lundi 31 mai 2010

DANSOKHO, BON DEBARRAS !

Amath Dansokho a démissionné de son poste de secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail. Un poste qu’il a occupé sans discontinuer pendant pratiquement 30 ans. Le mérite que l’on peut trouver à l’homme ne sera assurément pas d’avoir été le premier chef de parti dans l’histoire politique du Sénégal à prendre une telle décision.
En effet, Me Babacar Niang du Parti de la Libération du Peuple a eu la primeur d’un tel acte de courage et doit en récolter par conséquent la gloire, toute la gloire !
Même si c’est, comme Amath Dansokho toujours, sous la contrainte de la maladie et l’âge qu’il s’y résolut. Encore que chez Dansokho, la dernière attaque du Président du Sénat qui le qualifiait de zombie a manifestement été une pilule particulièrement difficile à avaler. Somme toute, c’est là une conjoncture qui atténue d’autant la portée symbolique de l’acte.
Un homme, c’est son bilan. Et Amath Dansokho ne doit point déroger à la règle. Il n y a pas de raison à cela et plus, pourquoi bénéficierait il de circonstances atténuantes ?
Il ne s’agit pas de bâtir de modèles pour le plaisir. Les jeunes générations et celles à venir qui voudront/devront s’identifier à eux méritent plus de discernement pour qu’elles ne soient pas nos juges mais aussi juges, à notre place, nous autres témoins du présent et du passé récent qui heureusement couvre toute le périple de Dansokho.
Amath Dansokho parti, toutefois, c’est le landernau politique qui perd son bouffon. Adieu slogans puérils ! Adieu effusions enfantines ! Ah, comment se résoudre à perdre de vue un tel homme, l’ami de tous les présidents et de personne à la fois ?
Mais bon, Dame Nature saura pourvoir à son remplacement puisqu’elle a une sainte horreur du vide !
A vrai dire, l’homme marquera longtemps les esprits avec la visite historique que lui a rendue le saint Abdoul Aziz Sy, calife général des tidjanes, pour le remercier publiquement d’une décision qu’il avait prise en tant que ministre du logement.
Toutefois, et c’est sûr, on le regrettera, bien entendu, car il incarnait la preuve vivante qu’en fin de compte les hommes politiques ne sont pas sérieux. Ses faméliques scores électoraux montrent bien crûment, hélas, qu’il n’a jamais pu capitaliser la confiance populaire ou cristalliser l’opinion sur son image de présidentiable.
Tant et si bien qu’il aura raté le coche, et ce à l’instar de plusieurs sénégalais dirigeants de partis politiques, en refusant de démissionner quand il le fallait au profit d’hommes tout simplement d’ambition plus saine au lieu de se complaire par roublardise ou machiavélisme – d’aucuns diront capitulardisme opportuniste - dans cet abject rôle de Madiapalé comme le grain de sel dans la soupe, quoi, il en augmente la saveur et c’est tout.
Combattre véhément le Président Diouf pour ensuite aller à Canossa dans son attelage gouvernemental pour y boire la ciguë jusqu’à la lie en supportant sa candidature présidentielle de 1993… pour être finalement honteusement remercié…
Se détourner de Wade pour revenir dans son giron à la faveur de sa mésaventure pro-PS pour contribuer à son accession au pouvoir en 2000 fut sa pirouette la plus magistrale. D’autres diront l’aboutissement heureux de son attachement viscéral à l’idéal marxiste-léniniste de l’unité d’action. Excédé d’ailleurs par les humeurs changeantes de l’homme, Me Wade finira également, par le jeter aux orties de la nouvelle galaxie opposante du Ps (encore !). Ce qui ne l’empêchera nullement de raser nuitamment les murs du palais pour rendre visite à ses enfants chéris, les enfants du couple présidentiel soit dit en passant.
Toujours est-il que, pendant ce temps, il a laissé tomber son parti… eh bien, en mettant en veilleuse le seul mandat à lui confié par la base de gérer le parti et de le bonifier en vue des joutes électorales pour se démener comme un beau diable et au prix d’immorales entourloupes pour remettre en ordre de bataille une opposition désunie pour la conquête du pouvoir. Un pouvoir dont malheureusement le PIT, proportionnellement d’ailleurs à sa taille, n’héritera que de la portion congrue.
Que ses différents mentors aient toujours jugé bon de lui confier toujours le même poste ministériel au sein des différents gouvernements auxquels il a participé dénote de la modeste contexture intellectuelle de l’homme dont le mérite reposait sur le souvenir de la gloire passée quoiqu’anecdotique rattachée à la lutte menée dans la clandestinité par les éléments du Parti Africain de l’Indépendance contre le régime de Senghor. Depuis lors, on en sait un peu plus. En effet, ces supposés maquisards, en vérité, étaient en fuite à la suite de la violente répression policière suite aux événements de Mai 1968 pour gagner les horizons hédonistes des pays de l’Est.
Mai il est étonnant que Dansokho ne soit regretté par aucune corporation. Est ce à dire qu’il n’avait aucune qualification professionnelle ? En tout état de cause, celui qui laissait apposer à cote de son nom sur les listes électorales la profession de journaliste n’a jamais travaillé pour un organe connu. Un talent, un de plus, dilapidé par la politique ? Au vu du patrimoine de ce chômeur, dans une certaine mesure, il faut bien dire qu’il y avait vraiment de quoi !
Le bilan de Dansokho n’en fait pas un modèle, loin de là. Mais à l’impossible, nul n’est tenu. Mais il y a un temps à tout. Le temps des babouches blanches et jaunes, du tapis de prières sous l’aisselle et du long chapelet coulant dans la main est bien venu pour Dansokho. Joyeuse retraite.
Souleymane Fadiga
cilpdak@yahoo.fr