lundi 26 juillet 2010

President, au Travail !

Tour à tour, beaucoup de Sénégalais, Mme Aminata Mbengue Ndiaye et Mr AbdouLatif Coulibaly pour ne citer que ceux là, déclarent qu’ils ont été approchés par des émissaires du pouvoir, donc du Président de la République, pour monnayer leur conscience. Mme Ndiaye avance la somme de cinquante millions de francs et un poste de ministre d’Etat et Mr Coulibaly parle de trois cent millions de francs pour ne pas pondre un bouquin sur la place publique.

Il est constant toutefois que ces révélations ont été faites bien longtemps après les offres mais encore, comme pour en rajouter du troublant, les propos y relatifs ont été tenu à un moment où ces personnalités sont dans une position inconfortable.

Pour Mme Ndiaye, en effet, c’était sans doute pour lever toute équivoque par rapport à son militantisme remis en cause par un non moins militant de l’opposition qui désapprouvait son activisme auprès du Président de la République à la suite de l’institution de la parité dans les assemblées élues.

Mr Coulibaly, lui, vient d’être formellement inculpé pour recel de documents administratifs qui lui ont servi à pondre un autre bouquin et passe son temps présent à crier sur tous les toits qu’il redoute le pire.

Pour l’un et l’autre, les faits, de prime abord, semblent donc ne pas militer en faveur de la véracité de leurs propos. Plus, elles ne semblent point résister à l’analyse…

Quel gain politique, en effet, pourrait bien être porté à l’actif du Président s’il venait effectivement à enrôler Mme Ndiaye ? Ce ne serait au meilleur des cas qu’une simple estocade portée au Ps, guère plus. Mme Ndiaye appartient, en effet, dans la fa-mille socialiste en pleine effervescence de renouvellement du personnel dirigeant au clan des valets de chambre du secrétaire général.

Cet enrôlement aurait eu plutôt, à notre avis, des effets dévastateurs au sein de la famille libérale qui a du mal déjà à contenter tout son beau monde et de ses femmes dont l’appétit vient d’être aiguisé par la loi sur la parité. Me Wade a beau être casse-cou mais il sait s’arrêter !

Pour Mr Coulibaly qui n’est pas juriste pour rien, l’on suppose, le retour du bâton risque d’être terrible. La loi est dure mais c’est la loi. Il en a pondu, des livres, depuis l'alternance en 2000, et on ne voit vraiment pas ce qu'ils ont ôté au Président. Le manuscrit à propos duquel il parle a, d'ailleurs, été publié depuis et il n'est rien moins qu'un long interview d'un criminel qui s'essaie dans un vêtement de maître-chanteur !

Toutefois, cette panique littérale qui s’empare de lui ne trouve aucun fondement rationnel quand on sait que la justice sénégalaise a, déjà, eu à prouver maintes fois tout au long de son cours tranquille toute sa responsabilité.

Néanmoins, nul doute que la responsabilité du Président est engagée dans l’essor de cette nouvelle manie d’une certaine catégorie de citoyens qui les dispose au chantage ou à l’outrage en direction des institutions de la République. Comme en attestent les remaniements ministériels intempestifs et impertinents, les retouches caricaturales du gouvernement. Comme en atteste la forte et non moins peu pudibonde implication de sa famille dans la gestion des affaires de la Cité mais encore la fameuse mallette de Alex Segura, récupérée in extremis (Dieu Merci, mille fois !).

Nous relèverons que le vieux lion Madiba s’est retiré de la vie politique sud-africaine à 86 ans et que c’est exactement à cet âge que Me Wade a choisi de briguer un troisième mandat présidentiel.

Comme s’il n’avait pas d’héritier capable de prendre sa relève ?

Cela emporte comme conséquence qu’il aura donc cherché si vainement cet héritier qu’on peut lui reprocher à juste titre d’avoir désacralisé toutes les stations gouvernementales. Lesquelles institutions se retrouvent ainsi auréolées de faiblesse parce qu’on ne les considère désormais, ni plus, ni moins que comme des haltes précarisées de plaisance.

Et encore qu’il doive se mordre les doigts pour avoir joué avec le feu, si longtemps si imprudemment ! On ne joue pas impunément de l’opinion publique. Celle-ci est certes femelle et donc adore la violence mais est tout autant réfractaire à la manipulation.

L’agitation comme un ballon de sonde de l’idée d’une dévolution monarchique du pouvoir démocratiquement conquis au profit de son fils est entrain de lui couter cher. Le mal est fait. Et il faudra bien plus que des dénégations pour l’étouffer dans l’œuf. Il existe, en effet, un point x à partir duquel les gesticulations verbeuses et les parades serpentines aussi charmantes qu’elles soient ne captivent plus et par conséquent ne produisent plus l’effet désiré, bien au contraire.
Et pour cause, elle est, en partie, devenue une aubaine pour des opposants jusque là en mal d’inspiration et qui s’y jettent tel un chien sur un os, en partie, directement responsable du réchauffement du front social. C’est que les populations sont en droit de se demander si effectivement on ne se foutait pas d’elles, si la recherche de solutions à leurs problèmes courants ne passaient pas en deuxième position dans l’agenda du gouvernement, si…

Une bourde monumentale pour un politicien de la classe de Abdoulaye Wade. Qui épie, n’éternue point, c’est le cas de le dire ! Mais en avait il tout simplement besoin, sachant que le pouvoir est toujours sorti du pouvoir, quelque soient les exceptions.

Le Président A.T.Touré n’était il pas le chef d’Etat major particulier du général Moussa Traoré comme le Président Aziz le fut pour Mohamed Vall ?
Le président Dadis Camara ne fut il pas le responsable des dotations de carburant de l’armée guinéenne, la sinécure la plus prisée en Guinée, et copain intime du fils du Président comme le furent les Présidents Compaoré et Sankara … ? la liste est loin d’être exhaustive.

Si bien que l’on doit bien pouvoir mesurer la dimension de l’affront subi par les braves populations au point de les faire quitter leur retenue élégante – flegme sénégalais ? - en dépit de la paupérisation qui les enserre irrémédiablement.

Il lui reste tout de même,tout en priant qu'il ait la baraka, à travailler, beaucoup travailler, toujours travailler pour remplir sa mission auprès du peuple sénégalais. La matière ne manque pas. Inondations, délestages, inflation, chômage. Et finir ainsi en beauté. C’est pour cela qu’il a été élu, non ?

Lang Dieme
cilpdak@yahoo.fr