dimanche 21 novembre 2010

LA MONDIALISATION, STADE SUPREME DU LIBERALISME...

S’il est une personne à laquelle les générations futures d’un peu partout devront une fière chandelle, c’est bien Mme Brundtland. Tout à l’honneur de la femme, muse du poète, courage du combattant, justice du magistrat, ambition de l’autorité, folie de la sagesse, architecte du foyer !

Cette brave dame danoise, ancien premier ministre de son pays, a mis à notre disposition le nouveau concept de développement durable dans le cadre de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement, il y a un peu plus de vingt ans, en en proposant une définition : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs… ».

Ce faisant, elle a sauvé le vingtième siècle d’une navrante stérilité idéologique. En effet, les esprits contemporains, jusque là, n’ont brillé qu’en menant, par procuration, un combat qui n’est point le leur, au demeurant. Ils n’ont su ou eu de mieux à faire que d’ajouter énergiquement des épithètes aux dogmes, socialisme et libéralisme, conçus bien auparavant. Tout à leurs foucades, ils n’ont pas su saisir la lame de fond de leur monde en perpétuel changement et pas pu, par conséquent, l’interpréter pertinemment. A maints égards, cependant, on peut convenir que leurs élucubrations ont pu servir à accélérer la déliquescence de cette dualité qui, à son tour, a précipité l’apogée du libéralisme qui a été, très certainement, atteint avec la mondialisation. Or tout ce qui atteint son apogée, se voit contraint de décliner, ceteris paribus…

Sans doute qu’il faudra compter parmi les précurseurs de la nouvelle idéologie du développement durable le mouvement écologique dans sa diversité, mais cela n’enlève en rien son mérite qui est de poser un nouveau paradigme. Celui de l’essentielle prise de conscience des dangers encourus par la vie sur terre, rien moins que ça, du fait du genre de vie particulièrement extravagant de l’homme moderne. Prendre conscience des dégâts, sans doute irrémédiables quelque part, perpétrés par l’homme au nom de son emblématique progrès scientifique et technique qui ne cesse de mettre un plus grand nombre à la marge, s’il n’a pas ou si peu contribué jusqu’à maintenant à l’éradication des plus grands problèmes de l’homme. 225 familles détiennent plus de richesses que les 2,5 milliards d’hommes les plus pauvres.

Elle enjoint à l’homme de comprendre qu’il est un élément, parmi tant d’autres d’égale dignité, de la biodiversité, comprendre qu’il n’en est point le maitre, de comprendre à la suite de McMillan que « ce qui compte vraiment dans la sauvegarde des condors et de leurs congénères, ce n’est pas tant que nous ayons besoin des condors, c’est que nous avons besoin de développer les qualités humaines qui sont nécessaires pour les sauver, car ce sont celles-là mêmes qu’il nous faut pour nous sauver nous-mêmes ».

La biodiversité désigne ainsi à la fois les divers éléments participant également à la vie ainsi que l’interaction subtile entre eux et non moins nécessaire à la production de cette vie. Qu’une des espèces de ce chaos inintelligiblement accommodant de diverses natures d’individus en vienne à disparaitre, c’est un maillon de la chaine de production de la vie qui casse et le fragile équilibre sur lequel cette dernière est établie s’en trouve rompue. Une rupture dont les conséquences sont immensurables à l’échelle d’une vie humaine. Et donc une perte à l’encontre des générations futures, une perte de potentiel de gènes qui ne peut être – et ne doit tout simplement pas l’être ! – compensée par un transfert instilleur. Car, ce n’est là qu’une solution de pis-aller, à l’encontre des règles de la diversité qui fort opportunément vénèrent l’individu et ne tolèrent pas les mélanges transgressant les barrières naturelles et sexuelles des espèces.

De façon plus pratique, la profusion de maladies réputées incurables, notamment les cancers qui menacent au premier chef la population active mondiale, autrement dit la frange la plus productive dans tous les sens du terme de l’espèce humaine, les calamités naturelles de plus en plus dévastatrices aux quatre coins du globe, ne traduiraient-elles pas les contrecoups d’une «utilisation » inconsidérée de la nature ou sa punition contre les interventions amorales de l’homme à son encontre ou encore tout simplement les conséquences de ruptures d’équilibres découlant de l’extinction d’espèces naturelles ? Ce sont à tout le moins des signes avant coureurs d’un emballement manifeste…

Toujours est-il qu’en inférant fort opportunément le droit des générations futures à bénéficier elles aussi d’une planète viable et pourvue de ressources, le développement durable nous invite à réorienter et nos manières de voir et nos manières de vivre. Sans tarder. Ce n’est pas là assurément une mince affaire car le citoyen américain accepterait-il de diviser son niveau de vie par cinq, l’européen par trois, l’indien et le chinois accepteront-ils de renoncer à leur aspiration d’intégrer la soi-disant élite pour se mettre au diapason des possibilités de la planète, au même niveau que les pauvres, peut-être ? C’est bien possible si l’on se souciait davantage de progrès humain, si l’esprit reprenait les commandes des mains de la matière.

L’un dans l’autre, c’est à ce prix que les tombes des grands parents, puis des parents continueront d’être fleuries par leurs enfants, puis leurs petits enfants.

Abdoul Aziz Bies cilpdak.blogspot.com cilpdak@yahoo.fr

mercredi 17 novembre 2010

VERITES ELECTORALES D'AILLEURS...

Les élections en Guinée voisine nous ont préoccupés à juste titre. Elles nous ont concernés, en tout cas, plus que celles de la Côte d’Ivoire. Malgré le fait que le Sénégal partage beaucoup plus d’affinités économiques avec la Côte d’ivoire – notamment dans le cadre de l’UEMOA - et que donc ses résultats électoraux son plus susceptibles d’impacter relativement notre vécu quotidien, c’est qu’en vérité, le Sénégal et la Guinée ne font qu’un, au vu de la presque similitude de leur peuplement induite par une même histoire et la géographie. Des liens pluriséculaires que, à l’évidence, la frontière arbitraire du colon encore moins les divergences politiques ponctuelles des dirigeants respectifs des deux pays n’ont pas réussi à altérer.


Nous croyions que ces élections guinéennes de par leur durée anormale, et l’irruption extravagante de la donne ethnique dans le scrutin, avait fini de capter toute l’attention des Africains soucieux de l’avenir de la démocratie sur le continent noir. Et par conséquent, c’est avec une grande et double joie que la victoire d'Alpha Condé est accueillie et saluée par l’ensemble des démocrates africains et de leurs sympathisants, si bien évidemment la Cour Suprême de Guinée entérinait - ce qui ne sera qu’une simple formalité - les résultats provisoires proclamés par la Commission Electorale Nationale Indépendante dont la direction confiée à un général malien dénote à quel point la société guinéenne en est arrivée à manquer de confiance en elle-même.


La première joie, objective celle-là, est de constater que cette société guinéenne a pu se défaire, au mépris des calculs politiciens, de l’ethnicisme en ce sens que le candidat défait, Mamadou Dalein Diallo, aura bâti toute sa stratégie électorale sur son appartenance identitaire, souvent à son corps défendant. Et que sa défaite, si l’on peut parler ainsi, c’est tout simplement la défaite de son équipe de campagne fort peu inspirée et de ses congénères excessifs. Considérer autrement sa défaite, en la présentant notamment comme une défaite de son groupe contre les autres groupes ethniques guinéens, est tout simplement machiavélique, tant il est clair que les groupes ethniques ne sont plus, de nos jours, aussi homogènes qu’on le croit. L’issue du scrutin guinéen en administre la preuve définitive pour qui en douterait encore.

C’est une belle illustration de ce qu’il ne faut point faire, de ce qu’il ne faut plus faire désormais, plutôt, partout ailleurs en Afrique. Le Président Gbagbo et son challenger Alassane Ouattara, protagonistes du second tour de scrutin en Côte d’Ivoire, sont les bénéficiaires immédiats de cet enseignement majeur qui n’en constitue pas moins un avertissement solennel gracieux à l’endroit d’un certain candidat déclaré à la prochaine présidentielle sénégalaise de 2012.

La deuxième joie, subjective celle-là, est pour le candidat Alpha Condé déclaré gagnant du scrutin. Le choix porté sur sa personne traduit une rencontre heureuse, c’est fort rare pour être souligné, entre légitimité historique et légalité constitutionnelle que seule la conviction peut sceller. Un aboutissement de rêve et une non moins très belle fin de carrière pour cet opposant pur et dur qui a toujours refusé compromission, pactisation et transaction avec tout pouvoir en place. Qui consolide la foi en la pertinence de l’option de la conquête du pouvoir par la voie des urnes.

Au nom de son combat, nous lui souhaitons de mettre à profit son mandat, un seul et unique mandat tout de même si la raison ne le déserte pas dans les couloirs du pouvoir, pour ancrer définitivement la démocratie en terre guinéenne. A son âge, nous lui présumons assez de recul pour ne pas tomber dans le piège d’une gestion solitaire de cette période de transition délicate, pour son pays et pour ses compatriotes, à laquelle s’identifie intimement son mandat. C’est le moindre bien que la Guinée et les Guinéens méritent et que leurs frères et sœurs sénégalais, africains et démocrates du monde entier sont en droit d’attendre de leur nouveau président Alpa Conde !

Gabriel SOUKOUNA cilpdak.blogspot.com cilpdak@yahoo.fr