mercredi 29 septembre 2010

LES SENEGALAIS ENTRE FAUSSE NATURE ET VRAIS ESPOIRS

Au Sénégal, il semble bien que l’expression de l’adversité politique ne soit pas encore entrée par la bonne porte, celle des bonnes, dans nos mœurs. Les querelles de clochers ainsi que les inepties proférées ça et là auxquelles s’ajoutent des comportements amoraux nous laissent pantois tout en contribuant à la formation et la persistance de cette atmosphère permanemment lourde de menaces… Jamais écloses, cependant, si bien que se renforce ainsi notre conviction, chaque jour davantage, que le Sénégal est décidément béni par les dieux, le Dieu de tous et de tout…

Partout ailleurs, là où on se gausse de formules chocs pour tourner en ridicule par un truculent jeu de mots les déclarations des adversaires, chez nous, ce sont des insanités sans égard pour les enfants qui entendent, sans forcement écouter… mais ce sont aussi des contre-vérités débitées pour abattre l’ « ennemi » sans se soucier des dégâts collatéraux au niveau des populations qui ne sont intéressées, en fait et loin de toute naïveté, que par la solution de leurs problèmes et non pas pour se retrouver au bout du rouleau, gros jean comme devant.

Le pire c’est quand, justement, ce sont les personnalités politiques que l’on peut considérer dans ce domaine comme icônes, donc dépositaires peu ou prou de sagesse, qui s’illustrent de cette façon franchement dégoûtante ou cautionnent cette irresponsabilité audacieuse…

C’est ainsi qu’après avoir daubé, comme il n’est pas permis, sur la carence managériale du pouvoir central dans la gestion des inondations particulièrement en banlieue dakaroise et donné ainsi de faux espoirs aux populations éprouvées, l’opposition a conquis ces zones pour en fin de compte révéler toute son incapacité devant ce phénomène dont la seule solution qui vaille, parce que pérenne, est l’organisation du déguerpissement /relogement des populations et libérer les voies d’eau naturelles. On n’a que faire des accusations de blocage, toute honte bue, en direction des autorités administratives, ce ne sont là que des faux-fuyants, des faux-alibis et puis, le cas échéant, que ne se sont ils pas préparés aux aléas de la dure cohabitation prévisible avec les libéraux ?

De toute manière, sur ce point précis, je crois qu’il appartient définitivement aux populations désormais de prendre en charge leur destin en demandant à l’Etat de prendre les mesures qu’elles auront identifiées à même d’alléger leur souffrance et de les assumer en toute connaissance de cause ; dans le cas contraire, il y a fort à craindre qu’elles ne continuent d’être l’objet de cet abject jeu de ping-pong de la duplicité politicienne…

De retour d’un de ses multiples voyages, le Président Wade nous a révélé que le Parti Socialiste avait écrit au gouvernement américain pour le dissuader de financer son programme d’investissement en amélioration de l’infrastructure routière et de l’irrigation de prés de 300 milliards de FCFA en terre sénégalaise au titre du Millenium Challenge Account...

C’est là, pour le moins, une attitude étonnante de la part de ce parti politique fraîchement débarqué des affaires après avoir exercé tous les pouvoirs durant un époustouflant règne d’une quarantaine d’années. Et qui, à la faveur de son nouvel élan pour la reconquête du pouvoir s’était imposé une attitude républicaine. Bien plus, le contexte ne s’y prête guère au lendemain notamment du « vingtième appel wadien » à l’opposition pour partager le pouvoir… sur ce point, nous sommes d’accord avec me Wade, le président Diouf avait plus de chance que lui, de pouvoir « compter » sur une vraie opposition.

Franchement, je me demande encore et encore, à quoi aurait servi au parti socialiste le retrait du financement américain ? Sans doute qu’il faudrait attendre son retour aux affaires pour exécuter le programme annoncé ! Je doute, pour ma part et par expérience, que le Ps puisse être porteur d’un programme efficace en faveur de la sécurité alimentaire. Son problème majeur est qu’il ne peut pas voir grand et cela est une tare congénitale.

Ce comportement ridicule du Parti socialiste l’expose à la risée de tous et est à même de ruiner le peu de crédit qu’il croit avoir regagné dans la conscience populaire. Comment espérer par une simple démarche épistolaire le retrait d’une décision souveraine du gouvernement américain en faveur de notre pays au terme d’un processus fort sélectif. Un choix qui devrait plutôt nous ravir, nous tous à plus forte raison les politiciens qui aspirent à diriger le pays.

Nous pouvons mettre en corrélation cette bourde du Ps avec celle, non moins grande, de Wade à propos de l’ouverture d’une information judicaire sur une délibération du Conseil Municipal de Dakar dirigé par un socialiste portant sur l’acquisition de terrains pour caser les marchands ambulants.

Eh oui, quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre !

Les anniversaires du triste naufrage du bateau « le Joola », la plus grande catastrophe maritime que le monde ait connue jusqu’ici, se suivent et se ressemblent. Le huitième qui vient d’être célébré n’a point dérogé à la règle. A savoir que les dirigeants des associations de victimes profitent de cette occasion pour s’adonner à du voyeurisme (déclarations immatures, menaces puériles, exigences ubuesques), renforçant la suspicion tenace, nourrie par le gros de la troupe à leur égard, de n’être mus que par leur seul intérêt. En s’amusant ainsi à remuer la plaie, déjà assez pénible pour chaque Sénégalais, pour continuer à occuper les devants de la scène et récolter les honneurs de la compassion internationale, les dirigeants de ces associations de victimes ont touché le fond du sadisme.

Parce que la vie continue, parce que nous sommes croyants en la divine prédestination, parce que nous nous réjouissons du statut bienheureux de martyrs des victimes, il nous faut tout simplement ne pas oublier, ce qui est impossible de toute façon et à mon avis suicidaire, car la tragédie du « le Jolaa » c’est le terrible avertissement de ce Dieu si complaisant, par ailleurs, à notre égard. Il nous faut juste communier avec ces morts comme chaque humain sait bien le faire et comme on le fait aux quatre coins du globe.

On ne reprochera jamais assez au président Wade d’être un excellent voilier ; il est aussi le champion incontesté des chantiers inachevés. C’est qu’on est en droit d’exiger qu’il soit plus présent au pays pour assurer un suivi rigoureux de ses chantiers dont la plupart sont toujours à l’état de balbutiement au grand dam des populations et des deniers publics si douloureusement extorqués au Sénégalais d’en-bas. Le lac artificiel de Dodji, présenté comme le plus grand de l’ouest africain et à propos duquel les populations ont nourri le plus grand espoir en tant que consolation de l’abandon de la revitalisation des vallées fossiles, est toujours dans les limbes. Malgré que le tiers du financement global estimé à près d’un milliard de F CFA ait été avancé à l’entrepreneur… nous passons sous silence la réalisation de l’axe routier Linguère-Ourossogui qui piétine…

Il peut bien penser que le Djolof lui est acquis à cause de « ses » ministres d’Etats et de son marabout propagandiste… mais le réveil risque douloureux car les populations s’expliquent mal qu’une aussi grande contrée et si stratégique ne compte même pas 100km de routes bitumées, ne connaisse aucune infrastructure économique significative pour valoriser son potentiel agro-pastoral et continue d’être superbement ignorée dans toutes les grandes initiatives de l’Etat.

Fary Loumbilawbe DIA
cilpdak@yahoo.fr

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