante majorité des sénégalais a l’intime conviction que les chantiers de Thies ont été un grand théâtre de la corruption qui gangrène ce pays jusqu'à des niveaux insoupçonnés.

La relaxe pure et simple, in fine, de tous les protagonistes de l’affaire devrait donner du grain à moudre au moulin de l’ambassadrice américaine à Dakar, Mme Bernicat, pour laquelle, déjà, le Sénégal ne faisait pas assez dans la lutte contre la corruption.

Qu’on ait employé le terme de feuilleton politico-judiciaire pour évoquer l’affaire n’enlève en rien à la gravité de la chose. Parce que cette affaire depuis le début de la procédure révèle plein de choses !

Un, elle a révélé le corps des magistrats sous leur vrai visage de marionnettes de l’Exécutif, vassaux des politiciens, obligés des riches et esclaves des marabouts.

Cette légèreté poignante de nos justiciers est la cause que nos prisons sont plus remplies de voleurs d’œufs que de voleurs de bœufs beaucoup plus nombreux, au demeurant.

S’il n’en était pas ainsi, de deux choses l’une :

• ils avaient le pouvoir et ont eu l’opportunité à maintes reprises de la stopper net depuis son début. Ainsi MM Idrissa Seck et Bara Tall, n’auraient jamais connue la prison et partant, n’auraient pas eu besoin de retrouver leur dignité ou leur intégrité, après coup.

• Idrissa Seck, Bara Tall et les autres protagonistes des chantiers de Thiès auraient du être poursuivis simultanément, condamnés ensemble et punis par la même loi.

Ainsi les magistrats continuent de prouver qu’ils sont les maillons faibles de la justice au Sénégal. Et donc les principaux responsables du désordre social ambiant qui a fini de mettre la loi sous la coupe reglée de l’argent.

Preuve d’autant plus tangible que voilà un peu moins d’une semaine, ils observaient un mouvement de grève pour exiger des parcelles d’habitation de la part de l’Etat et réclamer leur indépendance.

Même si doléance rime avec indépendance, par ailleurs, il n’en reste pas moins qu’elles sont inconciliables !

Deux, elle révèle un corps de magistrats facilement impressionnables parce que divisé en clans et miné par des querelles intestines. L’histoire des deux réquisitions du parquet en est symptomatique.

Trois, elle révèle, enfin, le peu d’intelligence qui irrigue les méandres cervicaux de nos juges. Avec le rejet aussi grossier des rapports de l’Inspection Générale d’Etat. 
 A moins que ce corps d’élite ne soit lui aussi atteint par la gangrène au point de mériter d’être ridiculisé de la sorte… mais c’est là une tout autre histoire sur laquelle nous reviendrons.

En vérité, l’indépendance n’est pas une doléance qu’on peut exiger ou une chose à revendiquer, elle n’existe même pas au sens qu’on lui attribue en général car on a toujours besoin l’un de l’autre, le tout étant constitué de différentes parties, mais c’est plutôt une posture de dignité et d’honneur. 

C’est en cela qu’elle ne se monnaye pas ni ne se retrouve sur un quelconque marché !

Birame THIAM
cilpdak@yahoo.fr

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